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stance. Ce grand seigneur était renommé pour son esprit et ses bons mots.

LAURE, dite la Belle Laure, femme célèbre pour sa beauté, et immortalisée par Pétrarque, était fille d’Audibert de Noves, seigneur provençal, et avait épousé en 1325 Hugues de Sade, magistrat municipal d’Avignon. Elle avait 20 ans lorsque le poëte la vit pour la première fois à Avignon en 1327 : il conçut pour elle un amour qui resta toujours sans espoir, mais qu’il ne cessa de chanter, même après la mort de celle qui l’avait inspiré. Laure fut enlevée en 1348 par la peste noire. Elle avait eu 11 enfants. Il existe d’elle beaucoup de portraits, mais l’authenticité en est douteuse.

LAURÉAT (poëte), Laureatus. On a donné ce nom dans différents pays, notamment en Italie, en Allemagne, en Angleterre, à des poëtes qui recevaient, soit des princes, soit de corps savants, la couronne de laurier comme signe de leur supériorité. En Italie, le plus ancien et le plus solennel couronnement de ce genre est celui de Pétrarque, qui eut lieu à Rome en 1341, le jour de Pâques. Le Tasse allait aussi être couronné lorsqu’il mourut. — En Allemagne, Maximilien I établit en 1504, à Vienne, un collége poétique pour décerner la couronne ; mais les juges accordèrent le titre de poëte lauréat à un si grand nombre de poëtes médiocres que ce titre perdit tout son prix. — En Angleterre, le roi nomme le poëte lauréat. Ce poëte est chargé de célébrer tous les ans par deux odes l’anniversaire de la naissance du souverain et le nouvel an. Il reçoit un traitement annuel. John Kay, au XVe siècle, est le premier poëte lauréat connu ; on cite plus tard Gower et Chaucer, puis Skelton, sous Henri VIII ; Spenser sous Élisabeth. Après la mort de Spenser, ce titre a passé successivement à Samuel-Daniel, 1598 ; Ben Jonson, 1619 ; W. Davenant, 1632 ; J. Dryden, 1670 ; Shadwel, 1688 ; Nahum Tate, 1692 ; Nic. Rowe, 1715 ; Laurence Eusden, 1718 ; Colley-Cibber, 1730 ; Whitehead, 1757 ; Th. Warton, 1785 ; J.-H. Pye, 1790 ; Rob. Southey, 1813 ; Th. Campbell, 1843 ; Wordsworth, 1844 ; Tennyson, 1850.

LAURENT (S.), martyr, né à Rome dans le IIIe siècle, était chef des diacres et trésorier de l’Église sous le pape S. Sixte II, lorsque l’empereur Valérien publia un édit contre les prêtres chrétiens, en 259. Arrêté 3 jours après le martyre de S. Sixte, Laurent refusa de remettre le trésor dont il était le gardien, et le distribua immédiatement aux pauvres. Mis sous la garde d’un officier nommé Hippolyte, il le convertit et le baptisa avec toute sa famille. Laurent eut le corps déchiré à coups de fouet, et fut attaché ensuite à un gril de fer sous lequel étaient des charbons ardents. Il souffrit cet affreux supplice avec une constance admirable, bravant même ses bourreaux et demandant qu’on le retournât sur le gril. Une église, St-Laurent hors des murs, a été bâtie à Rome sur l’emplacement de son martyre ; le palais de l’Escurial, en Espagne, a été construit en son honneur ; Lesueur a peint son supplice. On l’honore le 10 août.

LAURENT JUSTINIEN (S.), 1er patriarche de Venise, né en 1380, d’une anc. famille, fut successivement général de l’ordre des chanoines réguliers de Saint-George in Alga, évêque de Venise en 1433, patriarche en 1451, et mourut en 1465. L’Église l’hon. le 5 sept. Il a laissé quelques écrits théologiques et ascétiques en latin, publiés à Venise, 1751, et réimp. à Montrouge en 1861. On y remarque l’Agonie triomphante.

LAURENT (Aug.), chimiste, né en 1807 à La Folie près de Langres, fut nommé en 1838 professeur à la Faculté de Bordeaux, en 1848 essayeur à la Monnaie. Il s’occupa surtout de la chimie organique et tenta, de concert avec Gerhardt, de renouveler cette partie de la science en substituant au dualisme qui était admis la théorie des équivalents (V. GERHARDT). Il fut en 1845 correspondant de l’Académie des sciences. Outre un grand nombre de Mémoires, il a laissé une Méthode de chimie, publiée après sa mort, en 1854, par M. Nicklès : c’est l’exposé de son système.

