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tre à celle des Thoulounides. Il mourut à la suite d’une débauche, en 892, à l'âge de 51 ans.

MOTASSEM, calife abbasside de Bagdad, 4e fils d’Haroun-al-Raschid, régna de 833 à 842 de J.-C, se montra intolérant dans les querelles religieuses. Il créa la milice turque, qui, dans la suite, détrôna les califes, mit à mort le sectaire Babek, chef des Ismaéliens, qui s’était révolté (837), repoussa l’emp. Théophile et tua 30 000 hommes de son armée. Il fonda la ville de Sermenraï et en fit sa résidence.

MOTAWAKKEL, dernier calife abbasside d’Égypte, était sous la domination du mamelouk Kansou-al-Ghaury ; il combattit avec lui l’empereur des Turcs Sélim I (1516), mais il fut fait prisonnier et forcé de renoncer à tous ses droits. Il resta 4 ans captif à Constantinople, et revint ensuite en Égypte, où il mourut en 1538. En lui s’éteignit définitivement le titre de calife, que sa famille avait possédé 800 ans.

MOTAWAKKEL-BILLAH, calife abbasside, régna à Bagdad de 847 à 861, soumit les Chrétiens et les Juifs aux plus cruelles avanies, se déclara l’ennemi d’Ali et de sa postérité, et défendit le pèlerinage à son tombeau. Son propre fils le fit périr, de concert avec la milice turque.

MOTAZ, calife abbasside de Bagdad (866-869), remplaça son cousin Mostaïn, forcé d’abdiquer, et ne tarda pas à le faire périr. Il tenta de s’affranchir de la tutelle de la milice turque : ayant échoué, il voulut abdiquer pour avoir la vie sauve, mais il fut plongé dans un cachot, où on le laissa mourir de faim.

MOTAZALITES, sectaires mahométans, qui se rattachent à la secte d’Ali, soutiennent que Dieu ne possède point d’attributs qui soient séparés de son essence, que le Coran n’est point incréé ni éternel, et rejettent la prédestination.

MOTIERS ou MOTIERS-TRAVERS, vge de Suisse (Neuchâtel), dans le Val de Travers, à 22 k. S. O. de Neuchâtel. J. J. Rousseau l’habita de 1762 à 1765 : c’est là qu’il écrivit ses Lettres de la Montagne.

MOTIN (Pierre), poëte médiocre, né à Bourges, m. vers 1615, a laissé quelques pièces de vers que l’on trouve dans les recueils du temps. Boileau a dit de lui, dans son Art poétique (IV, v. 39 et 40) :

J’aime mieux Bergerac et sa burlesque audace
Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.

MOTRIL, Firmum Julium, v. d’Espagne (Grenade), à 58 k. S. E. de Grenade et à 8 k. E. de Malaga, non loin de la mer ; 12 000 hab. Port sur la Méditerranée. Canne à sucre, rhum, salpêtre ; mines de plomb.

MOTTAKY, calife abbasside de Bagdad, succéda à son frère Radhi en 940. Voulant s’assurer l’affection et la fidélité de la milice turque, il donna la charge d’émir-al-omra à Touzoun, l’un des chefs de cette milice ; mais celui-ci finit par le déposer et lui fit crever les yeux (944).

MOTTEVILLE (Françoise BERTAUT, dame de), née en Normandie vers 1621, m. en 1689, était fille d’un gentilhomme de la chambre du roi et d’une dame espagnole attachée à la reine Anne d’Autriche, et nièce du poëte Bertaut. Elle s’attacha dès sa jeunesse à la reine Anne, fut disgraciée par le cardinal de Richelieu, se retira en Normandie, où elle épousa en 1639 Langlois de Motteville, 1er président de la Chambre des Comptes, et resta veuve au bout de deux ans. Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, elle fut rappelée par Anne d’Autriche, devenue régente, qui en fit sa confidente intime. Elle était en outre liée avec les femmes plus distinguées de l’époque, notamment avec Mme de Sévigné et Mme de La Fayette. Mme de Motteville a laissé des Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche, qui renferment de précieux renseignements sur la vie privée de la reine et sur la Fronde. Ils sont écrits avec beaucoup de sincérité, de grâce et d’esprit, mais un peu prolixes. Ces Mémoires ne parurent qu’en 1723 à Amst., en 6 vol. in-12 : ils ont été réimprimés dans les Mémoires relatifs à l’histoire de France. Une nouvelle édition en a été publiée en 1855, avec des notes de M. Riaux et une Notice de M. Ste-Beuve, Paris, 4 vol. in-12.

