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Chambre des Communes, après une lutte acharnée contre le candidat protestant, il ne put siéger parce qu’il refusa de prêter le serment du Test (V. ce mot) ; mais, aussitôt après l’émancipation des catholiques, qu’il n’avait cessé de réclamer, il entra à la Chambre (1830), où il exerça une puissante influence. Il prêta son appui aux whigs, dont il amena le triomphe, et vota avec eux la réforme parlementaire (1832) ; il obtint l’abolition de lois vexatoires pour les Irlandais, fit admettre ses compatriotes aux magistratures municipales, et fut lui-même nommé lord maire de Dublin (1841). Non content de ces succès, il sollicita le rappel de l’union, c’est-à-dire la dissolution de l’union législative de l’Irlande et de l’Angleterre, et provoqua dans ce but des pétitions et des meetings, qui devinrent bientôt menaçants : il fut alors arrêté de nouveau et condamné à la prison ; mais il réussit à faire casser l’arrêt par la Cour des lords (1844). Cependant il avait épuisé ses forces dans la poursuite d’un but impossible : il se rendit en Italie pour rétablir sa santé, mais il mourut à Gênes, en 1847. O’Connell possédait tout ce qu’il faut pour agir sur la foule : taille athlétique, voix retentissante, éloquence vive, sarcastique, style hardi et plein de métaphores ; aussi exerça-t-il un ascendant prodigieux sur le peuple irlandais. Cependant le caractère de l’agitation qu’il excita fut d’être purement pacifique : habile jurisconsulte, il se servait pour résister à la loi des ressources fournies par la loi même, et il s’attacha à prévenir toute collision sanglante. Il a laissé des Mémoires sur l’Irlande. Le P. Lacordaire, à Paris, et le P. Ventura, à Rome, ont prononcé son Éloge.

O’CONNOR, dynastie de rois irlandais qui régna sur le Connaught jusqu’en 1542. Turlogh O’Connor, né en 1088, m. en 1156, chercha à dominer sur toute l’île, détrôna O’Brien, roi du Munster, mais fut battu en 1152 par Mac-Lochlin O’Neill, roi de l’Ulster. — Roderick O’Connor, qui régnait en 1171, se fit reconnaître comme roi du Connaught par Henri II. En 1542, les O’Connor échangèrent le titre de roi du Connaught contre celui de baron d’Offaley, que leur donna Henri VIII.

O’CONNOR (Feargus), avocat irlandais, né dans le comté de Cork en 1796, m. en 1855, fut plusieurs fois député au parlement, se rendit populaire parmi les classes laborieuses par sa défense du chartisme, mais se fit fréquemment condamner pour discours séditieux. Il fut placé en 1853 dans un asile d’aliénés.

OCTAVE. V. AUGUSTE et OCTAVIEN.

OCTAVIE, sœur d’Auguste, épousa d’abord M. Claudius Marcellus, puis Antoine, qui bientôt, épris de Cléopâtre, devint insensible à sa beauté et à ses vertus. Elle avait eu de son 1er époux le jeune Marcellus, qu’Auguste destinait à l’empire ; la mort prématurée de ce prince la plongea dans une affliction profonde qui abrégea ses jours (11 ans av. J.-C.). V. MARCELLUS.

OCTAVIE, fille de Claude et sœur de Britannicus, fut donnée en mariage à Néron, qui la répudia et la fit tuer pour épouser Poppée (62) : elle n’avait que 20 ans.

OCTAVIEN, Octavianus, nom que prit Octave après son adoption par Jules César.

OCTEVILLE, ch.-l. de c. (Manche), à 3 kil. S. O. de Cherbourg ; 2346 hab.

OCTOBRE 1789 (journées des 5 et 6), grande insurrection à Paris : la populace des faubourgs et une foule de femmes se portent en désordre à Versailles, massacrent les gardes et forcent Louis XVI et la famille royale à venir habiter Paris.

OCTODURUS ou OCTODORUM, v. des Helvétiens, capitale des Veragri, est auj. Martigny. C’est près de là qu’on place le massacre de la légion Thébéenne.

OCZAKOV, v. de Russie. V. OTCHAKOV.

ODALISQUES, c.-à-d. en turc chambrières, esclaves du Harem impérial, attachées au service des femmes du sultan ou destinées à ses plaisirs. On a étendu ce nom à toutes les femmes d’un harem. Ce sont généralement des Circassiennes ou des Géorgiennes. On leur prête vulgairement une grande beauté.

