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Bougainville, Cook, La Pérouse, Dumont-d'Urville sont les navigateurs qui ont fait le plus de découvertes dans la Polynésie.

POLYNICE, prince thébain, né de l'union incestueuse d'Œdipe et de Jocaste, était le frère jumeau d'Étéocle. Les deux frères nourrirent toujours l'un contre l'autre une haine mortelle. Après la catastrophe d'Œdipe, Polynice convint avec son frère qu'ils régneraient un an sur Thèbes à tour de rôle; il laissa Étéocle commencer, mais, l'année révolue, celui-ci refusa de céder la couronne. Aidé par Adraste, roi d'Argos, dont il avait épousé la fille, Polynice vint, accompagné de six autres princes grecs, mettre le siége devant Thèbes, et commença la guerre dite des Sept-Chefs. Les deux frères s’étant rencontrés dans le combat se tuèrent réciproquement. On prétend que la mort même n'éteignit pas leur ressentiment et que, leurs corps ayant été mis sur le même bûcher, on vit la flamme se diviser en deux langues qui parurent se combattre. Créon, leur oncle, resté maître de Thèbes, défendit de rendre les derniers honneurs à Polynice, et fit périr Antigone pour avoir contrevenu à ses ordres. On place ces événements vers l'an 1315 av. J.-C. La lutte d'Étéocle et de Polynice a fourni à Racine le sujet des Frères ennemis.

POLYPHÈME, fameux cyclope, fils de Neptune et de la nymphe Thoosa, était d'une taille colossale, d'une laideur affreuse et n'avait qu'un seul œil au milieu du front. Il habitait en Sicile un antre voisin de la mer, et faisait paître ses troupeaux dans de vastes prairies; il se nourrissait de chair humaine et s'abreuvait du lait de ses troupeaux. Dédaigné par Galatée qu'il aimait, il écrasa Acis, son rival, sous un quartier de roc. Lorsque la tempête jeta Ulysse et son équipage sur les côtes de Sicile, il les enferma dans sa caverne pour les manger; déjà il en avait dévoré deux quand Ulysse, ayant réussi à l'enivrer, lui creva son œil unique avec un pieu et parvint, par un ingénieux stratagème, à sortir de l'antre malgré sa rage. Cette aventure est racontée par Homère dans l’Odyssée (l. IX) et par Ovide dans ses Métamorphoses (l. XIV). Euripide a mis Polyphème en scène dans son Cyclope.

POLYPHONTE, du sang royal de Messénie, tua le roi Cresphonte, son parent, et tous les princes de la famille royale, sauf Téléphonte (ou Æpytus), qui lui échappa; puis s'empara du trône et força Mérope, veuve de Cresphonte, à l'épouser ; mais il finit par périr lui-même de la main de Téléphonte, quand ce prince fut parvenu à l'adolescence. V. MÉROPE.

POLYSPERCHON, général d'Alexandre, commandait les Stymphéens à la bataille d'Arbèles, et conquit la Bubacène; mais il encourut par sa franchise la disgrâce d'Alexandre, qui le mit en prison et ne lui pardonna que longtemps après. En 320, il remplaça Antipater dans la tutelle des rois et la régence de l'empire; mais il ne tarda pas à être attaqué par Cassandre, fils d'Antipater, aidé de Ptolémée : vaincu en plusieurs rencontres et abandonné de ses alliés, il fut obligé de se réfugier chez les Étoliens (317). Il reparut quelques années après avec Hercule, fils d'Alexandre et de Barcine, qu'il voulait mettre sur le trône; mais, séduit par les promesses trompeuses de Cassandre, il consentit à empoisonner le jeune prince (309). Loin de se fortifier par ce crime, il se priva de tout appui. On ignore ce qu'il devint depuis.

POLYTIMÈTE, Polytimetus, riv. de Sogdiane, qui passait à Maracanda, est auj. le Zer-Afchâne.

POLYXÈNE, une des plus jeunes filles de Priam et d'Hécube, était très-belle. Achille, épris de ses charmes, la demanda et l'obtint; il allait l'épouser, quand Pâris le tua en trahison : Polyxène se perça le sein de désespoir. Selon une autre tradition, Pyrrhus vengea la mort de son père en immolant Polyxène sur le tombeau d'Achille.

POMARD, vge du dép. de la Côte-d'Or, à 4 kil. S. O. de Beaune; 1200 hab. Vins fameux, les plus exquis de la côte de Beaune après ceux de Volnay.