MOTTRA, v. de l’Inde. V. MATHOURA.

MOTYA, v. et port de la Sicile ancienne, sur la côte O., au S. du cap Drepanum, dans une île voisine de la terre ferme, à laquelle l’unissait une chaussée. Elle était jadis florissante par son commerce. Dans les guerres des Carthaginois et des Siciliens, elle embrassa le parti des premiers. Denys l’Ancien s’en empara en 392 av. J.-C. ; elle fut bientôt après reprise par le Carthaginois Himilcon, qui, désespérant de la défendre, en transporta les habitants à Lilybée. Elle est restée depuis abandonnée.

MOUÇA ou MOUSA. V. MOUSA, IMAM et MAHOMET I.

MOUCHERON (Frédéric), paysagiste hollandais, dit l’Ancien pour le distinguer de son fils, né à Embden en 1633, de réfugiés français, m. en 1686, vint à 22 ans habiter Paris, où il composa un grand nombre de jolis tableaux, d’après les sites que lui offraient les environs si pittoresques de cette ville, retourna dans son pays natal après une longue absence et choisit Amsterdam pour résidence. Il se distingue par la vivacité du coloris, les teintes claires des premiers plans, la brume des lointains, la délicatesse des feuillages, la grâce et la liberté de la touche. Il peignait médiocrement les figures : il avait recours pour cette partie à Helmbreker, à Adrien Van de Velde ou à Jean Lingelbach. Il a fait aussi beaucoup de dessins à l’encre de Chine. — Son fils, Isaac M., dit le Jeune, né à Amsterdam en 1670, m. en 1734, peignit également le paysage. Sa couleur est harmonieuse et transparente, il rend très-bien la perspective et l’architecture. Isaac était en outre bon graveur : il a gravé le paysage ; ses planches se font remarquer par une pointe très-délicate.

MOUCHY (Ant. de), dit Demochrès, docteur en Sorbonne et chanoine de Noyon, né près de Compiègne, m. à Paris en 1574, se rendit célèbre par son zèle contre les Réformés, fut nommé inquisiteur de la Foi. Il assista au concile de Trente. Selon Mézeray, ce serait de son nom qu’on aurait appelé mouchards les espions qu’il employait à découvrir les sectaires.

MOUCHY (Phil. DE NOAILLES, duc de), maréchal de France, 2e fils d’Adrien Maurice de N., né en 1715, fit avec distinction toutes les campagnes de Louis XV. Gouverneur de Versailles lorsqu’éclata la Révolution, il honora sa vieillesse par son dévouement : il était près de Louis XVI au 20 juin 1792, et s’efforça, bien qu’affaibli par l'âge, de repousser les outrages adressés à son maître. Arrêté en 1794, il périt sur l’échafaud, avec son épouse, Anne d’Arpajon. Il avait 79 ans.

MOUÇON. V. MOUZON.

MOUDANIEH, Apamée de Bithynie ? v. et port de la Turquie d’Asie (Kodavendkiar), ch.-l. de livah, à 31 k. N. O. de Brousse, sur le golfe de Moudania, Cianus sinus ; 10 000 hab. Environs délicieux.

MOUDON, Minidunum, v. de Suisse (Vaud), sur la Broye, à 25 kil. N. E. de Lausanne ; 2500 hab. Vieille tour carrée ; ruines romaines. Longtemps capitale du pays de Vaud, elle déchut quand ce pays eut passé sous la domination bernoise, en 1536.

MOUHY (Ch. DE FIEUX, chevalier de), romancier, né à Metz en 1702, m. en 1784, est auteur d’un grand nombre de romans : la Paysanne parvenue, 1735 ; la Mouche, ou les Aventures de Bigand, 1?36 ; Mille et une Faveurs ; le Masque de fer, 1747. On a aussi de lui un Abrégé de l’histoire du théâtre français, 1780, et un Dictionnaire dramatique, 1783 : ces deux derniers ouvrages sont malheureusement pleins d’inexactitudes et d’omissions. Mouhy fut quelque temps le correspondant rétribué de Voltaire a Paris.

MOUKDEN ou FOUNG-THIAN, v. de l’empire chinois, dans la Mandchourie, capit. de la prov. de Ching-King, à 600 k. E. N. E. de Péking, par 41° 50′ lat N. et 121° 18′ long. E. On lui donne 15 k. de circuit. Les derniers souverains Mandchoux y résidaient. Magnifique mausolée de Choun-tchi, l’un des premiers empereurs de cette dynastie.