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noclastes qui, sous le règne précédent, avaient cruellement persécuté les orthodoxes; mais il fut attaqué peu après et défait par les Bulgares. Rappelé dans Constantinople par de nouveaux troubles, il laissa le commandement à Léon l'Arménien; mais celui-ci se fit proclamer empereur (813), et relégua Michel dans l'île de Proté, où il prit l'habit religieux; il y vécut 33 ans, jusqu'en 846. — II, le Bègue, né à Amorium en Phrygie, était le favori de Léon l'Arménien, qui le fit patricien. Accusé d'avoir conspiré, il fut jeté en prison; mais, l'empereur ayant été assassiné, il sortit de sa prison pour monter sur le trône (820). Cruel envers les orthodoxes et lâche envers l'ennemi extérieur, il se laissa enlever par les Sarrasins la Crète, la Pouille, la Calabre et la Sicile. Il mourut par suite d'excès. — III, l’Ivrogne, né en 836, succéda en 842 à son père Théophile, sous la régence de sa mère Théodora. Bardas, son oncle, qu'il avait nommé césar, s'empara de son esprit, et l'excita à persécuter sa mère; mais Bardas fut peu après disgracié lui-même et mis à mort. Michel eut à repousser en 866 les Russes, qui étaient venus assiéger Constantinople. Basile le Macédonien, que Michel avait associé à l'empire, le fit périr pour régner à sa place (867). Sous le règne de ce prince, commença le schisme des églises grecque et latine, par la nomination du patriarche Photius, en 858. — IV, le Paphlagonien, né en Paphlagonie, fut d'abord un homme obscur. L'impératrice Zoé, qui l'aimait, se servit de lui pour se défaire de l'empereur Romain, son époux, et le plaça sur le trône. Incapable de gouverner, il abandonna le soin des affaires à l'eunuque Jean, son frère. Cependant, il fit la guerre avec succès contre les Sarrasins et les Bulgares. En 1041, poursuivi par ses remords, il prit l'habit religieux; il mourut la même année. — V, Calaphate ou Calfate, était fils d'un calfateur de vaisseaux et neveu de Michel IV, auquel il succéda en 1041. Craignant les intrigues de l'impératrice Zoé, il l'exila; mais le peuple se souleva contre lui : on lui creva les yeux, et on l'enferma dans un monastère (1042). — VI, Stratiotique (c.-à-d. guerrier), était un vieux général que l'impératrice Théodora choisit pour successeur (1056). Afin d'acquérir l'appui du sénat et du peuple, il choisit dans leur sein les gouverneurs et les principaux officiers de l'empire : les officiers de l'armée, irrités de cette préférence, se révoltèrent et prirent pour chef Isaac Comnène. Michel abdiqua (1057), et mourut dans l'obscurité. — VII, Parapinace, ainsi appelé du nom d'une fausse mesure qu'il employait pour vendre le blé au peuple, fils aîné de Constantin Ducas, fut proclamé en 1067. Romain Diogène, qu'Eudoxie, sa mère, avait épousé, se fit proclamer empereur; mais, l'usurpateur ayant été fait prisonnier par les Turcs en 1071, Michel remonta sur le trône; il le perdit encore en 1078 et fut chassé de Constantinople par Nicéphore Botoniate, le meilleur de ses généraux, qu'il avait outragé. Il fut enfermé dans un monastère, puis nommé évêque d'Êphèse. — VIII, Paléologue, d'une des plus illustres familles d'Orient et chef de la dynastie des Paléologues. Régent de l'empire durant la minorité de Jean Lascaris, empereur de Nicée, il se fit proclamer lui-même en 1260 et fit crever les yeux à son pupille. Il réussit en 1261, à reprendre Constantinople sur Baudouin II et y rétablit le siége de l'empire. Il fit plusieurs expéditions heureuses en Grèce et dans l'Archipel, traita avec les Turcs, les Bulgares, et employa tous ses efforts pour faire cesser le schisme qui séparait l'église d'Orient de celle d'Occident. Il m. en 1282, dans une expédition contre la Thrace. Il eut pour principal ministre George Acropolite et pour il successeur son fils Andronic II.

MICHEL ROMANOV, czar de Russie. V. ROMANOV.

