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le nomma son aide de camp; revint clandestinement en France en 1804, avec son frère aîné Armand, entra ainsi que lui dans le complot tramé par Georges et Pichegru contre le premier consul, fut condamné à deux ans de prison, tandis qu'Armand était condamné à mort, tenta par un généreux dévouement de sauver son frère; fut, après l'expiration de sa peine, détenu par mesure de sûreté, s'évada à la fin de 1813, et alla rejoindre à Vesoul le comte d'Artois; pénétra un des premiers dans Paris, et y arbora le drapeau blanc dès le 31 mars 1814. Il remplit depuis diverses missions dans l'intérêt des Bourbons, notamment auprès du pape, qui lui conféra le titre de prince romain; fut nommé pair en 1816, mais refusa longtemps de prêter serment à la Charte; fut nommé en 1823 ambassadeur à Londres, et signa en cette qualité le traité qui autorisait l'expédition en faveur des Grecs; fut, quoique fort impopulaire, appelé par Charles X au ministère le 8 août 1829, et reçut avec le portefeuille des affaires étrangères la présidence du conseil; ne tarda pas à justifier toutes les craintes en signant, le 25 juillet 1830, les funestes ordonnances qui amenèrent la chute de Charles X et de la branche aînée des Bourbons; refusa obstinément tout accommodement pendant la lutte, tenta, après le triomphe définitif de la révolution, de s'échapper sous un déguisement, mais fut reconnu à Granville, transféré à Paris et traduit devant la Cour des pairs : il fut condamné à une prison perpétuelle, privé de tous ses titres, grades et ordres, et déclaré mort civilement. Après quelques années de détention au fort de Ham, il fut amnistié, en 1836; il passa en Angleterre, puis obtint de rentrer en France, où il put finir tranquillement ses jours. Ce ministre, auteur de tant de maux, était dans la vie privée un homme bon, pieux et honorable; sa conduite s’explique par des préjugés de naissance et d'éducation, par une foi aveugle dans les doctrines de l'ancien régime et par un dévouement chevaleresque pour Charles X. — Son frère aîné, le duc Armand, né en 1771, mort comme lui en 1847, était animé du même dévouement pour la monarchie. Arrêté avec lui en 1804 comme impliqué dans la conspiration de George Cadoudal, et condamné à mort, il ne dut son salut qu'à l'intercession de l'impératrice Joséphine. Enfermé au fort de Ham, il s'évada en 1813, fut nommé en 1814 aide de camp et 1er écuyer du comte d'Artois, puis maréchal de camp. Il fit partie en 1815 de la Chambre introuvable, entra à la Chambre des pairs à la mort de son père (1817), refusa en 1830 de prêter serment et rentra dans la vie privée.

POLIGNANO, v. et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de-Bari), sur l'Adriatique, à 35 kil. S. E. de Bari; 7000 hab. Évêché. Curieuses cavernes.

POLIGNY, Poliniacum, ch.-l. d'arr. (Jura), à 29 k. N. E. de Lons-le-Saulnier, au pied d'une montagne; 5401 hab. Justice de paix (le tribunal de 1re inst. est à Arbois), collége. Fabriques de bonneterie, chandelles, tonneaux, faïence, salpêtre, etc. Commerce en grains, vins, bestiaux, fromages, etc. Patrie de J. Coythier, médecin de Louis XI. — Ville jadis importante : elle était, sous les Romains, la résidence du gouverneur de la Séquanaise, et fut, au moyen âge, une des habitations des comtes et ducs de Bourgogne; elle fut érigée en commune en 1288. Elle fut prise en 1595 par Henri IV, en 1638 par le duc de Longueville, en 1674 par Condé.

POLIORCÈTE (DÉMÉTRIUS). V. DÉMÉTRIUS.

