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SAVILE (H. de), savant anglais, procureur de l'Université d'Oxford et prévôt du collége d'Éton, né en 1549, m. en 1622, donna des leçons de grec et de mathématiques à la reine Élisabeth, fonda une chaire de géométrie et d'astronomie à l'Académie d'Oxford, et fit imprimer à ses frais une magnifique édition des Œuvres de S. Jean Chrysostôme (en grec). On lui doit de plus : Rerum Anglicarum scriptores post Bedam præcipui, Londres, 1596, in-f.; des commentaires sur les Histoires de Tacite et la Vie d'Agricola, un Traité sur la milice des Romains.

SAVILE, marquis d'Halifax. V. HALIFAX.

SAVILLIAN, en italien Savigliano, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes (Saluces), entre la Maira et la Grana, à 25 kil. N. O. de Coni et à 52 S. de Turin ; 18 000 hab. Collége. Chemin de fer, belle porte en forme d'arc de triomphe, place ornée d'arcades. Filatures de soie, toiles, draps. — Prise par François I, rendue par Henri III en 1574. Les Français y battirent les Autrichiens en sept. 1799. Sous l'Empire, cette ville fut le ch.-l. d'un arr. du dép. de la Stura.

SAVINES, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), près de la Durance, à 10 kil. O. d'Embrun ; 1128 hab.

SAVOIE, Sabaudia ou Sapaudia, contrée de la France, située entre 45° 4'-46° 24' lat. N. et 3° 16'-4° 48' long E., est bornée au N. par le lac Léman et le canton suisse de Genève, à l'E. par le Valais, au S. E. par le Piémont, au S. par les dép. des Htes-Alpes et de l'Isère, à l'O. par le Rhône qui la sépare du dép. de l'Ain ; 146 k. du N. au S. sur 119 de l'E. à l'O.; env. 550 000 hab.; ville principale, Chambéry. Pays très-montagneux (Mont-Blanc, Mont-Cenis, petit St-Bernard, Mont-Buet, Thabor, etc.), sites pittoresques ; plusieurs lacs (ceux du Bourget, d'Annecy, d'Aiguebelle) ; eaux minérales, dont les principales sont celles d'Aix ; mines de plomb, de fer, d'étain, de cuivre ; houille, marbre, gypse ; miel, vers à soie, bétail, etc. Les habitants, appelés Savoyards ou Savoisiens, sont en général très-pauvres : ils émigrent en partie, et vont dans les pays voisins exercer les professions de commissionnaires, de colporteurs, de ramoneurs, de domestiques ; leur probité est proverbiale. Très-attachés à leur patrie, ils y retournent dès qu'ils ont amassé un petit pécule. La Savoie a produit plusieurs hommes remarquables : les papes Nicolas II et Innocent V, S. Bernard de Menthon et S. François de Sales, le cardinal Gerdil, Vaugelas, St-Réal, les deux De Maistre, Berthollet, le général de Boigne, les frères Michaud, etc. — La Savoie correspond aux provinces que les Latins nommaient Alpes Graiæ et Penninæ ; on y trouvait les Allobroges, les Centrones, les Nantuates, les Veragri. Le nom de Sapaudia, d'où dérive le nom actuel, ne date guère que de la fin du IVe siècle. Après avoir fait partie de l'empire romain et de celui de Charlemagne, la Savoie passa, en 888, sous la domination de Rodolphe, roi de la Bourgogne Transjurane ; elle fut réunie à l'Empire germanique par Conrad le Salique, qui l'érigea en comté vers l'an 1027, en faveur d'Humbert aux Blanches Mains, tige des comtes de Savoie ; elle devint duché en 1416. Après de nombreuses vicissitudes (dont on trouvera le détail aux art. États Sardes et Maison de Savoie), elle a été cédée à la France en 1860 par le roi de Sardaigne, et cette cession a été aussitôt confirmée par le suffrage universel des habitants. — Sous le 1er Empire français, la Savoie, alors réunie à la France, forma le dép. du Mont-Blanc et une partie de celui du Léman. Sous l'administration sarde, elle forma une intendance générale, qui se divisait en 8 prov. : Savoie propre (Chambéry), Hte-Savoie (Albert-Ville), Carouge (St-Julien), Chablais (Thonon), Faucigny (Bonneville), Génevois (Annecy), Maurienne (St-Jean-de-Maurienne), Tarantaise (Moutiers). Depuis 1860, elle forme les deux dép. français de Savoie et de Hte-Savoie. Le 1er, au S., compte 275 039 h., a pour ch.-l. Chambéry, et se divise en 4 arr., Albert-Ville, Chambéry, Moutiers, St-Jean-de-Maurienne ; il a un archevêché et une cour impériale à Chambéry. Le 2e, au N., compte 267 496 h., a pour ch.-l. Annecy, se divise en 4 arr., Annecey, Bonneville, St-Julien, Thonon, et a un évêché à Annecy. Les deux dép. réunis forment une Académie universitaire, qui a son ch.-l. à Chambéry.

