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père dans le gouvernement de Blaye et dans ses titres de duc et pair, et se voua à la diplomatie. Il entra à la cour à la fin du règne de Louis XIV, s'attacha au duc d'Orléans, qui l'appela au conseil de régence, devint l'âme du parti de la cour contre les parlements, et fut envoyé en Espagne (1721) pour y négocier le mariage de Louis XV avec l'infante, et d'une fille du régent avec un prince espagnol. Il perdit son crédit après la mort du régent, et se retira dans ses terres, où il s'occupa de mettre la dernière main à des Mémoires, dont il avait depuis longtemps commencé la rédaction. Ces Mémoires renferment les renseignements les plus intéressants et les plus détaillés sur la cour de Louis XIV, la régence et le règne de Louis XV; ils sont rédigés avec une aisance et une originalité qui placent l'auteur au premier rang des écrivains de ce genre; mais les jugements qui y sont portés ne doivent être acceptés qu'avec défiance : outre que le duc a des préférences et des antipathies marquées, il est infatué de préjugés nobiliaires qui souvent faussent son jugement. On n'a eu longtemps que des éditions tronquées de ces Mémoires : le marquis de St-Simon, petit-fils de l'auteur, en a donné la 1re édition authentique, Paris, 1829-31, 21 v. in-8; elle a été reproduite et complétée d'après le texte original, par M. Chéruel, 1856-58, 20 v. in-8. MM. Poitou et Lefebre de Pontalis ont écrit l’Éloge de St-Simon, 1854.

SAINT-SIMON (Henri, comte de), économiste et chef de secte, issu de la même famille que le précédent, né à Paris en 1760, m. en 1825, servit en Amérique dans la guerre de l'indépendance (1779), fut à son retour nommé colonel à 23 ans; quitta le service dès 1785 pour se livrer à des projets d'utilité publique, applaudit à la Révolution, dans laquelle il voyait une œuvre de régénération; fit, de 1790 à 1797, avec le comte de Redern, des spéculations sur la vente des biens nationaux, mais, frustré de ses bénéfices par son associé, il abandonna de bonne heure les opérations financières. Il conçut alors le projet de reconstituer l'ordre social et de réorganiser la science et l'industrie, se lia dans ce but avec les savants les plus distingués, voyagea en Angleterre, en Allemagne, en Italie, publia divers ouvrages qui furent peu remarqués lors de leur apparition, et fit mille expériences bizarres et coûteuses. Bientôt ruiné, il tomba dans une telle misère qu'il prit le parti de se suicider (1823) : le coup qu'il se porta n'ayant pas été mortel, il renonça à ses sinistres projets et reprit ses travaux. Il avait réussi à s'attacher quelques disciples distingués (Augustin Thierry, Auguste Comte, Olinde Rodrigues, Bazard, Enfantin, etc.) : il mourut entre leurs bras. St-Simon est le fondateur de l'école industrialiste : il voulait améliorer, au moyen de la science et de l'industrie, le sort de l'humanité, surtout des classes les plus nombreuses et les plus pauvres; il considérait les savants, les industriels, les artistes, les producteurs de toute espèce comme la seule aristocratie légitime, leur confiait la direction de la société nouvelle, proscrivait les oisifs, prêchait l'association et l'organisation des travailleurs, et voulait que tous les efforts fussent dirigés d'après une doctrine générale et vers un but commun; en outre, il constituait sur de nouvelles bases la propriété, la religion, et même la famille. Ses disciples, connus sous le nom de Saint-Simoniens, formèrent une secte qui développa avec talent ses doctrines sur l'économie sociale et qui obtint un succès momentané; mais ils perdirent tout crédit lorsque, passant de la théorie à la pratique, ils voulurent créer une hiérarchie nouvelle, établir l'égalité absolue de l'homme et de la femme, modifier le mariage, abolir l'hérédité, substituer à la filiation naturelle une filiation toute conventionnelle, enfin instituer un culte nouveau. Couverts de ridicule, les St-Simoniens furent en outre accusés devant les tribunaux d'attentat à la morale publique, et leur association fut dissoute en 1833 par sentence judiciaire. Les principaux écrits de St-Simon sont : l’Introduction aux travaux scientifiques du XIXe siècle (1808), De la réorganisation de la société européenne (1814), avec Augustin Thierry; l’Industrie (1817); l’Organisateur, journal social (1820); le Système industriel (1821) ; le Catéchisme des Industriels (1824); Opinions littéraires, philosophiques et industrielles (1825), le Nouveau christianisme (1825). Une édition complète de ses Œuvres, commencée par Olinde Rodrigues en 1832, a été reprise an 1866, en exécution des dernières volontés d'Enfantin. V. Saint-Simon, sa vie et ses travaux, par Hullard.

