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du concile de Trente, et devint sous la reine Marie archevêque de Canforbéry et président du conseil royal. On a de lui : Pro unitate ecclesiæ, ad Henricum VIII; Reformatio Angliæ, 1556.

POLYBE, Polybius, roi de Corinthe, avait adopté Œdipe dans son enfance et lui destinait son trône. Après le départ d'Œdipe, il choisit pour successeur Adraste, qui, chassé d'Argos, s'était réfugié à sa cour.

POLYBE, historien grec, fils de Lycortas, né à Mégalopolis vers 206 av. J.-C., passa sa jeunesse près de Philopœmen, qui le forma dans l'art de la guerre, s'efforça, mais en vain, de maintenir la neutralité des Achéens entre Rome et la Macédoine, fut envoyé à Rome en otage (166), et ne recouvra sa liberté que 17 ans après. Pendant son séjour en Italie, il fit une étude approfondie de la politique et de l'état militaire des Romains et s'acquit l'amitié des deux fils de Paul-Émile, surtout du second Scipion l'Africain, qu'il accompagna au siége de Carthage (146); il voyagea ensuite en Afrique, en Espagne, en Gaule, et fut chargé par les Romains de diverses missions près des Grecs, en faveur desquels il réussit plus d'une fois à adoucir le vainqueur. Il m. en 124, à 82 ans. Il avait écrit la Vie de Philopœmen, la Guerre de Numance, une Tactique, et une Histoire générale de son temps, en 40 livres, où il menait de front l'histoire de Rome et celle des États contemporains : cette Histoire ne s'étendait que de l'an 220 à 146 av. J.-C., mais l'auteur présentait dans les 2 premiers livres un tableau des événements antérieurs. Nous possédons seulement les 5 premiers livres de l’Histoire générale et des fragments assez considérables des autres livres. Ces fragments se composent : 1° d'une double série d'extraits formés par ordre de Constantin VII et intit. Ambassades et Exemples des vertus et des vices; 2° de passages recueillis dans les auteurs anciens; 3° de fragments récemment découverts par A. Mai dans les palimpsestes, par C. Muller à l'Escurial, par M. Mynas au mont Athos. Considéré comme écrivain, cet auteur laisse à désirer : il se livre à de fréquentes digressions; il raconte froidement; ses portraits manquent de vie, son style est souvent prétentieux, pénible ou monotone; mais il se distingue entre tous par l'exactitude, le jugement et l'impartialité : historien philosophe, il scrute les causes et les ressorts des événements; il fait comprendre les opérations diplomatiques ou militaires; il révèle les caractères, les talents et les fautes des acteurs politiques; c'est l'historien des hommes d'État, des hommes de guerre et des penseurs. La 1re édition grecque de Polybe est de 1530; auparavant on n'avait que la traduction latine des cinq premiers livres par Perotti; ensuite vinrent les éditions d'Isaac Casaubon, Paris, 1609; de Jacq. Gronovius, Leyde, 1670, de Schweighæuser, Leipsick, 1792, 8 vol. in-8, de Bekker, Berlin, 1844. F. Didot a réimprimé l'édition de Schweighæuser avec des notes inédites de ce savant, et les nouveaux fragments découverts à l'Escurial par C. Muller, 1840, grand in-8. Ernesti a donné un Lexicon Polybianum. L’Histoire de Polybe a été trad. en franç. par dom Thuillier, avec des Commentaires de Folard, 1727-30, 6 v. in-4, et par F. Bouchot, 1847, 3 v. in-12.

POLYCARPE (S.). évêque de Smyrne, s'était converti fort jeune au Christianisme, et s'était attaché à S. Jean l’Évangéliste. Il eut lui-même pour disciples S. Photin et S. Irénée. Il subit le martyre à Smyrne vers l'an 167; il avait près de 95 ans. On le fête le 26 janvier. On a de lui une Épître aux Philippiens.

POLYCLÈTE, statuaire et architecte, né vers 480 av. J.-C., à Sicyone ou à Argos, est célèbre surtout par sa belle Junon colossale, faite pour le temple d'Argos, qui avait la tête, la poitrine, les bras et les pieds en ivoire; le reste, composé des vêtements, était en or. Cet artiste avait écrit un livre sur les proportions du corps humain et avait exécuté une statue-modèle, dite le Canon, c'est-à-dire la règle, dans laquelle il avait réuni toutes les perfections du corps humain. Comme architecte, ses chefs-d'œuvre étaient un Tholus, monument circulaire en marbre blanc, à Épidaure, et un théâtre enfermé dans le temple d'Esculape de la même ville.

