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olympiques et sept aux jeux pythiques. Il était d’une stature et d’une force prodigieuse : une fois il porta, dit-on, l’espace de 120 pas un bœuf sur ses épaules, puis il le tua d’un coup de poing. Ayant voulu, dans sa vieillesse, fendre avec ses mains, au milieu d’une forêt, un vieil arbre déjà entr’ouvert, les deux parties du tronc se rejoignirent et le retinrent captif : il fut dans cette attitude dévoré par les loups (vers 500). Puget a exécuté une belle statue de Milon.

MILON (T. ANNIUS), Romain célèbre par sa haine contre Clodius, avait épousé la fille de Sylla. Nommé tribun l’an 57 av. J.-C., il contribua puissamment au rappel de Cicéron, que Clodius avait fait exiler. Il brigua le consulat l’an 52 : il allait l’obtenir, quand, se voyant traversé par Clodius, il fit assassiner son rival par ses esclaves à la suite d’une rixe qui s’éleva sur une grande route où les deux ennemis s’étaient rencontrés. Traduit en jugement par ordre de Pompée pour cet acte de violence, il fut défendu par Cicéron ; mais l’orateur, intimidé par la présence des soldats de Pompée et les menaces de la plèbe, ne déploya pas son éloquence habituelle (le discours Pro Milone que nous possédons n’est pas celui qu’il prononça) : Milon, désespérant de sa cause, s’exila volontairement avant que la sentence fût rendue. Il se retira à Marseille et y vécut en paix pendant cinq ans. Irrité de n’avoir pas été rappelé lors de l’avénement de César à la dictature, il rentra en Italie à main armée et chercha à soulever la Campanie, mais il fut frappé mortellement d’un coup de pierre en assiégeant Compsa, 48 av. J.-C.

MILORADOVITCH (Michel, comte de), général russe, né à St-Pétersbourg en 1770, fit toutes les guerres contre les Français de 1812 à 1814. Il se signala par une intrépidité à toute épreuve, ce qui le fit surnommer le Murat russe, mais il ignorait la tactique et affectait de la mépriser. Nommé en 1820 gouverneur de St-Pétersbourg, il fut tué en 1825 en voulant réprimer l’insurrection qui éclata dans cette ville lors de l’avènement de Nicolas I.

MILTIADE, général athénien, conquit Lemnos et les Cyclades, puis fut chargé par ses compatriotes, vers 512 av. J.-C., de conduire une colonie dans la Chersonèse de Thrace, et réussit dans cette difficile mission. Préposé par Darius, lors de son expédition en Scythie, à la garde d’un pont que ce prince avait jeté sur le Danube, il voulait rompre le pont afin de couper la retraite aux Perses et délivrer ainsi les Grecs d’Asie opprimés par Darius ; mais, ses collègues s’étant opposés à l’exécution de ce projet, il se vit obligé de se réfugier à Athènes. Lors de l’invasion en Grèce de Datis et Artapherne, généraux de Darius, il remporta sur eux, l’an 490 av. J.-C., la victoire décisive de Marathon, qui sauva sa patrie ; il obtint pour récompense l’honneur d’être représenté à la tête des généraux, ses collègues, dans un tableau de la bataille peint sur les murs du Pœcile. Il alla ensuite reprendre plusieurs îles de la mer Égée qui s’étaient soumises aux Perses ; mais, ayant échoué devant Paros, il se vit accusé de trahison et fut condamné à une amende de 50 talents (env. 260 000 fr.) ; ne pouvant l’acquitter, il fut jeté dans une prison, où il mourut, dit-on, au bout de peu de temps, d’une blessure qu’il avait reçue au siége de Paros. Il eut pour fils Cimon, qui fut aussi un des plus grands généraux d'Athènes. Cornélius Népos a écrit la Vie de Miltiade. — Selon Hérodote, Miltiade était neveu d’un Athénien nommé aussi Miltiade, qui était devenu roi des Dolonces en Thrace, et il gouverna lui-même ce peuple après son frère aîné Stésagoras.

