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avec les maisons de Castro et de Haro, qui manifestaient les mêmes prétentions. V. URRAQUE.

LARA (les sept infants de). Une chronique espagnole donne ce nom à sept jeunes seigneurs, fils de Gonzalez Gustios, seigneur de Lara et de Salas, frère de Ferdinand Gonzalez, comte de Castille. Un différend étant survenu entre Gonzalez Gustios et Ruy Vélasquez, sire de Bilaren, son beau-frère, ce dernier, pour se venger, livra Gonzalez à Almanzor, gouverneur de Cordoue pour Hescham III, qui le retint en prison; puis il attira les sept infants dans une embuscade, près du pic de Moncayo, où ils périrent tous, après des prodiges de valeur. Mais Gonzalez, dans sa prison, avait séduit Zaïde, fille d'Almanzor, et en avait eu un 8e fils, Mudarra. Celui-ci, devenu grand, vengea la mort de ses frères dans le sang de Ruy Vélasquez. On place la mort des infants de Lara vers 993. Cette légende a fourni à Lope Véga le sujet d'un drame, souvent imité; elle a été trad. par Ferd. Denis, dans ses Chroniques chevaleresques d'Espagne, 1839, et mise sur la scène par Mallefille, 1836.

LARACHE, El Araich (c.-à-d. le jardin de plaisance), Lixa ou Lixus, v. marit. du Maroc. (Fez), sur l'Atlantique, à 133 kil. N. O. de Fez; 4000 hab. Port à l'emb. du Loukos, interdit aux Européens; château fort, mosquées. Commerce médiocre, environs charmants : quelques auteurs y ont placé le jardin des Hespérides. — Larache fut bombardée par les Français en 1765.

LARAGNE, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur le Buech, à 44 kil. S. O. de Gap; 963 h.

LARCHE, ch.-l. de c. (Corrèze), sur la Vézère, à 10 kil. S. O. de Brives; 900 h.

LARCHER (P. H.), érudit, né à Dijon en 1726, m. à Paris en 1812, donna d'abord plusieurs traductions de l'anglais, entre autres celle du Martinus Scriblerus de Pope (1755); puis se consacra à la littérature grecque. Il fut admis à l'Académie des inscriptions en 1778, et nommé en 1809 prof. de littérature grecque à la Faculté de Paris; mais dispensé à cause de son âge de remplir ces fonctions. On lui doit une traduction complète d’Hérodote, accompagnée d'un savant commentaire. Cet ouvrage, publié en 1786, reparut en 1802 avec des additions et des corrections; il est estimé pour la fidélité, mais mal écrit généralement. Larcher eut de vifs démêlés avec Voltaire à l'occasion d'un Supplément à la Philosophie de l'histoire, qu'il avait publié en 1767 pour réfuter les erreurs contenues dans la Philosophie de l'histoire de Voltaire.

LARDNER (Nathaniel), ministre dissident anglais, 1684-1768, a laissé un grand nombre d'écrits théologiques, qui ont été rassemblés à Londres en 1788, avec une Vie de l'auteur, par Kippis (11 v. in-8). On y distingue : Crédibilité de l'histoire évangélique et Témoignage des Juifs et des Païens, ouvrages estimables, destinés à établir la vérité du Christianisme.

LARDNER (le Dr), né à Dublin en 1793, m. à Paris en 1859, professa les sciences avec succès au collége de la Trinité à Dublin (1817-27), puis à l'Université de Londres (1828-40) et s'attacha à vulgariser les connaissances scientifiques. Dès 1827, il publiait un Cours populaire de la navigation à vapeur; en 1828, il conçut le plan d'une vaste encyclopédie populaire, collection de traités séparés sur toutes les branches de connaissances humaines : cet ouvrage, qu'il rédigea avec la collaboration des plus illustres savants de l'Angleterre, parut à Londres de 1830 à 1844 en 135 vol. in-12, sous le titre de Lardner's Cabinet Cyclopædia; il y fournit, pour sa part, un grand nombre de traités. Condamné en 1840 pour adultère, il quitta Londres, parcourut l'Amérique, et donna dans les principales villes des lectures, qui furent suivies avec empressement et qui l'enrichirent. En 1845, il vint s'établir à Paris : il y passa le reste de sa vie, s'occupant à rédiger sur les différentes branches des sciences des Manuels ou traités élémentaires, aussi intéressants qu'utiles. En 1853, il commença, sous le titre de Museum of science and art, une nouvelle série de petits traités, à un penny chacun, sur les applications de la science, qui eurent une très-grande vogue. Ses ouvrages les plus importants sont le Railway's Economy et un Manuel de Physique et d'Astronomie.

