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réduire, et commanda en 1801 la flotte turque qui, jointe à celle des Anglais, décida l'évacuation de l’Égypte par les Français (1801). Il donna un grand développement à la marine, introduisit d'utiles réformes, et fit, malgré la résistance des janissaires et des ulémas, discipliner une partie de ses troupes à l'européenne.

HUSSEIN-PACHA, dernier dey d'Alger, né à Smyme vers 1773, faisait partie de la milice turque d'Alger lorsqu'il fut proclamé dey en 1818. Importuné des réclamations que lui adressait le consul de France, M. Deval, il le frappa rudement de son chasse-mouche (1828). N'ayant voulu accorder aucune satisfaction pour cette insulte, il vit bientôt paraître devant Alger une flotte formidable que commandait le maréchal Bourmont; débarquées le 14 juin 1830, nos troupes commencèrent le 4 juillet à battre en brèche le fort l'Empereur; Hussein, se croyant invincible, avait négligé de prendre aucune des mesures nécessaires pour se défendre : aussi fut-il dès le lendemain obligé de capituler. On lui permit de se retirer avec une partie de ses trésors (5 juillet). Il alla d'abord à Naples, puis à Livourne, vint un instant à Paris et mourut en 1838 à Alexandrie (Piémont).

HUSSINECZ, bourg de Bohême, à 36 kil. S. O. de Piseck; 750 hab. Patrie de Jean Huss.

HUSSITES (Guerre des), guerre civile qui désola la Bohême après le supplice de J. Huss à Constance (1415). Les partisans de ce sectaire, profitant de la faiblesse de l'empereur Wenceslas, prirent les armes sous la conduite de Jean Ziska et de Nic. de Hussinetz, se fortifièrent dans le cercle de Béchin, et y bâtirent la ville de Tabor, qui leur servit de forteresse. En 1419, ils s'opposèrent à l'élection de Sigismond comme roi de Bohême, et battirent les Impériaux en plusieurs rencontres ; mais ils furent bientôt affaiblis par les discordes qui éclatèrent entre eux, et par la mort de leurs principaux chefs, Nicolas (1420), et Ziska (1424); cependant Koribut, neveu de Vitold, grand-duc de Lithuanie, qui avait été élu roi de Bohême par une partie des Hussites en 1422, releva pendant quelque temps leurs espérances. Il remporta une victoire sur les Impériaux à Aussig (1426), mais il se vit obligé d'abdiquer l'année suivante. André Procope, autre chef des Hussites, ranima leur courage par les victoires de Mies (1427) et de Tachau (1431); l'Autriche, la Franconie, la Saxe, la Bohême catholique, la Lusace et la Silésie, furent ravagées par ses troupes, et devinrent le théâtre de cruautés inouïes. Tout le monde cependant soupirait après la paix, et on entra en négociations : un premier arrangement proposé à Prague (1433), et connu sous le nom de Compactata de Prague, n'ayant pas été accepté par tous les partis, les hostilités furent reprises; mais la victoire de Bœhmischbrod (1434), remportée par les Catholiques unis à la partie modérée des Hussites, les Calixtins (V. ce mot), mit fin à la guerre : Sigismond, reconnu roi de Bohême, jura les Compactata. Les Hussites, trop faibles pour reprendre les armes, ne défendirent plus leurs droits que dans les diètes; ils finirent par disparaître ou se confondirent dans la secte nouvellement formée des frères Moraves.

HUTCHESON (Francis), moraliste, né en Irlande en 1694, mort en 1747, dirigea d'abord avec succès une école à Dublin, se fit connaître avantageusement par divers ouvrages de philosophie, et fut appelé en 1729 à la chaire de philosophie morale de Glasgow. Il peut être considéré comme le véritable fondateur de la philosophie dite écossaise. Ses principaux ouvrages sont : Recherches sur l'origine des idées de beauté et de vertu, 1725, trad. par Laget, 1749; Essai sur les passions, 1728; Système de philosophie morale, 1755, ouvrage posthume, rédigé en latin et trad. par Eidous, 1770. Hutcheson fait consister la vertu dans la bienveillance et le désintéressement; il distingue parfaitement dans ses écrits le bien de l'utile, et établit l'existence d'un sens moral et d'un sens du beau qui jugent de la bonté et de la beauté comme le goût physique juge des saveurs.

