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Côte-d'Or, à 26 kil. N. de Dijon, a donné son nom à une illustre maison de Bourgogne, connue dès le XIe s. Le château et la terre de Saulx furent cédés en 1254 à S. Louis par les seigneurs de Saulx, qui néanmoins en retinrent toujours le nom. Philippe le Bel donna cette terre en 1303 à Robert, duc de Bourgogne, d'où le nom de Saulx-le-Duc. La maison de Saulx, dont la ligne directe s'éteignit dès 1320, a formé plusieurs branches, dont les plus connues sont celles de Saulx-Tavannes et de Saulx-Ventoux. V. TAVANNES.

SAULXURE, ch.-l. de c. (Vosges), à 25 kil. S. E. de Remiremont; 4024 hab. Filature de coton.

SAULZAIS-LE-POTIER, ch.-l. de cant. (Cher), à 17 kil. S. de St-Amand; 923 hab.

SAUMAISE (Claude), Salmasius, savant célèbre, né en 1588 à Semur-en-Auxois, m. en 1658, eut pour premier maître son père, Bénigne Saumaise, magistrat et savant distingué (1560-1640), à qui l'on doit une traduction en vers français de Denys le Périégète. Il se lia jeune avec Casaubon et Gruter, mena de front toutes les sciences (médecine, jurisprudence, théologie, histoire, antiquité), apprit seul le persan, le chaldéen, l'arabe, le copte, etc., et voyagea beaucoup. Ayant embrassé de bonne heure la religion réformée, il alla se fixer en Hollande afin de la professer librement; il séjourna assez longtemps à Leyde, acquit une réputation universelle, et vit les rois se disputer l'honneur de le posséder. Richelieu et Mazarin tâchèrent en vain de l'attirer en France ; Christine voulait le fixer en Suède; Charles II le chargea de rédiger une Apologie de son père Charles I, apologie qui l'engagea dans une vive polémique avec Milton. On a de lui des éditions, avec d'excellents commentaires, de Florus (1609), de l’Histoire Auguste (1620), du livre de Tertullien de Pallio (1622), de L. Ampelius (1638), d’Achille Tatius (1640), de Solin, avec des Exercitationes, commentaires pleins d'érudition (1629); des traités De Re militari Romanorum, De Usuris, De Cæsarie, De Primatu papæ, etc. Il a laissé 80 ouvrages imprimés et 60 ouvrages manuscrits. Saumaise a été prodigieusement loué de son vivant : on le surnommait le Prince des commentateurs; les habitants de Leyde, le rappelant après une absence, écrivaient que l’Académie de Leyde ne pouvait pas plus se passer de Saumaise que le monde du soleil. On regrette que les injures, le mauvais goût et des opinions hasardées déparent plusieurs des écrits de ce savant.

SAUMUR, chez les anc. Segora ? Salmurium en lat. mod., ch.-l. d'arr. (Maine-et-Loire), sur la r. g. de la Loire, à 47 kil. S. E. d'Angers par la route, à 44 kil. par le chemin de fer; 14 079 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, bibliothèque, musée. Château fort, qui sert d'hôtel de ville; célèbre école militaire de cavalerie, qui date de 1763; haras. On y remarque les antiques églises de St-Nicolas et de St-Pierre, celle de Nantilly, où Louis XI avait un oratoire, le château de la reine de Sicile, l'hospice de la Providence, dont les salles sont creusées dans le roc, et deux beaux ponts sur la Loire. Commerce actif de vins rouges et surtout de vins blancs du pays, très-capiteux, eaux-de-vie, vinaigres, chanvre, lin, pruneaux, poires tapées. Fabr. d'émaux, de chapelets en coco et en verroterie. Courses annuelles de chevaux. Patrie de Mme Dacier. — Saumur était jadis une place forte et la capitale du Saumurois, qui formait avant 1789 un des 8 petits gouvernements. Elle fit partie de l'Anjou depuis 1026, fut engagée en 1549 à François de Lorraine, duc de Guise, et ne fut dégagée que par Charles IX en 1570. Elle fut donnée aux Calvinistes comme place de sûreté par Henri III ; ils y eurent une Académie et une faculté de théologie célèbres, fondées en 1600 par Duplessis-Mornay, mais supprimées en 1685, après la révocation de l'édit de Nantes (le Dr J. Dumont a écrit l'histoire de cette Académie 1863). Les Vendéens prirent Saumur le 9 juin 1793, mais l'évacuèrent dès le 24. On nomme Complot de Saumur l'insurrection du général Berton en 1822.

