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HUME (David), philosophe et historien, né en 1711 à Édimbourg, d'une famille noble, mais peu fortunée, passa sa jeunesse en France où il habita Reims, puis La Flèche, et composa dans cette dernière ville son premier ouvrage, le Traité de la Nature humaine (1737), qui fut peu remarqué. Il le fit suivre d’Essais moraux, politiques et littéraires (1742), qui commencèrent sa réputation. De retour en Angleterre en 1746, il fut successivement précepteur du marquis d'Annaldale et secrétaire du général St-Clair, qu'il accompagna dans son ambassade à Vienne et à Turin. Il publia en 1751 de nouveaux Essais, en 1752 des Recherches sur les principes de la morale, une Histoire naturelle de la religion, et quelques autres écrits philosophiques. Il fut nommé la même année bibliothécaire à Edimbourg. C'est alors qu'il entreprit le plus important de ses ouvrages, l’Hist. d'Angleterre, qui parut de 1754 à 1761. Il accompagna en 1761 lord Hertford à Paris comme secrétaire d'ambassade, et s'y lia avec J. J. Rousseau, qui le suivit à Londres en 1766 ; mais il survint bientôt entre les deux amis une rupture éclatante. Il fut nommé en 1767 sous-secrétaire d’État; deux ans après il quitta les affaires et se retira à Édimbourg, où il mourut en 1776. Comme philosophe, Hume professa un scepticisme d'un nouveau genre : selon lui, nos idées ne sont que des copies des impressions que nous avons reçues, et ne peuvent nullement nous instruire de la réalité des objets; il nous réduit ainsi à l'idéalisme et à une sorte de nihilisme; il attaqua surtout l'idée de cause et le rapport de cause à effet, dans lequel il ne voit que la succession constante de faits associés dans notre esprit par l'habitude; il mit en doute la Providence, la religion, les miracles; cependant il respecta la morale, prouva qu'on ne peut la fonder sur l'intérêt et admit une sorte de sentiment moral. Comme historien, Hume introduisit une critique sévère dans l'examen des faits; cependant il se montre quelquefois partial : son Histoire d'Angleterre est condamnée à Rome, ainsi que ses Essais philosophiques. Les Œuvres philosophiques de Hume ont été pour la 1re fois réunies en 1826, à Édimbourg; son Histoire a été plusieurs fois réimprimée, notamment en 1826, à Oxford, 13 v. in-8, avec la continuation de Smollett. Ses Œuvres philosophiques ont été traduites en français, en 7 v. in-12, Londres, 1788 (trad. encore incomplète); son Histoire d'Angleterre, traduite d'abord partiellement par l'abbé Prévost, par Mme Belot, etc., a été publiée en entier à Paris, de 1819 à 1822, en 22 vol. in-8, avec un Essai sur la vie et les écrits de l'auteur, par Campenon. Hume a laissé des Mémoires et une Correspondance, qui ont été publiés à Édimbourg en 1847, par H. Burton.

HUMFROY, le 3e des 12 fils de Tancrède de Hauteville, succéda en 1051 à son frère Drogon comme comte de la Pouille, combattit avec succès les Grecs, les Allemands et Léon IX, ligués contre les Normands, fit le pape lui-même prisonnier au combat de Civitella, 1053, mais le traita avec le plus grand respect, et obtint de lui l'investiture des pays conquis ou à conquérir en Italie. 1054 : c'est de cette époque que date la suzeraineté du St-Siége sur le royaume de Naples. Il m. en 1057, et eut pour successeur son frère Robert Guiscard.

HUMIÈRES (L. de CREVANT, maréchal d'), général et courtisan de Louis XIV, jouit des bonnes grâces du roi, fut l'ami particulier de Louvois, obtint le gouvernement de la Flandre, se distingua au siège d'Arras (1658), fut nommé en 1668 maréchal, prit la ville d'Aire (1676), commanda l'aile droite à Cassel (1677), s'empara de Gand (1678), de Courtray (1683), et fut nommé en 1685 grand maître de l'artillerie. Ayant éprouvé un échec en Flandre (1689), il fut remplacé par Luxembourg. Il avait refusé en 1672 de servir sous Turenne, récemment nommé maréchal-général.

HUMIÈRES (Mme d'). V. GACON-DUFOUR (Mad.).

HUMILIÉS (Ordre des), confrérie religieuse des deux sexes, fondée à Milan vers 1134 par S. Jean de Méda, suivait une règle qui avait beaucoup de rapport avec celle de St-Benoît et s'adonnait en même temps à la fabrication du drap. L'ordre ayant dégénéré, le pape Pie V le supprima en 1571.

