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Prusse propre...
Kœnigsberg. — Gumbinnen. — Dantzick. — Marienwerder.
Saxe...
Magdebourg. — Mersebourg. — Erfurt.
Westphalie...
Münster. — Minden. — Arensberg.
Province Rhénane.
Cologne. — Dusseldorf. — Coblentz. — Aix-la-Chapelle. — Trêves.
Hanovre...
Hanovre. — Hildesheim. — Lunebourg. — Stade. — Osnabruck. — Aurich.
Slesvig-Holstein... Kiel. — Slesvig.

Districts gouvernementaux de Cassel et Wiesbaden. — Principauté de Hohenzollern.

La Prusse embrasse des pays très-éloignés et très-divers. En Silésie, en Saxe et vers le Rhin, elle a beaucoup de montagnes (les monts Sudètes, Carpathes, Harz, Thuringerwald, Teutoburgerwald, etc.); dans les autres parties, c'est une plaine immense. La mer baigne environ 500 kil. des côtes de la Prusse. De nombreux chemins de fer, aboutissant pour la plupart à Berlin, facilitent encore les communications. Le Rhin, le Weser, l'Elbe, l'Oder et la Vistule sont les principaux fleuves qui l'arrosent. Il s'y trouve, surtout à l'E., beaucoup de lacs, d'étangs, et deux grandes lagunes, dites Kurische-Haff et Preussische-Haff. Divers canaux font communiquer ensemble l'Elbe, l'Oder et la Vistule. Le climat, variant selon la latitude, devient très-froid et très-humide au nord. La Silésie et les provinces à l'O. du Weser sont très-fertiles, mais dans le Brandebourg le sol est très-maigre; env. 6 millions d'hectares sont couverts de forêts. Productions principales : grains, légumes, lin, chanvre, safran, tabac, houblon; sur les bords du Rhin, vin, miel, soie. Fer, cuivre, étain, plomb, alun, salpêtre, chaux, albâtre, kaolin, jaspe, onyx et autres pierres précieuses; ambre jaune sur les côtes de la Baltique. Eaux minérales (à Aix-la-Chapelle), Warmbrunn, Hirschberg, etc.). Industrie active (draps, toiles, soieries, selleries, carrosserie, chapeaux, papier, tapis, horlogerie, brasseries, tanneries, bleu de Prusse, fonderie de fer). Commerce assez florissant, surtout à l'O. du Weser; il est facilité par l'association de douanes connue sous le nom de Zollverein et qui embrasse presque toute l'Allemagne. Le gouvt est monarchique et représentatif. La maison régnante est la ligne cadette des Hohenzollern. La liberté de conscience est illimitée : bien que la grande majorité de la population soit luthérienne, la religion catholique y a 2 archev. (Gnesen, Cologne) et 8 év. (Breslau, Culm, Ermeland Munster, Paderborn, Trêves, Hildesheim et Osnabruck). L'instruction est fort avancée; (6 universités : Berlin, Kœnigsberg, Halle, Breslau, Greisfwald et Bonn). L'armée est très-forte : composée de troupes régulières et d'une milice nationale appelée Landwehr, elle s'élève à plus de 600 000 hommes. La monarchie pruss., qui faisait partie de l'ancienne Confédération germanique, même y compris Posen et la Prusse propre (qui y furent admises en 1848), fait de même aujourd'hui partie tout entière de la Confed. de l'Allem. du N., dont elle a la présidence avec le commandement des armées de Conféd. Sur les 43 voix du Conseil fédéral, elle en a 17, et, par sa prépondérance, dispose presque de toutes les autres.

Histoire. La monarchie prussienne se composant de pays fort divers, qui n'ont été réunis qu'assez récemment, on s'attachera surtout ici à indiquer les acquisitions successives qui ont formé cette puissance et on se bornera à rappeler les événements principaux des États prussiens depuis le XVe s., époque où commence leur réunion, renvoyant pour ce qui précède cette époque à l'article particulier de chacun de ces Etats. V. PRUSSE PROPRE, POSEN, POMÉRANIE, SAXE, SILÉSIE, WESTPHALIE, etc.