SAUNDERSON (Nic.), aveugle célèbre, né en 1682 à Thurlston (Yorkshire), m. en 1739, n'avait qu'un an quand la petite vérole lui fit perdre la vue. Il n'en cultiva pas moins les sciences avec ardeur et devint un des plus célèbres professeurs de mathématiques et de physique de l'université de Cambridge. On admirait les leçons d'un aveugle sur la lumière et les couleurs, sur l'arc-en-ciel, sur la combinaison des verres, etc. Il a laissé des Éléments d'algèbre, Cambridge, 1740; un Traité des fluxions, 1756 (avec des Commentaires estimés sur les Principia de Newton).

SAURIN (Jacq.), ministre protestant, né à Nîmes en 1677, m. en 1730, avait 9 ans quand son père, secrétaire de l'Académie de Nîmes, fut forcé de s'expatrier par suite de la révocation de l'édit de Nantes; il étudia à Genève, devint pasteur de l'église wallonne de Londres, puis ministre extraordinaire des nobles à La Haye. On a de lui des Sermons (La Haye, 17.49, 12 vol. in-8), qui abondent en traits d'éloquence et que ses coreligionnaires égalent à ceux de Bossuet, et un recueil de Discours historiques, théologiques et moraux, 1720, 2 vol. in-fol., vulgairement appelé la Bible de Saurin (augmenté de 4 vol. par Roques et Beausobre fils). J. J. Chenevière a publié les Chefs-d'œuvre ou Sermons choisis de Saurin, Gen., 1824; ils ont été réédités en 1854 par Ch. Weiss. J. Saurin est le premier des orateurs protestants : son éloquence, pittoresque et saisissante, s'élève quelquefois jusqu'au sublime ; ses défauts sont l'abus de l'érudition et une forme trop didactique.

SAURIN (Élie), théologien protestant, ministre à Embrun, puis à Utrecht, né en 1639, m. en 1703, célèbre par ses démêlés avec son coreligionnaire Jurieu, a écrit, entre autres ouvrages : Défense de la véritable doctrine de l'Église réformée, 1697, et des traités des Droits de la conscience, de l’Amour de Dieu, de l’Amour du prochain.

SAURIN (Joseph), géomètre français, né en 1659 à Courthéson (principauté d'Orange), m. en 1737, était frère du précédent. D'abord ministre protestant en Suisse, il quitta ce pays par suite de querelles religieuses ou plutôt afin d'éviter une condamnation pour vol, rentra en France, fut converti par Bossuet (1690), et reçut de Louis XIV une pension de 1500 livres. Cultivant avec succès les mathématiques, il s'ouvrit les portes de l'Académie des sciences (1707) : il rédigea pour le recueil de cette compagnie de savants mémoires sur les courbes et la pesanteur. En outre, il concourut de 1702 à 1708 à la rédaction du Journal des Savants. Accusé par J. B. Rousseau, dont il était l'ennemi, d'être l'auteur des fameux couplets qui firent son malheur, il fut pour ce fait retenu six mois en prison; mais il se justifia facilement. Pour se venger, il prit une grande part à l'intrigue qui perdit J. B. Rousseau. — Son fils, Bern. Joseph S., poëte dramatique, né à Paris en 1706, m. en 1781, avait près de 40 ans lorsqu'il donna sa première pièce. Son chef-d'œuvre est Spartacus, une de nos bonnes tragédies du second ordre; viennent ensuite le drame de Beverley, en 5 actes et en vers libres, qui offre le sombre tableau de la vie d'un joueur, et 3 comédies (les Mœurs du Temps, l’Anglomane, les Trois Rivaux). Il fut élu en 1761 membre de l'Académie française. Ses Œuvres ont été recueillies à Paris, 1783, 2v. in-8; on a donné en 1812 ses Œuvres choisies, 1 v. in-18.

SAUROMATES ou SARMATES. V. SARMATIE.

SAUSSURE, v. de France. V. SAULXURE.

SAUSSURE (Horace Bénédict de), grand naturaliste, né à Genève en 1740, m. en 1799, était fils de Nic. de Saussure, agronome distingué (1709-90), à qui on doit d'excellents ouvrages d'agriculture, et neveu de Ch. Bonnet. Il professa la philosophie naturelle à Genève, fut le compagnon et l'ami de Haller, voyagea longtemps en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, parcourut plusieurs fois les Alpes dans toute leur étendue, parvint à la cime du Mont-Blanc (1788), et, par ses explorations sur les hautes montagnes, rendit d'immenses services à la minéralogie et à la