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Rhin, à 65 kil. N. de Carlsruhe ; 25 000 hab. (dont 12 000 Catholiques). C’est la plus grande ville du duché et la plus régulièrement bâtie de l’Allemagne. Pont sur le Rhin; beau palais ducal, jolie promenade, arsenal, théâtre, observatoire, cabinet d’histoire naturelle, jardin botanique, lycée, académie de commerce. Beaucoup d’industrie, surtout en orfèvrerie (les bijoux en similor s’appellent or de Manheim); glaces et cristaux, tapis, tabac, anisette dite eau de Manheim. Beau port franc. Commerce actif en coton, fer, café, riz, soufre, sel, houille, sucre, etc. Bateaux à vapeur pour Strasbourg, Mayence, Cologne et les ports de la Hollande; chemins de fer pour toutes directions. — Manheim appartint longtemps au Palatinat; en 1606, ce n'était encore qu’un petit village; Frédéric IV, comte palatin du Rhin, la fit fortifier; elle fut longtemps la capitale du Palatinat du Rhin. Saccagée par les Bavarois en 1622, par les Français en 1688 et 1689, Manheim se releva après la paix de Ryswyk; en 1777, elle fut réunie à la Bavière. Elle fut prise de nouveau par les Français en 1795, et sa citadelle rasée. Le traité de Lunéville défendit d’en relever les fortifications et donna la ville au grand-duc de Bade.

MANIACÈS (George), général byzantin du XIe s., s'était déjà signalé en Asie par ses succès contre les Sarrasins lorsqu'il fut envoyé contre les mêmes ennemis dans l'Italie mérid. (1035) : il leur reprit la Sicile (1038). Il avait admis des Normands pour auxiliaires contre les Sarrasins, mais il ne tarda pas à être obligé de les combattre eux-mêmes et remporta sur eux une victoire éclatante. Injustement accusé de trahison au milieu de ses succès, il se révolta, passa en Grèce et mit en déroute l'armée que lui opposait l'emp. Constantin Monomaque; mais il périt dans le combat, frappé par une main inconnue (1042 ou 43).

MANICA, royaume de l'Afrique orient., entre ceux de Sofala et de Sabia à l'E., d'Inhanbane au S., de Mocarangua à l'O. et au N. ; ch.-l. Manica, petite ville située à 264 kil. N. O. de Sofala. Ce pays est nominalement compris dans la capitainerie générale portugaise de Mozambique. — V. MANICA.

MANICHÉENS, disciples de Manès (V. ce nom). Les principaux chefs de cette hérésie, après Manès, sont Hermas, Buddas et Thomas, qui' la propagèrent dans l'Inde, en Égypte et en Syrie. Malgré les persécutions, les Manichéens se multiplièrent au point qu'au VIIIe siècle ils étaient répandus dans tout l'empire. En 841, l'impératrice Théodora, voulant détruire cette secte, en fit mettre à mort plus de 100 000. — On a étendu, le nom de Manichéens à tous les partisans de la doctrine de deux principes opposés, le principe du bien et le principe du mal : en ce sens, on retrouve le manichéisme dans une foule de sectes postérieures, les Pauliciens, les Bogomiles, les Albigeois, les Patarins, etc. Le Manichéisme, sous ses diverses formes, fut condamné par plusieurs conciles et proscrit par les empereurs.

MANIKA ou MAGNISSA, Magnesia ad Sipylum, v. de la Turquie d'Asie (Aïdin), au pied de l'anc. mont Sipyle, à 35 kil. N. E. de Smyrne; 12 000 hab.. Résidence de l'archevêque d’Éphèse; V. MAGNÉSIE.

MANILIUS (C.), tribun du peuple l'an 66 av. J.-C., partisan de Pompée, proposa une loi qui donnait à ce général la direction de la guerre contre Mithridate et Tigrane, avec des pouvoirs illimités. Cette loi fut fortement appuyée par Cicéron, dans son discours Pro lege Manilia.

MANILIUS (M.), poëte latin du siècle d'Auguste. On ne sait rien de sa vie. On a sous son nom un poème en 5 chants sur l’Astronomie, qui ne manque ni d'élégance ni d'agrément, mais qui décèle peu de connaissances astronomiques. Ce poëme parait n'avoir pas été achevé. Julius Firmicus en donna un commentaire vers le temps de Constantin. Il a été publié pour la 1re fois par J. Regiomontanus à Nuremberg en 1472 ou 73, et réimpr. par Scaliger, Paris, 1579, par Rich. Bentley, Londres, 1739, avec notes, et par F. Jacob, Berlin, 1846. Il a été trad. par Pingré, 1786 (avec le texte en regard), et par Lorain, 1844.