POMARÉ, nom de plusieurs princes qui régnèrent sur Taïti. P. I, né vers 1748, m. en 1803, accueillit les étrangers, surtout les missionnaires anglais, eut par suite à lutter contre ses sujets insurgés et les réduisit avec le secours des armes anglaises. — P. II, né en 1781, m. en 1821, eut également à lutter contre ses sujets parce qu'il donnait toute sa confiance aux Anglais, se vit obligé en 1807 de se réfugier dans l'île Huahine, où il se fit baptiser, fut rappelé à Taïti en 1817, y propagea son nouveau culte et traduisit lui-même l’Évangile en taïtien. — Sa fille, nommée aussi Pomaré, née en 1822, régnait sur Taïti lorsque cinq des chefs principaux de l'île, las de leurs querelles intestines, se placèrent sous la protection de la France (1842). Soutenue par les Anglais, elle protesta contre cet acte et fut par suite obligée de s'exiler dans une île voisine, mais elle finit par accepter le protectorat (1847), et vécut depuis en bonne intelligence avec la France. A la suite d'une révolution intérieure, elle abdiqua en 1852 en faveur de son fils aîné, Tamatoa.

POMBAL, v. du Portugal (Estramadure), à 34 kil. N. E. de Leyria; 5000 h. Ruines d'un château fort. — Elle appartenait jadis à l'ordre des Templiers, et fut cédée à celui du Christ en 1357; on y fonda ensuite en faveur de la famille de Carvalho-Melho une commanderie, qui, en 1770, fut érigée en marquisat.

POMBAL (don Séb. Jos. CARVALHO-MELHO, comte d'Oeyras, marquis de), ministre portugais, né en 1699 à Soura près de Coïmbre. Après avoir été secrétaire d'ambassade à Londres (1739), ambassadeur à Vienne (1745), il fut nommé en 1750 par le roi Joseph ministre des affaires étrangères, devint au bout de peu d'années principal ministre et garda l'autorité pendant 27 ans. Il s'occupa sans relâche de donner de la force au gouvernement, de comprimer les factions, d'affaiblir les nobles, de favoriser le commerce, et fit tous ses efforts pour réparer les maux causés par le tremblement de terre de Lisbonne (1755). Fort hostile aux Jésuites, il leur retira l'administration du Paraguay, obtint contre eux de la cour de Rome un décret de réforme (1757), puis les impliqua dans un complot contre la vie du roi (1758) et les fit définitivement expulser du Portugal (1759) ainsi que du Brésil (1760). — Il s'efforça d'enlever aux Anglais le commerce exclusif du Portugal; néanmoins, dans la guerre de 1762, entre la maison de Bourbon et l'Angleterre, il se déclara en leur faveur et refusa d'accéder au Pacte de famille. Comblé de faveurs par Joseph I, qui le créa en 1759 comte d'Oeyras et en 1770 marquis de Pombal, il perdit tout son crédit à la mort de ce prince (1777); il se vit même assailli de mille accusations, mis en jugement et banni de la cour (1781). Il mourut en exil dix mois après (1782). Pombal est un des grands ministres qu'ait eus le Portugal : il laissa en quittant les affaires 240 millions en caisse, mais il avait les formes tyranniques et était fort engoué des idées philosophiques du XVIIIe siècle.

POMÈGUE, petite île de la Méditerranée, près de la côte du dép. des Bouches-du-Rhône, dans la baie de Marseille, et à 8 k. S. de ce port. Les navires arrivant d'Afrique et du Levant y font quarantaine.

POMÉRANIE, Pommern, prov.des États prussiens, entre le duché de Mecklembourg à l'O., la Prusse propre à l'E., le Brandebourg au S., la mer Baltique au N.; 430 kil. de l'E. à l'O. sur 60 de largeur moyenne ; 1 300 000 hab. (en y comprenant l'île de Rugen); ch.-l., Stettin. Elle est divisée en 3 régences (Stralsund, Stettin, Cœslin). Beaux ports, places très-fortes, université (à Greifswalde). La Pomeranie est arrosée par l'Oder, qui la coupe en deux, par la Recknitz, la Peene, la Swine, l'Ihna, la Rega, la Persante. C'est un pays humide, assez froid, médiocrement fertile; cependant il produit des céréales, du chanvre, du tabac, et est riche en bois et en pâturages; ses oies fumées, ses jambons et saucissons sont renommés. On trouve de l'ambre sur ses bords. Le luthéranisme y domine. — Cette contrée (dont le nom dérive du slave Pomarski, près de la mer) fut successivement habitée par divers peuples barbares :