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deur des conceptions, la beauté et la simplicité du plan, la hardiesse de l'imagination, la richesse et la sublimité des images; on trouve dans l’Odyssée un plan moins régulier, une imagination moins éclatante, mais on se sent attaché par un vif intérêt et par une séduisante naïveté. Outre leur beauté intrinsèque, l’Iliade et l’Odyssée avaient pour les anciens le mérite de renfermer les traditions théologiques, les noms et l'origine des peuples, la description et la situation des pays, et ces deux poëmes jouissaient sous ces divers rapports d'une grande autorité. Les poëmes d'Homère, selon de savants critiques, seraient antérieurs à l'invention de l'écriture, et longtemps ils n'auraient été conservés que par la mémoire ; ils furent de bonne heure morcelés et défigurés par les rhapsodes qui en détachaient les épisodes les plus intéressants pour les réciter. Pisistrate, ou, suivant d'autres, Hipparque son fils, fit recueillir et coordonner avec beaucoup de soin ces divers morceaux; depuis, ces poëmes ont été revisés par les plus grands critiques de l'antiquité, Aristote, Aristophane de Byzance, Zénodote, Aristarque; c'est ce dernier qui divisa l’Iliade et l’Odyssée chacune en 24 chants, et qui leur donna la forme sous laquelle nous les possédons. Ces deux poëmes ont eu, dans l'antiquité même, de nombreux commentateurs, parmi lesquels on remarque Didyme et Eustathe, archevêque de Thessalonique ; un grammairien du temps d'Auguste, du nom d'Apollonius, a en outre laissé un Lexique d'Homère. — Malgré l'admiration universelle dont il a été l'objet, Homère a trouvé quelques détracteurs. On cite surtout Zoïle dans l'antiquité; Perrault, Lamothe, chez les modernes. Quelques savants, entre autres Vico et plus tard Wolf, ont prétendu qu'Homère n'avait jamais existé, et que les poëmes que nous avons sous son nom n'étaient qu'un recueil de morceaux composés par divers auteurs, qui, sous le nom d’Homérides, formaient une espèce d'école ; tous ces morceaux auraient été réunis plus tard et groupés en deux grands poëmes. Mais quoiqu'il puisse être vrai que ces productions ont subi des altérations, des interpolations, l'unité du plan et l'ordre qui y règne font justice de si hardis paradoxes. D'autres se sont bornés à prétendre que l’Iliade et l’Odyssée n'étaient pas du même auteur, et ont regardé l’Odyssée comme postérieure à l’Iliade. Quant à la Batrachomyomachie, il est évidemment impossible de l'attribuer à l'auteur des deux grandes épopées, On a donné des explications fort diverses du nom d'Homère : les uns, partisans des traditions vulgaires, traduisent ce nom par aveugle ; d'autres par otage, parce qu'Homère aurait servi d'otage dans une guerre que se firent les habitants de Smyrne et de Colophon ; d'autres enfin le font dériver d’homéréô, rassembler, prétendant que ce mot désignerait fort bien le compilateur qui n'a fait que rassembler des éléments épars pour en former un ensemble. — Nous avons une foule d'éditions et de traductions d'Homère. Parmi les éditions on remarque celle de Florence, 1488, 2 vol. in-fol., donnée par Démétrius Chalcondylas : c'est la plus ancienne; celles de H. Étienne, grecque-latine, Paris, 1566 ; de Barnès, Cambridge, 1711 ; de Sam. Clarke, Londres, 1729-40; de Villoison, Venise, 1788 (d'après un manuscrit découvert à Venise, avec les signes critiques des Alexandrins et de précieuses scholies) ; de F. A. Wolf, Halle, 1794, et Leipsick, 1804 et 1817 (avec d'importants Prolégomènes); de Heyne, Leipsick, 1802 (elle contient l’Iliade seule; de J. A. Ernesti, Leips., 1764 et 1824; la petite éd. usuelle de Boissonade, Paris, 1823-24; l'excellente éd. de Bothe, Leips.. 1832-35, celle de la collect. Didot (1837) et d'A. Pierron (1869). A. Mai a publié en 1819, à Milan, des variantes inédites de l’Iliade. Les meilleures traductions françaises d'Homère sont : en prose, celles de Mme Dacier, de Bitaubé, de Lebrun, de Dugas-Monthel, 1828-33, d'É. Bareste, 1842, de P. Giguet, 1859, d'É. Pessonneaux, 1861; en vers, celles de Rochefort, d'Aignan, de Bignan. La Batrachomyomachie a été trad. en prose par Berger de Xivrey (1837) : elle avait déjà été mise en vers par Boivin (1717). Les Anglais estiment les traductions de Pope et de Cowper; les Allemands, celles de Bodmer, de Stolberg, de Voss; les Italiens celles de Salvini, de Monti, de Pindemonte. L’Iliade a été mise en vers latins par Raimundus Cunichius, Rome, 1777, et l’Odyssée par Bernard Zamagna, 1778. Il existe une Vie d'Homère en grec, faussement attribuée à Hérodote; elle a été traduite par Larcher. Dugas-Monthel a joint à sa traduction une Histoire des poésies homériques.

