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des Égyptiens. Moïse vint sommer Pharaon de laisser ses concitoyens sortir de l’Égypte pour aller sacrifier au Seigneur dans le désert : il n'éprouva d'abord qu'un refus; alors, pour effrayer le roi, il accabla ses peuples de dix fléaux cruels connu sous le nom de Plaies d'Égypte (eau changée en sang; grenouilles; moucherons; grosses mouches; peste des animaux; ulcères et tumeurs; grêle et tonnerre sauterelles; ténèbres de 3 jours; mort des premiers-nés). Pharaon se vit enfin forcé de céder à ses demandes. Guidé par une colonne de feu, Moïse sortit d’Égypte à la tête des Hébreux au nombre de 600 000 (1625) : il leur fit traverser à pied sec la mer Rouge, vit engloutir dans les eaux de cette mer Pharaon qui les poursuivait, les conduisit dans le désert où il les nourrit d'une manne tombée du ciel, fit jaillir l'eau d’un rocher en le frappant de sa baguette, reçut de Dieu sur le mont Sinaï la loi sacrée (le Décalogue), triompha de plusieurs peuples qui s'opposaient à son passage, et arriva jusque sur les confins de la terre de Chanaan. Il ne lui fut cependant pas accordé d'y entrer, parce qu'il avait une foi manqué de confiance dans le Seigneur. Après avoir choisi Josué pour achever son œuvre, il mourut sur le mont Nébo, d'où il pouvait apercevoir la Terre promise (1585) : il était âgé de 120 ans. — Moïse est l'auteur du Pentateuque, c.-à-d. des cinq premiers livres de l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), qui renferment l’histoire sacrée depuis la création du monde jusqu'à l'entrée des Hébreux dans la Terre promise, un code de lois et un recueil de prescriptions religieuses. — On doit à Michel-Ange une admirable statue de Moïse, qui est un de ses chefs-d'œuvre.

MOÏSE DE KHORÈNE, historien arménien, né vers 370 de J.-C. au bourg de Khorène, fit une étude profonde de la littérature grecque; visita Antioche, Alexandrie, Rome, Constantinople; fut à son retour garde des archives patriarcales, puis archevêque de Pakrévant, et mourut vers 487. Il a laissé une Histoire de l'Arménie (qui va jusqu'en 441), imprimée à Londres en 1738, avec trad. latine, et à Venise en 1841, avec une trad. franç., par Le Vaillant de Florival. On a aussi de lui une Géographie qui contient d'importantes citations d'écrivains grecs, et des Chants antiques.

MOISSAC, ch.-l. d'arr. (Tarn-et-Garonne), sur le Tarn, à 25 kil. N. O. de Montauban; 6000 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce. Collége de Jésuites. Station du chemin de fer; jolies promenades. Ville bien bâtie; belle fontaine, pont remarquable. Environs fertiles en blé, fruits et vins. — La ville se forma au Ve s. autour d'une riche abbaye et fut jadis importante; elle fut ravagée par les Normands et souffrit plus encore pendant la croisade contre les Albigeois : Simon de Montfort la prit en 1212.

MOITA, ch.-l. de canton (Corse), à 25 kil. E. de Corte; 800 hab.

MOITTE (J. Guil.), sculpteur, né à Paris en 1747, d'une famille déjà connue dans la gravure, m. en 1810, étudia sous Pigalle et Lemoine, fut envoyé à Rome, entra à l'Académie en 1783, fut chargé sous la République et l'Empire de plusieurs travaux importants, tels que le fronton du Panthéon, représentant la Patrie couronnant les vertus civiques et guerrières, le mausolée du général Desaix au mont St-Bernard, une statue équestre de Napoléon en bronze, la Loi, avec les figures de Moïse, d’Isis, de Numa et de Manco-Capac, bas-reliefs d'un style grandiose, qui rappellent la manière de Jean Goujon : ils sont au Louvre. Ses sculptures se distinguent par la correction du dessin, l'élégance des formes, la beauté des proportions, et un heureux choix de draperies. Moitte était aussi très-habile dans le dessin d'ornement : il composa un grand nombre de modèles qui restaurèrent le bon goût dans l'art de l'orfèvrerie.