MILTON (John), célèbre poëte anglais, né à Londres en 1608, m. en 1674, était fils d’un notaire. Il passa sa vie dans l’étude et les voyages jusqu’à la révolution de 1640. Jusqu’alors il ne s’était fait connaître que par des vers latins d’une élégance et d’une harmonie classiques, ou par quelques essais poétiques écrits dans la langue nationale, et remplis d’agrément, l’Allegro, le Penseroso, le Comus (1634), espèce de comédie-féerie ; de ce moment, il se livra tout entier à la politique. Il se jeta avec ardeur dans le parti opposé à la cour, et publia des écrits contre l’épiscopat et sur la réformation ecclésiastique. Au moment où la défaite du roi Charles I enhardissait Cromwell dans ses vues ambitieuses, Milton lança dans le public, sous le titre d’Areopagetica, un livre plein de force en faveur de la liberté de la presse, que ce général voulait déjà réprimer. Cromwell ne l’en nomma pas moins secrétaire-interprète du conseil d’État pour la langue latine, et le choisit plus tard pour son propre secrétaire. Dans ce poste, Milton composa quelques autres écrits où il défendait la cause de la révolution et faisait même l’apologie de la condamnation de Charles I (à laquelle du reste il n’avait contribué en rien) : tels furent l’Iconoclaste (ou le Briseur de portrait), en réponse au Portrait du roi (Eikôn Basilikê), ouvrage attribué au roi Charles, et les deux Défenses du peuple anglais, contre Saumaise. Après la mort de Cromwell, il abandonna la politique, et s’occupa avec ardeur de la composition de ses écrits. Lors du retour des Stuarts, il fut arrêté et emprisonné comme partisan du régicide ; mais il fut sauvé par le poëte Davenant et mis en liberté deux mois après. Il se retira alors dans la solitude, où il vécut pauvre et oublié ; le principal fruit de son loisir est le Paradis perdu, dont il avait conçu l’idée pendant un voyage en Italie ; il était aveugle lorsqu’il le composa ; sa femme et ses deux filles écrivaient, dit-on, sous sa dictée. Il publia ce poëme en 1667 et le vendit à un libraire pour 30 liv. sterl. seulement. Le Paradis perdu fut d’abord accueilli froidement, et Milton mourut sans se douter peut-être de la célébrité que ce poëme devait lui procurer ; ce ne fut guère que 20 ans après sa mort qu’Addison, dans le Spectateur, proclama son génie. Milton a encore composé plusieurs autres écrits sur des sujets et dans des genres tout à fait différents : un Abrégé de l’histoire d’Angleterre, qui ne va que jusqu’à la conquête des Normands ; un Dictionnaire latin ; le Paradis reconquis, poëme en 4 chants, qui fait suite au Paradis perdu, mais qui lui est bien inférieur ; une tragédie de Samson, où il se peint lui-même ; un traité de logique, sous le titre d’Artis logicæ plenior institutio ; des Traités sur l’éducation, sur la Vraie religion, etc. Le poëme du Paradis perdu est aujourd’hui l’orgueil de l’Angleterre, et les plus savants critiques le regardent comme une des plus sublimes productions du génie de l’homme. Sans doute on trouve dans cet ouvrage des suppositions bizarres, de fastidieux détails de géographie et de mythologie, des subtilités de controverse, un trop grand nombre d’expressions techniques et quelquefois d’insipides plaisanteries ; mais ces défauts sont amplement rachetés par des beautés du premier ordre : on y admire des peintures de caractère inimitables, celle de Satan surtout, des discours d’une grande énergie, et même des descriptions d’une ravissante douceur. Les meill. éd. sont celles de Londres, 1749, 3 vol. in-4, et 1753, 2 vol. in-4 ; de Birmingham (par Baskerville), 1760, 2 vol in-8 ; de Glascow, 1770, in-fol. Mis en vers latins par Dobson, 1760, il a passé dans toutes les langues de l’Europe ; il a été plusieurs fois trad. en français : en prose, par Dupré de St-Maur, Boismorand, L. Racine, Luneau de Boisjermain, Salgues, Chateaubriand, 1836, Pongerville, 1838 ; en vers par H. Leroy, Beaulaton, Delille, E. Aroux : la traduction de Delille est sans contredit la meilleure. Les Œuvres complètes de Milton ont été publiées par Todd, Londres, 1801, 6 vol. in-8, et par Fletcher, 1840, un fort vol. in-8. Sa vie a été écrite par Johnson (trad. par Boulard, 1806), et par David Masson, 1859. On doit à M. Villemain un excellent Essai historique sur Milton.

MILVIUS (Pons), auj. Ponte di Molle, pont sur le Tibre, à 2 kil. N. O. de Rome, sur la route d’Étrurie. En avant de ce pont fut donnée la bataille à la suite de laquelle Maxence, vaincu par Constantin, se noya dans le Tibre, en 312.