Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/660

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette dénomination 5 odes très-violentes de Lagrange-Chancel contre le Régent (Philippe d'Orléans).

PHILIPPOPOLI ou FILIBÉ, Philippopolis, v. murée de la Turquie d'Europe (Roumélie), sur la r. dr. de Maritza, à 160 kil. N. O. d'Andrinople; 30 000 hab. Anc. résidence d'un archevêque grec. Fabriques de draps, d'étoffes de soie et de coton, de maroquin. — Fondée ou restaurée par Philippe II, père d'Alexandre, elle devint rapidement très-peuplée; elle fut ruinée et saccagée par les Goths en 250. Elle forma sous les empereurs latins de Constantinople un duché, désigné par les écrivains du temps sous le nom corrompu de duché de Finépople. Elle fut presque anéantie par un tremblement de terre en 1818.

PHILIPPSBOURG, v. du grand-duché de Bade, sur la Sulzbach, à 2 kil. du Rhin, à 26 kil. N. de Carlsruhe; 1800 hab. — Cette ville, nommée jadis Udenheim, prit le nom de Philippsbourg lorsqu'elle eut été fortifiée au commencement de la guerre de Trente ans par Philippe Christophe, évêque de Spire. C'était aux XVIIe et XVIIIe siècles une des forteresses les plus importantes de l'empire. Elle fut prise par les Suédois en 1633, par les Impériaux en 1635, par les alliés en 1675, et par les Français en 1644, 1688 et 1734 : c'est à ce dernier siége que le maréchal de Berwick fut tué. La paix de Westphalie avait donné Philippsbourg à la France; celle de Nimègue la céda à l'empereur; en 1782, elle revint à l'évêque de Spire. Les Français la reprirent en 1799. En 1802, elle fut comprise dans le duché de Bade.

PHILIPS (Ambroise), poëte anglais, né en 1671 dans le comté de Leicester, m. en 1749, composa des Pastorales que quelques-uns mettent à côté de celles de Pope, et trois tragédies, qui eurent du succès : la meilleure, The distressed Mother, est imitée de l’Andromaque de Racine. Il contribua à la rédaction de la feuille périodique, The free Thinker, et fut nommé représentant du comté d'Armagh au parlement de Dublin. — On connaît encore sous ce nom Édouard, neveu de Milton, auteur d'une Vie de Millon et du Theatrum poetarum; — et Jean, poëte (1676-1708), auteur de poëmes intitulés Splendid Shilling; Blenheim (en l'honneur de la victoire de Marlborough); Pomona ou le Cidre, etc. Ce poëte relève par la pompe du style les choses les plus vulgaires.

PHILISTE, historien et homme d'État, né à Syracuse vers 435 av. J.-C., aida Denys le Tyran à s'emparer du pouvoir (406), ce qui ne l'empêcha pas d'être disgracié et exilé par ce prince; fut, après sa mort, rappelé par Denys le Jeune, qu'il défendit contre Dion, mais fut vaincu sur mer par ce général, 356. Suivant les uns, il se tua; selon les autres, il eut la tête tranchée. Il avait écrit l’Histoire de la Sicile et l’Histoire de Denys : il n'en reste que des fragments, conservés par S. Clément d'Alexandrie, Diodore, etc., et qui se trouvent dans les Fragm. des historiens grecs de la collection Didot. Dans cet ouvrage, Philiste s'était proposé Thucydide pour modèle.

PHILISTINS, petite nation de la Syrie, occupait sur la côte une longueur de 80 kil. environ, entre la tribu de Dan au N., la tribu de Siméon à l'E. et l'Arabie Pétrée au S. Ils avaient pour villes principales Gaza, Ascalon, Azoth, Accaron, Anthédon, et formaient une fédération de petits États qui pour la plupart étaient régis par des rois. Ils furent sans cesse en guerre avec le peuple juif : unis aux Ammonites, ils le tinrent 18 ans asservi (1261-1243); seuls, ils lui firent subir, de 1212 à 1172, un autre esclavage dont Samson les délivra. Saül les vainquit près de Gabaon; David parvint à les soumettre, et malgré de fréquentes révoltes ils ne recouvrèrent leur indépendance que sous les derniers rois de Juda. Ils avaient eu aussi à combattre les Égyptiens. Ils passèrent successivement sous la domination des Perses, d'Alexandre, des Séleucides, des Asmonéens et des Romains. Sous ces derniers, le pays des Philistins ne fut plus distinct de celui des Juifs : c'est de leur nom que tout le pays fut appelé Palestine.

