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LA MEILLERAIE, vge de France (Loire-Inf.), à 18 k. S. de Châteaubriant ; 1600 h. Couvent de Trappistes, fondé en 1145 par des religieux de Cîteaux.

LA MEILLERAIE (Ch. DE LA PORTE, duc de), pair et maréchal de France, né en 1602, mort en 1664, était cousin germain du cardinal de Richelieu. Dans les guerres du Piémont, il se signala à l’attaque du Pas-de-Suze, 1629, et au combat de Carignan, 1630. Nommé grand maître de l’artillerie, il servit en cette qualité dans les guerres de Bourgogne et des Pays-Bas, et reçut en 1639, des mains de Louis XIII, sur la brèche même de Hesdin, le bâton de maréchal. Il prit sur les Espagnols, en 1641, Aire, La Bassée et Bapaume ; conquit en 1642 presque tout le Roussillon ; s’empara en Italie, en 1646, de Porto-Longone et de Piombino. En 1648, après la conclusion de la paix, il fut nommé surintendant des finances ; mais il ne réussit pas dans ce nouveau poste, et l’abandonna en 1649. Le duc de La Meilleraie était considéré comme le meilleur général du temps pour les siéges. — Son fils, Armand de La M., épousa en 1661 une nièce de Mazarin et prit le titre de duc Mazarin.

LAMENNAIS (Félicité ROBERT, abbé de), né en 1782 à St-Malo, m. en 1854, était fils d’un armateur. Il fut élevé dans des sentiments de piété qu’il ne tarda pas à perdre après la mort de sa mère, s’instruisit sans maître, puisant au hasard dans une vaste bibliothèque laissée à sa disposition, fut ramené aux croyances religieuses par son frère aîné, l’abbé J. M. de Lamennais (V. ci-après), fit sa première communion à 22 ans, se décida à entrer dans l’église et fut ordonné prêtre en 1816. Il avait dès 1808 rédigé avec son frère des Réflexions sur l’état de l’Église en France, ouvrage anonyme, qui fut supprimé par la police impériale ; en 1812, il avait, dans un écrit sur l’Institution des évêques, combattu les doctrines gallicanes et attaqué violemment l’Université. De 1817 à 1823, il fit paraître l’Essai sur l’indifférence en matière de religion (4 vol. in-8), ouvrage éloquent, mais paradoxal, qui fit une sensation immense : déniant toute autorité à la raison individuelle, il n’admettait d’autre critérium de la vérité que le consentement universel, et prétendait ramener l’homme à la foi par le scepticisme ; en outre, il prescrivait une obéissance absolue au chef de l’Église, subordonnant en tout le pouvoir civil au pouvoir pontifical. Cet ouvrage souleva de nombreuses objections : l’auteur y répondit dans sa Défense de l’Essai sur l’indifférence (1824). Vers la même époque, il s’associait à une entreprise de librairie catholique et il éditait, sous le titre de Bibliothèque des dames chrétiennes, une collection d’écrits ascétiques, qu’il enrichissait de préfaces et de notes ; en outre, il écrivait dans le Conservateur, dans la Quotidienne, dans le Drapeau blanc, et autres feuilles ultra-royalistes. En 1825, il publia la Religion considérée dans l’ordre politique et civil, où il attaquait violemment la célèbre déclaration de 1682, ce qui lui attira une condamnation en police correctionnelle. Il n’en poursuivit pas moins ses attaques dans son livre Des progrès de la Révolution et de la Guerre contre l’Église (1829), qui fut censuré par l’archevêque de Paris (M. de Quélen). Converti à la cause démocratique après 1830, Lamennais fonda l’Avenir, journal dans lequel il prétendait régénérer l’Église en faisant servir le Catholicisme à l’affranchissement des peuples, et où il réclamait la séparation complète du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel ; ces doctrines exagérées furent condamnées par le pape même, dans une Lettre encyclique (1832). Répudiant dès lors toutes ses anciennes croyances, Lamennais fait paraître une série de publications où il attaque à la fois l’Église et la monarchie : les Paroles d’un croyant (1834), pamphlet des plus violents rédigé sous une forme mystique ; Affaires de Rome (1836), le Livre du peuple (1837), l’Esclavage moderne (1839), le Pays et le gouvernement (1840), écrit qui lui valut un an de détention ; Une voix de prison (1841), Amschaspands et Darvands (1843), satire de la société actuelle sous le voile d’une allégorie persane ; il donne une traduction des Évangiles, avec des Réflexions conçues au point de vue des idées radicales (1845) ; enfin il publie, sous le titre d’Esquisse d’une philosophie (1841-1846, 4 vol. in-8), un grand ouvrage de métaphysique, qui offre un mélange confus d’idées platoniciennes et alexandrines avec des idées chrétiennes, et où il nie formellement plusieurs des dogmes fondamentaux de la religion. En 1848, Lamennais joua un instant un rôle politique : lié avec les plus fougueux démagogues, il fonda le Peuple constituant, et prit part à la rédaction de la Réforme. Il fut à la même époque élu membre de l’Assemblée constituante, mais il n’y exerça aucune influence. Il mourut oublié, et fut enterré, d’après son désir, sans appareil et sans le concours du clergé. Homme d’un caractère difficile, esprit orgueilleux, absolu et porté aux extrêmes, Lamennais fut entraîné par sa nature impatiente de toute opposition et par une dialectique audacieuse à des conclusions excessives et tomba dans de nombreuses contradictions. Son style se ressent des exagérations de sa pensée : il a de l’ampleur et une certaine magnificence qui rappelle tantôt la manière de Bossuet, tantôt celle de J. J. Rousseau, mais il est le plus souvent déclamatoire et tendu. — Ses Œuvres complètes ont été publiées en 12 vol., 1836 et suiv., et en 10 vol., 1844 et années suiv. M. Forgues a publié ses Œuvres posthumes, 3 vol. in-8, 1855-56 ; contenant une trad. de la Divine comédie, sa. Correspond., des Discuss. crit. et des Pensées ; M. Blaise ses Œuvres inédites, 1866, 2 v. in-8. E. Robinet a donné une Notice biographique sur L., et Madrole l’Histoire secrète du parti et de l’apostasie de Lamennais.