HOMÉRIDES. On désigne par ce nom, soit les descendants d'Homère, soit des poëtes d'une certaine époque et d'une certaine école dont Homère n'aurait fait que rassembler les chants, soit les poëtes postérieurs à Homère qui s'exercèrent sur des sujets analogues à ceux qu'il avait traités. L'un d'eux, Cinéthus de Chios, contemporain d'Eschyle, passait dans l'antiquité pour l'auteur de l’Hymne à Apollon, Eustathe l'accuse d'avoir altéré les poésies homériques

HOMÉRITES, peuple de l'Arabie ancienne, habitait dans l'Arabie Heureuse, au S. E. des Sabéens.

HOMMAIRE DE HELL, voyageur français, né à Altkirch en 1812, m. en 1848, fut élève de l’École des mines de St-Étienne, se rendit en 1835 à Constantinople, explora de 1838 à 1840, par mission du gouvernement russe, la Bessarabie, le pays des Cosaques, le Caucase, et publia, à son retour en France, les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée, et la Russie méridionale, 3 vol., dont les deux premiers furent rédigés par sa femme. En 1846, le gouvt français le chargea d'un voyage en Turquie et en Perse, mais la mort le surprit à Ispahan. La relation de ce dernier voyage a été publiée de 1854 à 1860 par J. Laurens, qui l'avait accompagné, Paris, 4 v. in-8o et atlas.

HOMPESCH (Ferdinand de), dernier grand maître de l'ordre de Malte, né à Dusseldorf en 1744, fut investi de cette dignité en 1797, après avoir été 25 ans ministre de la cour de Vienne près de l'ordre. Gagné, à ce que l'on prétend, par l'argent et les promesses du Directoire, il se soumit sans résistance, en 1798, à la flotte française qui allait en Égypte sous la conduite de Bonaparte, et fut conduit à Trieste. Cependant il protesta contre l'occupation française et n'abdiqua qu'en faveur du czar Paul I. Il erra quelque temps en Allemagne, puis se réfugia en France, et mourut à Montpellier en 1803.

HOMS, v. de Syrie. V. HEMS.

HO-NAN, prov. de la Chine, entre celles de Pé-tchi-li au N. et de Hou-pé au S. : 700 kil. sur 650; 13 800 000 d'h.; ch.-l., Khaï-foung. Elle forme 9 dép., dont un porte aussi le nom de Ho-nan et a pour ch.-l. une v. du même nom. Climat très-doux; agriculture florissante : on a surnommé cette province le jardin de la Chine. — Ch.-l. du dép. de Ho-nan, à 200 kil. O. de Khaï-foung, sur un affluent du Hoang-ho. Cette ville est située vers le centre de la Chine, ce qui la fait regarder par les Chinois comme le centre du monde.

HONARURA. V. HONOLULU.

HONDA, v. de la Nouv.-Grenade, dans le dép. de Cundinamarca, sur la Magdalena, à 95 kil. N. O. de Bogota; 5000 hab. Très-commerçante avant les guerres de l'indépendance. Mines d'or aux environs. La baie de Honda, sur la mer des Antilles, par 73° 26' long. O., 12° 20' lat. N., fournit des perles.

HONDIUS ou HONDT (Josse), géographe et graveur en cartes, né en 1546, en Flandre, mort à Amsterdam, en 1611, séjourna longtemps en Angleterre. On a de lui un Traité de la construction des globes, 1597 ; des éditions du grand Atlas de G. Mercator; les cartes de la Description de la Guyane de Walter Raleigh, et celles des Voyages de Drake et de Cavendish.

HONDSCHOOTE, ch.-l. de cant. (Nord), à 18 kil. E. S. E. de Dunkerque; 3000 hab. Pépinières, fabriques de sucre indigène et de chicorée-café. Les Français, commandés par Houchard, y battirent les Anglais commandés par le duc d'York, le 8 sept. 1793.