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aventures galantes, et fut forcé de quitter son pays par suite d’un duel. Après avoir parcouru divers États de l’Europe, proposant partout des plans de finances, il vint enfin en France où il sut gagner la confiance du Régent. Il fit adopter à ce prince un système financier au moyen duquel il prétendait rembourser les dettes de l’État. En 1716, il fut autorisé à ouvrir une banque d’escompte, à laquelle on adjoignit bientôt une Compagnie qui eut le privilège du commerce avec le Mississipi, la Chine et les Indes, la propriété du Sénégal, la fabrication des monnaies, etc. ; enfin, cette banque privée fut érigée en Banque royale (1718), et Law fut lui-même nommé contrôleur général. La banque de Law créa un nombre prodigieux d’actions, et émit une énorme quantité de billets, qui n’étaient nullement en proportion avec les valeurs réelles qu’elle possédait. Pendant plusieurs années les actions furent en grande faveur : on se les disputait avec fureur dans la rue Quincampoix, principal centre de l’agio, et elles furent portées jusqu’à 40 fois leur valeur primitive ; mais bientôt l’illusion cessa, on mit plus d’empressement encore à s’en défaire qu’on n’en avait mis à les acheter, et une foule de familles furent ruinées. Devenu l’objet de l’exécration générale, poursuivi par le parlement, Law fut forcé de sortir de France en 1721. Après avoir erré en différents pays, il mourut à Venise en 1729, dans un état voisin de l’indigence. Law avait publié en 1705, en anglais, de remarquables Considérations sur le numéraire et le commerce. Ses Œuvres ont été rassemblées à Paris et traduites en 1790, et par E. Daire, Paris, 1843, 1 vol. in-8. M. Thiers a donné une lucide exposition du système de Law dans l’Encyclopédie progressive, 1826. M. Levasseur a publié des Recherches historiques sur le système de Law, 1854, in-8.

LAWFELD, vge de Belgique (Limbourg belge), à 6 kil. O. de Maëstricht. Les Français, que commandait le maréchal de Saxe, y battirent le duc de Cumberland en 1747. Il s’y livra en 1794 un autre combat où les Français furent encore vainqueurs.

LAWRENCE, v. des États-Unis (Massachusets), sur le Merrimack, à 36 k. N. E. de Boston ; 14 000 h. Manufactures d’étoffes de laine et coton, fonderies ; ateliers de construction.

LAWRENCE (P. Thomas), habile peintre de portraits, né à Bristol en 1769, m. en 1830, était fils d’un maître d’auberge. Élève de Reynolds, il fut nommé en 1792 peintre du roi (George III), et devint, après West, président de l’Académie de peinture (1820). Il fit les portraits de la plupart des princes de l’Europe et de presque toutes les notabilités de l’époque, et acquit une immense fortune. Ses portraits sont pleins de grâce et d’éclat ; la ressemblance en est frappante et la physionomie spirituellement saisie ; mais le dessin est trop souvent incorrect et maniéré.

LAXENBOURG, bourg et château d’Autriche, à 16 kil. S. de Vienne, sur la Schwæchat ; 800 hab Résidence d’été de l’empereur. Un traité y fut signé entre l’Autriche et l’Espagne en 1725.

LAY, riv. de France (Vendée), prend sa source à 20 kil. de Fontenay-le-Comte, devient navigable à Mareuil, et tombe dans l’anse de l’Aiguillon, vis-à-vis de l’île de Ré, après un cours de 105 kil.

LAYA (J. L.), littérateur, né à Paris en 1761, d’une famille originaire d’Espagne, mort en 1833, fit représenter en 1789 J. Calas, en 1790, les Dangers de l’opinion, drame en vers qui eut du succès, et en 1793, l’Ami des lois. Cette dernière pièce, jouée avec un grand succès peu de jours avant le supplice de Louis XVI, était une protestation énergique contre le régicide ; aussi l’auteur fut-il jeté dans une prison, d’où il ne sortit qu’au 9 thermidor. Sous l’Empire, il fut professeur au lycée Napoléon, puis à la Faculté des lettres. Il entra à l’Académie française en 1817. Ses Œuvres ont été publiées en 1833, 5 volumes in-8. — Sa veuve, remariée à M. Achille Comte, a publié de bons ouvrages d’éducation et de jolie pièces de théâtre. — Ses deux fils (Alexandre et Léon) ont cultivé les lettres : le premier a écrit sur le droit et la politique notamment ; le second (1810-1872) a donné plusieurs pièces, dont la meilleure est Le Duc Job (1859).