POLYCRATE, tyran de Samos (535-524 av. J.-C.), s'empara de l'autorité en faisant périr ses deux frères, avec lesquels il avait d'abord partagé le pouvoir, amassa de grandes richesses, soumit plusieurs îles de la mer Égée, défit les Milésiens venus au secours de ceux de Lesbos, et devint assez puissant pour qu'Amasis, roi d’Égypte, et Cambyse, roi de Perse, recherchassent son alliance. Protecteur des lettres et des sciences, il reçut à sa cour Anacréon et Phérécyde, et rassembla une riche bibliothèque. Il fut longtemps célèbre par son bonheur. On raconte qu'inquiet lui-même de l'étonnant succès qu'obtenaient toutes ses entreprises, il voulut, pour prévenir la jalousie des dieux, s'imposer un sacrifice en jetant à la mer un anneau d'un grand prix; mais, que peu de jours après cet anneau fut retrouvé dans le corps d'un poisson et lui fut rapporté. Polycrate périt peu après de la manière la plus malheureuse : pendant qu'il méditait la conquête de l'Ionie, il fut pris en trahison par Orétès, gouverneur de Sardes pour Cambyse, qui le fit mettre en croix.

POLYDECTE, roi de l'île de Sériphe, recueillit Danaé et Persée, qui avaient été livrés à la mer enfermés dans un coffre. Ayant voulu dans la suite faire violence à Danaé, il fut puni par Persée qui le pétrifia en lui présentant la tête de Méduse.

POLYDECTE, roi de Sparte de 907 à 898, père de Charilaüs, dont Lycurgue, son frère, fut le tuteur.

POLYDORE, fils de Priam. V. POLYMNESTOR.

POLYDORE DE CARAVAGE. V. CARAVAGE.

POLYDORE VIRGILE, historien. V. VIRGILE.

POLYEN, Polyænus, écrivain grec du IIe s. de J.-C., natif de Macédoine, était avocat à Rome sous Marc-Aurèle. Il a laissé : Stratagèmes ou Ruses de guerre, en 8 livres, compilation faite sans art, mais remplie de faits intéressants : elle fut composée en l'an 163 et dédiée aux emp. Marc-Aurèle et Vérus. Les Stratagèmes ont été publiés par Is. Casaubon, Pasis, 1589; par Coray, 1809, par E. Woelflin, Leips., 1860, et trad. par dom G. A. Lobineau, 1739 et 1770.

POLYEUCTE (S.), martyr d'Arménie au IIIe s., servait à Mélitène dans l'armée romaine, lorsqu'il fut converti par son ami Néarque. Ayant confessé J.-C., il eut la tête tranchée vers 250 ou 257. On le fête le 13 février. Les actes de ce saint sont peu avérés. On sait que le martyre de Polyeucte a inspiré à Corneille une de ses plus sublimes tragédies.

POLYGNOTE, de Thasos, peintre qui florissait vers 396 av. J.-C., fit faire de grands progrès à l'art. On admirait surtout son dessin et le beau caractère de ses figures. Ses ouvrages les plus estimés se trouvaient à Athènes, où il peignit à fresque une partie du Pécile, et à Delphes, où il représenta sur les murs du Lesché la Destruction de Troie.

POLYHISTOR (Alexandre). V. ALEXANDRE P.

POLYMNESTOR, roi de la Chersonèse de Thrace, avait épousé Ilione, fille de Priam et d'Hécube. Au début de la guerre de Troie, Priam lui confia Polydore, son plus jeune fils, avec de grands trésors; mais, après la chute d'Ilion, Polymnestor tua le jeune prince et s'empara de ses richesses. Débarquée par hasard sur la côte de Thrace, Hécube, ayant revu Polymnestor, se jeta sur lui, lui arracha les yeux et tua ses enfants.

POLYMNIE ou POLYHYMNIE (de polys, beaucoup, et hymnos, hymne), muse de la poésie lyrique, inventa l'harmonie. On la représente dans une attitude pensive, le doigt sur la bouche; on lui donne pour attributs le sceptre, le laurier et un rouleau de papyrus.

POLYNÉSIE (c.-à-d. en grec nombreuses îles), une des grandes divisions de l'Océanie, à l'E. de la Micronésie et de la Mélanésie, comprend les innombrables petites îles qui composent les archipels compris entre 160° long. E.-105° long. O., et 35° lat. N.-56° lat. S, Pour l'énumération des principaux de ces archipels, V. l'art. OCÉANIE. — Quiros, Tasman, Roggeween,