HUMMEL (J. Népomucène), compositeur et pianiste allemand, né à Presbourg en 1778, m. en 1837, se fit admirer dès l'âge de 9 ans par son talent sur le piano, entra comme maître de chapelle au service du prince Esterhazy (1803), puis du roi de Wurtemberg (1816), du grand-duc de Saxe-Weimar (1820), et se vit appelé dans presque toutes les capitales de l'Europe. Il n'eut de rival pour la composition instrumentale que Beethoven. Dans l'exécution, il brillait surtout par la correction et la régularité. Il a laissé, outre de nombreux morceaux de musique instrumentale, 4 opéras, et une Méthode pour piano.

HUNALD, duc d'Aquitaine depuis 735, fils du duc Eudes, était issu des Mérovingiens. Il eut à soutenir la guerre contre Charles Martel et ses fils, et fut obligé de se reconnaître leur vassal. Pour se venger de son frère Hatton, qui l'avait trahi, il lui fit arracher les yeux; poursuivi par ses remords après ce crime, il abdiqua en faveur de son fils Waïfre, et se retira dans un monastère (745). Il en sortit au bout de 23 ans pour venger la mort de son fils, assassiné par l'ordre de Pépin; fut battu par Charlemagne, puis se retira auprès de Didier, roi des Lombards, qu'il excita à la guerre. Tous deux furent assiégés par Charlemagne dans Pavie, et Hunald périt en 774, assommé par le peuple, sur lequel il avait attiré la guerre.

HUNDSRÜCK, c.-à-d. dos de chien, contrée montueuse de la Bavière rhénane et des États prussiens (Prov. Rhénane), est un prolongement des Vosges qui s'étend entre la Nahe, le Rhin et la Moselle. Beaucoup de forêts, entre autres celles de Sohnwald et de Hochwald. — Le Hundsrück était jadis compris dans le Palatinat du Rhin, les électorats de Mayence, Cologne, et le duché de Clèves. Sous l'Empire, il forma les dép. du Mont-Tonnerre, de Rhin et-Moselle, de la Roer. — Quelques-uns dérivent le nom de cette chaîne d'une colonie de Huns que l'empereur Valentinien III y aurait établis après la défaite d'Attila.

HUNÉRIC, 2e roi des Vandales en Afrique, succéda à son père Genséric en 477, mort en 488. Son règne ne fut qu'une suite de crimes : il fit égorger son frère Théodoric, la veuve de ce prince, ainsi que son enfant, les anciens amis et les ministres de Genséric. Hunéric était arien; il persécuta les Catholiques, et en fit, dit-on, périr 40 000 dans d'horribles supplices.

HUNIGARES ou HOUNOGOURES, anc. peuple de l'Europe au delà du Dniepr, qui apparaît dans l'histoire aux VIe, VIIe, VIIIe siècles, était de race hunnique : son nom signifie Huns de l'Ougrie. Il formait deux grandes tribus, habitant l'une vers les deux grands lacs Onega et Ladoga, l'autre à l'E. du Dniepr entre ce fleuve et la Desna. Il est croyable que les Hongrois furent principalement des Hunigares de la 2e tribu.

HUNINGUE, ville d'Alsace-Lorraine, à 30 kil. S. E. d'Altkirch et à 3 kil. N. de Bâle, sur la r. g. du Rhin; 1300 hab. Canal. Place jadis très-forte, construite par Vauban en 1668, mais démantelée en 1815, après un siège célèbre où 500 Français, commandés par le général Barbanègre, tinrent pendant douze jours contre 25 000 Autrichiens. — PETIT-HUNINGUE, vge de Suisse, sur la r. dr. du Rhin, à 2 kil. N. de Bâle et vis-à-vis de Huningue; 600 hab. Pêche du saumon; établissement de pisciculture.

HUNS, Hunni ou Chuni, fameux peuple barbare, était, selon l'opinion la plus commune, d'origine asiatique et de race mongole, et ne différait point des Hiong-nou, qui, partis des contrées situées au N. du désert de Kobi, soumirent les Mandchoux, dévastèrent les frontières septentrionales de la Chine, forcèrent les Chinois à élever la grande muraille (vers 210 av. J.-C.), et firent malgré cet obstacle la conquête de l'empire chinois, d'où ils ne furent chassés que 90 ans après J.-C. Affaiblis par de longues guerres et par des discordes intestines, décimés par une fa-