LA RENAUDIE (G. DE BARRY, seigneur de), dit La Forest, gentilhomme périgourdin, embrassa le Calvinisme, parcourut le midi de la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, pour susciter des fauteurs à son parti, et fut mis à la tête de la conjuration d'Amboise par Condé, qui voulait cacher la participation qu'il y prenait lui-même; mais il Fut trahi par d'Avenelle, son ami, et périt d'un coup de feu, au moment où il commençait l'exécution de l'entreprise (17 mars 1560). Son cadavre fut pendu sur le pont d'Amboise.

LA RÉOLE, Regula, ch.-l. d'arr. (Gironde), à 67 kil. S. E. de Bordeaux, sur la Garonne; 4134 h. Trib. de 1re inst., collége; Anc. abbaye, fondée en 970 et dite la Règle (d'où par corruption le nom de la ville); ruines du château des Quatre-Sœurs. Coutellerie, vinaigre, tanneries. Commerce de vins, eau-de-vie, grains et bétail. Patrie des frères Faucher. Place de guerre des Protestants pendant les guerres de religion. Le parlement de Bordeaux y fut souvent transféré.

LARES (de l'étrusque Lars, seigneur), dieux ou génies domestiques des Romains, chargés de protéger chaque maison et chaque famille. Selon quelques mythographes, c'étaient des divinités particulières, qu'on faisait naître de Mercure et de la nymphe Lara, fille du fleuve Almo; mais, selon l'opinion la plus probable, c'étaient, non des dieux particuliers, mais quelques-unes des divinités de l'Olympe, que chacun se choisissait à son gré. Les statues des Dieux Lares étaient fort petites; on les plaçait au coin du foyer; les riches les conservaient dans un oratoire spécial, appelé lararium; on mettait près d'elles un chien, symbole d'attachement et de fidélité. Les Lares se transmettaient dans chaque famille de génération en génération; aussi les appelait-on dieux paternels. Outre les lares domestiques, il y avait aussi des Lares publics, les uns urbains, exposés dans des niches, aux carrefours des villes; les autres viales, placés à l'embranchement des grands chemins, et figurés comme des termes. On offrait aux Lares des fruits, du lait, les prémices des moissons. —— On identifie souvent les Lares avec les Mânes des ancêtres de chaque famille; on les confond aussi avec les Pénates; cependant les Pénates paraissent plutôt chargés de dispenser les richesses, et les Lares de les conserver.

LA REVEILLÈRE-LEPEAUX (Louis Marie), né en 1753, à Montaigu (Vendée), m. en 1824, quitta le barreau pour les sciences et professa la botanique à Angers. Député à l'Assemblée Constituante, puis à la Convention, il se montra patriote et ami des Girondins. Il fit formuler, en réponse au manifeste de Brunswick, le décret de Propagande armée, déploya, le 11 mars 1793, en face de Danton, une vigueur qui retarda de quelques jouis la chute des Girondins, et n'échappa que par miracle à la proscription. Reparaissant après le 9 thermidor, il combattit les Terroristes, fut envoyé au Conseil des Anciens, et prit part à la rédaction de la constitution de l'an III. Élu membre du Directoire dès sa création (1795), il fit partie de la majorité qui fit le coup d'État du 18 fructidor; il donna sa démission au 30 prairial. La Réveillère-Lepeaux avait imaginé une espèce de religion nouvelle, dont le déisme faisait le fond, et qu'il appelait Théophilanthropie; ce projet fut mis un instant à exécution en 1797, mais il eut peu de succès; le nouveau culte tomba bientôt sous les coups du ridicule. L. était membre de l'Institut (classe des sciences morales et politiques). Il a laissé des Mémoires, qui sont encore inédits.

LA REYNIE (Gabr. Nicolas de), le premier lieutenant de police, né à Limoges en 1625, d'une famille de robe, mort en 1709, avait été président du présidial de Bordeaux, puis maître des requêtes au conseil d’État. Lorsque Louis XIV créa, en 1667, la charge de lieutenant général de police de Paris, La Reynie fut