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Le culte luthérien possède à Paris et dans les dép. du N. E. de la France un certain nombre d’églises ; une Faculté de théologie a été instituée à Strasbourg pour de jeunes protestants de la confession d’Augsbourg qui se destinent aux fonctions de pasteur.

LUTTER, bourg du duché de Brunswick, à 27 kil. S. O. de Wolfenbuttel ; 2000 hab. Tilly, général de l’armée bavaroise et catholique, y battit Christian IV, roi de Danemark, en 1626.

LUTTERWORTH, v. d’Angleterre (Leicester), à 22 kil. S. O. de Leicester, sur le chemin de fer du centre ; 2560 hab. Wiclef en fut le curé et y mourut.

LUTZELSTEIN, v. de France. V. PETITE-PIERRE.

LUTZEN, Lucena, v. des États-prussiens (Saxe), à 14 kil. S. E. de Mersebourg, entre cette ville et l’Elster ; 1500 hab. Ce lieu est célèbre par 2 batailles : l’une où Gustave-Adolphe vainquit les Impériaux, mais où il périt, le 16 nov. 1632 ; l’autre où Napoléon battit les Russes et les Prussiens réunis, le 2 mai 1813 : cette dernière bataille se livra au village de Gross-Gœrschen tout près de Lutzen.

LUXEMBOURG, Luciliburgum en latin moderne, en allemand Lutzelburg, ville forte, capit. du grand-duché de Luxembourg, sur l’Alzette, à 85 kil. S. E. de Bruxelles ; 12 500 hab. La ville est divisée en haute et basse. C’était une des plus fortes places de l’Europe et l’une des 3 grandes forteresses fédérales ; mais ses fortifications ont été rasées en 1869, à la suite des événements d’Allemagne. Athénée, ou haute école de sciences et de lettres. Tanneries, papeteries, brasseries, moulins à plâtre ; fabr. de toiles, tabac, faïence et porcelaine, pipes, etc. ; jambons et autres viandes salées. — Cette ville fut assiégée en 1443 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1479 par les Français, puis par les Impériaux ; en 1542 et 1543 par les Français ; en 1684, elle fut prise par le maréchal de Créqui : Vauban, qui avait dirigé cette attaque, compléta ses fortifications. Le traité de Ryswyck la céda à l’Espagne (1697) ; elle passa à la maison d’Autriche après la guerre de la succession d’Espagne. En 1795, les Autrichiens après une résistance de huit mois, la rendirent aux Français. Elle fut sous la République et l’Empire le ch.-l. du dép. des Forêts.

LUXEMBOURG (grand-duché de), anc. province des Pays-Bas, auj. possession particulière du roi (mais non du royaume) de Hollande, et jusqu’en 1866 État de la Confédération germanique, bornée par la France au S., par la Belgique au N. et à l’O., par la province Rhénane de Prusse à l’E. : 116 kil. de l’E. à. l’O. sur 112 ; 195 000 h. ; ch.-l., Luxembourg. Le pays est arrosé par plusieurs rivières (Moselle, Alzette, Ourthe, Semoy, Chiers), et couvert de montagnes et de vastes forêts (les Ardennes). Climat froid, mais sain ; sol assez fertile. Gibier et poisson. Fer, cuivre, houille, marbre, pierre à bâtir, etc. Toiles, lainages, tabac ; papeteries, distilleries, etc. — Le Luxembourg, compris autrefois dans la B.-Lorraine, eut d’abord le titre de seigneurie, puis celui de comté. Une première maison de Luxembourg s’étant éteinte en 1136, Henri I, comte de Namur, hérita du comté et le transmit à sa fille Ermesinde, femme de Waleran de Limbourg, qui fut la tige de la 2e maison de Luxembourg, sous laquelle le comté devint duché, en 1354. Élisabeth, fille du duc Jean, et nièce des empereurs Wenceslas et Sigismond, le fit entrer dans une branche cadette de la 2e maison de Bourgogne en épousant Antoine de Bourgogne, duc de Brabant (1409), qui mourut en 1415. N’ayant point d’héritiers et craignant de se voir enlever le duché de Luxembourg par Guillaume de Saxe, landgrave de Thuringe, Élisabeth le vendit à Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1444). Le mariage de Marie de Bourgogne (1477) le fit échoir à Maximilien d’Autriche : Charles-Quint le comprit dans les 17 provinces qui formaient le cercle de Bourgogne. Après la rébellion des provinces du Nord, il resta à l’Espagne. Louis XIV s’en fit céder quelques districts, dits Luxembourg français (Thionville, Damvillers, Marville, Ivoy, Montmédy), qui furent annexés au gouvt de Metz. La guerre de la succession d’Espagne fit passer le reste à l’Autriche. La France l’occupa presque constamment depuis 1793 : il lui fut assuré par le traité de Campo-Formio, 1797. Elle en fit le dép. des Forêts. En 1815, le Congrès de Vienne le rendit à l’Allemagne comme État de la Confédération germanique, mais en l’annexant au royaume des Pays-Bas, et l’érigea en grand-duché : le duché de Bouillon y fut incorporé. Après 1831, il devint entre la Belgique et la Hollande, un sujet de débats qui n’ont été définitivement terminés qu’en 1839 par le traité de Londres. Auj. toute la partie E., qui comprend Luxembourg, Diekirch, Echternach, etc., appartient au roi de Hollande ; le reste a été laissé à la Belgique, qui s’était d’abord emparée du tout. Un nouveau traité de Londres (mai 1867) a déclaré neutre le gr.-duché de Luxemb. — Le Lux. belge, situé entre les prov. de Liége au N., de Namur à l’O., la France au S., et le Lux. hollandais à l’E., compte 431 796 h., presque tous wallons, et a pour ch.-l. Arlon. Il est divisé en 5 arrond. : Arlon, Bastogne, Marche, Neufchâteau, Virton.

