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fit son apprentissage sous Condé et Turenne, dans un corps d’armée anglais que le roi d’Angleterre Charles II avait fourni à Louis XIV en Flandre, et se signala aux sièges de Nimègue et de Maëstricht. À l’avènement de Jacques II, Churchill, qui avait eu ce prince pour premier protecteur, fut comblé d’honneurs. Cependant on le vit un des premiers abandonner sa cause lors de la révolution de 1688. Mis par Guillaume III à la tête de l’armée anglaise en 1689, il obtint des succès en Irlande ; mais il se vit rappelé dès 1691 et fut tout à coup disgracié, par suite, dit-on, de la découverte d’une correspondance secrète avec le roi déchu ; il ne rentra en faveur qu’après la mort de la reine Marie. En 1702, dans la guerre de la succession d’Espagne, il fut nommé par la reine Anne, qui venait de succéder à Guillaume, généralissime des troupes unies de l’Angleterre et de la Hollande contre la France : il força les Français à évacuer la Gueldre espagnole : à son retour, il fut créé duc de Marlborough. En 1704 il envahit la Bavière, battit l’électeur à Schellenberg, incendia plus de 300 villes de ses États, et remporta de concert avec le prince Eugène, la célèbre victoire de Hochstett (ou Blenheim), sur le général français Tallart et l’électeur de Bavière. Dans les années suivantes, il défit Villeroi à Ramillies, 1706, Vendôme à Oudenarde, 1708, et enfin Villars à Malplaquet, 1709. Mais ce fut là le terme de ses succès. Il tomba peu après (1712) dans une disgrâce complète auprès de la reine Anne : on l’accusait de se plaire à prolonger une guerre dont la fin était également désirée par les vainqueurs et par les vaincus, et même de s’être rendu coupable de péculat. En 1714, George I en montant sur le trône, le réintégra dans toutes ses dignités, mais il profita peu de cette nouvelle faveur, ayant été dès 1716 frappé d’apoplexie. Il mourut en 1722. Marlborough eut les qualités guerrières de Condé et de Turenne, mais non leurs vertus ; il ternit sa gloire, au début de sa carrière, par son ingratitude envers Jacques II, et depuis par une ambition excessive et par son avidité, qui lui fit commettre de nombreuses déprédations. Il a été publié des Mémoires du duc de Marlborough, par W. Coxe, 3 vol. in-4, avec portraits, cartes et plans, Londres, 1818 (en anglais). Il existe en outre une Histoire du duc de Marlborough, par Ledhyard, traduite en français sur l’ordre de Napoléon Ier, par Dutems et Madgett, Paris, 1806. — La femme du duc de Marlborough jouit longtemps d’un très-grand crédit auprès de la reine Anne ; mais elle finit par se rendre odieuse à cette princesse par son caractère hautain et impérieux, et partagea la disgrâce du duc

MARLE, MALE ou MALAIN, ch.-l. de c. (Aisne), à 23 kil. N. E. de Laon ; 1500 hab. A eu jadis les titres de seigneurie, puis de comté. Ce comté appartint aux maisons de Coucy, de Bar, de St-Pol, de Luxembourg, de Bourbon et de Mazarin.

MARLIANI (Barthélemi), antiquaire, né à Milan vers 1480, mort vers 1560, a laissé : Romæ topographia, Lyon, 1534 ; Consulum, dictalorum, censorumque Bomanorum series quæ marmoribus sculpta in Foro reperta est, Rome, 1549 ; In annales consulum et triumphos commentaria, 1560, tous ouvrages estimés.

MARLOWE (Christophe), poëte dramatique anglais, né en 1562, se livra au désordre et périt à 30 ans, assassiné par un rival. Il a fait 6 tragédies, dont les meilleures sont Faust (trad. par F. V. Hugo, 1860), Édouard II et le Grand Tamerlan (1586), la 1re pièce en vers blancs qui ait paru sur la scène. Il a traduit du grec l’Enlèvement d’Hélène de Coluthus, l’Héro et Léandre de Musée, et du latin quelques Élégies d’Ovide et le Ier livre de la Pharsale. Ses Œuvres ont été recueillies à Londres, 1826.

