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rie, combattit les décisions du concile de Chalcédoine, et fut exilé en 518 par l’emp. Justin I à Gangres en Cappadoce, où on le fit périr, en 522. Les Jacobites le regardent comme un martyr. Il a laissé, entre autres écrits, une version syriaque des quatre évangiles, faite en 508, qui est la seule que lisent les Jacobites ; elle a été publiée par J. White, Oxford, 1778.

PHINÉE, roi de Salmydesse en Thrace au temps des Argonautes, et fils d’Agénor, fit crever les yeux à ses deux fils sur de fausses accusations intentées par leur belle-mère. Les dieux, pour le punir, le frappèrent lui-même de cécité, et le livrèrent à la persécution des Harpyes, qui enlevaient les viandes sur sa table ou infectaient tout ce qu’elles touchaient. Dans la suite, Calaïs et Zéthès, fils de Borée, le délivrèrent des poursuites de ces monstres ; mais il resta aveugle. On explique l’infection dont Phinée eut à souffrir par l’influence de vents pestilentiels, et sa guérison par l’action salutaire des vents du nord.

PHINÉE, frère de Céphée et oncle d’Andromède, était fiancé à sa nièce, lorsqu’elle lui fut ravie pour être exposée à un monstre marin. Andromède, sauvée par le courage de Persée, accepta la main du héros : alors Phinée prit les armes pour la lui enlever, mais il fut pétrifié par la tête de Méduse.

PHINÉÈS, fils d’Éléazar et petit-fils d’Aaron, fut le 3e grand prêtre des Juifs. Il montra un grand zèle contre ceux qui s’étaient rendus coupables de fornication, et tua Zambri, l’un des chefs d’Israël, qui avait amené une Madianite dans sa tente.

PHINTIAS, auj. Alicata, v. de la Sicile ancienne, sur le bord du fleuve Himère, près de son embouchure, était une colonie de Gela.

PHINTIAS, ami de Damon. V. DAMON.

PHISELDECK, historien. V. SCHMIDT (Christ.).

PHISON, un des fleuves de l’Éden ou Paradis terrestre. On croit que c’est le Phase.

PHLÉGÉTHON (de phlégéthein, brûler), un des fleuves des Enfers, roulait des flammes.

PHLÉGON, historien grec du IIe siècle, natif de Tralles en Lydie, était un affranchi d’Adrien, et mourut sous Antonin le Pieux. Il avait écrit une Histoire et une Description de la Sicile, et un Traité des fêtes des Romains, qu’on a perdus ; mais on a de lui trois opuscules : De rebus mirabilibus, recueil de contes et de prodiges, De longævis, De Olympiis, publié par G. Xylander, Bâle, 1568 (édition princeps), par G. Franz, Halle, 1775, et J. Meursius, Halle, 1822.

PHLÉGRÉENS (CHAMPS), du grec phlégein, brûler, plaines voisines de Cumes en Italie, dans lesquelles Hercule aida les dieux à terrasser les Géants. Cet endroit est rempli de soufre et couvert de flammes produites par la combustion naturelle de cette substance.

PHLÉGYAS, roi de Phlégyade (petite ville de Béotie, près d’Orchomène), devait le jour à Mars, et eut pour fille Coronis, qu’Apollon séduisit ; pour se venger de cet outrage il mit le feu au temple de Delphes. Apollon le tua de ses flèches et le précipita dans les Enfers. Là Phlégyas voit sans cesse suspendu au-dessus de sa tête un rocher prêt à l’écraser.

PHLIASIE, petit État du Péloponèse, au S. de la Sicyonie, à l’O. de la Corinthie, renfermait, outre le territoire de Phlionte, celui de la ville de Titane.

PHLIONTE, Phlius, capit. de la Phliasie, à 18 k. S. de Sicyone, reçut son nom d’un fils de l’Héradide Téménus, qui vint s’y étahlir. Elle entra dans la Ligue achéenne. Ruines dans la plaine d’Hagios Georgios.

PHOCAS, empereur grec, était exarque des centurions sous l’empereur Maurice, lorsqu’il fut proclamé en 602 par l’armée cantonnée au N. du Danube. Il marcha sur Constantinople et fit trancher la tête à Maurice ainsi qu’à quatre de ses enfants. Il se montra voluptueux, rapace, cruel et lâche, et se laissa enlever par Chosroès, roi de Perse, l’Osroène, la Mésopotamie, l’Arménie, la Syrie et une partie de l’Asie-Mineure. Il réprima trois conjurations (604, 606, 610), mais fut enfin détrôné par Héraclius, après la bataille navale de Constantinople, et décapité sur le tillac du vaisseau de ce prince (610). Phocas avait fait traduire en grec le Digeste et le Code, et avait fait paraphraser les Institutes par Théophile.