LUXEMBOURG (Maison de), une des plus illustres maisons souveraines de l’Europe, a pour fondateur Waleran de Limbourg, qui épousa au XIIIe siècle Ermesinde, héritière du Luxembourg. Elle a fourni 5 empereurs à l’Allemagne : Henri VII (1308-13), Charles IV (1347-78), Wenceslas (1378-1400), Josse (1410), Sigismond (1411-37) ; plusieurs rois à la Bohême, et 2 connétables ou maréchaux à la France. Ses principales branches sont, après la branche aînée, dite de Luxembourg, celles des Luxembourg-Ligny, L.-Saint-Pol, L.-Brienne, L.-Piney. — À partir de 1422, la branche aînée se fondit dans la maison d’Autriche par le mariage d’Élisabeth, fille et héritière de l’empereur Sigismond (de Luxembourg) avec Albert II, archiduc d’Autriche, puis empereur. La 2e branche s’éteignit dès 1415 ; la 3e, en 1482 (ses domaines passèrent par mariage dans la maison de Bourbon-Véndôme) ; la 4e en 1608 ; la 5e celle des Luxembourg-Piney, se fondit dans celle des Montmorency par le mariage de la dernière héritière, Madeleine, duchesse de Luxembourg, avec François-Henri de Montmorency, maréchal de France (1661), connu depuis ce mariage sous le nom de maréchal de Luxembourg.

LUXEMBOURG (Franç. H. DE MONTMORENCY-BOUTEVILLE, duc de), maréchal de France, né en 1628, était fils du fameux Bouteville, décapité pour s’être battu en duel. D’abord aide de camp de Condé, il se distingua près de lui à la bataille de Lens (1648), et fut fait maréchal de camp à 20 ans. Il suivit constamment la fortune de Condé dans les troubles de la Fronde, se mit comme lui au service de l’Espagne pour combattre Mazarin, fut quelque temps enfermé à Vincennes, puis fit sa paix (1660). Les troubles apaisés, il reparut avec gloire dans les armées françaises : en 1668, il se signala à la conquête de la Franche-Comté, où il servait en qualité de lieutenant général ; en 1672, il commanda en chef pendant la campagne de Hollande, prit Grool, Deventer, Campen, etc. ; défit les armées des États près de Bodegrave et de Woërden, et fit en 1673 une belle retraite qui fut admirée des ennemis mêmes : il reçut en 1675 le bâton de maréchal de France. Après la retraite du prince de Condé et à la mort de Turenne, 1675, il fut nommé général en chef : il enleva d’assaut Valenciennes et battit Guillaume d’Orange à Cassel, 1677, et à Mons, 1678. S’étant brouillé avec Louvois, il resta quelque temps sans emploi, et fut impliqué en 1679 par la haine du ministre dans un procès ridicule : en l’accusait d’avoir fait pacte avec le diable et d’entretenir commerce avec des empoisonneuses ; il comparut devant la Chambre ardente et fut déclaré innocent, mais il n’en avait pas moins subi une longue captivité (1680). Remis après dix ans d’inaction à la tête des armées, il gagna les batailles de Fleurus, 1690, de Steinkerque, 1692, et de Nerwinde, 1693. On l’avait surnommé le Tapissier de Notre-Dame, à causa des nombreux drapeaux Qu’il avait pris à l’ennemi,