Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa jeunesse relégué par son père à la campagne, parce qu’il avait une difficulté de parole qui l’empêchait d’aspirer aux fonctions publiques. Malgré ce traitement, ayant appris que son père était cité en justice par le tribun T. Pomponius, il quitta sa retraite, vint à Rome et força l’accusateur à se désister de sa poursuite. Le peuple, touché de cette conduite, le nomma l’année suivante (362 av. J.-C.) tribun militaire dans la guerre contre les Gaulois. Dans cette campagne, il tua un Gaulois d’une taille gigantesque qui défiait les Romains, et lui enleva son collier d’or, qu’il porta depuis en mémoire de ce triomphe : de là son surnom de Torquatus (de torques, collier). Consul dans la guerre contre les Latins, l’an 340, il fit trancher la tête à son propre fils pour avoir combattu contre sa défense.

MANLIUS TORQUATUS (L.), consul en 224 av. J.-C., soumit la Sardaigne. Rome n’ayant plus alors d’ennemis, il ferma le temple de Janus, ce qui n’était pas encore arrivé depuis Numa. Il s’opposa au rachat des prisonniers faits par Annibal à Cannes.

MANNERT (Conrad), historien et géographe, né en 1756 à Altdorf en Bavière, mort à Munich en 1836, professa la philosophie, puis l’histoire à Nuremberg, à Altdorf, à Landshut et à Munich. On lui doit : Histoire des Vandales, Leipsick, 1785 ; Hist. des successeurs d’Alexandre, 1803 ; Hist. de la Bavière, 1807 et 1826 ; Géographie des Grecs et des Romains (avec Uckert), 1788-1825. 15vol. in-8.

MANOEL (Francisco) do Nacimento, poëte portugais, né à Lisbonne en 1734, d’une famille riche et distinguée, s’était déjà fait connaître par des poésies pleines de talent et de goût, mais aussi par la hardiesse de ses opinions, lorsqu’il fut déféré au Saint-Office, comme coupable d’avoir traduit le Tartufe de Molière (1778). Il n’échappa que par la fuite à une condamnation et fut contraint de s’exiler. Il passa le reste de ses jours alternativement en Hollande et en France, et mourut à Versailles en 1821. Il employa le temps de son exil à composer des ouvrages qui l’ont placé à la tête des postes portugais : il excella surtout dans le genre lyrique ; cependant on a de lui, outre ses odes, des pastorales, des romances, des sonnets, des épîtres, des satires et même une épopée, les Fastes du Portugal, restée inachevée. Il traduisit du français les Fables de La Fontaine et les Martyrs de Chateaubriand et imita plusieurs poëmes anglais et allemands. A. M. Sané a donné en 1808 un choix de ses odes, traduites en français, avec une Notice sur l’auteur.

MANOSQUE, Manuesca, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), à 13 k. S. de Forcalquier ; 4995 h. Trib. de commerce, collége. Sirop de raisin, eau-de-vie, amandes, olives, truffes, miel, etc. Ancien château, jadis résidence des comtes de Forcalquier ; puis donné par ceux-ci à l’ordre de St-Jean de Jérusalem.

MANOU, législateur indien, fils de Brama et père du genre humain, est l’auteur supposé d’un code célèbre de lois, l’un des plus anciens que l’on connaisse. Ce code, que l’on possède encore, est intitulé : Manava-Dharma-Sastra (Code des lois de Manou) ; c’est un traité de morale autant que de législation ; il est écrit en langue sanscrite et en vers. Will. Jones en a donné une traduction en anglais (Calcutta, 1794, et Londres, 1796) ; Loiseleur-Deslongchamps l’a traduit en français (Par., 1832-1833). Rien de plus incertain que l’époque à laquelle vivait Manou, qui paraît être un personnage fabuleux ; cependant le code qui lui est attribué est bien postérieur aux Védas ; on le place vers le XIIe ou le XIIIe siècle av. J.-C. — Les Hindous admettent 14 Manous : chacun d’eux est le chef d’un Manwatara, révolution de temps au bout de laquelle le monde éprouve une destruction momentanée ; les 14 Manwataras forment un Kalpa, qui est un jour et une nuit de Brahma. Il a déjà paru 7 Manous. L’auteur du Code est le premier de tous.