PHOCÉE, Fokia, v. de l’Asie-Mineure (Mysie), comprise dans la confédération ionienne, sur le golfe de Cumes, à l’embouchure du Calque. Elle avait deux ports, Naustathme et Lamptère. Elle fut fondée par une colonie de Phocidiens, qui était commandée par un Athénien, ce qui la fit admettre dans la confédération ionienne. Très-florissante jadis, elle envoya en Gaule et en Espagne des colonies, dont la principale fut Marseille. Assiégés par Harpage, lieutenant de Cyrus, les Phocéens s’exilèrent en partie à Atalia, l’une de leurs colonies dans l’île de Corse. — La ville actuelle de Fokia, à 42 kil. N. O. de Smyrne, fait encore quelque commerce : elle a 4000 hab.

PHOCÉENS. On nomme ainsi les habitants de Phocée et quelquefois ceux de la Phocide.

PHOCIDE, région de la Grèce ancienne, entre la Béotie à l’E., l’Étolie à l’O., la Locride au N. E., le golfe de Corinthe au S. ; Élatée en était la capitale et la ville la plus forte, Delphes, qui s’y trouvait enclavée, y formait comme une république à part. La Phocide envoyait 2 députés à l’Amphictyonie des Thermopyles. Le pays était montueux et médiocrement fertile. Ses habitants, très-pauvres, étaient très-belliqueux. Ils provoquèrent deux guerres sacrées en pillant le temple de Delphes. Dans la 1re, ils tinrent tête à Thèbes et à la ligue formée contre eux (355-346 av. J.-C) ; mais, dans la 2e, ils furent écrasés par Philippe II (de Macédoine) et furent exclus du conseil des Amphictyons. V. SACRÉES (Guerres). — L’anc. Phocide, unie à la Locride et à la Doride, forme auj. la nomarchie de Phocide et Locride, qui a pour ch.-l. Lamia.

PHOCION, homme d’État et général athénien, né vers 400 av. J.-C., d’une famille obscure, étudia la philosophie sous Platon et Xénocrate, fut formé à l’art militaire par Chabrias, se distingua à la fois à l’armée et à la tribune, et devint le chef du parti aristocratique d’Athènes. Il ne cessa de recommander la modération à l’égard des alliés, la paix et une stricte surveillance à l’égard de Philippe, l’économie dans l’administration et le retour aux vieilles vertus. Démosthène, dont il combattait les projets belliqueux, l’appelait la cognée de ses discours. Il déplaisait par sa rigidité au peuple d’Athènes ; mais le même peuple ne l’en estimait pas moins, et recourait toujours à lui au jour du danger : il fut nommé 45 fois général en chef. Phocion rendit des services éminents pendant la Guerre sociale, dirigée contre Athènes par ses anciens alliés (359-356), réussit à soustraire l’Eubée aux attaques de Philippe, et força ce prince à lever le siége de Byzance. Après le sac de Thèbes, il fut député vers Alexandre pour proposer le maintien de la paix, et mérita l’estime du prince macédonien, qui lui fit, à plusieurs reprises, les offres les plus brillantes : il les refusa toujours. Après la mort d’Alexandre, il s’opposa à la guerre lamiaque ; toutefois, quand elle eut été décidée, il accepta un commandement dans cette guerre, quoique âgé de plus de 80 ans ; il battit les Macédoniens sur la côte de l’Attique, mais il laissa surprendre le Pirée par Nicanor, lieutenant de Cassandre, ce qui le rendit suspect au peuple. Quand Athènes eut été occupée par Polysperchon, il fut, à l’instigation de ce général, condamné à mort par la populace égarée, et but la ciguë en 317. Peu après, ses concitoyens, honteux de cette injustice, lui érigèrent une statue. Sa vie a été écrite par Plutarque et Cornélius Népos.

PHOCYLIDE, poëte gnomique, de Milet, vivait vers la fin du VIe s. av. J.-C. Il avait composé des poèmes héroïques, des élégies, etc. Il ne nous reste sous son nom qu’une suite de sentences morales en 217 vers : encore sont-elles regardées comme apocryphes. Elles ont été imprimées avec celles de Theognis et autres gnomiques, puis éditées à part, Leipsick, 1751, et 1843 (par Bergck) ; elles ont été traduites en français par Duché, 1698, Lévesque, 1782, et Coupé. 1798.