ODÉNAT (Septimius), prince arabe, phylarque ou cheikh des tribus sarrasines de la Palmyrène et sénateur de la colonie romaine de Palmyre, se rendit à peu près indépendant sous le règne de Valérien. Il seconda Sapor dans ses attaques sur la Syrie romaine (256), puis il harcela ce prince dans sa retraite ; néanmoins il sollicita son alliance quand Valérien fut tombé dans les mains du roi sassanide : n’ayant reçu qu’un refus injurieux, il se jeta dans les bras des Romains, battit Sapor sur les bords de l’Euphrate, le força de reculer jusqu’à Ctésiphon, et l’assiégea dans cette ville, mais sans pouvoir la prendre. Il marcha ensuite contre les tyrans qui avaient pris la pourpre sous Gallien, les écrasa tous, et reçut de cet empereur en récompense le titre de général de tout l’Orient (263) ; mais, peu content de ce titre, il prit la pourpre et força Gallien à le reconnaître pour collègue. Après de nouveaux succès contre les Perses, les Goths et les Scythes, il fut assassiné à Émèse en 267 par son neveu, dont la main avait été armée, dit-on, par la célèbre Zénobie, sa seconde femme.

ODENSÉE, v. de Danemark capit. de l’île de Fionie, au centre de l’île, sur la riv. d’Odensée, à 140 k. S. O. de Copenhague ; 9000 h. Évêché luthérien. Assez belle cathédrale, bibliothèque. Gants, drap, savon, bière estimée, etc. Commerce maritime. — On attribue la fondation de cette ville à Odin, dont elle a retenu le nom. Il s’y tint en 1528 une diète pour la réformation de l’église danoise,

ODÉON (du grec ôdé, chant), nom de divers édifices consacrés chez les anciens à des combats de musique et de poésie. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

ODER, Viadrus, fleuve d’Allemagne, naît en Moravie, baigne la Silésie, le Brandebourg, la Poméranie, passe à Ratibor, Oppeln, Brieg, Glogau, Francfort-sur-l’Oder, Custrin, Stettin, se divise près de Gartz en 4 bras (Oder propre, Parnitz, grand et petit Redlitz), mais les réunit tous ensuite et tombe dans la mer Baltique, après un cours de 940 kil. environ, par 3 embouchures (Peene, Swiene, Dievenow), qui forment les îles d’Usedom à l’O. et de Wollin à l’E. L’Oder reçoit, à droite, l’Olsa, la Klodnilz, la Malapane, la Weida, la Bartsch, la Wartha, la Miezel, la Plône ; à gauche, l’Oppa, la Zinna, la Neisse, l’Oblau, la Lohe, la Weistriz, la Katzbach, la Boher. Le canal de Bromberg, en Pologne, l’unit à la Vistule.

ODESCALCHI. V. INNOCENT XI.

ODESSA, v. de la Russie d’Europe (Kherson), à 176 k. O. S. O. de Kherson, sur la mer Noire ; 100 000 h., dont beaucoup de Grecs. Port franc depuis 1817, citadelle ; université, créée en 1882, lycée Richelieu, bibliothèques, écoles de langues orientales, de commerce, d’hydrographie. Odessa est bien percée et bien bâtie et a de beaux monuments : cathédrale, théâtre, lazaret, bourse, banque. Poudre, soieries, savons, forges, brasseries, chantiers de construction, etc. ; très-grand commerce de grains. — En 1792, Odessa n’était encore qu’un misérable village nommé Hadji-bey : Catherine II l’agrandit en 1795, et lui donna le nom d’Odessa en mémoire de l’ancienne colonie grecque d’Odessus qui en était voisine. Le duc de Richelieu en fut le gouverneur en 1803 et 1804, et lui fit prendre un grand essor. Le port et la citadelle d’Odessa ont été bombardés en 1854 par la flatte anglo-française, qui eut soin d’épargner la ville.

ODESSUS, auj. Varna ? v. de la Mésie-Infér., sur la côte O. du Pont-Euxin, était une colonie de Milet. — V. de Sarmatie, sur la côte N. du Pont-Euxin, à l’emb. de l’Axiacès (Téligol), à l’O. de l’anc. Olbia Borysthenis et près de la ville actuelle d’Odessa. Elle paraît être Otchakov, mais non Odessa.

ODETTE de CHAMPDIVERS, femme d’une beauté remarquable, fille d’un marchand de chevaux, fut placée, pour le distraire, auprès de Charles VI tombé en démence (1392), réussit souvent à calmer ses fureurs et prit sur lui un tel ascendant qu’on appelait la petite reine. Elle en eut une fille, Marguerite, que Charles VII maria à un seigneur de Belleville.