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RAMSINIT. V. RHAMSINIT.

RAMUS (Petrus), en français Pierre la Ramée, célèbre philosophe, né en 1515 à Cuth dans le Vermandois, d'une famille pauvre, entra comme domestique au collège de Navarre, s'instruisit tout en remplissant ces humbles fonctions, et fit de grands progrès sans le secours d'aucun maître. Sentant le vide de la philosophie qu'on enseignait alors, il résolut de la réformer, et publia dans ce but en 1543 une nouvelle Logique (Institutiones dialecticæ) et des Remarques sur Aristote (Animadversiones in dialecticam Aristotelis), où il attaquait avec force le philosophe grec; mais il vit ses ouvrages condamnés par le Parlement, et il lui fut défendu de rien écrire ou enseigner contre Aristote; toutefois, deux ans après, le cardinal de Lorraine, qui le protégeait, fit annuler cet arrêt. Ramus fut en 1545 nommé principal du collège de Presles, et y enseigna la rhétorique et les mathématiques; il obtint de plus en 1551 une chaire de philosophie et d'éloquence au Collège de France, où il attira une foule d'auditeurs. Ayant embrassé le Calvinisme et brisé les images des saints dans son collège de Presles, il fut destitué par l'Université, et se vit bientôt après obligé de s'expatrier. Il parcourut l'Allemagne en 1568, et donna des leçons à Heidelberg; mais, ayant eu l'imprudence de rentrer en France en 1571, il fut peu après enveloppé dans le massacre de la St-Barthélemy (1572) : on l'égorgea dans le collège de Presles, où il était rentré : sa mort fut imputée à un de ses adversaires en philosophie, Charpentier, professeur au Collége de France. Ramus s'est occupé surtout de réformer la logique; on lui doit aussi diverses améliorations dans plusieurs autres branches de l'enseignement, dans la rhétorique, les mathématiques, la grammaire. On l'accuse cependant d'avoir trop prodigué les divisions et d'avoir abusé de la méthode dichotomique. Ses principaux ouvrages, outre ceux qui ont déjà été cités, sont : Rhetoricæ distinctiones, 1549; Grammatica latina, 1558 ; Grammatica græca, 1560; Grammaire française, 1562 (il y propose, entre autres réformes, la distinction de l’u et du v, celle des trois sortes d’e : é, è, e) ; on a aussi de lui des traités de mathématiques, d'antiquités, d'histoire et de théologie : De moribus veterum Gallorum ; De militia C. J. Cæsaris; De religione christiana, etc. Ses Œuvres ont été réunies par Bartholmess, Paris, 1840-47; M. Ch. Waddington a donné en 1855: Ramus, sa vie, ses écrits et ses opinions.

RAMUSIO (J. B.), né à Venise en 1485, mort en 1557, remplit diverses missions politiques en France, en Suisse, à Rome, puis fut secrétaire du Conseil des Dix à Venise. On a de lui un Recueil des navigations et voyages (en italien), en 3 vol in-fol., Venise, 1550, souvent réimprimé et traduit en partie dans la Description de l'Afrique de J. Temporal, Lyon 1566.

RANAVALO, reine de Madagascar. V. RADAMA.

RANCE (la), riv. de France. naît dans le dép. des Côtes-du-Nord, au S. de Collinée, coule au S. E., puis au N. arrose Dinan, entre dans le dép. d'Ille-et-Vilaine, y baigne St-Servan et se jette dans la Manche au-dessous de St-Malo, après un cours de 85 k.

RANCÉ (Armand LE BOUTHILIER, abbé de), réformateur de La Trappe, né à Paris en 1626, mort en 1700, était filleul du cardinal de Richelieu et avait hérité de l'abbaye de La Trappe à la mort de son frère aîné, qui en était abbé commendataire. Il reçut les ordres et n'en mena pas moins pendant longtemps la vie d'un homme de plaisir; mais, frappé de la mort de Mme de Montbazon, qu'il aimait, il se démit de ses bénéfices, sauf l'abbaye de La Trappe, se retira dans cette maison (1663), et y opéra la réforme radicale qui a fait des Trappistes le plus sévère des ordres monastiques. Il n'en vit pas moins les religieux y affluer. Il mourut sur la paille et la cendre, après 33 ans de réclusion. On a de lui : la Règle de S. Benoît, traduite et expliquée, 1689; De la Sainteté et des devoirs de la vie monastique, 1683; Règlements pour l'abbaye de La Trappe, 1671; Réflexions sur les Évangélistes, 1690. Esprit fort précoce, il avait donné dès l'âge de 14 ans une édition d’Anacréon, 1639. M. Gonod a publié en 1846 des Lettres de Rancé. Sa Vie a été écrite par Marsollier, Lenain de Tillemont, et de nos jours par Chateaubriand.

