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cabarets, mendiants, etc.; ils rivalisèrent en ce genre avec les meilleurs maîtres de l'école flamande. On estime surtout leur Maréchal ferrant, au Louvre.

LENAIN DE TILLEMONT. V. TILLEMONT.

LENCLOITRE, ch.-l. de c. (Vienne), à 17 kil. O. de Châtellerault; 1741 h.

LENCLOS (Ninon de), femme célèbre du XVIIe siècle, l’Aspasie de son temps, née à Paris en 1615, m. en 1705, était fille d'un gentilhomme aisé de la Touraine. Devenue, à 15 ans, par la mort de ses parents, maîtresse de ses actions, elle donna un libre cours à son penchant pour le plaisir. Belle, riche, spirituelle, incrédule, elle se fit une philosophie toute épicurienne, renonça au mariage, et eut de nombreux amants. Elle eut le privilège de conserver ses charmes jusqu'à l'âge le plus avancé. Couvrant ses faiblesses des apparences de la décence, elle sut se faire accepter par le monde et fut recherchée par les dames du plus haut rang : Mmes de Maintenon, de La Sablière, de La Ferté, de La Fayette, ne craignaient pas de lui donner le nom d'amie. Sa maison, située rue des Tournelles, fut le rendez-vous de ce que la cour et la ville avaient de plus poli, de plus illustre : Molière, St-Évremont, Fontenelle, la consultaient sur leurs ouvrages; elle devina le génie de Voltaire, accueillit le jeune poëte au sortir du collége, et lui légua, en mourant, 2000 fr. pour acheter des livres. Inconstante en amour, elle resta toujours fidèle en amitié, fut une sage conseillère pour ses amis et les aida souvent de sa bourse. On a d'elle quelques Lettres à St-Évremont (dans les Œuvres de cet auteur). Les Correspondances de Ninon avec Villarceaux, Sévigné, etc., sont des ouvrages supposés. Bret a écrit des Mémoires sur Ninon, 1751.

LENET (Pierre), procureur général au parlement de Bourgogne, puis conseiller d'État sous la régence d'Anne d'Autriche, était dévoué aux Condé et les servit pendant la Fronde. Il a laissé des Mémoires sur les guerres civiles des années 1649 et suiv. (impr. en 1729, 2 vol. in-12, réimpr. dans le Panthéon littéraire) : la rédaction en est négligée, mais ils offrent des détails ignorés et portent le cachet de la franchise.

LENFANT (Jacq.), ministre protestant, né en 1661, à Bazoche en Beauce, mort en 1728, étudia à Genève, passa de là à Heidelberg, où il fut pasteur de l'église française et chapelain de l'électrice douairière, se retira à Berlin lors de l'invasion des Français dans le Palatinat (1688), y devint prédicateur de la reine de Prusse, et fut reçu à l'Académie de Berlin. On a de lui : Histoire du concile de Constance, Amst., 1727; — du concile de Pise, 1724; — du concile de Bâle, 1731, etc.

LENFANT (le P.), prédicateur, né à Lyon en 1726, mort en 1792, entra chez les Jésuites, quitta la France après la suppression de son ordre, prêcha avec succès devant Stanislas, roi de Pologne, et Joseph II, empereur d'Allemagne; revint en France sous Louis XVI et prêcha à la cour. Incarcéré à l'Abbaye en 1792, il fut une des plus regrettables victimes des massacres de septembre. Ses sermons avaient obtenu le plus grand succès; ils font moins d'effet à la lecture. Ils ont été publiés à Paris en 1818, 8 vol. in-12.

LENGERICH, v. des États prussiens (Westphalie), à 27 kil. N. E. de Munster; 1375 hab. On y signa en 1648 les préliminaires du traité de Westphalie.

LENGLET-DUFRESNOY (l'abbé Nic.), laborieux compilateur, né à Beauvais en 1674, m. en 1755, fut nommé en 1705 secrétaire pour les langues latine et française de l'électeur de Cologne, qui résidait à Lille, revint à Paris sous la Régence, et contribua à la découverte de la conspiration de Cellamare. Il fut, sous Louis XV, mis plusieurs fois à la Bastille pour la hardiesse de ses écrits. Il mourut d'accident, à près de 82 ans, étant tombé dans le foyer auprès duquel il lisait. Il avait une grande érudition, mais peu de goût et de critique. Ses principaux écrits sont : Manuel pour étudier l'histoire, 1713; Méthode pour étudier la géographie, 1716; De l'usage des romans, 1734 (sous le nom de Gordon de Percel); l'Histoire justifiée contre les romans, 1735; Histoire de la philosophie hermétique, 1742; Tablettes chronologiques de l'histoire universelle, sacrée et profane, 1744; Traité sur les apparitions, 1751; Histoire de Jeanne d'Arc, 1753. On a en outre de lui plusieurs éditions d'auteurs anciens et modernes, notamment du Roman de la Rose, des poésies de Cl. Marot, des Mémoires de Comines, de l'Étoile, etc. ?