Son frère aîné, l’abbé Jean Marie ROBERT de L., né en 1778, m. en 1860, fut toute sa vie un saint prêtre. Il fonda à Ploërmel la Congrégation des Frères de St-Joseph, appelés vulgairement Frères de Lamennais, et à St-Brieuc celle des Filles de la Providence, qui toutes deux se consacrent à l’éducation du peuple. Il a laissé quelques écrits, dont les plus importants ont été composés en commun avec son frère.

LAMENTIN (LE), v. de la Martinique, côte S. O., à 35 kil. N. E. de Fort-Royal ; 10 000 hab. Environs fertiles, mais malsains. Nombreuses sucreries. — Bourg de la Guadeloupe, dans la Grande-Terre, sur une baie de Lamentin, à 8 kil. N. E. de Pointre-à-Pitre ; 4000 h.

LA MÉSANGÈRE (Pierre de), oratorien, professeur de belles-lettres à La Flèche, né en 1761, m. à Paris en 1831, vécut de sa plume pendant la Révolution. Il a publié : Géographie de la France, 1791 ; Bibliothèque des Enfants, 1794 ; Dictionnaire des proverbes français, 1821. Quoique prêtre, il rédigea depuis 1799 le Journal des Dames et des Modes.

LAMETH, nom de trois frères d’une famille noble de Picardie qui ont joué un rôle dans la Révolution et qui se sont tous distingués par leur amour pour une sage liberté. L’aîné, Théodore de L., 1756-1854, le moins connu des trois, servit dans la Guerre d’Amérique, fut élu en 1790 par le dép. du Jura administrateur, et en 1791 député à l’Assemblée législative, défendit énergiquement la nouvelle constitution et la royauté, fut proscrit en 1792, se réfugia en Suisse, rentra en France après le 18 brumaire, fut député de la Somme pendant les Cent-Jours (1815) et passa le reste de sa vie dans la retraite. — Charles de L., 1757-1832, servit aussi en Amérique, fut en 1789 député de l’Artois aux États généraux, vota un des premiers pour l’abolition de noblesse et la liberté de la presse ; mais s’opposa aux violences qu’on voulait exercer contre le roi : il faisait partie du club des Feuillants. En 1792, il commandait une division à l’armée du Nord ; mais après le 10 août, il se vit obligé, comme noble, d’abandonner son commandement et de s’expatrier. Il reprit du service sous l’Empire, fut député sous la Restauration, siégea au côté gauche et fit partie des 221 en 1830. — Alexandre de