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Madrid en 1737, parcourut plusieurs fois le Levant, l’Égypte, la Turquie et différents autres pays, d’où il rapporta un grand nombre de médailles et de curiosités pour le cabinet du roi. Louis XIV le nomma son antiquaire en 1714. Parti de nouveau pour le Levant en 1723, il en revint avec 40 manuscrits précieux. En 1736, il alla en Espagne, où il fut bien accueilli par Philippe V. Ses relations sont souvent inexactes ou exagérées, mais elles offrent des détails curieux, surtout pour ce qui regarde la Hte-Égypte. Elles ont paru sous le titre de : Voyage au Levant, Paris, 1704 ; Voyage dans la Grèce, l’Asie-Mineure, l’Afrique, 1710 ; Voyage dans la Turquie, l’Asie, la Syrie, l’Égypte, 1719. Il se fit aider dans la rédaction, pour le 1er ouvrage, par Baudelot de Dairval, pour le 2e par Fourmont, pour le 3e par l’abbé Banier.

LUCAS DE CRANACH, peintre. V. CRANACH.

LUCATEL. V. LOCATELLI.

LUCAYES ou BAHAMA, archipel de l'Océan Atlantique, près de l'Amérique septentrionale, par 20°-28° lat. N., 73°-83° long. O., est séparé des côtes de la Floride par le canal de la Floride ou de Bahama ; il s'étend sur une longueur de 1300 kil. au moins, et compte près de 500 îles, flots ou rochers ; les plus considérables sont : la Grande-Bahama (V. BAHAMA), Abaco, Eleuthera, la Nouv.-Providence, Guanahani, dite aussi San-Salvador ou Cat's island, l'île Longue. Les Lucayes appartiennent aux Anglais. Elles forment un gouvt colonial, dépendant du gouverneur général de la Jamaïque; le lieutenant-gouverneur siége à Nassau (dans la Nouv.-Providence). — Les Lucayes furent la 1re découverte de Colomb : c'est à San-Salvador, l'une d'elles, qu'il aborda en 1492. Elles appartinrent d'abord aux Espagnols, qui en exterminèrent les naturels et ne tardèrent pas à les abandonner. Les Anglais y formèrent des établissements dès 1629 ; mais ils n'y envoyèrent un gouverneur qu'en 1718. Reprises par les Espagnols en 1781, elles furent vendues aux Anglais en 1783. Leur population peut s'élever à 14 000 h., dont 11 000 noirs. Les habitants sont bons marins et bons nageurs, et servent de pilotes côtiers.

LUCE I, Lucius, Romain, pape en 252, ne régna que 5 mois. Il fut canonisé. On le fête le 4 mars.

LUCE II, de Bologne, fut élu en 1144. Sommé par les partisans d'Arnaud de Brescia de renoncer à toute souveraineté temporelle, il réclama l'appui de l'empereur Conrad III et marcha lui-même contre Rome avec quelques troupes ; mais il fut blessé à mort en montant à l'assaut du Capitole, 1145.

LUCE III, pape de 1181 à 1185, né à Lucques, fut élu au milieu des troubles, et par les cardinaux seuls, à l'exclusion du reste du clergé et du peuple. Il fut obligé de quitter Rome, se retira à Vérone et y assembla un concile qui condamna les Patarins, secte de Manichéens, 1184.

LUCE (Sainte). V. LUCIE.

LUCE DE LANCIVAL, professeur et poëte, né en 1764 à St-Gobain (Aisne), m. en 1810, fit des études brillantes à Paris, professa la rhétorique au collége de Navarre dès l'âge de 22 ans et devint, après la Révolution, professeur de rhétorique au Lycée impérial (auj. Louis-le-Grand). Il a laissé plusieurs tragédies, dont la meilleure est Hector, 1805 ; des poésies diverses, un poëme d’Achille à Scyros, imité de Stace ; Folliculus, satire fort spirituelle contre le journaliste Geoffroy. Collin de Plancy a publié ses œuvres en 1826, 2 vol. in-8.

LUCÉ (le GRAND-). V. GRAND-LUCÉ.

LUCENA, Elisana, v. d'Espagne (Cordoue), à 55 kil. S. E. de Cordoue ; 20 000 hab. Enlevée aux Maures en 1240. Environs fertiles ; eaux minérales.

LUCENAY-L'ÉVÊQUE, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 14 kil. N. d'Autun ; 900 hab.