RANDAN ou RANDAN-JUSSAT, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 24 kil. N. E. de Riom; 1803 hab. Château et vaste domaine qui appartint jusqu'à ces derniers temps à la maison d'Orléans.

RANDON. V. CHATEAUNEUF-DE-RANDON.

RANGOUN, anc. capit. de l'empire Birman, dans le roy. de Pégou, sur une branche de l'Iraouaddy, à 50 kil. de son embouchure, et à 80 kil. S. O. de Pégou ; 40 000 hab. Maisons en bois ou en bambou. Commerce considérable. — Les Anglais ont pris cette ville en 1824, mais ils l'avaient restituée depuis; ils l'ont prise de nouveau en 1852 et s'y sont établis.

RANTZAU (Jean, comte de), général danois, l’Achille de la Chersonèse Cimbrique, né dans le Holstein en 1492, aida puissamment Frédéric I, duc de Holstein, à monter sur le trône de Danemark lors de la révolution qui renversa Christian II, lui soumit en peu de temps toutes les villes qui refusaient de le reconnaître (1523), reçut de lui en récompense le gouvernement du Holstein et du Slesvig, et fut pendant tout son règne son conseiller intime. Il rendit de même aux deux rois qui suivirent des services signalés, et mourut en 1565 comblé de gloire. Ce général avait gagné toutes les batailles qu'il avait livrées,

RANTZAU (Henri de), général et savant danois, fils de Jean, 1526-98, suivit Charles-Quint au siège de Metz, succéda à son père dans le gouvernement du Holstein, protégea les sciences et les lettres, mais s'adonna à l'astrologie. Il a laissé, entre autres écrits : Epigrammata et carmina varia, Leipsick, 1585; Historia belli dithmarsici (guerre faite en 1559 par son père), 1570; Genealogia Ranzoviana, 1585; Commentarius bellicus, 1595. On a en outre de lui, sous le titre d’Aoroscopographia (1585), un traité des choses occultes, et un curieux Catalogue des princes qui ont aimé l'astrologie, 1585 (en latin).

RANTZAU (Josias, comte de), maréchal de France, né dans le Holstein vers 1600, suivit Oxenstiern en France, et y prit du service (1635), fut fait maréchal de camp par Louis XIII, se distingua en Franche-Comté, défendit St-Jean-de-Losne contre Gallas, combattit ensuite en Flandre, perdit une jambe au siège d'Arras (1640), se distingua au siège d'Aire (1641), prit Gravelines (1644), Dixmude, Lens, soumit Cassel et toutes les villes du littoral (16464648). Ayant abjuré le protestantisme, il reçut le bâton de maréchal de France (1645). Suspect à Mazarin pendant la Fronde, il fut arrêté à St-Germain en 1649, et détenu onze mois à la Bastille. Il mourut en 1650, peu après avoir recouvré la liberté. Ce vaillant guerrier avait reçu 60 blessures et avait successivement perdu dans les combats un œil, une oreille, un bras et une jambe. On inscrivit sur sa tombe :

Du corps du grand Rantzau tu n'as qu'une des parts :
L'autre moitié resta dans les plaines de Mars...
Son sang fut en cent lieux le prix de la victoire,
Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le cœur.

RAON-L'ÉTAPE, ch.-l. de c. (Vosges), sur la r. dr. de la Meurthe, à 18 kil. N. O. de St-Dié; 3519 h. Salines, potasse; alènes, poinçons; bois de construction. Ruines d'un vieux château fort construit en 1279.

RAOUL ou RODOLPHE (S.), archevêque de Bourges de 840 à 866, fils d'un comte de Quercy, issu du sang royal, fonda plusieurs monastères. On l'hon. le 21 juin.

RAOUL, duc de Bourgogne, était gendre de Robert, duc de France, qui avait été reconnu roi après la déposition de Charles le Simple. Il fut lui-même élu roi en 923, à la mort de Robert, et quoique Charles vécût encore. Il eut longtemps à lutter contre les grands vassaux, notamment contre Robert de Vermandois, son beau-frère. Il repoussa les Bulgares qui avaient envahi