MANRESA, Minorissa, v. murée d’Espagne (Barcelone), à 47 kil. N. O. de Barcelone ; 13 000 hab. Château fort. Tissus de soie, de coton ; ouvrages d’or et d’argent, rubans, draps fins, eau-de-vie. Prise et incendiée par les Français en 1811,

MANRIQUE, anc. et illustre maison d’Espagne, issue des comtes de Castille par Ferdinand Gonzalès, comte de Castille, mort en 970, a formé plusieurs branches importantes, celles des comtes de Lara, des vicomtes de Narbonne, des seigneurs de Molina, d’Amusco, des marquis d’Aguilar, des comtes de Morata, de Parèdes, et s’est souvent alliée aux rois d’Aragon et de Castille. V. LARA.

MANS (Le), Suindinum, puis Cenomani, ch.-l. du dép. de la Sarthe, sur la Sarthe, à 2 kil. de sa jonction avec l’Huisne, à 212 kil. S. O. de Paris, à 291 par chemin de fer ; 37 209 hab. Évêché, tribunal de 1re inst. et de commerce, lycée, école normale primaire, école de dessin. Ville assez bien bâtie, surtout dans les quartiers neufs. On remarque la cathédrale (St-Julien) ; 2 belles églises, les deux séminaires, l’anc. abbaye de La Couture (où sont auj. la préfecture, la bibliothèque, le muséum), le nouveau palais épiscopal, la salle de spectacle ; jolies, promenades ; chemin de fer. Société des arts. Industrie et commerce : toiles, étamines, mouchoirs, siamoises ; cire, miel, bestiaux, volailles, poulardes renommées. Patrie de Tressan ; Germ. Pilon et Mersenne naquirent auprès. — Jadis ch.-l. des Aulerci Cenomani. S. Julien y prêcha le Christianisme au IIIe s. Considérable sous les Romains et sous les premiers Francs, elle eut des rois particuliers au temps des Mérovingiens. Saccagée par les Normands aux IXe et Xe siècles, et ravagée depuis par la guerre, la peste et les incendies, elle perdit beaucoup de son importance. Elle eut surtout à souffrir, aux XIe et XIIe siècles, des guerres des ducs d’Anjou et des ducs de Normandie ; puis, pendant 3 siècles, des guerres entre l’Angleterre et la France, à laquelle elle ne revint définitivement qu’en 1481. Cette ville posséda une commune libre dès 1066. Jusqu’en 1790, elle fut la capitale du Maine, ainsi que du grand gouvt de Maine-et-Perche. Elle s’était déclarée pour la Ligue : Henri IV la soumit en 1589. Les Vendéens y sont défaits par Marceau (13 déc. 1793). Le 12 janv. 1871, l’armée allemande y gagne une victoire qui décide du succès de la guerre.

MANSART (Franç.), architecte, né en 1598 à Aix, suivant les uns, à Paris suivant d’autres, d’une famille originaire d’Italie, mort en 1066, fut élève de son oncle, Germain Gautier, architecte du roi, et fit des progrès rapides dans son art. Ses premiers ouvrages furent la restauration de l’hôtel de Toulouse, le château de Berny et le château de Blois. La reine Anne d’Autriche lui confia l’érection du Val-de-Grâce ; mais des jaloux lui firent retirer ce travail et il ne put le terminer. Il bâtit ensuite l’église de Ste-Marie de Chaillot, l’hôtel de La Vrillière, où est auj. la Banque de France, la façade de l’hôtel Carnavalet, le château de Maisons près de St-Germain-en-Laye. On lui attribue cette sorte de couverture brisée qu’on a appelée de son nom mansarde. On reproche à son architecture d’être trop massive.

MANSART (Jules HARDOUIN, dit), 1er architecte et surintendant des bâtiments du roi, né à Paris en 1645, était neveu du préc. et fils de J. Hardouin, premier peintre du cabinet du roi, qui avait épousé une sœur de Fr. Mansart. Placé sous la direction de son oncle, il sut profiter habilement de ses leçons, et voulut porter son nom pour lui témoigner sa reconnaissance. Il plut à Louis XIV par ses talents et son esprit et fut chargé par lui des travaux les plus importants : il éleva les châteaux de Marly, du Grand-Trianon, de Clagny, de Lunéville, la maison de St-Cyr, la place Vendôme, celle des Victoires, et mit le sceau à sa réputation par la construction du palais de Versailles et du dôme des Invalides à Paris. Il fut décoré de l’ordre de St-Michel et devint membre de l’Académie de peinture et de sculpture en 1699. Ses nombreux travaux et la faveur constante