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sortir de la Révolution, se consacrèrent à la défense de la religion. Il rédigea de 1810 à 1811, avec M. de Boulogne, les Mélanges de philosophie, d'histoire, de morale et de littérature, recueil périodique; fonda en 1814 l'Ami de la Religion et du Roi, qu'il rédigea jusqu’en 1840, et donna à la Biographie universelle un grand nombre d'articles relatifs à l'histoire ecclésiastique. Il a laissé plusieurs ouvrages estimables auxquels il n'a point mis son nom, notamment : Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe s., 1815; Essai sur l'influence de la religion en France pendant le XVIIe s., 1824.

PICPUS, anc. village à l'E. de Paris, joint actuellement au faubourg St-Antoine, devint en 1601 le siége d'une congrégation de religieux du Tiers-ordre de St-François, qui prit de là le nom d’ordre de Picpus. Supprimée en 1790, cette congrégation a été rétablie sous la Restauration.

PICQUIGNY, ch.-l. de c. (Somme), sur la Somme et le chemin de fer d'Amiens, à 14 kil. N. O. d'Amiens; 1346 hab. Vieux château. Chanvre, tourbe. — Guillaume Longue Épée, duc de Normandie, fut assassiné à Picquigny en 942 par Arnoul, comte de Flandre. Louis XI y conclut avec Édouard IV, roi d'Angleterre, le 29 août 1475, un célèbre traité de paix par lequel il promettait à Édouard 75 000 écus comptant, 50 000 écus pour la liberté de Marguerite d'Anjou, plus une pension de 50 000 écus : le dauphin Charles devait épouser la fille aînée du roi d'Angleterre.

PICTAVI ou PICTONES, peuple de Gaule, compris d'abord dans la Celtique, puis dans l'Aquitaine 2e, au N., avait pour ch.-l. Pictavi ou Limonum (Poitiers). Leur pays répondait au Poitou actuel.

PICTES, Picti, anc. habitants de la Calédonie, occupaient les comtés actuels d’Aberdeen, Banff, Elgin, Inverness, Perth, Forfar et Fife. On dérive ordinairement leur nom de Picti (peints), comme s'il signifiait tatoués; mais il est plus probable qu'il vient du gaélique pictioch, voleurs, qualification que leur valurent leurs incursions sur le territoire des Bretons soumis à l'empire. Les Pietés commencent à paraître au IIe s. de J.-C.; au IIIe, toute la Bretagne barbare fut partagée entre les Pictes et les Scots, dont une tribu, les Duns, possédaient le S. O. de l’Écosse actuelle. Les Pictes et les Scots résistèrent à tous les efforts des Romains; souvent même ils se réunirent pour envahir la Bretagne romaine et c'est pour empêcher ces incursions que furent bâtis les murs d'Adrien et de Septime-Sévère. Sans cesse en guerre, soit avec les Scots, soit entre eux, les Pictes finirent par décliner. Kenneth II, roi des Scots au IXe s., les extermina à la bataille de Stirling et réunit les 2 couronnes.

PICTET (Benoît), de Genève, 1655-1724, était pasteur et professeur de théologie dans sa ville natale, et fut élu membre de l'Académie de Berlin. Il a laissé, entre autres ouvrages estimés : la Morale chrétienne; Traité contre l'indifférence des religions; Theologia christiana; Hist. de l'Église et du monde; Annales des XIIe et XIIIe siècles.

PICTET (Auguste), savant genevois, 1752-1825, disciple et ami de Saussure, le remplaça en 1786 dans la chaire d'histoire naturelle de Genève, prit part en 1798 aux négociations relatives à l'annexion de Genève à la France, fut en 1802 membre du Tribunat, vota pour le consulat à vie de Napoléon, et fut nommé en 1807 inspecteur général de l'Université. Il était en outre président de la société pour l'avancement des arts de Genève et correspondant de l'Institut de France. Auguste Pictet fonda en 1796, avec son frère Charles, la Bibliothèque britannique, qui porta depuis 1816 le titre de Bibliothèque universelle de Genève. Il a laissé un grand nombre de dissertations sur des matières de physique et de mathématiques. — Ch. Pictet de Rochemont, frère du préc., 1755-1824, servit dix ans en France (1775-85), organisa les milices genevoises en 1789, défendit Genève on 1792 contre les Français, quitta la carrière politique quand Genève fut devenue française, n'y rentra qu'en 1814, et fut plénipotentiaire de Genève à Vienne (1814), puis à Paris (1815). Outre sa coopération à la Bibliothèque britannique, il rédigea un Journal d'agriculture et publia, entre autres écrits : Situation des États-Unis de l'Amérique, 1795 et 96; Cours d'agriculture anglaise, 1810; et une traduction de la Théologie naturelle de W. Paley.