SAVOIE (Maison de), maison souveraine qui passe pour la plus ancienne des maisons régnantes de l'Europe, a pour chef Humbert aux Blanches Mains, qui vivait à ta fin du Xe s. Le plus grand nombre des auteurs lui donnent pour père un certain Béraud, Bérold ou Berthold, de la maison de Saxe, vice-roi d'Arles et comte de Maurienne, fils lui-même de Hugues, marquis d'Italie ; d'autres le supposent issu des ducs de Bourgogne, des comtes de Mâcon, des comtes de Milan ou des marquis d'Ivrée. Un système récent, et fort plausible, le fait naître d'un premier mariage d'Hermengarde, princesse que le roi de Bourgogne Rodolphe III épousa en secondes noces. Quoi qu'il en soit, les princes de cette maison portèrent d'abord le titre de comtes de Savoie de 1027 à 1416 ; ils prirent celui de ducs à partir de 1416, et reçurent en 1720 celui de rois de Sardaigne. Ils s'intitulaient rois de Chypre depuis que le duc de Savoie Charles I le Guerrier eut hérité de ce titre à la mort de sa parente Charlotte de Lusignan (1487). Cette maison a donné naissance à de nombreuses branches : 1° les comtes de Maurienne, issus au XIIe s. de Thomas I, comte de Savoie, qui devinrent comtes du Piémont (par la cession qu'Amédée IV fit de ce comté à son frère Thomas II en 1244) et princes d'Achaïe et de Morée (par le mariage de Philippe de Savoie avec Isabelle de Villehardouin, héritière de ces principautés, 1301); 2° les princes de Carignan, qui ont pour tige Thomas-François de Savoie, 5e fils du duc Charles Emmanuel I (1596-1656); — 3° les comtes de Soissons, issus de la branche de Carignan par Eugène-Maurice de Savoie, 3e fils de Thomas-François, et né en 1633 ; — 4° les ducs de Nemours, issus d'un 2e Philippe de Savoie, qui lui-même était le 3e fils du duc Philippe II (1490-1533); — 5° les barons de Vaud (seigneurs de Bugey, de Valromey), issus au XIIIe s. des comtes de Piémont ; et plusieurs branches bâtardes (les seigneurs de Tende et de Villars, de Raconis, de Cavour, etc.)

Humbert I, aux Blanches Mains, Ier comte de Savoie, né vers 985, m. vers 1048, rendit des services à Rodophe III, roi de Bourgogne, à Hermengarde, veuve de ce prince, et à l'empereur Conrad le Salique, qui avait hérité de Rodolphe ; reçut du premier de ces princes la Savoie et la Maurienne, avec le titre de comte (1027); du second, une partie de Faucigny, le Bas-Chablais, le val d'Aoste, et fonda ainsi la maison de Savoie (1034). — Amédée I, fils ou petit-fils d'Humbert. Les uns le font mourir en 1047, avant son père ; les autres prolongent son existence jusqu'en 1060, ou plus tard. Du reste, on ne sait rien de lui. — Amédée II, neveu d'Amédée I, était fils d'Odon, qui avait épousé Adélaïde, héritière des marquis de Suze. Il augmenta considérablement les possessions des comtes de Savoie, en y joignant l'héritage de sa mère, qui comprenait presque tout le Piémont. On le fait régner de 1060 à 1072 ou 1080. — Humbert II, dit le Renforcé, fils d'Amédée II, régna de 1072 ou 1080 à 1103 : il ajouta à ses États la Tarentaise, qui se soumit volontairement à lui, et étendit sa souveraineté sur le pays de Vaud, le Ht-Chablais, le marquisat de Suze. — Amédée III, fils d'Humbert II, régna de 1103 à 1148. L'empereur Henri V érigea son comté en État d'empire. Il battit en 1141, à Montmélian, le dauphin de Viennois, Guigues VI, prit la croix avec Louis le Jeune en 1147, et mourut à son retour, en Chypre. — Humbert III, le Saint, fils d'Amédée III (1148-1188), passa la plus grande partie de sa vie dans les cloîtres, enrichit les églises, prit parti pour le pape Alexandre III contre l'empereur Frédéric Barberousse, qui envahit ses États et brûla Suze en 1174 (les archives de la maison de Savoie périrent dans cet incendie); il prit en compensation la ville de Turin (1175) ; mais il vit ses États dévastés