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PIE VI, J. Ang. Braschi, pape de 1775 à 1799, né en 1717 à Césène. Il se signala d'abord par d'utiles réformes et par de grandes entreprises, commença le dessèchement des Marais Pontins, rétablit la Voie Appienne, etc.; mais il fut bientôt arrêté dans ses projets par le malheur des temps. Il eut à combattre les dispositions hostiles de l'emp. Joseph II, du grand-duc de Toscane Léopold, et surtout de la France révolutionnaire, et repoussa la constitution civile du clergé. A la suite du meurtre tout accidentel d'un envoyé français (Basseville), ses États furent envahis, et il se vit forcé de signer avec le général Bonaparte le traité de Tolentino (19 fév. 1797), qui, outre 31 millions, lui enlevait les objets d'art les plus précieux et plusieurs provinces (les légations de Ferrare, de Bologne et de Ravenne). A l'occasion de la mort du gén. Duphot, tué à Rome dans une sédition, il fut attaqué dans Rome même (1798), arraché de son palais, et transporté successivement, malgré son âge et ses infirmités, à Sienne, à Florence, à Grenoble, enfin à Valence, où il succomba.

PIE VII, Barnabé Chiaramonti, pape de 1800 à 1823, né à Césène en 1740, d'abord bénédictin, puis évêque de Tivoli, reçut la pourpre en 1785 avec l'évêché d'Imola, fut élu pape après un interrègne et un long conclave tenu à Venise (1800), réorganisa ses États, signa un concordat avec Bonaparte (1801), puis vint le sacrer empereur à Paris (1804); mais, ayant quelques années après refusé d'expulser les ennemis de la France, il vit envahir les États romains et perdit successivement Bénévent, Ponte-Corvo, les légations d'Ancône, d'Urbin, de Macerata, de Camerino, enfin Rome même, qui en 1809 fut réunie à l'Empire français. Ayant à la suite de ces événements excommunié l'Empereur Napoléon (10 juin 1809), il fut enlevé de Rome et conduit à Savons, puis à Fontainebleau, où il subit une dure captivité. Le 25 janvier 1813, il se laissa arracher un Concordat nouveau, où il abdiquait sa souveraineté temporelle et consentait à résider en France; mais il rétracta ces concessions deux mois après. Au commencement de 1814, il retourna dans ses États, que le congrès de Vienne lui rendit presque intégralement. Il rétablit les Jésuites le 7 avril 1814 et signa de nouveaux concordats avec plusieurs puissances. Il eut la générosité de donner asile dans Rome à plusieurs membres de la famille de l'empereur déchu. On peut consulter sur ce pape : Histoire des malheurs et de la captivité de Pie VII, par Beauchamp, 1814; Précis historique sur Pie VII, par Cohen; Histoire de Pie VII, par Artaud de Montor, 1837.

PIE VIII, Fr. Xavier Castiglioni, né à Cingoli, près d'Ancône en 1761, était évêque de Frascati lorsqu'il fut élu pape en 1829, mais mourut dès 1830, après avoir régné 20 mois seulement. Par un bref de 1830, il posa des conditions aux mariages mixtes.

PIE IX (Ordre de), ordre romain, institué par le pape Pie IX le 17 juin 1847, jour anniversaire de son exaltation. L'insigne, qui se suspend à un ruban bleu liseré de rouge, est une étoile d'or à 8 rayons d'azur, portant au milieu le nom de Pius IX, entouré des mots Virtuti et merito. Il emporte la noblesse.

PIEDICORTE, ch.-l. de c. (Corse), au pied du mont Gaggio, à 20 kil. S. E. de Corte; 945 hab.

PIEDICROCE, ch.-l. de c. (Corse), à 22 kil. E. N. E. de Corte; 503 hab. Boissellerie.

PIEDIMONTE, v. d Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), à 34 k. N. de Caserte; 6000 h. Beau palais. Toile, papier, coton, usine à cuivre.