PICTONES. V. PICTAVI.

PICTORIUS. V. PITTORIO.

PICUMNUS et PILUMNUS, dieux italiens, fils de Jupiter, présidaient aux augures, aux mariages et à la tutelle, et étaient honorés ensemble. Picus avait inventé l'art de fumer les terres, Pilumnus celui de moudre le grain : aussi ce dernier était-il surtout révéré des meuniers et des boulangers.

PICUS (c.-à-d. pivert), roi des Aborigènes en Italie, eut pour père Saturne, aima Canente, et fut changé en pivert par Circé, qu'il avait dédaignée.

PIDAVRO, nom moderne de l'anc. Épidaure.

PIDOUX (J.), médecin de Henri III et de Henri IV, né vers 1550, mort en 1610, était doyen de la Faculté de Poitiers. Il découvrit les vertus stomachiques des eaux de Pougues (Nivernais), et introduisit en France l'usage des douches.

PIDPAY. V. PILPAY.

PIE I (S.), pape, ainsi nommé à cause de son extrême piété, régna de 142 à 157 et combattit les hérésies de Valentin et de Marcion. On a des Lettres de lui.

PIE II, Æneas Sylvius Piccolomini, pape de 1458 à 1464, né en 1405 à Corsignano (nommée depuis Pienza), avait été secrétaire de l'emp. Frédéric III et avait reçu en 1456 le chapeau de cardinal. Devenu pape, il poursuivit avec ardeur la ruine des doctrines hostiles au St-Siége, qu'il avait autrefois partagées, mais qu'il rétracta solennellement; il publia la bulle Execrabilis contre les appels au futur concile (1460), et obtint de Louis XI en 1461 l'abolition de la Pragmatique de Bourges, qui toutefois, soutenue par le Parlement et l'Université, continua à être exécutée. Il fit tous ses efforts pour organiser une croisade contre les Ottomans : dans ce but il pressa le roi de France et le duc de Bourgogne, forma une ligue avec Mathias Corvin, Scanderbeg et la république de Venise, et se mit en personne à la tête de l'expédition; mais il mourut à Ancône au moment de s'embarquer. Æneas Sylvius fut à la fois théologien, orateur, diplomate, canoniste, historien, géographe, poëte même : il a laissé, entre autres ouvrages : Description de l'État de l'Allemagne, Hist. de l'Empire sous Frédéric III, Hist. du concile de Bâle, des Lettres, des Harangues, un roman d’Euryale et Lucrèce. Ses Œuvres ont été recueillies en un vol. in-fol., Bâle, 1571. Il a eu part aux Mém. sur sa propre vie, publiés par son secrétaire Gobellini. Sa Vie a été écrite par G. Voigt, 1855.

PIE III, Fr. Todeschini, neveu de Pie II, fut élu en 1503, mais ne régna que 27 jours.

PIE IV, Ange Medici, pape de 1559 à 1565, né à Milan, frère du marquis de Marignan, fit la guerre aux Turcs, vit finir le concile de Trente (1563), dont il confirma les canons, embellit Rome, rétablit l'ordre de St-Jean de Jérusalem, et créa l'imprimerie du Vatican. On lui reproche ses rigueurs à l'égard des Caraffa, neveux de Paul IV.

PIE V (S.), Mich. Ghisleri, pape de 1565 à 1572, né en 1504 à Bosco près d'Alexandrie, entra chez les Dominicains, fut prieur de l'ordre, et y fit refleurir la discipline. Devenu pape, il se montra très-sévère pour les hérétiques et en livra plusieurs au tribunal de l'inquisition romaine. Il s'unit contre les Turcs avec l'Espagne et Venise et eut part aux frais de l'armement de la flotte qui remporta la victoire de Lépante. Il soutint le parti catholique dans toute l’Europe : les Guises en France, Marie-Stuart en Écosse, Philippe II dans les Pays-Bas. Défenseur de la juridiction et des immunités de l'Église, il publia de nouveau, en y faisant des additions, la bulle In cœna Domini. Ses Lettres ont été publiées à Anvers, 1640. M. de Falloux a écrit son Histoire, 1846.