MARLY, dit aussi Marly-le-Roi, Marly-la-Machine, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, à 7 kil. N. de Versailles et à 18 kil. O. de Paris ; 1200 hab. Filature de coton, draps, produits chimiques. Jadis superbe château royal, détruit pendant la Révolution. On voyait à Marly une fameuse machine hydraulique, composée de 14 roues, qui élevait l’eau à une hauteur de 162m pour la conduire à Versailles et qui avait été construite sous Louis XIV par Rennequin-Sualem (de 1675 à 1682). Cette machine était depuis longtemps hors de service, lorsqu’on l’a remplacée, en 1826, par une machine à vapeur, qui elle-même a cédé la place en 1859 à une nouvelle machine plus puissante.

MARMANDE, ch.-l. d’arr. (Lot-et-Garonne), à 57 kil. N. O. d’Agen ; 5500 hab. Trib. de 1re instance et de commerce, collége, bibliothèque. Fabriques d’étoffes de laine, toile, cordages, chapeaux ; esprits, eau-de-vie, pruneaux, prunes confites. — Ville trés-ancienne, déjà considérable au VIIIe siècle ; elle fut alors détruite par les Sarrasins ; reconstruite en 1185 par Richard Cœur de Lion, elle fut prise sur les Albigeois et ravagée en 1219 par Amaury de Montfort. Assiégée vainement par Henri de Navarre en 1577 et par Condé en 1652.

MARMARA (Mer de), Propontis, petite mer située entre la Méditerranée et la mer Noire, est unie à celle-ci par le détroit de Constantinople et à l’Archipel par celui des Dardanelles ; elle n’a que 260 kil. de long sur 85 de large. Elle renferme 4 petites îles et doit son nom à la plus grande, l’île Marmara ou de Marbre (l’anc. Proconèse), qui a 25 k. sur 8 ; elle a pour ch.-l. une ville de Marmara.

MARMARIQUE, Marmarica, contrée de l’Afrique anc., entre l’Égypte et la Cyrénaïque, était médiocrement peuplée et peu fertile, mais pourtant avait au Ier siècle de notre ère 27 villes ou bourgades, dont 11 près de la côte. Elle répond à peu près à la partie E. de la régence de Tripoli.

MARMAROS ou MARMAROSCH, comitat de Hongrie, jadis dans le cercle au delà de la Theiss, auj. dans celui de Kaschau, est borné au N. et au N. E. par la Galicie, au S. par la Transylvanie, etc. ; 200 kil. sur 100 ; 115 000 h. ; ch.-l., Szigeth. Il est traversé par les monts Krapacks ; on en tire de l’argent, du fer, du cristal de roche (dit diamant de Hongrie), et beaucoup de sel.

MARMELADE, v. d’Haïti (dép. du Nord), ch.-l d’arr., à 40 kil. S. O. du Cap.

MARMOL (L.), écrivain espagnol, né à Grenade, vers 1520, fit partie de l’expédition de Charles-Quint contre Tunis, fut pris par les Maures, parcourut, pendant sa captivité, une grande partie de l’Afrique septentrionale, et donna après son retour une curieuse relation de ses voyages, en espagnol, sous ce titre : Description de l’Afrique et Histoire des guerres entre les Infidèles et les Chrétiens, 1667 ; trad. en français par Perrot d’Ablancourt. On lui doit aussi une Hist. de la révolte des Maures de Grenade, 1600.

MARMONT (Aug. Fréd. Louis VIESSE de), duc de Raguse, maréchal de France, né en 1774 à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), d’une famille noble, m. en 1852, était fils d’un officier distingué. Sous-lieutenant en 1789, il resta au service, se trouva au siége de Toulon, et y connut Bonaparte, qui le prit en affection et l’emmena en Italie comme aide de camp (1796). Il déploya une brillante valeur à Lodi, à Castiglione, au combat de St-Georges ; fut, après la campagne, nommé colonel et chargé de porter au Directoire les drapeaux pris sur l’ennemi ; fit partie de l’expédition d’Égypte (1798), eut une part décisive à la prise de Malte, et enleva de sa main le drapeau de l’ordre, ce qui lui valut le grade de général de brigade ; se distingua également à l’assaut d’Alexandrie, à la bataille des Pyramides ; revint en France avec Bonaparte (1799) et concourut de tout son pouvoir au coup d’État du 18 brumaire ; commanda l’artillerie en 1800 au passage du mont St-Bernard, contribua puissamment à la victoire de Marengo, après laquelle il fut fait général de division ; coopéra, dans la campagne de 1805, à la prise d’Ulm, occupa la Styrie, puis la Dalmatie, se maintint dans Raguse malgré les attaques des