POLITIEN (Ange Ambrogini), littérateur italien, né en 1454 en Toscane, à Monte-Pulciano (d'où son nom), mort en 1494, obtint dès sa 1re jeunesse la faveur des Médicis par des stances sur un tournoi dans lequel Julien de Médicis avait remporté la palme, devint l'instituteur des deux fils de Laurent de Médicis, dont l'un fut plus tard le pape Léon X, fit à Florence des cours de littérature grecque et latine et de philosophie qui attirèrent un grand nombre d'auditeurs, entra dans l'Église à la fin de sa vie et obtint un canonicat à Florence. Il a laissé d'élégantes poésies italiennes; une Histoire de la conjuration des Pazzi, en latin, 1478; des Commentaires sur les Pandectes, 4 poëmes Bucoliques latins, des épigrammes grecques, une traduction latine d’Hérodien. On a aussi de lui un recueil de Lettres, en 12 livres, précieuses surtout par les détails historiques sur la 2e moitié du XVe siècle. Soit comme prosateur, soit comme poëte, Politien a manié la langue latine avec un talent qui en fait un émule des anciens. En outre, il a beaucoup contribué à répandre la connaissance et le goût de la littérature ancienne : on lui doit la découverte de nouveaux morceaux de Quintilien. Ses Œuvres ont été réunies à Venise dès 1498 et plusieurs fois réimprimées, notamment à Paris, 1512, et Bâle, 1654, in-f.

POLITIQUES, tiers parti qui se forma lors des guerres civiles religieuses sous Charles IX et Henri III. Il se composait des mécontents du parti catholique et du parti protestant, ce qui les fait aussi désigner sous le nom de Malcontents. S'inspirant des sentiments du chancelier de L'Hôpital, les Politiques recommandaient la tolérance mutuelle et se proposaient de rétablir la paix par une transaction équitable entre les deux communions. Leurs chefs étaient : François d'Alençon, frère du roi, le roi de Navarre, Henri de Bourbon, le prince de Condé, les Montmorency, etc. Quelques imprudents de ce parti formèrent une conspiration contre Charles IX en 1574, et deux d'entre eux, La Mole et Coconas, favoris du duc d'Alençon, furent décapités. Après la mort de Charles IX, ils prirent les armes, mais leur armée fut battue à Dormans par Henri de Guise, 1575. Henri III gagna les principaux chefs, en leur accordant des conditions avantageuses au traité de Beaulieu, 1576, et le parti sembla dissous. Cependant, les idées qu'il soutenait firent leur chemin et préparèrent cette majorité nationale qui, ne voulant ni d'un roi hérétique, ni d'un roi étranger, repoussa les prétentions du foi d'Espagne Philippe II à la couronne de France, et se rallia à Henri IV, dès que ce prince se fut converti.

POLK (J. KNOX), 11e président des États-Unis, né en 1795 dans la Caroline du Sud, m. en 1849, avait d'abord été avocat dans le Tennessee. Député au Congrès en 1825, puis président de la Chambre des représentants, il fut nommé gouverneur du Tennessee par l'influence du général Jackson, et fut porté en 1845 à la présidence de l'Union par le parti démocratique. Il annexa le Texas aux États-Unis, 1845, termina le différend qui s'était élevé avec l'Angleterre au sujet de l'Orégon, 1846, et fit au Mexique une courte guerre qui valut aux États-Unis le Nouveau-Mexique et la Californie, 1847. L'excès du travail hâta sa fin : il mourut peu après avoir quitté la présidence.

POLLENTIA, auj. Polenza, v. de Ligurie, chez les Statiellates, au S. O. d’Asta et d’Alba Pompeia, était célèbre chez les anciens par ses laines noires. Stilicon y remporta une grande victoire sur Alaric en 403.

POLLION, C. Asinius Pollio, orateur et personnage politique, né à Rome l'an 76 av. J.-C., m. l'an 4 de l'ère chrétienne, s'attacha d'abord à César, qu'il accompagna au passage du Rubicon et à la bat. de Pharsale, puis servit Antoine et reçut de lui le commandement des légions campées à Mantoue : c'est là qu'il eut l'occasion de connaître Virgile, dont il sauva le patrimoine. Consul en 40 av. J.-C., il prit Salone sur les Dalmates révoltés, ce qui lui valut les honneurs du triomphe. Il chercha vainement à réconcilier Octave et Antoine. Las enfin des caprices et de l'orgueil de ce dernier, il abandonna la carrière publique pour se vouer au barreau et aux lettres et entreprit d'écrire l’Histoire des guerres civiles de Rome. Outre cette Histoire, en 27 livres, qui ne nous est pas parvenue, il avait laissé des discours, des lettres, des tragédies, un livre contre Salluste; on n'a conservé de lui que trois lettres à Cicéron (dans le livre des Épîtres familières), et de courts fragments de son histoire et de ses discours. Pollion fut, comme Mécène, le protecteur des lettres et l'ami de Virgile et d'Horace, qui l'ont immortalisé dans leurs écrits : c'est