MANILLE, ville espagnole, ch.-l. de la capitainerie générale des Philippines, dans l'île de Luçon, sur la côte O. et sur une baie de son nom; 200 000 hab., dont env. 5000 Européens. Place forte; archevêché; Cour d'appel des Philippines; université, fondée en 1645; Collége de missionnaires. La ville est partagée par la riv. de Passig en ville de guerre et ville marchande; elle est bâtie régulièrement : les rues sont tirées au cordeau. Les constructions n'ont généralement qu'un étage; au lieu de vitres, les fenêtres sont fermées par des coquillages transparents. Très-nombreuses maisons religieuses : elles occupent un tiers de la ville. On remarque la cathédrale et le palais archiépiscopal, l'hôtel du gouvt, la douane, la Grande-Place, où est une statue de Charles IV. Commerce très-actif avec l'Europe, la Chine et la Malaisie; célèbre fabrique royale de cigares et de cigarettes qui emploie plus de 10 000 femmes et confectionne chaque année 700 millions de cigares. — Manille fut occupée en 1571 par les Espagnols; les Anglais la prirent en 1762, et elle ne se racheta de la destruction qu'en payant 25 millions. Sujette aux tremblements de terre, elle a surtout souffert de ceux de 1645, 1824 et 1863 : ce dernier fit 10 000 victimes.

MANIN (Danielo), patriote Vénitien, né en 1804, mort en 1857, était en 1848 avocat dans, sa ville natale et jouissait d'une grande popularité. Il venait d'être incarcéré arbitrairement par la police autrichienne lorsque la Révolution éclata. Tiré aussitôt de sa prison, il se mit, avec Tomaseo, à la tête du mouvement national, proclama la république à Venise et chassa les Autrichiens; mais il refusa de s'unir au roi de Piémont et eut à soutenir pendant une année entière dans Venise un siége mémorable (août 1848-août 1849). Quand la ville eut succombé, il fut excepté de l'amnistie stipulée : il vint alors se réfugier à Paris, où il vécut en donnant des leçons d'italien. Anatole de La Forge a donné une Hist. de la république de Venise sous Manin.

MANITOUS, esprits tutélaires, qu'adorent les sauvages de l'Amérique septentrionale. Au-dessus de tous est le Grand Manitou ou Grand Esprit.

MANLIUS (les), famille patricienne de Rome, descendait d'Octavius Mamilius ou Manlius, gendre de Tarquin le Superbe. Elle se divisa en plusieurs branches : les Vulso, les Capitolinus, les Torquatus, et produisit beaucoup de personnages célèbres.

MANLIUS CAPITOLINUS (M.), consul l'an 392 avant J.-C., puis tribun militaire, obtint le triomphe pour avoir battu les Éques sur le mont Algide. Après la bataille d'Allia (390), voyant Rome au pouvoir des Gaulois, il se jeta dans le Capitale avec 1000 hommes d'élite. La forteresse, surprise par les Gaulois, allait tomber entre leurs mains, lorsque Manlius, réveillé par les cris des oies sacrées que l'on nourrissait au Capitale, les renversa du haut des murailles. C'est, dit-on, cet exploit qui lui valut le surnom de Capitolinus; cependant ce nom existait bien avant lui dans sa famille (il venait simplement de ce qu'une branche des Manlius avait une maison sur le mont Capitolin). Dans la suite, Manlius, ayant affecté la tyrannie, fut accusé devant le peuple : il sut se faire absoudre en montrant le Capitole qu'il avait sauvé; mais, l'assemblée ayant été réunie une 2e fois dans un autre lieu, il fut condamné à être précipité du haut de la roche Tarpéienne : il subit sa sentence l'an 383 av. J.-C. Cet événement est le sujet de la tragédie de Manlius de Lafosse.

MANLIUS IMPERIOSUS (T.), dictateur l'an 364 avant J.-C., fut chargé d'enfoncer le clou sacré dans le temple de Jupiter et fit la guerre aux Herniques. Il' était d'un caractère hautain, ce qui lui fit donner son surnom. Il allait être accusé en sortant de- harge par le tribun T. Pomponius, quand son fils, Manlius Torquatus, le sauva par son courage. V. ci-après.

MANLIUS TORQUATUS (L.), fils du préc., fut pendant