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de la Bourgogne, où il se fit haïr. — Son frère, Louis de Nogaret, dit le Cardinal de La Valette, archevêque de Toulouse, se montra toujours le servile adhérent de Richelieu, et fut surnommé, par allusion à son nom, le cardinal-valet. C'est lui qui releva le courage de Richelieu lors de la fameuse journée des Dupes. Il commanda les troupes françaises en Allemagne, 1635 et 1637, et en Savoie, 1638 et 1639, mais fit preuve de très-médiocres talents; il venait pourtant de prendre Chivas et de battre les Espagnols, quand il mourut à Rivoli, 1639. Ses Mémoires, rédigés par Jacq. Talon, ont été publiés en 1772.

LA VALETTE (le P. Ant.), jésuite, était depuis 1747 supérieur des missions de la Martinique, lorsqu'il s'associa avec un juif de la Dominique pour faire le commerce exclusif de ces îles. Les habitants, ruinés par ce monopole, portèrent plainte, et le P. La Valette fut rappelé en 1753. Il trouva néanmoins moyen de se faire envoyer de nouveau aux Antilles comme visiteur général et préfet apostolique, et recommença ses opérations commerciales. Des vaisseaux qu'il avait équipés étant tombés aux mains des Anglais, il se déclara en faillite et fit banqueroute de trois millions. Le Parlement, saisi de l'affaire, le condamna comme coupable de banqueroute frauduleuse, 1761. Cette fâcheuse affaire fournit des armes contre la Société, qui 16 mois après fut bannie.

LA VALETTE (Marie CHAMANS, comte de), né à Paris en 1769, d'une famille de commerçants, m. en 1830, se distingua dans les campagnes d'Italie; fut choisi pour aide de camp par le général Bonaparte, auquel il resta dévoué; l'accompagna eu Égypte, en Allemagne, en Prusse; fut fait comte de l'Empire, et s'allia à la famille impériale en épousant une demoiselle Beauharnais, nièce de l'impératrice. Il était directeur des postes en 1814. Destitué par les Bourbons, il seconda de tout son pouvoir le retour de Napoléon. Accusé pour cette conduite après les Cent-jours, et condamné à mort, il allait être exécuté lorsque Mme de La Valette parvint à le sauver en s'introduisant dans sa prison et en changeant de vêtements avec lui; trois officiers anglais (MM. Hutchinson, Wilson et Bruce), qui avaient favorisé l'évasion, le conduisirent hors de France; il se réfugia en Bavière, auprès d'Eugénie de Beauharnais. La Valette obtint en 1822 la permission de rentrer dans son pays; mais l'émotion et le chagrin avaient égaré la raison de sa femme. On a publié en 1831 Mémoires et souvenirs du comte de La Valette.

LA VALLIÈRE (Louise Françoise DE LA BAUME LE BLANC de), née en 1644 en Touraine, d'une famille originaire du Bourbonnais, perdit son père de bonne heure et fut placée comme fille d'honneur auprès de la duchesse d'Orléans (Henriette d'Angleterre). Après avoir résisté aux offres du surintendant Fouquet, elle se laissa séduire par Louis XIV, pour lequel elle ressentait une vive admiration, qui se changea bientôt en amour véritable : elle devint sa maîtresse en 1661. Cette liaison, qui avait d'abord été tenue secrète, fut rendue publique en 1663; le roi donna à sa maîtresse de vastes domaines, et érigea pour elle la terre de La Vallière en duché (1667). Du reste, Mlle de La Vallière n'usa de son influence que pour faire le bien. Pieuse, mais faible, elle rougissait elle-même de ses fautes, et deux fois elle se réfugia dans le couvent des Carmélites de Chaillot (1670-71); mais Louis XIV l'en fit enlever et la ramena à la cour. Néanmoins, elle se vit au bout de quelques années négligée pour Mme de Montespan, et, après avoir subi pendant un assez long temps le partage de Louis entre elle et sa rivale, elle se retira définitivement, en 1674, aux Carmélites du faubourg St-Jacques et y prit le voile en 1675, sous le nom de Sœur Louise de la Miséricorde. Elle y mourut en 1710, après avoir passé ses dernières années dans les exercices de la plus austère piété. Elle a laissé des Lettres, publiées en 1767, et d'édifiantes Réflexions sur la miséricorde de Dieu (publiées dès 1860, et rééditées en 1854 par Romain Cornut et en 1860 par Pierre Clément. — Deux de ses enfants, Mlle de Blois (mariée au prince de Conti), et le comte de Vermandois (mort en 1683), furent légitimés.

