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toffes d'or et d'argent (1470). On lui a reproché d'avoir aboli la Pragmatique sanction, regardée comme le boulevard des libertés de l'Église gallicane. On lui attribue à tort les Cent nouvelles Nouvelles et le Rosier des Guerres, qui furent seulement rédigés sous ses yeux. On peut consulter sur ce roi les Mémoires de Comines et l’Histoire de Louis XI de Duclos. Casimir Delavigne l'a mis en scène dans la tragédie de Louis XI.

LOUIS XII, le Père du peuple, né à Blois en 1462, de Charles, duc d'Orléans, petit-fils de Charles V, m. en 1515, fut d'abord connu sous le nom de duc d'Orléans. Il disputa la régence à Anne de Beaujeu pendant la minorité de Charles VIII, marcha contre les troupes du jeune roi à la tête d'une armée, fut vaincu et pris à St-Aubin par La Trémoille (1488), et enfermé à Bourges, où il resta trois ans. Rendu à la liberté par Charles VIII, il sut réparer sa faute par une belle conduite jusqu'au jour où il monta sur le trône (1498). Il commença son règne en pardonnant à tous ses ennemis, disant que le roi de France devait oublier les injures faites au duc d'Orléans, diminua les impôts d'un tiers, et rendit les juges inamovibles. En 1499, il répudia sa première femme, Jeanne de France, fille de Louis XI, princesse vertueuse, mais contrefaite et stérile, pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, mariage qui assurait à la France la possession de la Bretagne. Fort des droits qu'il avait sur le Milanais comme petit-fils de Valentine Visconti, il s'empara de ce duché (1499-1500); puis il conquit sur l'empereur Frédéric le royaume de Naples, conjointement avec Ferdinand le Catholique (1561); mais, quand il fallut partager, les deux conquérants se brouillèrent. Louis, vaincu à Seminara et à Cérignole par Gonsalve de Cordoue, fut chassé du royaume de Naples (1503) et consentit à signer le désastreux traité de Blois par lequel il abandonnait ses prétentions sur l'Italie (1504). Néanmoins, étant peu d'années après entré dans la ligue formée par Jules II contre les Vénitiens (Ligue de Cambrai), il envahit leur territoire et les défit à Agnadel (1509); mais bientôt Jules II, qui avait obtenu de Louis ce qu'il voulait, l'abandonna pour s'unir contre lui avec Ferdinand, Henri VIII, les Vénitiens et les Suisses (Sainte Ligue). Le jeune Gaston de Foix gagna sur eux la bataille de Ravenne (1512), mais il y perdit la vie; et Louis, vaincu, malgré le génie de La Trémoille, à Novare par les Suisses, et à Guinegatte (Journée des Éperons) par les Impériaux (1513), fut obligé d'offrir la paix. Malgré ses guerres malheureuses, Louis XII mourut regretté. Ce prince se recommande par une administration honnête, économe et bienfaisante; secondé par un grand ministre, le cardinal d'Amboise, il protégea les lettres, les arts, l'agriculture, le commerce; il créa deux nouveaux parlements (Rouen et Aix), fit rédiger les Coutumes, rendit les juges inamovibles et défendit la vénalité des charges. Le surnom de Père du peuple lui fut décerné par les États généraux de Tours en 1506. Louis XI[ ne laissa pas d'enfant mâle, et la couronne passa à François I. La Vie de Louis XII a été écrite par Claude de Seyssel, 1558; Jean d'Anton, 1620; J. Tailhé, 1755. Rœderer a donné l’Hist. de Louis XII, 1825.