1° Un comte de Hohenzollern, Conrad, tige de la maison de Brandebourg, fit dès 1164 l'acquisition du burgraviat de Nuremberg, qui n'a cessé d'appartenir à cette maison jusqu'en 1801. — 2° De 1248 à 1331, ses successeurs acquirent, entre autres terres, Anspach, Culmbach et Bayreuth; les possessions de cette maison embrassaient à cette époque presque toute la Franconie; mais elles furent, au commencement du XVe siècle, divisées entre les deux fils de Frédéric V de Hohenzollern (Jean III, l'aîné, et Frédéric VI, le cadet). — 3° En 1415, le margraviat de Brandebourg, qui avait appartenu successivement à la maison Ascanienne et à celles de Bavière et de Luxembourg, fut acheté, avec le titre d'électeur qui y était attaché, par Frédéric VI de Hohenzollern, qui prit le titre de Frédéric I de Brandebourg. Bientôt Frédéric II Dent de Fer y joignit la Nouvelle-Marche (1445). Ces possessions, qui avaient été partagées à la mort de Frédéric I (1440), furent de nouveau réunies par Albert l'Achille (1471) à la mort de Frédéric II. — 4° Par le traité de Xanten (1614) et celui de Dusseldorf (1624), Jean Sigismond réunit à ses États la moitié de la succession de Juliers (c.-à-d. Clèves, La Mark et Ravensberg). — 5° En 1618, le même Jean Sigismond réunit à ses États le duché de Prusse ou Prusse ducale, comme gendre du dernier duc Albert II, lequel lui-même était un Hohenzollern, mais de la ligne d'Anspach et Bayreuth. Cette Prusse ducale, qui était fief polonais lors de l'acquisition, devint complètement souveraine par l'acte de Labiau, en 1656, et par le traité de Wehlau, en 1657. — 6° En 1648, par le traité de Westphalie, Frédéric Guillaume, dit le Grand Électeur, acquit la Poméranie orientale, les archevêchés et évêchés sécularisés de Magdebourg, Halberstadt, Minden et Camin et le comté de Hohenstein. — 7° Après l'institution de Frédéric III comme roi sous le nom de Frédéric I (1701), eut lieu l'acquisition de Mœrs en 1702, de Tecklembourg, Vallengin et Neuchâtel en 1707, de partie des Gueldres en 1713 (paix d'Utrecht), de Wollin, Usedom, Stettin, et de moitié de la Poméranie antérieure en 1720 (paix de Stockholm). — 8° Frédéric II, en 1741 et 1742, conquiert sur l'Autriche presque toute la Silésie, que lui laissent la paix d'Aix-la-Chapelle (1748) et celle d'Hubertsbourg (1763). Il avait en outre hérité en 1743 de la Frise orientale. — 9° Le même Frédéric obtint pour sa part, au 1er démembrement de la Pologne (1772-73), la Prusse polonaise, moins Dantzick et Thorn. Frédéric Guillaume II y joignit en 1793 ces deux villes et toute la Grande-Pologne, sous le nom de Prusse méridionale, et, en 1795, Bialystok, Plock, etc., sous celui de Nouv. Prusse orientale. Il avait en outre obtenu en 1791 la cession des margraviats d'Anspach et de Bayreuth. — 10° Après avoir, dans les guerres de la Révolution, perdu ses possessions à l'O. du Rhin, la Prusse avait reçu d'avantageuses compensations à l'E., en Saxe et en Westphalie; en outre, le Hanovre lui avait été cédé en 1806 par Napoléon; mais, la guerre ayant éclaté peu de mois après, ses troupes furent chassées du Hanovre, et, en 1807, le traité de Tilsitt lui retira tout ce qu'elle possédait en Westphalie et en Franconie, plus la Grande-Pologne, qui devint le grand-duché de Varsovie. Refoulée sur l'Oder, la Prusse allait être réduite à rien si la chute de Napoléon ne l'eût soudainement relevée. Elle recouvra en 1814 et 1815 un quart environ de la Grande-Pologne, toutes ses autres possessions (sauf Anspach et Bayreuth), eut de plus la Poméranie suédoise, près de la moitié du roy. de Saxe, et reçut, tant à l'E. qu'à l'O. du Rhin, une foule de territoires qui formèrent la Prusse Rhénane ou Gr.-duché du B.-Rhin. — 11° Enfin, en 1849, les princes souverains de Hohenzollern-Hechingen et de Hohenzollern-Sigmaringen cédèrent leur principauté à Frédéric Guillaume IV, moyennant un revenu annuel et avec réserve de leurs droits à la succession de Prusse.

Les événements capitaux de l'histoire de la Prusse depuis l'acquisition du Brandebourg par la maison de Hohenzollern (1415) sont : le rôle important joué