LA VALLIÈRE (LOUIS César LA BAUME LE BLANC, duc de), petit-neveu de la précéd., 1708-80, grand fauconnier de la couronne, s'est acquis un nom comme bibliophile par la magnifique bibliothèque qu'il avait formée à son château de Montrouge, et dont le catalogue seul forme 9 vol. in-8, Paris, 1783-88. Cette bibliothèque, achetée en 1788 par le comte d'Artois, a été réunie depuis à celle de l'Arsenal. Avec lui s'éteignit le nom de La Vallière.

LAVARDAC, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la Baïse, à 6 kil. N. O. de Nérac; 1107 hab.

LAVARDIN (Jean DE BEAUMANOIR, dit le maréchal de), né dans le Maine en 1551, mort en 1614 à Paris, fut élevé dans la religion protestante auprès d'Henri de Navarre (depuis IV), et combattit dans l'armée des Huguenots au siége de Poitiers, en 1569; il embrassa la religion catholique après la St-Barthélemy, où avait péri son père. Il quitta Henri en 1578 pour s'attacher à Catherine de Médicis, et commanda en 1587, sous le duc de Joyeuse, à la bataille de Coutras, où, malgré tous ses efforts, les Catholiques furent défaits. En 1589, il suivit le parti de la Ligue. En 1595, il composa avec Henri IV, qui acheta sa fidélité par les titres de gouverneur du Maine et de maréchal de France. Lavardin se trouvait dans le carrosse d'Henri IV quand ce prince fut assassiné.

LAVARDIN (H. C. DE BEAUMANOIR de), fut envoyé par Louis XIV en ambassade à Rome (1687) au moment où le roi avait avec le pape Innocent XI de vifs démêlés au sujet des franchises. Il entra dans Rome, malgré les défenses du Saint-Père. Celui-ci l'excommunia. Louis XIV se préparait à venger son ambassadeur quand Innocent mourut.

LAVATER (J. Gaspar), écrivain suisse, né à Zurich en 1741, entra dans l'état ecclésiastique, et devint premier pasteur de l'église St-Pierre a Zurich. Tout en remplissant consciencieusement les devoirs de son état, il cultiva les lettres et produisit un nombre prodigieux d'ouvrages, soit en prose, soit en vers, la plupart sur des sujets de morale ou de piété. Dès l'âge de 25 ans, Lavater commença à rechercher les rapports des traits du visage avec le caractère et les sentiments de l'âme; il continua ces recherches tout le temps de sa vie, et fut ainsi le créateur d'une science nouvelle, la Physiognomonie, à laquelle son nom est resté attaché. Lorsque la Suisse ressentit le contre-coup de la révolution française, Lavater se déclara le partisan des idées libérales; mais, à la suite de vives représentations qu'il avait adressées au Directoire, il fut déporté à Bâle. Rappelé bientôt dans sa patrie, il y périt en 1801, des suites d'une blessure que lui fit un soldat à la reprise de Zurich. Lavater unissait à une piété exaltée une éloquence douce et persuasive : on lui reproche seulement une grande crédulité et un penchant extrême pour le mysticisme. Quoique protestant et ministre du culte Réformé, il manifesta toujours un secret penchant pour le Catholicisme. De tous les ouvrages de Lavater, le plus important ce sont ses Essais physiognomoniques, publiés en allemand (1775-78, 4 vol. in-4), et en français sous ce titre : l’Art de connaître les hommes par la physionomie (1781-1803, 4 vol. in-4, et 1805-9,10 vol. in-8). H. Bacharach en a donne une trad. abrégée, Paris, 1841. gr. in-8. Ses lettres à l'impératrice de Russie (femme de Paul I) sur l'État de l'âme après la mort ont paru à Leipsick, 1858, in-4. Parmi ses œuvres poétiques, on remarque les Cantiques sacrés et les Chants suisses, devenus populaires.

LA VAUGUYON (Ant. Paul Jacq. DE QUÉLEN, duc de), lieutenant général, né à Tonneins en 1706, m. en 1772, se distingua aux siéges de Maastricht, d'Oudenarde, d'Anvers; aux batailles de Fontenoy, Rau-