LOUIS XIII, le Juste, fils de Henri IV et de Marie de Médicis, né à Fontainebleau en 1601, devint roi en 1610 sous la tutelle et la régence de sa mère, vit son règne commencer au milieu de troubles auxquels le traité de Ste-Menehould mit à peine fin (1614), fut déclaré majeur à 14 ans, et épousa Anne d'Autriche l'année suivante. Il se laissa d'abord gouverner par Concini, maréchal d'Ancre, favori de la reine mère; mais il finit par se fatiguer du joug de cet Italien et s'unit aux seigneurs mécontents pour le renverser (1617). Il donna alors toute sa confiance au jeune duc de Luynes, qu'il ne tarda pas à faire connétable. Les seigneurs jaloux prirent les armes pour faire éloigner le nouveau favori; mais ils furent vaincus aux Ponts-de-Cé. Après la mort de Luynes, enlevé en 1621 par la fièvre pourprée, la reine mère, qui était en disgrâce depuis la mort de Concini, revint à la cour, et son influence fit entrer Richelieu au Conseil. Avec ce nouveau ministre, le règne de Louis reçoit un lustre inattendu : le roi enlève aux Protestants La Rochelle (1628); il bat le duc de Savoie qui attaquait le duc de Mantoue, allié de la France, et rétablit son allié dans ses États. En 1630, Louis, ayant eu de nouveau à combattre en Italie les Allemands et les Espagnols, les battit encore, et leur imposa la paix de Quérasque. En 1632, Gaston, frère du roi, mécontent de Richelieu, forma une conspiration dans laquelle entrèrent le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, l'empereur et le roi d'Espagne; mais le complot fut déjoué : Gaston fut exilé, et Montmorency, pris les armes à la main, eut la tête tranchée (1632). Après la mort de Gustave-Adolphe, chef des Protestants en Allemagne, Louis XIII, qui avait été l'allié de ce prince, déclara la guerre à l'Autriche et à l'Espagne : Nancy, la Lorraine, la ville d'Heidelberg, furent conquis (1634); le duc de Rohan défit sur les bords du lac de Côme les Espagnols, qui, après avoir obtenu quelques succès en Picardie, furent obligés de repasser la Somme; Schomberg les battit aussi dans le Roussillon, le duc de Savoie et le maréchal de Créqui en Italie. Une paix avantageuse allait être conclue, lorsque Richelieu mourut, en 1642. Le roi le suivit dans la tombe un an après (1643). Louis XIII était un prince faible et incapable; tout l'éclat de ce règne est dû à Richelieu : tremblant devant son ministre, le roi ne fut guère que le docile instrument de ses volontés et souvent même de ses inimitiés : il lui sacrifia sans pitié sa mère, son frère et tous les seigneurs qui essayaient de conspirer; plus d'une fois, fatigué de ses hauteurs et de la servitude où il le retenait, il sembla prêt à le renvoyer, mais il recula toujours au dernier moment (Voy. JOURNÉE DES DUPES). Louis XIII fut, dit-on, surnommé le Juste au moment même de sa naissance, parce qu'il était né sous le signe de la Balance. L’Histoire de France sous Louis XIII a été écrite par M. Bazin, Paris, 1840. — On connaît sous le nom de Vœu de Louis XIII un vœu formé par ce prince en 1637, par lequel, mettant sa personne et son royaume sous la protection de la Ste Vierge, il s'engageait à faire tous les ans une procession solennelle en son honneur à Paris le jour de sa fête, le 15 août. On donne pour cause à ce vœu la joie qu'éprouva le roi en apprenant la grossesse d'Anne d’Autriche, sa femme. Cette procession eut lieu jusqu'à la Révolution; elle fut rétablie sous la Restauration.

LOUIS XIV, le Grand, né en 1638, à St-Germain-en-Laye, était fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche. Il fut reconnu roi en 1643, à 5 ans, et devint majeur en 1651, à 13 ans. La régence fut confiée à sa mère Anne d'Autriche, qui prit Mazarin pour principal conseiller. La minorité de Louis XIV fut agitée au dedans par les troubles de la Fronde (V. FRONDE, ANNE, MAZARIN), et signalée au dehors par des guerres glorieuses avec l'empire et l'Espagne, qui ne furent terminées que par le traité conclu en 1649 avec l'empereur à Munster, et par la paix des Pyrénées, conclue en 1659 avec l'Espagne. Par ce dernier traité, Louis XIV épousa l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne. Après la mort de Mazarin (1661), Louis commença à régner par lui-même. Profitant de la paix et secondé par d'habiles ministres (Colbert, Le Tellier, Louvois, Séguier, De Lionne, etc.), il rétablit le commerce, diminua les impôts, fit fleurir les arts, réforma l'administration et rendit de sages lois. En 1665, Philippe IV, père de la reine, étant mort, Louis réclama, en vertu du droit de Dévolution (V. ce mot), la Flandre et la Franche-Comté, comme indemnité de la dot de sa femme, dot qui n'avait jamais été payée; sur le refus qu'on fit de les lui livrer, il marcha sur la Flandre dont il prit toutes les villes en une seule campagne (1667); l'année suivante, il conquit plus rapidement encore, la Franche-Comté. La Hollande, l'Angleterre et la Suède s'étant alors liguées contre lui avec l'Espagne, Louis se vit obligé de