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formé de la partie N. de la Savoie, jointe à la ville et au territoire de Genève, et avait pour ch.-l. Genève.

LEMARE (P. Alex.), grammairien, né en 1766 à Grande-Rivière (Jura), mort à Paris en 1835, était principal du collége de St-Claude en 1789, et remplit pendant la Révolution quelques fonctions administratives. Sous l’Empire il vint à Paris, y enseigna avec succès la langue latine, et fonda l’Athénée de la jeunesse. Il cultivait à la fois la grammaire, les sciences et l’industrie : il se fit recevoir médecin à 50 ans. On lui doit, outre ses ouvrages littéraires. plusieurs inventions ingénieuses, notamment celle des Caléfacteurs. On a de lui : Cours théorique et pratique de la langue latine, 1804 ; Cours de langue française, 1807 ; Dictionnaire français par ordre d’analogie, 1820. Dans ses ouvrages de grammaire, il procède analytiquement, commençant par citer de nombreux exemples avant de poser la règle.

LEMARROIS (le général), né en 1776 à Briquebec (Manche), m. en 1836, se distingua, comme aide de camp de Bonaparte, à Lodi et à Roveredo, devint colonel à Marengo, 1800, général de brigade en 1802, de division en 1805, comprima l’insurrection de Torgau, fut successivement gouverneur de Stettin, de Varsovie (1807), de Rome (1809), défendit glorieusement Magdebourg (1813), fut nommé pair pendant les Cent-Jours et mis à la retraite après le retour des Bourbons. Sa ville natale lui a élevé une statue.

LEMBERG ou LÉOPOL, v. des États autrichiens, capit. de la Galicie, à 302 kil. E. de Cracovie ; 75 000 hab. (dont 25 000 Juifs). Archevêchés catholique, grec-uni, arménien ; surintendance évangélique ; grand rabbin. Université, académie, école normale, gymnases. Château ; cathédrale catholique et autres édifices remarquables. Draps, toiles, cotonnades ; rosoglio ; carrosserie, teinturerie, imprimerie. Commerce de transit avec l’Autriche, la Prusse, la Russie, la Moldavie. Patrie de Stan. Leczinski. — Fondée en 1259 par Léon Danielowicz, prince de Halicz. Prise par Casimir en 1348 ; vainement assiégée par les Russes en 1656 ; prise en 1671 par les Turcs, en 1704 par Charles XII, qui y fit couronner Stanislas roi de Pologne ; elle appartient à l’Autriche depuis 1772.

LEMBEYE, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 29 kil. N. E. de Pau ; 1336 hab.

LEMERCIER (Jacq.), architecte du roi, né à Pontoise v. 1590, m. à Paris en 1660, construisit plusieurs édifices remarquables, notamment, à Paris, la Sorbonne (1629-35) et le palais Cardinal (depuis Palais-Royal). Il acheva l’église de l’Oratoire et commença l’église St-Roch (1653). On lui doit l’aile du Louvre à droite du pavillon de l’Horloge et la partie supérieure de ce pavillon. Il a aussi construit l’église de l’Annonciade à Tours, et le château de Richelieu en Poitou. Il y a de l’imagination et de la grandeur dans ses compositions, mais son style est lourd.

LEMERCIER (Népomucène), littérateur, né à Paris en 1772, m. en 1840, a composé un grand nombre d’ouvrages, presque tous remarquables, entre autres : la tragédie d’Agamemnon, 1797 (c’est son chef-d’œuvre) ; Ophis, 1798 ; la Démence de Charles VI, 1820 ; Frédégonde et Brunehaut, 1821 ; Richard III et Jeanne Shore, 1823 ; des comédies historiques : Pinto, 1800 ; la Journée des Dupes, 1804 ; Christophe Colomb, 1809 ; l’Atlantiade, poëme épique dont Newton est le héros, 1812 ; la Mérovéide, poëme badin, 1818 ; la Panhypocrisiade ou Spectacle infernal du XVIe siècle, sorte de comédie satirique, 1819 ; enfin un Cours analytique de littérature, 1820. Il entra à l’Académie française en 1810. Le caractère de son talent est une singulière hardiesse de pensée et d’expression et une véritable originalité ; on trouve dans ses écrits des beautés de premier ordre, mais aussi des bizarreries presque ridicules. Il fut comme le précurseur de l’école romantique : il est en effet un des premiers qui aient entrepris de modifier les habitudes de la scène française, en violant la règle des trois unités prescrite par Boileau.

