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ses ouvrages, on cite S. Dominique disputant contre les hérétiques, à Florence, la Vie de S. Ranieri, à Pise, le Sauveur donnant la bénédiction, à Munich, un Couronnement de la Vierge, à Paris. Il excellait aussi dans le portrait. Simon Memmi se distingue par une composition sage, une invention originale et pleine de génie; ses airs de tête et ses mouvements sont variés; ses costumes, pleins de goût.

MEMMINGEN, v. de Bavière (Cercle de Souabe), sur un affluent de l'Iller, à 44 kil. S. E. d'Ulm; 8000 hab. Tribunal, gymnase, bibliothèque. Arsenal, fonderie de cloches; cotonnades, toile, bonneterie.

MEMMIUS, maison plébéienne de Rome, a fourni plusieurs tribuns et plusieurs consuls.

MEMMIUS (T.), tribun du peuple l'an 112 av. J.-C, se montra constamment opposé à Jugurtha, accusa hautement les généraux que le roi numide avait gagnés par son or, et parvint à déjouer ses intrigues et à le faire amener de la Numidie à Rome pour être jugé. C'était un orateur éloquent : Salluste met dans sa bouche une fort belle harangue.

MEMMIUS GEMELLUS (C.), successivement tribun du peuple, préteur et gouverneur de la Bithynie, fut exilé à Patras comme concussionnaire (61 av. J.-C.). Il cultivait l'éloquence et la poésie et protégeait Lucrèce : c'est à lui que ce poète dédia son poëme.

MEMNON, personnage fabuleux, fils du beau Tithon (frère de Priam) et de l'Aurore, régnait sur l’Égypte et l’Éthiopie, selon les uns, sur la Perse et la Susiane, selon les autres. Il vint, dans la 10e année du siége de Troie, amener à Priam un secours de dix mille combattants, se distingua par sa bravoure et tua Antiloque, fils de Nestor, combattit Ajax; mais il fut tué lui-même par Achille. Quand il eut été placé sur le bûcher, on vit sortir de ses cendres une troupe d'oiseaux, qui, pour honorer ses funérailles, se partagèrent en deux bandes et se combattirent avec fureur; l'Aurore, désespérée de sa mort, versa des larmes abondantes qui se transformèrent en rosée. On érigea en son honneur dans plusieurs villes, notamment à Suse, à Ecbatane, à Thèbes en Égypte, des monuments dits memnonium. Il existait à Thèbes une statue colossale de Memnon, qui, dit-on, rendait un son harmonieux lorsqu'elle était frappée des premiers rayons du soleil; il en reste encore des débris. Les uns voient en Memnon un prince réel, qui aurait régné sur les régions orientales, ce qui le fit nommer fils de l'Aurore; les autres le prennent pour un roi puissant de l’Égypte, soit Osymandias, soit Aménophis II (nom dont celui de Memnon serait une corruption), soit même Sésostris (c'est l'opinion d'Hérodote); enfin d'autres en font la personnification de la lumière solaire. Quant au son rendu par sa statue, si ce n'est une pure invention, on l'expliquerait par une cause physique analogue à celle qui produit le phénomène d'acoustique connu sous le nom de harpe éolienne.

MEMNON, le Rhodien, général perse, frère de Mentor de Rhodes, s'était révolté dans sa jeunesse contre Artaxerce Ochus; mais, ayant obtenu son pardon, il devint le plus fidèle serviteur de ce prince; il servit avec le même zèle son successeur Darius. Lorsque Alexandre envahit la Perse, Memnon donna à Darius le conseil de ravager l'Asie-Mineure : quoique son avis n'eût pas été adopté, il n'en combattit pas le conquérant avec moins de dévouement, il se distingua au passage du Granique, défendit la ville de Milet et s'empara de Chios et de Lesbos. Il mourut de maladie, devant Mitylène, au milieu de ses succès, et au moment où il allait porter la guerre en Grèce, 333 av. J.-C. Alexandre épousa sa veuve, Barsine.

MEMNON, historien, d'Héraclée (dans le Pont), qui florissait vers le IIe siècle de J.-C., avait composé une histoire d'Héraclée, dont il ne reste que des fragments, insérés par Photius dans sa Bibliothèque. Ces fragments ont été recueillis par Conrad Orellius, Leips., 1816, et reproduits par C. Muller, dans les Historicorum græcorum fragm. de la collect. Didot. L'abbé Gédoyn en a donné une traduction dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions, tom. IV.