LENNAPE (famille), une des nations indigènes de l'Amérique septentrionale, se partageait, avant l'arrivée des Européens, en un grand nombre de peuplades, qui toutes habitaient à l'E. des monts Alleghany, depuis le cap Breton jusqu'au cap Hatteras. Leur nombre a considérablement diminué. Les principales tribus de cette famille actuellement existantes sont : les Sawanous, dans l'État d'Indiana; les Sakis et les Ottogamis le long du Haut-Mississipi; les Miamis et les Illinois, dans les États d'Indiana, d'Illinois et de Michigan; les Lenni-Lennape ou Delawares, sur les bords de l'Arkansas; les Micmaks (Souriquois), sur la côte orientale du Canada et les îles voisines; les Algonquins et les Chippaways, dans le Michigan et le district Huron; les Knistenaus, dans le Bas-Canada et le Labrador. Leur langue a de l'analogie avec celle des Samoyèdes.

LENNEP (J. Daniel VAN), helléniste, né à Leeuwarden en 1724, m. à Aix-la-Chapelle en 1771, fut professeur de littérature grecque et latine à Groningue, puis à Franeker. On lui doit des éditions de Coluthus, Leeuwarden, 1747, et des Lettres de Phalaris, 1777; des Observations sur l'Analogie de la langue grecque et sur les Étymologies grecques, publiées par Scheidius, Utrecht, 1790, et par Nagel, 1808.

LENNEP (Jacques VAN), philologue, né en 1774 à Amsterdam, m. en 1853, fut professeur à l'Athénée d'Amsterdam, puis à l'Université de Leyde. Il donna d'excellentes éditions des Héroïdes d'Ovide, des Épîtres de Sabinus (Amst., 1807 et 1812). et de l’Anthologia græca, avec Bosch (5 vol., Utrecht, 1795-1822), traduisit Hésiode en vers hollandais (1823), et composa, soit en latin, soit dans sa langue maternelle, des écrits en prose et en vers fort estimés. Il passait pour le meilleur latiniste de la Hollande. — Son fils, Jacques, né en 1802, est un des poëtes et romanciers les plus populaires des Pays-Bas : il exploite surtout dans ses écrits les légendes du moyen âge.

LENNEP (Jacob VAN), romancier hollandais, né en 1802, m. en 1868, fils de l'helléniste Daniel van Lennep, était avocat fiscal à Amsterdam. C'est l'auteur le plus populaire que la Hollande ait eu dans ces derniers temps. Parmi ses nombreux romans, dont plusieurs ont été traduits en français, on remarque Ferdinand Huyck. On lui doit encore quelques poëmes, une Histoire des Pays-Bas septentrionaux, et une bonne édition des œuvres du poëte hollandais Vondel.

LENNOX. V. LENOX.

LENOIR (J. Ch.), magistrat, né à Paris en 1732, m. en 1807, fut longtemps lieutenant criminel et lieutenant de police de Paris (1774), et se distingua dans l'exercice de ses fonctions par son zèle, son désintéressement et sa philanthropie. Il créa plusieurs établissements utiles, entre autres le Mont de Piété; améliora les hôpitaux, les prisons, et fit abolir la torture. Il donna sa démission en 1790, se retira en Suisse, puis à Vienne, revint en France en 1802, et obtint de Napoléon une pension.

LENOIR (Alex.), créateur et directeur du Musée des monuments français, né à Paris en 1761, m. en 1839, avait étudié la peinture sous Doyen. Il proposa en 1790 à l'Assemblée nationale de faire rassembler à Paris, dans l'ancien couvent des Petits Augustins, les objets d'art provenant des églises et couvents supprimés, fut nommé conservateur du musée créé à cet effet, réunit et préserva de la destruction plus de 500 monuments, qu'il restaura avec soin et distribua avec goût; mais vit en 1816 anéantir son œuvre et sup-