PIÉMONT (c.-à-d. pays au pied des monts), en latin Pedemontium, en italien Piemonte, région de l'Italie sept., à l'E. des Alpes grecques et au N. des Alpes maritimes, forme avec la Savoie le noyau des anc. États sardes et comprend 5 intend. générales : Turin, Coni, Alexandrie, Novare, Aoste : 270 kil. sur 225 ; 3 900 000 hab.; capit., Turin. Le Piémont est arrosé par le Haut-Pô, le Tanaro, la Stura, la Bormida, la Trebbia, la Doire, la Sesia, le Tessin. Le climat varie suivant la hauteur; le sol est fertile, surtout en riz et autres grains, en oranges, figues, truffes blanches; belles forêts qui donnent de la térébenthine, des noix de galle, etc.; on y élève beaucoup de vers à soie. Industrie florissante : soieries, lainages, cotonnades. — Le Piémont répond à la partie O. de la Gaule Transpadane et à la partie N. de la Ligurie. Sous le régime féodal, il fut possédé d'abord par les marquis de Suze, d'Ivrée, de Montferrat, et de Saluces. Vers la fin. du XIe s., il passa dans la maison de Savoie. Au XIIIes., le comte Thomas II de Savoie, ayant été nommé vicaire de l'empire dans cette partie de l'Italie, s'intitula prince de Piémont. De ses deux fils, Thomas III et Amédée V, sortirent deux lignes, l'une des princes de Piémont, l'autre des comtes de Savoie. Amédée VIII, un de ces derniers, déclaré en 1416 duc de Savoie, réunit les possessions des deux lignes à la mort de Louis, son beau-père (1429) : depuis cette époque jusqu'en 1860, le Piémont n'a plus été séparé de la Savoie. Au dernier s., pendant les guerres de succession d'Espagne et d'Autriche, le Piémont s'accrut de quelques annexes aux dépens du duché de Milan, savoir : 1° Alexandrie et Valence, la Lomelline, le val di Sesia (1703); 2° le Tortonais, le Novarais (1735 et 1736); 3° le Vigevanasc, partie du comté d'Anghiera, partie du Pavesan (Voghara, etc.), et le territoire de Bobbio (1745). En 1796, le Piémont fut occupé par les Français, et fit presque totalement partie de la république, puis de l'empire français; il composa les dép. de la Doire, du Po, de la Stura, de la Sésia, de Marengo; la partie orientale fournit au royaume d'Italie le dép. de l'Agogna (ch-l. Novare). Ce pays fit retour au roi de Sardaigne en 1814, et devint en 1859 le noyau du nouveau royaume d'Italie. V. ITALIE et SARDES (ÉTATS-).

PIENZA, jadis Corsignano, v. de Toscane, à 9 k. S. O. de Montepulciano. Évêché suffragant de Sienne. Patrie de Pie II, en l'honneur duquel elle changea son 1er nom en celui de Pienza.

PIÉRIDES, filles de Piérus, roi de Macédoine, étaient, comme les Muses, au nombre de neuf. Elles disputèrent aux Muses le prix du chant, furent vaincues et métamorphosées en pies. — Les Muses elles-mêmes sont souvent nommées Piérides, soit en souvenir de leur victoire sur les filles de Piérus, soit à cause du mont Piérus qui leur était consacré.

PIÉRIE, Pieria, région de l'anc. Grèce, sur la côte occid. du golfe Thermaïque, entre l'Haliacmon, au N. et à l'O., et l'Olympe au S., avait pour villes principales Dium, Pydna, Méthone. Elle devait son nom au mont Piérus. C'était un des pays consacrés au culte des Muses : c'est là que l'on fait vivre Orphée et Musée; c'est là que paraît être née la première poésie, toute religieuse, des Grecs. Les Piériens portèrent le goût de la poésie et de la musique dans la Grèce centrale, lorsqu'une de leurs tribus eut envahi la Béotie et fondé sur l'Hélicon une autre Piérie, consacrée aussi au culte des Muses. La Piérie fut conquise par les premiers rois macédoniens; Philippe II en acheva la conquête par la prise de Méthone.

PIERRE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 32 k. N. de Louhans; 1900. h. Beau château. — V. PETITE-PIERRE.

PIERRE (S.), en lat. Petrus, en hébreu Céphas, dit le Prince des apôtres, était frère de S. André, premier disciple du Sauveur, et exerçait le métier de pêcheur. Il s'appelait d'abord Simon Bar-Jone : Jésus changea son nom en celui de Céphas, qui voulait dire pierre, et lui dit, en le mettant à la tête des 12 apôtres (l'au 32) : « Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Il se trouvait au jardin des Oliviers lorsque les soldats y vinrent arrêter son divin maître : il les suivit chez le grand prêtre Caïphe, en se mêlant à la foule; là, comme on lui disait qu'il était un des disciples de Jésus, il renia son maître à trois reprises, mais il se repentit bientôt amèrement et fut pardonné. Il fut instruit un des premiers de la résurrection du Sauveur : Jésus lui apparut et lui dit :