LUCERA, Luceria, v. murée d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Capitanate), à 20 kil. O. de Foggia. Évêché, haute cour criminelle, collége ; forte citadelle, belle cathédrale gothique. — Cette ville, fondée, dit-on, par Diomède, faisait partie de l'Apulie, et était fameuse par la beauté de ses laines. Les Romains la détachèrent de la ligue samnite en 323 av. J.-C.; ils la reprirent en 320, après une révolte. Détruite vers 665 par l'empereur grec Constant II, elle fut rebâtie en 1233 par l'emp. Frédéric II, qui en fit une colonie pour les Sarrasins qu'il avait transportés de Sicile en Italie. Charles II d'Anjou chassa les Sarrasins de cette ville et lui donna le nom de Sta-Maria (1300), nom qui n'a pas prévalu.

LUCÈRES, une des trois tribus primitives de Rome, occupait le mont Cœlius. C'était une colonie d’Étrusques établie par Tullus Hostilius. Leur nom venait de Lucerum, lieu de leur Origine.

LUCERNE, v. de Suisse, ch.-l. du c. de Lucerne et, jusqu'en 1848, l'une des trois capitales de la Confédération, sur le lac de Lucerne et la Reuss, à 94 kil. S. E. de Bâle ; 10 000 hab ; Rues droites et larges en général; jolie église de St-Léodegar (S. Léger); lycée, gymnase, séminaire ecclésiastique, bibliothèque. Industrie assez active ; commerce de grains, etc. Aux env., sites délicieux. Près de la ville est un lion colossal taillé dans les flancs de la montagne, en mémoire des soldats suisses qui périrent à Paris dans la journée du 10 août 1792 en défendant Louis XVI. — Lucerne doit, dit-on, son nom à un fanal (lucerna) élevé jadis sur son emplacement pour servir de guide aux voyageurs. La ville date du VIIIe siècle ; elle appartint d'abord aux abbés de Murbach, qui au XIIIe siècle la vendirent à la maison de Habsbourg ; en 1332, les Lucernois se rendirent indépendants. Le gouvernement y fut oligarchique jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : une tentative de révolution démocratique faite en 1764 avait avorté. Prise par les Français en 1798, Lucerne fut un instant capitale de toute l'Helvétie. En 1802 elle devint le principal foyer de la guerre civile qui éclata en Suisse ; elle joua également un rôle dans la guerre de Sunderbund, et fut prise par l'armée fédérale en 1847.

Le canton de Lucerne, entre ceux de Zug, Schwitz, Underwald, Berne, Argovie, a 61 k. sur 52, et 133 000 hab. (presque tous catholiques). Sol montagneux, couvert de lacs, fertile en grains, vins, fruits, plantes oléagineuses ; beaux pâturages ; fromages estimés ; élève de bétail. Ce canton entra dans la confédération en 1332 : c'était le 4e. Sa constitution, rédigée en 1815, a été revisée en 1840 et 1842 : elle est toute démocratique. Le chef du pouvoir exécutif a le titre d’avoyer. — Le lac de Lucerne n'est proprement qu'un golfe du lac des Quatre-Cantons, au N. O.; cependant on étend souvent ce nom au lac entier.

LUCHON (BAGNÈRES-DE-). V. BAGNÊRES.

LUCIBURGUM, nom latinisé de Luxembourg.

LUCIE (Ste), vierge et martyre, mise à mort en 304 à Syracuse. On la fête le 13 décembre.

LUCIEN, Lucianus, écrivain grec, né à Samosate, vers l'an 120, vécut sous les Antonins. Il étudia d'abord la sculpture, puis il se fit avocat et suivit le barreau d'Antioche, mais il abandonna bientôt cette nouvelle carrière pour la profession de rhéteur et de sophiste : il parcourut l'Asie, la Grèce, la Gaule, l'Italie, récitant partout ses discours et ses déclamations. Vers l'âge de 40 ans il renonça à cet art frivole pour se consacrer à la philosophie : il suivit à Athènes les leçons du philosophe Démonax. Depuis, il consacra ses écrits à combattre les vices, les travers et les préjugés de ses contemporains. Marc-Aurèle lui confia vers l'an 180 l'administration d'une partie de l’Égypte : devenu en butte aux attaques de ses administrés, il se justifia dans une Apologie, qui nous est parvenue. Il mourut dans un âge avancé, vers 200. Lucien a laissé un grand nombre d'écrits : les plus connus sont les Dialogues des Dieux, les Dialogues des Morts, le Songe ou le Coq, Timon, les Sectes à l'encan, Pérégrinus, l'Âne (abrégé de Lucius de Patras), de la Manière d'écrire l'histoire. Il s'y montre moraliste enjoué, satirique plein de sel ; il se plaît surtout à railler l'avarice des vieillards, le désappointement des chercheurs d'hérita-