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attribuait l'invention du langage, de l'alphabet, de l'écriture, de la géométrie, de l'arithmétique, de l'astronomie, de la médecine : il était l'instituteur de la religion et des cérémonies, le créateur de la sculpture, de l'architecture, de la musique, enfin de tous les arts ; on lui rapportait plus spécialement les sciences occultes : les alchimistes le regardaient comme leur patron. On lui attribuait une foule d'ouvrages relatifs à la religion ou aux sciences, qui sont connus sous le nom de Livres hermétiques, et que gardaient les prêtres égyptiens. Hermès Trismégiste paraît avoir été à la fois pour les anciens le symbole de l'intelligence divine (le Logos de Platon) et la personnification du sacerdoce égyptien, auquel appartenait toute science. Il nous reste quelques-uns des livres qu'on lui attribuait; le principal est le Pœmander (le pasteur), appelé vulgairement Pimander, dialogue où il traite de la puissance et de la sagesse divine, de la nature des choses et de la création du monde). On en a une traduction ou rédaction grecque, qui fut apportée au XVe siècle de Macédoine à Florence par Léonard de Pistoie, et que Côme de Médicis fit traduire en latin par Marsile Ficin (1491); elle fut publiée à Paris par Turnèbe, 1554, in-4, grec-latin, et trad. en franç., partie par de Foyx de Candale et G. de Préau, partie par G. Joly et Habert, 1557 et 1574, et à nouveau, avec notice par L. Ménard, 1866. Ces livres sont apocryphes.

HERMÈS (George), théologien catholique, né en 1775 à Dreyerwalde (Westphalie), m. en 1831, fut nommé professeur au gymnase de Munster en 1798, puis professeur de théologie dogmatique à l'université de la même ville (1807), et fut appelé en 1819 à l'Université de Bonn. Il obtint dans son enseignement les plus brillants succès; mais épuisé par ses travaux, il mourut avant le temps. Alliant la philosophie avec la théologie, Hermès tenta de substituer la raison à la foi, et voulut démontrer également la vérité intérieure et la vérité extérieure du Christianisme, espérant rapprocher ainsi les Catholiques et les Protestants; mais ses efforts n'obtinrent pas l'approbation du clergé catholique : il se vit désapprouvé par l'archevêque de Cologne, et sa doctrine fut condamnée par un bref du pape en 1835. On a d'Hermès : Recherches sur la vérité intérieure du Christianisme, Munster, 1805; Introduction philosophique à la théologie chrétienne catholique, 1819-1829, et Dogmatique chrétienne catholique, publiée après sa mort, 1834. — Un autre Hermès, Auguste, né en 1736 à Magdebourg, m. en 1821, s'est fait connaître comme théologien protestant et comme prédicateur. Il devint en 1780 conseiller au consistoire de Quedlimbourg. D'abord piétiste, il embrassa plus tard le rationalisme. On a de lui, outre des Sermons, un Manuel de la religion, trad. en franç. par la reine Élisabeth de Prusse, femme de Frédéric II, 1785.

HERMÉSIANAX, poëte grec, natif de Colophon, florissait vers 336 av. J.-C. Il avait laissé 3 livres d’Élégies adressées à sa maîtresse, la courtisane Leontium. Athénée nous a transmis des fragments du IIIe livre. Schneidewin a publié les fragments d'H. dans les Poetæ elegiaci, Gœtt. 1838.

HERMIAS, souverain d'Atarne en Mysie, avait d'abord été esclave d'un certain Eubulus, qui s'était rendu maître d'Atarne, après avoir secoué le joug du roi de Perse, et qui, l'ayant pris en affection, lui laissa ses États. Hermias avait dans sa jeunesse suivi les leçons d'Aristote ; le philosophe se retira auprès de lui après la mort de Platon. Ayant refusé de payer tribut au roi de Perse Artaxerce Ochus, Hermias fut mis à mort par ce prince, 345 av. J.-C. Il avait une sœur, Pythias, que sa mort laissait sans secours : Aristote l'épousa. Ce philosophe a célébré les vertus d'Hermias dans un hymne admirable, qui nous a été conservé; il lui érigea un monument dans Atarne.

HERMIAS, philosophe chrétien du IIe siècle, est auteur d'un ouvrage grec, où il traite des principes des choses, de l'âme, de la divinité, et combat les opinions des sages du paganisme en montrant leurs contradictions. Cet écrit, intitulé : Destruction des philosophes, a été imprimé avec une version latine de J. J. Fugger à Zurich, 1560, in-f., à Paris, 1624, in-f., à Leyde, 1840, par Menzel; et, avec une trad. franç., à la suite de l’Octavius de Péricaud, Lyon, 1842. L'abbé Guillon l'a aussi trad. dans la Bibl. des Pères.