HUTCHINSON (John), né en 1674, à Spennythorn (York), mort en 1737, était intendant du duc de Somerset. Il s'occupa de minéralogie et de physique appliquée à la religion, et prétendit que toutes les connaissances naturelles, physiques aussi bien que philosophiques et théologiques, sont renfermées dans l'Écriture sainte. Il publia dans ce but un ouvrage intitulé : Principes de Moïse, 1724 et 1727. Il ramenait tous les agents de la nature à trois : le feu, la lumière et l'esprit, lesquels n'étaient eux-mêmes que des transformations d'un principe unique, l'air; il prétendait trouver dans cette bizarre doctrine l'explication du mystère de la Trinité.

HUTCHINSON (John Hély), général anglais, né à Dublin en 1757, mort en 1832, se distingua dans la campagne d’Égypte, remplaça Abercrombie dans le commandement en chef, en 1801, et força les Français à capituler dans Alexandrie et à évacuer l’Égypte. Il fut en récompense fait baron d'Alexandrie et élevé à la pairie.

HUTTEN (Ulrich de), novateur, né en 1488, d'une famille noble de Franconie, s'enfuit à 16 ans du monastère de Fulde, où il était retenu de force. Il voyagea, étudia le droit à Pavie, puis fut réduit à se faire soldat dans l'armée autrichienne. Il composait en même temps des vers latins qui lui procurèrent bientôt une grande réputation, et qui lui firent décerner par l'empereur Maximilien la couronne poétique. Il se joignit à Luther pour opérer la Réforme, et trouva un puissant appui d'abord dans Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence, puis dans Frédéric de Sickingen; mais, bientôt abandonné de ses protecteurs, il se vit privé de toute ressource. Il erra de ville en ville, prêchant ses doctrines, et mourut près de Zurich en 1523, n'ayant que 35 ans. On a de lui : Ars versificandi, Wittemberg, 1511; Epistolæ obscurorum virorum, 1516, satire piquante dans laquelle il défend Reuchlin contre quelques théologiens de Cologne; Super interfectione propinqui sui deplorationes, 1519, discours éloquents qui avaient pour but d'armer l'Allemagne contre le duc de Wurtemberg, qui avait assassiné un des cousins de Hutten; Dialogi, 1520, où il attaque avec animosité l'Église romaine; et des poésies latines, 1538. Ulrich de Hutten avait publié en 1518 deux livres inédits de Tite-Live, et découvert an 1519 des manuscrits de Quintilien et de Pline. Ses Œuvres ont été publiées par Münch, Berlin, 1821-1827, 6 v. in-8, et par Bœcking, Leips., 1858-60, 5 vol. in-8. M. Zeller a publié : Ulrich de Hutten, sa vie, ses œuvres, et son temps, Paris, 1849.

HUTTON (James), médecin et chimiste, né à Édimbourg en 1726, mort en 1797, était fils d'un marchand. Il fut reçu docteur à Leyde en 1749, cultiva avec succès l'agriculture, la minéralogie, la géologie, la physique, la philosophie, les mathématiques, et publia plusieurs ouvrages : Théorie de la terre, 1795 (il y explique l'état actuel des corps terrestres par une fusion ignée primitive) ; Principes de la connaissance et des progrès de la raison, 1794 (il y professe des doctrines analogues à celles de Boscovich et de Berkeley) ; Philosophie de la lumière, de la chaleur et du feu, 1794.

HUTTON (Charles), mathématicien, né en 1737, à Newcastle-sur-Tyne, mort en 1823, tint d'abord une petite école, fut nommé au concours professeur de mathématiques à l'Académie militaire de Woolwich (1772), et remplit ces fonctions pendant 34 ans. Il avait été nommé en 1776 membre de la Société royale de Londres. On a de lui : Traité de l'arpentage, 1770; Traité de mathématiques et de physique, 1786 ; Dictionnaire des sciences mathématiques et physiques, 1796, 2 vol. in-4; Tables mathématiques contenant les logarithmes, 1785 et 1811; Abrégé des Transactions philosophiques, 1803-1809, 6 vol., recueil très-utile pour ceux qui cultivent les sciences.

HUY, v. de Belgique (Liége), ch.-l. d'arr., sur la Meuse, à 25 k. O. de Liège ; 9000 h. Château fort, beau port, statue de Pierre l'Ermite, qui finit ses jours dans