SAINT-SIMONISME. V. ST-SIMON (Henri de).

SAINT-SORLIN (DESMARETS de). V. DESMARETS.

SAINT-SULPICE, église. V. SULPICE (S.).

SAINT-SULPICE-LES-CHAMPS, ch.-l. de cant.(Creuse), à 13 kil. N. O. d'Aubusson; 1158 hab.

SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES, ch.-l. de cant. (Hte-Vienne), à 36 kil. N. E. de Bellac; 1793 h.

SAINT-SYLVESTRE (Ordre de). V. ÉPERON D'OR.

SAINT-SYMPHORIEN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 21 kil. O. de Bazas; 1890 h.

SAINT-SYMPHORIEN-DE-LAY, ch.-l. de cant. (Loire), à 17 kil. S. E. de Roanne; 4652 b. Toiles de coton, mousselines, broderies, teintureries.

SAINT-SYMPHORIEN-D'OZON, ch.-l. de c. (Isère), à 36 k. N. O. de Vienne; 1768 h. Couvertures de laine et de chamois, blanchisseries. Patrie de Berchoux.

SAINT-SYMPHORIEN-SUR-COLSE, ou ST-S.-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Rhône), à 30 kil. S. O. de Lyon; 1920 h. Anc. château. Mousseline, draps, souliers.

SAINT-THÉGONNEC, ch.-l. de cant. (Finistère), à 12 kil. S. O. de Morlaix; 3957 hab. Toiles,

SAINT-THOMAS, une des îles Vierges (Antilles), 13000 hab. Hautes montagnes, sucre, coton et rhum. Commerce actif. Aux États-Unis. — V. SAN-THOMÉ.

SAINT-THOMAS (Chrétiens de). V. CHRÉTIENS.

SAINT-TRIVIER-DES-COURTES, ch.-l. de cant. (Ain), à 30 kil. N. O. de Bourg; 1473 hab.

SAINT-TRIVIER-EN-DOMBES ou SUR-MOIGNANS, ch.-l. de cant. (Ain), à 20 kil. N. E. de Trévoux, au milieu de marais ; 1702 hab.

SAINT-TROND, Fanum S. Trudonis', v. de Belgique (Limbourg), à 15 k. S. O. d'Hasselt; 10 000 h. Chemin de fer. Anc. abbaye, fondée en 657 par S. Trudon. Armes à feu, dentelles, tanneries, commerce de grains. — Cette anc. capitale de la Hesbaye fut acquise par les évêques de Liége en 1227, prise par Charles le Téméraire en 1467, et par les Français en 1794. C'est à St-Trond que siégea l'assemblée qui déclara l'indépendance des Pays-Bas (1566).

SAINT-TROPEZ, Heraclea Caccabaria, puis Fanum S. Torpetis, ch.-l. de cant. (Var), sur le golfe de Grimaud, à 50 kil. S. E. de Draguignan; 3358 h. Trib. de commerce, école d'hydrographie. Citadelle, petit port, chantier de construction navale; bouchons de liège. Commerce (vins de 1re qualité, huile, oranges, miel, liège, etc.); pêche de thon et de corail, grand et petit cabotage; bains de mer. Patrie du général Allard. — Ruinée aux VIIIe, IXe et XIVe s., elle fut repeuplée en 1470 par une colonie génoise; en 1592, elle résista à une attaque du duc de Savoie.

SAINT-VALERY-EN-CAUX (Seine-Inf.), sur la Manche, ch.-l. de c., à 30 kil. d'Yvetot; 4710 hab. Trib. de commerce. Petit port, armements pour la pêche de la morue, hareng saur. Bains de mer.

SAINT-VALERY-SUR-SOMME, ch.-l. de c. (Somme), sur la r. g. de la Somme, près de son embouch. dans la Manche, à 25 kil. N. O. d'Abbeville; 456 h. Port de mer. station. Trib. de commerce, consulats de Suède, de Prusse, de Danemark et d'Angleterre, sous-commissariat de marine, école de navigation, chantiers, entrepôts, pêche; grand commerce. Tour d'Harold, où ce prince fut enfermé au XIe s. C'est de ce port, selon Aug. Thierry, que Guillaume le Conquérant fit voile pour l'Angleterre. Anc. capit. du Vimeux.

SAINT-VALLIER, ch.-l. de c. (Alpes marit.), à 10 k. de Grasse, 588 h. Essence de lavande. — Ch.-l. de c. (Drôme), sur le Rhône, à 33 kil. N. de Valence,