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jeté presque seul sur la plage de Pizzo, en Calabre; pris en débarquant, il fut traduit, par ordre du roi Ferdinand, devant une commission militaire, condamné à mort, et fusillé le 13 oct. 1815. Il subit le supplice avec un admirable sang-froid. Murat fut un de nos plus braves et de nos plus brillants généraux, mais, hors du champ de bataille, c'était un homme de peu de tête : il a terni sa gloire par sa défection en 1814. Seyriès, en 1816, Léon Gallois, en 1828, ont donné la Vie de Joachim Murat. — Napoléon Murat, le seul survivant de ses fils, né en 1803, auj. sénateur, a élevé en 1861 des prétentions sur le trône de Naples; mais il a été désavoué par le gouvt français.

MURATO, ch.-l. de c. (Corse), à 17 kil. S. O. de Bastia: 1069 hab.

MURATORI (L. Ant.), un des savants les plus distingués du XVIIIe siècle, né en 1672 à Vignola (Modenais), m. en 1750. Déjà célèbre à 20 ans par son érudition, il fut appelé dès 1694 à Milan pour occuper une place de conservateur à la bibliothèque Ambrosienne. En 1700, le duc de Modène le choisit pour son bibliothécaire et le nomma conservateur des archives. Écrivain infatigable, Muratori a enrichi l'histoire d'une foule de dissertations savantes, et a publié un grand nombre de documents très-importants, entré autres : Berum italicarum Scriptores præcipui ab anno 660 ad annum 1500, Milan, 1723-51. 29 v. in-f.; Antiquitates italica medii ævi, 1738-43, 6 vol. in-f.; Novus Thésaurus veterum inscriptionum, 1739-42; Annales d'Italie depuis l'ère vulgaire jusqu'en 1749 (en ital.), 1744-49, 12 vol. in-4. Ses Œuvres ont été rassemblées à Arezzo, 1767-80, 36 vol. in-4, et à Venise, 1790-1810, 48 vol. in-8.

MURBACH, célèbre abbaye des Bénédictins d'Alsace (Ht-Rhin), fondée en 727 au pied du ballon de Guebwiller, fut sécularisée en 1759 par Louis XV. Son abbé avait voix à la diète germanique.

MURCIE, Vergilia P. Murcia en latin moderne, v. d'Espagne, ch.-l. de l'int. de Murcie, sur la r. g. de la Segura, avec un faubourg sur la r. dr., à 150 kil. E. S. E. de Madrid; 40 000 hab. Palais épiscopal, cathédrale, beau pont; jardin botanique, beau bâtiment où l'on apprête la soie; cinq colléges. L'évêque de Carthagène réside à Murcie. Draps, lainages, savon, blanc de céruse, salpêtre; filatures de soie, moulins à huile. Aux env., beaucoup de mûriers. — Murcie n'apparaît dans l'histoire qu'en 713. Elle fit dès 756 partie du califat de Cordoue, devint en 1056 la capit. d'un roy. maure particulier, et fut enlevée aux Maures par les Chrétiens en 1265. Les Français la prirent en 1810 et 1812. Elle a beaucoup souffert d'un tremblement de terre en 1829. — L'intendance, entre celles de Valence, Grenade, la Manche, Cuença, et la mer, peut avoir 150 k. du N. au S., 148 de l'E. à l'O. et 400 000 h. C'est une des prov. les plus chaudes et les plus fertiles de l'Espagne; mais on y manque d'eau en quelques endroits. — Réunie à la province de Carthagène, l'intendance de Murcie forme l'ancien roy. maure de Murcie. Ce pays garda longtemps le nom de royaume, qu'une vieille habitude lui donne encore.

MURÉNA (L. Licinius), lieutenant de Sylla, contribua au gain de la bataille de Chéronée, l'an 87 av. J.-C. Chargé, en l'absence de Sylla, de la 2e guerre contre Mithridate, il s'empara de Comane, mais il éprouva ensuite quelques échecs et fut contraint de se retirer, 82. — Son fils servit avec distinction sous Lucullus dans la 3e guerre contre Mithridate. Nommé consul 61 av. J.-C., il fut accusé par Caton d'avoir employé la brigue pour obtenir cette dignité; mais il fut défendu par Cicéron dans un beau discours, qui nous est resté, et fut acquitté.

