Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Euler comme président de l'Académie, il séjourna 20 ans dans cette ville. A la mort de Frédéric, il quitta la Prusse, vint en France, où il fut fixé par les avantages que lui fit Louis XVI. Nommé depuis professeur aux Écoles normales, puis à l'École polytechnique, il fut de l'Institut dès sa fondation. Napoléon le combla de dignités, le fit entrer au Sénat, et lui donna en toute occasion les marques de son estime. Lagrange a porté l'analyse pure au plus haut point de perfection : il s'est sans cesse efforcé de la rendre indépendante de toute construction géométrique, et de découvrir les méthodes les plus générales; c'est en suivant cette direction qu'il a trouvé sa Méthode des variations, qui suffirait pour l'immortaliser. Ses principaux ouvrages, outre une foule de Mémoires dans les recueils des Académies de Turin, de Berlin et de Paris, sont : Mécanique analytique, Paris, 1787, et 1811-15; Théorie des fonctions analytiques, 1797 et 1813; Résolution des équations numériques, 1798 et 1808. Ses ouvrages sont des modèles pour la clarté de l'exposition, par l'élégance du style et des démonstrations. Parmi les applications qui lui sont dues, on estime surtout ses recherches sur les cordes vibrantes et sur la libration de la lune; sa démonstration de la variation périodique des grands axes du système solaire. Son Éloge a été prononcé par Delambre, Laplace et Lacépède. Le recueil de ses Mémoires a été publ. aux frais de l'État par M. Serret, 1864 et ann. suiv.

LAGRANGE (LE LIÈVRE de), anc. famille, connue dès le XIIIe siècle, a produit, entre autres personnages distingués : Jean de Lagrange, seigneur de Bougival, avocat général au parlement de Paris en 1510, qui protesta énergiquement, en 1517, contre l'abolition de la Pragmatique-Sanction et l'admission du Concordat de François I; — François, marquis de Lagrange et de Fourilles, né en 1766, m. en 1833, qui servit avec distinction sous Louis XVI, sous la République et l'Empire. Placé en Espagne sous les ordres du général Dupont, il protesta contre la capitulation de Baylen. Il fut fait général de division après la bataille d'Eslling, où il avait perdu un bras. En 1814, il commandait la levée en masse du dép. de Seine et Marne : il résista jusqu'au bout et resta près de l'Empereur jusqu'à son abdication. Il n'en fut pas moins appelé par Louis XVIII au commandement d'une compagnie de mousquetaires. — Son fils, le marquis Édouard de L., né en 1796, auj. sénateur, a servi successivement dans l'armée et dans la diplomatie, et s'est livré avec succès à des travaux littéraires et archéologiques, qui lui ont ouvert en 1846 les portes de l'Académie des inscriptions. V. LA FORCE.

LA GRANGE (Joseph), général, d'une autre famille que les précédents, 1763-1836, fit la campagne d’Égypte et prit part à toutes les grandes affaires de cette guerre; commanda en 1805 une expédition contre les Antilles anglaises et s'empara de la Dominique; fit partie de la commission chargée d'organiser le royaume de Westphalie; eut, en Espagne, la principale part à la victoire de Tudela; assista aux batailles de Dresde et de Leipsick et fut blessé à Champaubert. Louis-Philippe l'éleva à la pairie en 1831.

LA GRASSE, ch.-l. de c. (Aude), à 35 k. S. E. de Carcassonne, sur l'Orbiel; 1278 hab. Suif, moulins à huile, distilleries, scieries de buis, forges, etc. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée par Charlemagne.

LAGRAVE-EN-OYSANS, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 35 kil. N. O. de Briançon; 1536 hab.

LAGRENÉE (J. Fr.), peintre, né à Paris en 1724, m. à Rome en 1805, était élève de Carle Vanloo, et fut surnommé l’Albane français à cause du coloris et de la grâce de ses figures. Il fut reçu à l'Académie en 1755, passa quelques années en Russie, où Élisabeth l'avait appelé, et fut nommé en 1781 directeur de l'Académie française de peinture à Rome. Ses principaux tableaux sont : l'Enlèvement de Déjanire par Nessus, la Veuve d'un Indien, Alexandre consolant la famille de Darius. Cet artiste a de la mollesse et de la manière : après avoir été fort en vogue, il vit baisser sa réputation à mesure que le goût sévère de l'antique reprit faveur. — Son frère, J. Jacques L., m. en 1821, se fit un nom comme peintre sur verre et sur émail. Il inventa un procédé pour faire sur marbre en incrustations toutes sortes de dessins. — Anselme Lagrenée, fils de J. François, 1778-1832, cultivait aussi la peinture : il a surtout réussi à représenter les chevaux.

