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toire du diocèse de Paris, en la continuant jusqu’à nos jours, 10 v. in-8, 1861 et ann. suiv.

LEBLANC (Franç.), gentilhomme dauphinois, m. à Versailles en 1698, était un savant numismate. Il a laissé : Dissertation sur quelques monnaies de Charlemagne, Louis le Débonnaire, Lothaire et ses successeurs, frappées à Rome, 1689, in-4 ; Traité historique des monnaies de France, 1690, in-4, ouvrage capital.

LEBLANC DE GUILLET (Ant.), littérateur médiocre, né à Marseille en 1730, mort en 1799. On a de lui : des tragédies, entre autres Manco-Capac (1763), qui n’est connue auj. que par ce vers ridicule :

Crois-tu de ce forfait Manco-Capac capable ?

une comédie, l’Heureux événement, 1772, qui eut peu de succès ; un roman intitulé les Mémoires du comte de Guine, 1761, et une traduction en vers de Lucrèce, 1788-91. Il fut nommé membre de l’Institut en 1798.

LEBLANC (Nic.), l’inventeur de la soude artificielle, né en 1753 à Issoudun, était chirurgien de la maison d’Orléans. En 1787, il découvrit le procédé, encore suivi actuellement, pour extraire la soude du sel marin. Il avait monté en 1791 une usine, avait pris un brevet d’invention pour l’exploitation de sa découverte et s’était associé à cet effet le duc d’Orléans lorsqu’à la suite des événements de la Révolution il vit mettre le séquestre sur sa fabrique ; peu après il fut obligé d’autoriser la publication de son procédé. Ruiné par cette divulgation, il fit d’inutiles efforts pour obtenir une juste indemnité et se tua dans un accès de désespoir (1806). Dizé, qui avait été son collaborateur, lui disputa, mais sans droit, le mérite de son invention.

LEBLOND (J. Christophe), peintre en miniature, né à Francfort en 1670, m. en 1741, inventa l’art d’imiter la peinture par la gravure, en imprimant l’une sur l’autre trois couleurs, le rouge, le jaune et le bleu, qui, par leurs combinaisons, produisaient des nuances plus nombreuses.

LEBON (Joseph), conventionnel, né à Arras en 1765, était curé de Neuville, près d’Arras, lorsque la Révolution éclata. Déjà il s’était fait remarquer par son fanatisme religieux ; il ne fut plus connu, depuis 1789, que par son fanatisme révolutionnaire. Député à la Convention en 1792, il se signala par ses violences. Envoyé en 1793, en qualité de commissaire, dans le Pas-de-Calais, il établit dans Arras le régime de la Terreur et institua un tribunal qui, en quelques mois, fit tomber une foule de têtes. Après le 9 thermidor, il fut accusé par les habitants de Cambrai, condamné à mort, et exécuté (6 oct. 1795). Son fils, E. Lebon, a tenté de le réhabiliter dans le livre intitulé : J. Lebon dans sa vie privée et dans sa vie politique, 1861.

LEBON (Philippe), l’inventeur de l’éclairage au gaz, conçut des 1785 l’idée de faire servir à l’éclairage les gaz produits par la combustion du bois. Il annonça sa découverte à l’Institut en 1799, prit un brevet en 1800 pour ses Thermolampes (appareils destinés à la fois au chauffage et à l’éclairage), et en fit en 1801 un premier essai au Havre, mais il fut mal accueilli du public, et, après plusieurs autres tentatives également infructueuses, il alla porter sa découverte en Angleterre où elle réussit.

LEBOSSU (le P. René), chanoine de Ste-Geneviève, 1631-80, enseigna les humanités et composa entre autres écrits un Traité du Poëme épique, 1675, qui était estimé de Boileau, mais qui a été vivement critiqué par Voltaire pour sa rigueur toute scolastique. On a aussi de lui un Parallèle de la philosophie d’Aristote et de Descartes, 1674.

LEBRET, V. de France. V. ALBRET.

LEBRIGANT (Jacq.), avocat, né à Pontrieux (Côtes-du-Nord) en 1720, m. en 1804, faisait dériver toutes les langues du celtique. Il a publié : Dissertation sur une nation celte nommée Brigantes, 1762 ; Éléments de la langue des Celtes-Gomérites ou Bretons, 1779 ; la Langue primitive conservée, 1787. Il était l’ami du célèbre La Tour d’Auvergne, qui s’enrôla à 50 ans pour sauver son plus jeune fils de la conscription : il avait eu 22 enfants, et tous ses fils étaient morts aux armées quand le dernier fut appelé.