LAYBACH, Æmonia chez les anciens, Labacum, au moyen âge, v. murée des États autrichiens, capit. de l’Illyrie et de la Carniole, à 98 kil. N.-E. de Trieste ; 20 000 h. Évêché ; château fort, qui sert auj. de prison ; lycée, gymnase, séminaire, école normale, observatoire, bibliothèque ; société d’agriculture, et des arts. Produits chimiques ; faïence, soieries et rubans de soie, etc. Grand commerce avec l’Italie, la Croatie, la Bavière. — Laybach existait dès le temps des Romains : elle fut agrandie par les Francs au IXe siècle, appartint successivement aux Slaves, aux ducs de Bavière, à des seigneurs particuliers, et finit par se donner à l’Autriche. Laybach fut prise en 1797 par Bernadotte, et en 1809 par Macdonald. Il s’y tint en 1820-21 un congrès qui avait pour objet la destruction du régime constitutionnel établi dans le roy. de Naples à la suite de l’insurrection de 1820. — Le gvt de L., formé des anciens duchés de Carniole et de Carinthie, est borné au N. par l’archiduché d’Autriche, à l’O. par le Tyrol, la Vénétie et le gvt de Trieste, au S. par la Croatie, à l’E. par la Styrie, et est divise en 5 cercles : Laybach, Neustadt, Adelsberg, Klagenfurt et Villach ; 900 000 hab. — Le cercle de L., entre ceux de Klagenfurt et de Villach au N., la Styrie à l’E., le cercle de Neustadt au S., celui d’Adelsberg et le gouvt de Trieste à l’O., compte 165 000 h.

LAYEN (Principauté de la), anc. État de l’empire d’Allemagne, dont les possesseurs résidaient à Ahrenfels sur le Rhin, comprenait, outre le château de Layen, le comté de Hohengeroldseck, le château de Waal près d’Augsbourg, et quelques seigneuries dans les districts du Rhin, et de la Moselle. En 1806, les princes de la Layen furent compris parmi les membres de la Confédération du Rhin, et placés dans le collége des princes ; mais en 1815 ils ne furent pas admis dans la Confédération germanique ; la principauté fut médiatisée et incorporée au gr.-duché de Bade.

LAYS (François), habile chanteur, né en 1758, à La Barthe, près de Bagnères (Htes-Pyrénées), m. en 1831, débuta à l’Opéra de Paris en 1779, et fit pendant 40 ans les délices du public. Il réussissait surtout dans les rôles du marchand de la Caravane, du consul dans Trajan, de Cinna dans la Vestale. Il fut professeur au Conservatoire et à l’école de chant. Lays avait la plus belle voix de-baryton qu’on eût entendue jusque-là.

LAZARE (S.), frère de Marie et de Marthe, demeurait à Béthanie et était aimé de Jésus-Christ. Il m. peu après sa conversion : : Jésus le ressuscita 4 jours après sa mort, quoique son corps commençât déjà à se corrompre dans le sépulcre (S. Jean, ch. XI). On le fête la 2 septembre et le 17 décembre.

LAZARE, pauvre couvert d’ulcères, implorait en vain la pitié d’un mauvais riche ; mais, après la mort de tous deux, Lazare alla dans le ciel et le riche dans l’enfer, où à son tour il implora vainement la secours de Lazare. On ne sait si ce Lazare, dont l’histoire est racontée par S. Luc (ch. XVI), est un pauvre véritable ou un personnage purement symbolique. 1 LAZARE (Hospitaliers de St-), ordre religieux et militaire, fut établi par les Croisés à Jérusalem dès 1119, et confirmé par le pape en 1255. Il avait eu pour mission spéciale de soigner les lépreux ; c’est de son nom que se sont formés le mot ladre, pour dire lépreux, et celui de lazaret. L’ordre tirait son nom du mendiant Lazare, sous le patronage duquel il s’était placé. Introduit en France sous Louis VII, cet ordre perdit son importance à mesure que la lèpre disparut ; il fut réuni en Italie à l’ordre de Malte (1490), en Savoie à celui de St-Maurice (1572), en France à celui de St-Michel (1693). — Les chevaliers de St-Lazare étaient au nombre de 100 ; ils pouvaient se marier et posséder des pensions sur toutes sortes de bénéfices.