PHILOCTÈTE, héros grec, fils de Pœan, prince qui régnait sur les Thessaliens de l'Œta, et compagnon d'Hercule. Le héros en mourant lui enjoignit de déposer dans sa tombe ses flèches teintes du sang empoisonné de l'hydre de Lerne, et lui fit jurer de ne jamais découvrir ce dépôt. Un oracle ayant déclaré que les Grecs ne pourraient se rendre maîtres de Troie sans les flèches d'Hercule, Philoctète, sollicité de les livrer, se laissa ébranler et indiqua le lieu où elles étaient cachées en frappant du pied la terre qui les couvrait. Il s'embarqua ensuite pour Troie, les portant avec lui; mais dans la route une des flèches lui tomba sur le pied et le blessa : comme elles étaient empoisonnées, il se forma à son pied un ulcère qui répandait une odeur si fétide qu'on fut forcé de l'abandonner dans l'île de Lemnos. Ce n'est qu'au bout de dix ans qu'Ulysse et Néoptolème, dépêchés par les Grecs, vinrent l'y chercher, parce que les flèches d'Hercule étaient nécessaires pour mettre fin à la guerre. Machaon et Podalire le guérirent. Après son retour de Troie, il passa en Calabre où il fonda Pétilie et Thurium. — Les malheurs de Philoctète ont fourni à Sophocle le sujet d'une belle tragédie, qui a été imitée par Laharpe; Fénelon lui a consacré un des plus beaux épisodes de son Télémaque.

PHILODÈME, épicurien grec, de Gadara en Célésyrie, vivait dans le 1er siècle av. J.-C. Il vint à Rome et y compta au nombre de ses disciples Calpurnius Pison, avec lequel il resta lié. Il avait écrit sur la morale, la rhétorique, la musique, etc. On a découvert à Herculanum plusieurs fragments de ses écrits, qui ont été publiés dans la collection d'Herculanum. M. E. Gros a donné à part les fragments sur l'art oratoire, sous le titre de Philodemi rhetorica, avec un commentaire, Paris, 1840; M. H. Saupp a publié un autre fragment Sur les Vices et Vertus opposées, Leips., 1853. On trouve dans les anthologies, sous le nom de Philodème, des épigrammes licencieuses qui sont probablement du même auteur.

PHILOLAÜS, philosophe pythagoricien, de Crotone selon les uns, de Tarente selon les autres, naquit vers l'an 500 av. J.-C., et put recevoir les leçons de Pythagore. Il habita successivement Crotone, Métaponte, Héraclée, passa quelque temps à Thèbes, où il eut pour disciples Simmias et Cébès, et mourut vers l'an 420 av. J.-C. Il est le 1er pythagoricien qui ait écrit sur la doctrine de son maître. Il avait composé sur la Nature, le Monde et l’Âme trois livres dont Platon faisait tant de cas qu'il les acheta de ses héritiers cent mines (plus de 9000 fr. de notre monnaie); il en reste quelques fragments qui jettent du jour sur les doctrines pythagoriciennes (Ils ont été recueillis par Bœckh, Berlin, 1819). Philolaüs passe pour l'auteur du système astronomique qui fait tourner la terre et les autres planètes autour du soleil : ce fait est contesté, mais il paraît certain qu'il attribuait à la terre un mouvement de translation d'occident en orient.

PHILOMÈLE, Philomela, fille de Pandion, roi d'Athènes, fut victime du brutal amour du roi de Thrace, Térée, son beau-frère, qui ensuite lui fit couper la langue pour l'empêcher de révéler son crime, et la tint étroitement enfermée. Ayant réussi à s'évader, avec le secours de Progné, sa sœur, elle se vengea en égorgeant le fils de Térée, Itys, et en servant le corps de cet enfant à son père. Philomèle échappa à la fureur de Térée par la rapidité de sa course, et fut dans sa fuite changée en rossignol. Progné, sa complice, fut métamorphosée en hirondelle.

PHILOMÈLE, Philomelus, général phocidien, pilla le temple de Delphes, et fit ainsi éclater la guerre Sacrée (355 av. J.-C.). Soutenu par Sparte, il obtint d'abord quelques succès et força même la Pythie à rendre des oracles en sa faveur; mais, battu par les Béotiens, il fut réduit, pour ne pas tomber entre leurs mains, à se précipiter du haut d'un rocher, 354. Il fut remplacé dans le commandement par son frère Onomarque.

PHILOMÈNE (Ste), vierge et martyre romaine,