MOIVRE (Abraham), mathématicien, né en 1667, à Vitry en Champagne, de parents protestants, m. à Londres en 1754, se retira en Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes, se lia avec Halley et Newton, fut admis à la Société royale de Londres et à l'Académie des sciences de Paris et fut un des commissaires chargés de prononcer entre Leibniz et Newton au sujet de l'invention du calcul intégral. Moivre s'est surtout occupé du calcul des probabilités; on a de lui : De mensura sortis, qu'il reproduisit en anglais sous le titre de The doctrine of chances, Londres, 1716; Annuities on life ou Des rentes viagères, 1724; Miscellanea analytica de Seriebus, 1730.

MOJAISK, v. de Russie (Moscou), sur un affluent de la Moskova, à 97 k. O. de Moscou ; 4000 h. Jadis fortifiée. Elle fit partie de la principauté de Tchernigov, puis de celle de Smolensk, et fut réunie au grand-duché de Moscou en 1341. Plusieurs fois assiégée par les Polonais, prise par les Français en 1812.

MOKA, v. et port d'Arabie (Yémen), dans l'imamat de Sana, sur la mer Rouge, à 280 kil. S. O. de Sana; 7000 hab. Port à peu près ouvert, rade, quelques fortifications. Assez bel aspect de loin, mais l'intérieur est laid et hideux. Vents brûlants, chaleur intolérable. Aux environs, contrée sablonneuse et aride. La café renommé qui porte le nom de cette ville est cultivé dans les vallées de l'intérieur; il est apporté à Moka par des caravanes: on en exporte plus de 100 000 quintaux métriques par an; on exporte aussi de cette ville de la gomme, du mastic, de l'encens, des cuirs. Le commerce est encore assez actif, quoique fort déchu. Factoreries française, anglaise, danoise. — Moka était encore sans importance au XVIe siècle. Les Hollandais y établirent un comptoir au XVIIe siècle, et les Français en 1708. Les Anglais les suivirent, et ce sont eux qui y exercent auj. la plus grande influence.

MOKTADER-BILLAH, calife abbasside, régna de 908 à 932, se laissa gouverner par ses femmes et ses eunuques, fut deux fois déposé et deux fois rétabli, mais finit par être chassé de Bagdad et massacré par des soldats. Sous le règne de ce prince faible et efféminé, les Karmathes s'emparèrent de la Mecque, Nasser-Eddaulah fonda une dynastie à Mossoul, Obaïd-Allah établit la dynastie des Fatimites en Afrique, et la Perse échappa aux califes.

MOKTADY-BIAMRILLAH, calife abbasside de 1075 à 1094, épousa la fille de Mélik-Chah, par qui il avait été placé sur le trône, fit régner la justice, favorisa les sciences, et surtout l'astronomie. C'est sous son califat qu'eut lieu, en 1075, la réforme du calendrier persan appelée djélaléenne, en l'honneur de Mélik-chah, surnommé Djélal-eddin.

MOKTAFY-BILLAH, calife abbasside de 902 à 908, reprit l’Égypte et la Syrie aux Thoulounides (905), et réduisit les Carmathes ou Ismaéliens.

MOKTAFY-LEAMR-ALLAH, régna de 1136 à 1160 et releva un instant le califat depuis longtemps asservi par les Émirs-al-Omrah.

MOKTHAR, capitaine arabe, fils d'Abou-Obéidab, né en 622 de J.-C., fut le plus ferme appui des Alides, battit le calife Obéid-Allah, ennemi de cette famille, et conquit la Mésopotamie. Vaincu et pris quelques années plus tard par Mosab, général du calife Abdallah, il fut mis à mort en 687.

MOLA, Turris Juliana, v. et port d'Italie (Terre de Bari), sur l'Adriatique, à 22 kil. S. E. de Bari; 19 000 hab. Savon, tanneries. — MOLA DI GAETA, Formies, v. et port d'Italie (Terre de Labour), à 5 k. N. E, de Gaëte, sur la mer Tyrrhénienne; 2000 hab.

MOLANUS (J. VER MEULEN, dit), théologien catholique, né à Lille en 1533, m. en 1585, fut professeur de théologie à Louvain, puis doyen de la faculté de cette ville. Il a publié : Historia sacrarum imaginum, Louv., 1570; De fide hæreticis servanda, 1584.

MOLANUS (Gér. Walter VAN DER MEULEN, dit), théologien luthérien, né à Hameln en 1633, m. en 1722, enseigna les mathématiques, puis la théologie à Rinteln et obtint en 1677 l'abbaye de Lokkum avec la direction des églises protestantes du duché de Lunebourg et du Hanovre. Il eut en 1692 et années suivantes une correspondance avec Bossuet pour travailler à la réunion des églises catholique et protes-