MICHEL (Ordre de St-), ordre militaire institué par Louis XI à Amboise, le 1er août 1469, en l'honneur de S. Michel, patron de la France. Le nombre des chevaliers était d'abord limité à 36; il fut dans la suite élevé à 100; ils devaient tous être gentilshommes; le roi en était grand maître; ils portaient un collier formé de coquilles d'argent, réunies par une chainette d'or, d'où pendait une médaille représentant l'archange S. Michel terrassant le dragon, avec cette devise : Immensi tremor Oceani. La décoration consistait en une croix d'or à 8 pointes émaillée de blanc, cantonnée de 4 fleurs de lis d'or, chargée en cœur d'un S. Michel. Un chapitre de l'ordre se tenait chaque année, la veille de la St-Michel, au Mont-St-Michel, près d'Avranches. En 1588, Henri III joignit cet ordre à celui du St-Esprit. Exclusivement destiné dans l'origine à la haute noblesse, cet ordre finit par être accordé aux gens de lettres, de robe, de finance, et aux artistes célèbres. Rétabli sous la Restauration, il a cessé d'exister de fait en 1830.

MICHELADE, nom donné à un massacre des Catholiques par les Protestants qui eut lieu à Nîmes le 29 sept. 1567, jour de la St-Michel.

MICHEL-ANGE BUONAROTTI, peintre , sculpteur et architecte du premier ordre, né en 1475 au château de Caprèse, près d'Arezzo en Toscane, d'une famille ancienne, mort en 1564, annonça dès l'enfance des dispositions extraordinaires pour les arts. Placé chez Dominique et David Ghirlandajo, les peintres les plus célèbres de l'époque, il les quitta dès l'âge de 15 ans, étant déjà supérieur à ses maîtres. Laurent de Médicis, le Magnifique, lui assigna peu de temps après un logement dans son palais, et le traita comme son fils. La mort le priva bientôt de ce noble protecteur; mais déjà sa réputation était établie : parmi ses morceaux de sculpture, on admirait à Mantoue le Cupidon endormi, à Rome le Bacchus, que plus tard Raphaël attribua, à cause de son extrême perfection, à Phidias ou à Praxitèle, et Notre-Dame de Pitié, groupe fameux qu'on voit à St-Pierre, parmi ses tableaux, la Ste-Famille et le grand carton de la Guerre de Pise (à Florence). Jules II fixa Michel-Ange à Rome et le chargea d'édifier son mausolée : quoique inachevé, ce monument est un de ses chefs-d'œuvre; à la même époque, il peignit à fresque, pour la grande voûte de la chapelle Sixtine, le Jugement dernier, composition non moins admirable en son genre que la précédente : il y travailla 8 ans. Il jouit également de la faveur des papes Léon X, Paul III et Jules III. Il ne commença que vers 40 ans à s'adonner à l'architecture, et ne tarda pas à y surpasser tous ses rivaux. Nommé en 1546, à 72 ans, architecte de la basilique de St-Pierre, il réforma les plans de ses prédécesseurs et mit le sceau à sa réputation en donnant le dessin de la Coupole, le plus bel ouvrage de l'architecture moderne. Il y travaillait encore lorsqu'il mourut. Outre la basilique de St-Pierre il construisit à Rome le palais des Conservateurs, le Musée capitolin et la place du Capitole avec sa belle montée. Tous s'accordent à placer Michel-Ange au premier rang comme peintre, comme sculpteur et comme architecte; on ne se lasse pas d'admirer son Jugement dernier, sa statue colossale de Moïse (destinée au mausolée de Jules II), dans l'église de St-Pierre-aux-Liens, et enfin sa magnifique coupole; il est considéré comme le plus parfait et le plus savant des dessinateurs, ce qu'il faut attribuer à l'étude approfondie qu'il avait faite de l'anatomie en disséquant lui-même. On trouve des beautés de tous les genres dans ses ouvrages; cependant ce qui s'y fait remarquer surtout, c'est le grandiose, l'austérité, la fermeté, la noblesse. Michel-Ange était aussi poëte : on a de lui des Poésies légères (stances, sonnets, etc.), publiées en 1623 par son petit-neveu, Michel-Ange Buonarotti, dit le Jeune (1558-1646), poëte lui-même, auteur de la Fiera, de la Tancia, coméd. estimées. Les poésies de Michel-Ange ont été trad. en français par Varcollier, Paris, 1825, et par Lannau-Rolland , 1859. Plusieurs manuscrits, ainsi qu'une vaste correspondance de Michel-Ange, ont été récemment retrouvés et ont été publ. à Florence en 1862. Ce grand artiste n'avait d'autre passion que son