MURET, ch.-l. d'arr. (Hte-Garonne), au confluent de la Louge et de la Garonne, à 20 kil. S. O. de Toulouse; 4137 hab. Trib. de 1re instance. Beau pont en fer sur la Garonne. Faïence blanche, draps communs. Pierre II, roi d'Aragon, et les Albigeois y furent défaits par Simon de Montfort, en 1213 : Pierre II y perdit la vie. Patrie de Dalayrac

MURET (Marc Antoine), érudit, né à Muret près de Limoges en 1526, m. à Rome en 1585, professa à Auch, à Poitiers, à Bordeaux, où il compta Montaigne au nombre de ses élèves, enfin au collége du Cardinal-Lemoine, à Paris. Il ouvrit dans cette ville un cours de droit civil, se fit une réputation prodigieuse et se vit recherché par les savants les plus célèbres de l'époque : Scaliger, Lambin, Turnèbe. Accusé d'hérésie et de mœurs dépravées, il fut enfermé au Châtelet. Mis en liberté, il se retira à Toulouse, où il fut l'objet de nouvelles poursuites. Il se rendit alors à Rome, où il changea de conduite et se fit prêtre; il y professa la philosophie, le droit civil, la théologie. Il vécut dans l'intimité du cardinal Hippolyte d'Este, et fut pourvu par le pape de riches bénéfices. Il a laissé des Notes sur plusieurs auteurs anciens, des Harangues, des Poésies et des Épîtres, des traductions d'auteurs grecs, et un recueil de Variæ lectiones, qui a beaucoup contribué à épurer les textes anciens. Il écrivait le latin avec une rare élégance. Ses Œuvres ont été réunies à Vérone, 1727-30, 5 v. in-8, à Leyde, 1789, 4 v. in-8, par Ruhnkenius, et à Leipsick, 1834, par Frotscher. On raconte que, pendant qu'il fuyait de France, Muret tomba gravement malade à son arrivée en Italie et fut conduit à l'hôpital : là deux médecins délibéraient près de lui sur le traitement à suivre à son égard, et, le prenant pour un homme illettré, se disaient en latin : Faciamus periculum in anima vili; mais Muret s'écria aussitôt : An vilis anima pro qua mortuus est Christus? et il sortit au plus vite de ce lieu.

MURG, riv. du grand-duché de Bade, s'unit au Rhin sous Steinmauren, après 60 kil. de cours. — Elle donne son nom au cercle de Murg-et-Pfinz, dans le grand-duché de Bade, entre ceux de la Kinzig au S. et du Neckar au N.; ch.-l., Durbach.

MÜRGER (Henri), poëte et romancier, né à Paris en 1822, m. en 1861, appartenait à une famille pauvre, et ne reçut qu'une instruction élémentaire. D'abord petit-clerc, puis secrétaire d'un comte russe, il sentit éveiller sa vocation en lisant à son patron les œuvres de la littérature contemporaine et se fit homme de lettres. Après avoir composé quelques vaudevilles pour les petits théâtres et coopéré à la rédaction de feuilles obscures, il établit sa réputation en traçant, dans les Scènes de la vie de Bohême, un tableau saisissant, moitié fictif, moitié réel, de la vie d'aventures et de misère qu'il menait lui-même (1848). Il se fit depuis une sorte de spécialité de ces peintures, qu'il renouvela dans les Amours d'Olivier (1849), le Pays latin (1852), les Scènes de la vie de jeunesse (1853), les Buveurs d'eau (1854). Cependant il composa aussi plusieurs autres romans et nouvelles d'un genre plus relevé, parmi lesquels on distingue Claude et Marianne (1851), Adeline Protat (1853), Scènes de la vie de campagne (1856); enfin, il donna au théâtre français une agréable comédie, le Bonhomme Jadis, 1851, en un acte. On a publié après sa mort un recueil de ses Poésies (1861). Mürger est un romancier fantaisiste plein de verve et d'un vrai talent : sans avoir une grande portée, ses œuvres offrent beaucoup d'agrément et de vérité dans les peintures.

MURI, bg de Suisse (Argovie), à 32 k. S. E. d'Aarau; 1900 h. Célèbre abbaye de Bénédictins, fondée au XIe s., et où fut rédigée une chronique, publiée par Kopp en 1750. L'abbé était prince d'empire. — Près de Berne est un château de Mûri où résida quelque temps Louis XVIII.

MURILLO (Barth. ESTEBAN), célèbre peintre espagnol, né a Séville en 1618, m. en 1682, reçut les leçons de Moya, élève de Van Dyck, et celles de Vélasquez, qui lui fournit les moyens d'aller dans les Pays-Bas pour y étudier les chefs-d'œuvre de l'école hollandaise, et qui lui procura ensuite des travaux lucratifs à Madrid. Il retourna en 1645 à Séville, où il se fixa, et y composa un grand nombre de tableaux d'église qui le placèrent à la tête des peintres de sa nation. Il mourut des suites d'une blessure qu'il s'é-