MEMPHIS, Moph des Hébreux, v. de l’Égypte ancienne, ch.-l. de l'Heptanomide, sur la r.g, du Nil, par 29° long. E., 29° 53' lat, N., à quelques kil. au-dessus de la bifurcation du fleuve et à 8 k. au S. des célèbres pyramides de Gizeh. Bâtie par Ménès, agrandie ou restaurée par Uchorée, elle fut longtemps la capitale d'un État particulier; quand l’Égypte entière eut été réunie en un seul empire, elle en fut pendant un temps la capitale. Elle comptait alors plus de 600 000 habitants, avait beaucoup de temples magnifiques et était environnée de canaux pour l'écoulement des eaux du Nil. C'est à Memphis que régnaient les Pharaons; c'est là que vécut Joseph, c'est aussi là que naquit Moïse, et qu'il entreprit la délivrance du peuple Juif. La conquête de l’Égypte par Cambyse, mais plus encore la fondation d'Alexandrie, portèrent des coups mortels à Memphis. On n'en voit plus que les ruines (à Sakkarah), qui sont encore un objet d'admiration. Lors de l'expédition des Français en Égypte, on eut peine à en découvrir l'emplacement. Un Français, M. Mariette, y a récemment retrouvé la tombe du bœuf Apis, monument creusé dans le roc vif, et le Sérapéum, temple colossal, précédé d'une avenue de 600 sphinx, que termine un hémicycle formé de statues des grands hommes de la Grèce (1854-60).

MEMPHIS, v. des États-Unis (Tennessee),sur le Mississipi, à l'emb. du Wolf-river, à 250 k. O. S. O. de Nashville; 15 000 h. Académie, collége médical, dépôt naval; manufacture de coton. Chemins de fer pour Nashville et Charleston.

MÉNA (Juan de), l’Ennius castillan, né en 1409, à Cordoue, m. en 1456, visita l'Italie, où il connut les poésies de Dante, qu'il prit dans la suite pour modèle. Il fut, après son retour, nommé historiographe de la cour et écrivit en cette qualité une Chronique de Jean II; mais il est surtout connu par un poëme allégorique sur la vie humaine, El Laberinto ou Las trecientas copias, publié après sa mort à Séville, 1496, in-4. Ce poëme eut un grand succès, malgré la pédanterie et les exagérations qui le déparent. Les Œuvres de J. de Mena ont été recueillies à Saragosse, 1509; à Anvers, 1552, et à Salamanque, 1582.

MÉNADES (du grec mainesthai, être en fureur), un des noms des Bacchantes, leur fut donné parce que, dans la célébration des orgies, elles se livraient à des transports furieux.

MÉNAGE (Gilles), érudit et bel esprit, né à Angers en 1613, mort à Paris en 1692, abandonna le barreau pour la littérature, et s'engagea dans l'état ecclésiastique pour obtenir des bénéfices qui lui permissent de cultiver librement ses goûts studieux. Il fut lié avec Balzac, Benserade, Pélisson, Scudéry et Chapelain, fut protégé par Mazarin, honoré de l'amitié de la reine de Suède Christine, et exerça pendant quelque temps une sorte d'empire parmi les gens de lettres. Mais sa réputation, fondée principalement sur l'affectation de bel esprit, pâlit devant l'influence de Boileau. Caustique, plein de pédantisme et de vanité, il se fit de nombreux ennemis : Molière l'immola sous le nom de Vadius dans les Femmes savantes. Ménage avait une connaissance profonde de la langue italienne, et était membre de l'Académie della Crusca; mais il se ferma les portes de l'Académie française par ses attaques contre cette compagnie. On a de lui : Dictionnaire étymologique ou les Origines de la langue française, Paris, 1650, in-4 (dont la meilleure édition est celle de 1750, 2 vol. in-fol., avec les étymologies de Huet et Leduchat); Observations sur la langue française, 1672 et 1676; Origines de la langue italienne, 1669, en italien; Diogène Laërce, grec-latin, avec un ample commentaire, Londres, 1663, in-fol., édition estimée; Mulierum philosopharum historia (à la suite du Diogène Laërce); des poésies latines, françaises et italiennes, 1656et 1687. On a donné après sa mort un Menagiana, recueil de traits de sa conversation, 1693.