LA GUAYRA, v. du Vénézuela. V. GUAYRA.

LA GUERCHE, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 21 kil. S. de Vitré; 4547 hab. Toiles fines, toiles pour la marine, huile de noix. — Ch.-l. de c. (Cher), à 50 kil. N. E. de St-Amand; 3663 hab. Forges. — Une autre La Guerche (Indre-et-Loire), sur la Creuse, à 33 kil. S. O. de Loches, est remarquable par l'ancien château d'Agnès Sorel. C'était une vicomte.

LA GUICHE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 20k. N. E. de Charolles; 879 hab.

LA GUICHE, anc. famille de Bourgogne (qu'il ne faut pas confondre avec celle de Guiche), a fourni plusieurs hommes distingués, entre autres : Pierre de La G., né en 1464, m. en 1544, ambassadeur sous Charles VIII et Louis XII; — Philibert de La G., bailli de Mâcon, qui refusa d'exécuter le massacre de la St-Barthélemy (1572) : il devint grand maître de l'artillerie sous Henri III et Henri IV; il mourut à Lyon en 1607; — J. Franç. de La G., comte de La Palice, maréchal de France sous Louis XIII, qui fit les siéges de Montauban et de Montpellier; il mourut en 1632; — Bernard de La G., comte de St-Géran, petit-fils du maréchal : il eut un procès fameux au sujet de son état civil qu'on lui contestait, et le gagna en 1663. Il mourut en 1693, ne laissant qu'une fille, qui se fit religieuse.

LA GUIOLE, ch.-l. de c. (Aveyron), à 25 kil. N. E. d'Espalion; 1934 hab. Bas à l'aiguille et draps communs; fromages estimés. Air très-pur.

LAGUS, père de Ptolémée Soter, fondateur du royaume grec d’Égypte, était un Macédonien obscur, dont la femme fut, dit-on, séduite par Philippe, qui la rendit mère de Ptolémée. Quoi qu'il en soit, Lagus éleva Ptolémée comme son propre fils.

LA HAGUE ou LA HOGUE. V. HOGUE (LA).

LAHARPE (J. Franç. de), polygraphe, né à Paris, en 1739, m. en 1803, était fils d'un gentilhomme du pays de Vaud, capitaine au service de la France. Orphelin à 9 ans, il fut recueilli au collége d'Harcourt. Après avoir fait de brûlantes études, il débuta par des Héroïdes, genre alors en honneur, puis s'essaya dans la tragédie : il fit représenter en 1763 Warwick, qui lui valut les encouragements de Voltaire. Il donna dans les années suivantes des pièces de genres divers et de mérite fort inégal : Mélanie, drame composé en 1770; les Barmécides (1778); Coriolan (1781); Philoctète (1783); Virginie (1786). En même temps, il remportait dans les concours académiques plusieurs prix d'éloquence et de poésie; c'est pour ces concours qu'il composa ses Éloges de Fénelon (1771), de Racine (1772), de Catinat (1775]. Peu favorisé de la fortune malgré ses triomphes, il entreprit par besoin la publication d'un Abrégé de l'histoire des voyages de Prévost (24 vol. in-8, 1780, etc.). En 1786, il se chargea de faire à l'établissement qu'on venait de fonder sous le nom de Lycée (appelé depuis l’Athénée) un cours de littérature; il y obtint le plus grand succès; ses jugements firent autorité, et il mérita par son goût exquis le beau surnom de Quintilien français. Élève des philosophes, Laharpe embrassa d'abord avec ardeur les doctrines de la Révolution; mais ayant été, malgré ses démonstrations de patriotisme, emprisonné en 1794, il changea tout à coup d'opinion, se convertit, attaqua avec violence les philosophes et les révolutionnaires, et ne voulut plus consacrer sa plume qu'à des sujets religieux. Il fut proscrit au 18 fructidor, mais il échappa à la déportation en se cachant. En 1801, il publia une Correspondance littéraire, qu'il avait entretenue de 1774 à 1791 avec le grand-duc de Russie (depuis Paul I),