LEBRIXA ou LEBRIJA, Nebrissa, v. d’Espagne (Séville), à 42 kil. S, O. de Séville ; 7000 hab. Forges, poteries ; huile excellente. Patrie d’Antoine de Lebrixa (V. ANTOINE), et de Juan Diaz de Solis.,

LEBRUN (Charl.), peintre célèbre, né à Paris en 1619, mort en 1690, étudia d’abord sous Vouet, puis alla à Rome, où il eut pour maître le Poussin. De retour à Paris (1648), Fouquet lui confia les peintures de son château de Vaux, et Louis XIV l’accueillit avec faveur sur la présentation de Mazarin. Il fut en 1662 nommé peintre du roi, et directeur de l’Académie de peinture. Sans rival en France après la mort de Lesueur, il devint l’arbitre du goût et comme le dictateur des beaux-arts : c’est lui qui porta Louis XIV à fonder l’école française à Rome. Mais à la mort de Colbert, qui l’avait toujours protégé, Lebrun se vit préférer Mignard ; le chagrin que lui causa cette disgrâce abrégea sa vie. Ses principaux tableaux sont : la série des Batailles d’Alexandre, la Défaite de Maxence, le Christ aux Anges (à Notre-Dame), la Madeleine, la Vierge apprêtant le repas de l’Enfant Jésus. C’est lui qui a exécuté les peintures de la grande galerie de Versailles. On trouve dans ses tableaux de la noblesse et une grande richesse de composition, mais la couleur en est lourde et le dessin généralement mou ; on lui reproche de l’affectation et de la monotonie. Lebrun a écrit : Conférences sur l’expression des différents caractères des passions, 1667 ; Traité de la physionomie, ou Rapport de la physionomie humaine avec celle des animaux, in-fol., avec pi. Ses plus beaux tableaux ont été gravés par Édelinck, Audran, Séb. Leclerc, Picart. Il en a lui-même gravé plusieurs.

LEBRUN (Ponce Denis ÉCOUCHARD-), poëte lyrique, qui se surnomma lui-même Lebrun-Pindare, né à Paris en 1729, mort en 1807, fut élevé par les soins du prince de Conti, au service duquel était son père ; devint secrétaire des commandements du prince, et put en même temps se livrer à son goût pour la poésie. À la mort du prince de Conti, il fut quelque temps dans l’indigence, mais le ministre Calonne lui fit obtenir une pension de 20 000 livres. Il fut nommé membre de l’Institut dès la fondation. Versatile dans ses opinions, il chanta successivement et avec la même verve Louis XVI, la République et l’Empire, et reçut indistinctement les bienfaits de tous les gouvernements. Enclin à la satire, il lança des épigrammes contre presque tous ses contemporains et se fit une foule d’ennemis. D’un caractère difficile, il ne put vivre avec sa femme, qui se sépara de lui après 14 ans de mariage. Lebrun a excellé dans le genre lyrique ; on estime surtout son Ode sur le désastre de Lisbonne (1755), une Ode à Voltaire en faveur d’une petite-nièce de Corneille, une Ode nationale sur le projet d’une descente en Angleterre. Ginguené, son ami, a publié ses œuvres en 4 vol. in-8, Paris, 1811 : outre ses Odes, on y trouve des Élégies, des Épîtres, des Épigrammes, des Fables, des Veillées du Parnasse, imitations de Virgile et d’Ovide, et un poëme sur la Nature. On a donné en 1821 ses Œuvres choisies, 2 vol. in-8. Le talent lyrique de Lebrun est grand, mais incomplet ; son style est noble et fort, mais tantôt déclamatoire, tantôt sec et décharné ; ses épigrammes sont peut-être supérieures à ses odes.

LEBRUN (Ch. Franç.), duc de Plaisance, né en 1739 à St-Sauveur, près de Coutances, mort en 1824, fut d’abord secrétaire de Maupeou, partagea la disgrâce de ce ministre, et consacra ses loisirs à des travaux littéraires. Député aux États généraux, il se distingua par ses travaux sur les finances ; il présida le directoire de Seine-et-Oise, fut incarcéré pendant la Terreur, recouvra la liberté au 9 thermidor, fut élu membre du Conseil des Cinq-Cents et se fit remarquer dans cette assemblée par ses talents administratifs.