HERMINE (Ordre de l'), ordre de chevalerie institué en 1381 par Jean V, duc de Bretagne, à l'occasion de sa réconciliation avec la France et avec Clisson. L'insigne était un collier d'or chargé d'hermines, avec cette devise : À ma vie; on y ajouta ensuite un collier d'argent terminé par une hermine pendante.

HERMIONE, fille de Ménélas et d'Hélène, épousa Pyrrhus, roi d’Épire; mais, voyant que ce prince la négligeait pour Andromaque, sa captive, elle le fit assassiner à Delphes par Oreste, son cousin, qu'elle épousa bientôt après.

HERMIONE, divinité cabirique. V. HARMONIE.

HERMIONE, v. d'Argolide, sur la côte E. du golfe Argolique, capit. d'un petit État dit l’Hermionide. Beau temple de Cérès; pourpre estimée. C'est auj. Castri.

HERMIONS, un des 3 grands peuples de la Germanie barbare. V. GERMANIE.

HERMITAGE (l'). V. ERMITAGE (l').

HERMOCRATE, général syracusain, eut beaucoup de part à la défaite des généraux athéniens Démosthène et Nicias, qui assiégeaient Syracuse (413); mais il se fit bannir pour avoir conseillé de traiter les captifs avec humanité. Ayant essayé de rentrer à Syracuse les armes à la main, il périt dans cette tentative, 407. Sa fille fut épousée par Denys l'Ancien.

HERMODE, dieu scandinave, un des fils d'Odin, était, comme Mercure, le messager des dieux.

HERMODORE, philosophe d'Éphèse, fut banni de sa patrie, vint à Rome l'an 450 av. J.-C., conseilla aux Romains d'aller chercher des lois en Grèce, et coopéra à la rédaction des Lois des Douze Tables.

HERMOGÈNE, rhéteur grec, né à Tarse en Cilicie, florissait vers l'an 180 de J.-C. Dès l'âge de 15 ans il improvisait des discours qui attiraient à Tarse un grand concours d'étrangers; avant l'âge de 24 ans il avait publié une Rhétorique, plusieurs traités sur l'Art oratoire, et des Exercices de rhétorique (Progymnasmata). Mais il perdit subitement la mémoire à 25 ans et tomba dans l'imbécillité. Il vécut cependant très-âgé. Ses ouvrages ont été imprimés dans le recueil des Rhéteurs grecs, Venise, 1608. in-fol., et dans les Rhetores græci de Walz (Stuttgard, 1836); ils ont été traduits en latin, avec Commentaires, par Gasp. Laurent, Genève, 1614. Veesenmeyer a publié à part à Nuremberg, 1812, les Progymnasmata, dont le texte grec n'a été retrouvé qu'en 1791, par Heeren.

HERMOGÈNE TIGELLIUS, habile chanteur, natif de Sardes, et favori d'Auguste, est plusieurs fois mentionné par Horace (Sat. I, II, 3; III, 4 et 129; IV, 72; IX, 25 ; X, 18, 80 et 90). Il était affranchi.

HERMOGÈNE, jurisconsulte du IVe siècle, forma, sous les règnes d'Honorius et de Théodose II, un Recueil de constitutions dit Codex hermogenianus, dont il reste des fragments, publiés par P. Pithou dans les Anciens Jurisconsultes, Paris, 1572.

HERMOLAUS, jeune Macédonien qui conspira contre Alexandre pour se venger d'un châtiment injurieux (il avait été fouetté publiquement). Ayant été découvert, il subit la mort avec courage, 328 av. J.-C.

HERMOLAUS BARBARUS. V. BARBARO.

HERMON, auj. Djebel-el-Djaïk, chaîne de montagnes de la Palestine, était une ramification de l'Antiliban. On y distinguait : 1° l’Hermon major, qui commençait sur les limites de la Palestine et de la Cœlésyrie, séparait la tribu de Nephtali de la demi-tribu orientale de Manassé, et se terminait sur les bords du lac de Génésareth; 2° l’Hermon minor, au S. O. du lac de Génésareth, dans la tribu de Zabulon.

HERMONTHIS, auj. Ermonth, de l’Égypte ancienne (Thébaïde), au S. O. et près de Thèbes, sur la r. g. du Nil, était ch.-l. de nome. Belles ruines.