LÉMERY (Nic.), chimiste, né à Rouen en 1645, m. en 1715, exerçait simultanément la médecine et la pharmacie. Il acquit une grande réputation par les cours de chimie qu’il fit à partir de 1672, et compta au nombre de ses auditeurs le grand Condé et Tournefort. Inquiété comme calviniste, il se réfugia en Angleterre ; mais il revint peu après en France, et y abjura en 1686. Il fut nommé membre de l’Académie des sciences en 1699. Il publia en 1675 un Cours de chimie, en 1697, un Traité des drogues simples et une Pharmacopée universelle. On lui doit en outre plusieurs inventions d’une application journalière. M. Cap a écrit son Éloge, 1838.

LEMGO ou LEMGOW, Lemgovia, v. de la principauté de Lippe-Detmold, à 11 kil. N. de Detmold ; 4600 h. Jadis ville hanséatique. Patrie de Kæmpfer.

LEMIERRE (Ant. Marin), poëte, né à Paris en 1723, mort en 1793, devint, au sortir du collége, secrétaire du fermier général Dupin qui lui laissa le loisir de se consacrer aux lettres. Il remporta plusieurs fois le prix de poésie à l’Académie (1753, 1757), puis s’adonna au théâtre et fit représenter plusieurs tragédies : Hypermnestre, 1758 ; Idoménée, 1764 ; Artaxerce, 1766 ; Guillaume Tell, 1766 ; la Veuve de Malabar, 1770 ; Barnevelt, 1790 ; quelques-unes eurent beaucoup de succès. Il composa en même temps deux poëmes didactiques : la Peinture, en 3 chants, 1769 (imitée du poëme latin de l’abbé de Marsy) ; les Fastes ou les Usages de l’année, 1779, poëme en 16 chants, sur le modèle des Fastes d’Ovide. Lemierre fut admis à l’Académie française en 1781. On reproche à sa versification de l’incorrection et de la dureté ; mais on trouve dans ses tragédies et dans ses poëmes de grandes beautés. Ses Œuvres ont été recueillies par R. Périn, 1810, 3 vol. in-8.

LEMIRE (Noël), graveur de Rouen, 1724-1801, fut élève de Lebas. On estime de lui la Mort de Lucrèce, d’après André del Sarto ; Jupiter et Danaé, d’après le Carrache ; les Nouvellistes flamands, d’après Téniers ; le Gâteau des rois ou le Partage de la Pologne, son chef-d’œuvre. On lui doit aussi un grand nombre de vignettes.

LEMNOS, appelée par les Turcs Limnia et Stalimène, ïle de la mer Égée, au S. de celles d’Imbros et de Samothrace ; renfermait des volcans : ce qui la fit regarder comme le séjour de Vulcain. Selon la Fable, c’est dans cette île que tomba ce dieu quand il eut été précipité du ciel. Elle était riche et fertile. On en tirait la terre sigillée à laquelle on attribuait de grandes vertus médicinales. — Lemnos fut primitivement peuplée par des Pélasges appelés Sinthiens : ceux-ci furent tous massacrés en une seule nuit par leurs femmes, irritées de se voir négligées pour des étrangères : les Lemniennes se donnèrent alors pour reine Hypsipyle, l’une d’elles. Les Argonautes relâchèrent dans l’île peu après cet événement, et les Lemniennes s’empressèrent de les accueillir. Vers 1100 av. J.-C., de nouveaux Pélasges, les Tyrrhéniens, chassés de l’Attique, vinrent occuper l’île. Plus tard, des Cariens s’en emparèrent. Darius I l’occupa en 511 ; mais Miltiade la reprit l’année suivante et la soumit à Athènes. Cependant elle se révolta plusieurs fois contre cette république, notamment pendant la guerre sociale (359-356). Elle appartint à l’empire d’Orient jusqu’à la 4e croisade ; elle passa alors aux Vénitiens qui, en 1478, la cédèrent aux Turcs : ces derniers la possèdent encore. L’anc. Lemnos avait un fameux labyrinthe et deux villes, Héphestiade à l’E., et Myrine sur la côte O. Cette dernière, qui s’appelle auj. Lemnos ou Limnia, compte 2000 hab. env. — L’île actuelle est inculte et désolée par la fièvre.

LEMOINE (Jean), cardinal, né au XIIIe siècle, à Cressy, dans le Ponthieu, mort à Avignon en 1313. Après avoir été reçu docteur en théologie à l’Université de Paris, il se rendit à Rome, y fut nommé auditeur de rote, commenta le VIe livre des Décrétales, et reçut le chapeau de cardinal en récomoense de ce savant travail. Nommé légat en France par Bo-