LAURENTE, Laurentum, auj. Paterno, ville du Latium, à 16 kil. S. de Rome, sur le bord de la mer Tyrrhénienne. Jadis capit. du royaume de Latinus. Pline le Jeune y avait une villa.

LAURENTIENNE (Bibliothèque), bibliothèque fondée à Rome par Léon X, est ainsi nommée, soit de Laurent de Mêdicis, père de Léon X, soit de Laurent Parmenio, qui en fut le premier bibliothécaire.

LAURENTIUS LYDUS. V. LYDUS.

LAURIA (Roger de), V. LORIA.

LAURIACUM, v. de Norique, auj. Lorch.

LAURICOCHA, lac du Pérou, par 78° 50′ long. O., 10° 30° lat. S. ; 13 kil. sur 5 ; il donne naissance à la Tunguragua. Sur ses bords est une v. de même nom, qui compte 6000 hab. Mine d’argent.

LAURIÈRE, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 36 k. N. E. de Limoges ; 1425 hab. Station. Papeterie.

LAURIÈRE (Jacob de), avocat au parlement de Paris, 1659-1728, s’adonna à la recherche des anciennes lois et coutumes. On a de lui : Bibliothèque des coutumes de France, 1699 ; Coutumes de la prévôté de Paris ; Glossaire du droit français, 1704 et 1717 ; Ordonnances des rois de la 3e race, 1723 (continué par Secousse), etc.

LAURISHEIM. V. LORSCH.

LAURISTON (Alex. Bernard LAW, marquis de), né à Pondichéry en 1768, m. en 1828, était petit-fils du financier Law. Il entra dans l’artillerie en 1793, fut nommé général de brigade en 1800, commanda en 1804 l’armée embarquée sur l’escadre de Villeneuve, puis servit en Allemagne et en Italie ; s’empara de la république de Raguse, se distingua à l’attaque de Castel-Nuovo (1807), suivit Bonaparte en Espagne et en Hongrie, et prit une part active aux victoires de Raab et de Wagram. En 1811, il fut nommé ambassadeur en Russie, où il resta jusqu’à la rupture de cette puissance avec la France. Lors de la retraite de Russie (1812), il commanda l’arrière-garde, organisa à Magdebourg le 5e corps, combattit à Lutzen et à Bautzen, fut fait prisonnier à Leipsick, et rendu après la paix. Après la Restauration, il obtint la faveur de Louis XVIII, fut fait pair de France (1815), ministre de la maison du roi (1820), maréchal de France, et eut un commandement dans la guerre d’Espagne (1823).

LAURIUM, auj. Legrano, v. de la Grèce anc., à l’extrémité S, de l’Attique, près de la mer, au pied du m. Laurius, où l’on exploitait des mines d’argent.

LAUSANNE, Lausonium, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Vaud, à 51 kil. N. E. de Genève, sur un plateau du Jorat, près de la rive sept. du lac de Genève (le village d’Ouchy lui sert de port) ; 18 000 hab. Station du chemin de fer d’Yverdun. Évêché, dont le titulaire réside à Fribourg. Cathédrale ; château, hôtel de ville, pont, théâtre, pénitencier, etc. Académie enseignante, fondée en 1537 ; sociétés diverses, bibliothèque, musée, etc. Assez d’industrie, affaires de banque. Patrie de Crousaz. — Lausanne fut dans l’antiquité une station romaine ; elle porta le titre d’évêché jusqu’à la Réformation : l’évêque était prince de l’Empire. Prise par les Bernois en 1536, elle fut réunie à leur canton avec tout le pays de Vaud. En 1798 les Français l’affranchirent de la domination bernoise et en firent le ch.-l. d’un canton, qui fut appelé canton du Léman, puis canton de Vaud.

LAUS POMPEIA, auj. Lodi Vecchio, v. de l’Italie anc. (Gaule Cisalpine), au N. E. de Mediolanum, fut fondée par les Boii et colonisée par Pompeius Strabo, père du grand Pompée.

LAUSUS, fils de Mézence, roi des Tyrrhéniens, fut tué par Énée au moment où il venait de sauver la vie à son père. Le récit de sa mort est un des plus beaux épisodes de l’Énéide (chant IX, fin.)

LAUTER (la), riv. qui forme la limite entre la basse Alsace et le Palatinat (Bavière rhénane), naît près et à l’O. de Deux-Ponts, coule au S. E., baigne Wissembourg, Lauterbourg, et tombe dans le Rhin sous Neubourg ; cours, 65 kil.