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fils naturel du préc., 1401-66, suivit son père dans toutes ses campagnes, maintint son armée autour de lui à sa mort, combattit Carmagnole en Lombardie (1426), enleva la Marche d’Ancône au pape Eugène IV (1434) et s’en fit un État indépendant, devint le gendre de Philippe Marie Visconti, duc de Milan, parvint, après la mort de son beau-père, à se faire reconnaître duc de Milan (1450), malgré l’opposition des habitants, exerça une médiation éclairée entre diverses puissances belligérantes de l’Italie, eut la plus grande part à l’union des petits États de ce pays qui eut lieu à Lodi, et devint ainsi l’arbitre de l’Italie. — Galéas Marie, fils du préc., 1444-76, servait sous Louis XI à la tête d’un corps auxiliaire au moment de la mort de son père ; il lui succéda sans obstacle ; mais, gouvernant en tyran ; il périt assassiné. — Jean Galéas Marie, fils du préc., avait 3 ans lorsqu’il succéda à son père sous la tutelle de sa mère Bonne de Savoie et du sage ministre Simonetta, mais bientôt (1419) il tomba au pouvoir du perfide Ludovic le More, son oncle, qui en 1489 le relégua au château de Pavie, et probablement l’empoisonna (1494). Jean Galéas Marie laissait un fils, que Louis XII emmena en France (1499), et qui mourut abbé de Marmoutiers. — Ludovic, dit le More, à cause de son teint basané ou d’un mûrier figuré dans ses armes, frère de Galéas Marie et oncle du préc., se mit par force en possession du gouvernement pendant la minorité de son neveu, qu’il écarta des affaires, et mit à mort le sage Simonetta. Il montra du reste quelque habileté, se posa en Italie comme le chef du système anti-aragonais, et appela Charles VIII pour appuyer son système (1494). A la mort de son neveu, dont la mort lui est imputée, il prit le titre de duc de Milan ; craignant les attaques des Français, il se hâta de les trahir et devint l’âme de la ligue de Venise formée contre eux. Attaqué en 1499 par Louis XII, il se vit à son tour trahi par tous les siens, et perdit ses États en quinze jours ; il les reprit un instant en 1500, pour les reperdre aussitôt. Livré par les Suisses aux Français, il fut enfermé à Loches et y mourut au bout de dix ans (1510). — Maximilien, son fils ainé, fut mis sur le trône ducal en 1512 par la ligue de Rome, fut assiégé dans Novare par les Français en 1513, rentra dans Milan la même année et régna jusqu’à la bataille de Marignan, qui lui fit définitivement perdre la couronne ducale (1515). Il céda son duché à François I et reçut en échange une pension. Il mourut à Paris en 1530. — François Marie, 2e  fils de Ludovic, reçut en 1522 le duché de Milan de Léon X et de Charles Quint, après la fuite de Lautrec, et fut affermi par la défaite de François I à Pavie (1525). Obligé par Charles-Quint de payer 400 000 ducat en un an, plus 50 000 pendant dix ans, il pressura son peuple et se rendit odieux. Il mourut en 1535. Il est le dernier de sa famille qui ait régné sur le duché de Milan. — Catherine, fille naturelle de Galéas Marie, épousa en 1484 Jérôme Riario, seigneur d’Imola et de Forli, tomba, ainsi que son fils Octavien, au pouvoir des meurtriers de son mari, qui venait d’être assassiné à Forli (1488), montra beaucoup de présence d’esprit et d’énergie dans cette occasion, et assura ainsi à son fils son héritage. Elle soutint dans Forli un siége contre César Borgia, et fut prise sur la brèche même. Louis XII lui fit rendre la liberté. Elle avait épousé en secondes noces un Médicis et mourut à Florence. Hatti a donné La famiglia Sforza, Rome, 1794.

S’GRAVESANDE. V. GRAVESANDE.

SGRICCI (Thomas), improvisateur, né en 1788 à Castiglione-Fiorentino (Toscane), m. en 1836, parcourut les grandes villes de l’Italie, improvisant sur tous les sujets dramatiques qu’on lui donnait, vint à Paris en 1824, s’y fit entendre devant une société choisie et y traita surtout avec succès les sujets de Bianca-Capello et la Mort de Charles I, tragédies en 5 actes. Il improvisa en 1825 devant le grand-duc de Toscane une tragédie sur la Mort de Marie Stuart et réussit si bien que, dans l’élan de son admiration, le prince lui assura une pension de 2400 livres. Sur une vingtaine de tragédies qu’il avait ainsi composées, on n’en a recueilli que trois : Hector, la Mort de Charles I et la Chute de Missolonghi.

SHADWELL (Thomas), poëte anglais, né en 1640 à Standon-Hall (Norfolk), m. à Londres en 1692, fut nommé, par la protection du comte de Dorset, historiographe du roi Guillaume III, et remplaça en qualité de poëte lauréat le célèbre Dryden, qui dès lors devint son ennemi. Il mourut prématurément, pour avoir pris par erreur une trop forte dose d’opium. Il a surtout travaillé pour le théâtre. Ses principales pièces sont : les Amants chagrins ou les Impertinents, 1668, imitée des Fâcheux de Molière ; les Capricieuses ; le Virtuoso (1676) ; Psyché, tragédie, 1675, son meilleur ouvrage ; le Libertin, imité du Festin de Pierre ; les Eaux d’Epsom (1676) ; Timon le misanthrope (1678) ; la Véritable veuve (1679) ; The Miser, imité de l’Avare, de Molière ; les Sorciers de Lancastre (1682). Plusieurs de ses comédies sont imitées de Molière, que Shadwell, dans son orgueil, prétendait surpasser. La meilleure édition de ses Œuvres est celle de Londres, 1724, 4 vol. in-12.

SHAFTESBURY, v. d’Angleterre (Dorset), à 40 k. N. E. de Dorchester ; 9500 hab. Ville très-ancienne : elle possédait jadis une célèbre abbaye fondée par Alfred le Grand. Titre de comté, qui appartient à la famille Ashley-Cooper.

SHAFTESBURY (Ant. ASHLEY-COOPER, comte de), homme d’État, né en 1621 à Winborne (Dorset), fut membre du parlement dès l’âge de 19 ans (1640), et se montra d’abord dévoué à la cause royale ; mais, voyant que son zèle était suspect, il se jeta dans le parti parlementaire (1644), sans cependant approuver la mort de Charles I. Il correspondit avec Charles II exilé, et eut part à la restauration (1660). Au retour du roi, il fit partie du ministère dit de la Cabal comme lord grand chancelier et fut créé comte de Shaftesbury (1672) : pendant son administration, il fit rendre le fameux bill de l’Habeas corpus. Obligé en 1674 de quitter le pouvoir, il fit depuis une opposition si violente qu’il fut envoyé à la Tour (1677). Il n’en devint pas moins président du nouveau ministère qui fut formé en 1679 : il se déclara ouvertement contre le duc d’York (Jacques II), et fit passer à la Chambre des Communes un bill d’exclusion contre ce prince ; mais, n’ayant pu le faire adopter par les lords, il se vit de nouveau exclu du ministère et enfermé à la Tour (1681). Accusé de haute trahison, il fut acquitté par le jury. Il entra plus tard dans la conspiration de Monmouth, et, lorsqu’elle eut été découverte, s’enfuit en Hollande, où il mourut peu après (1683). Shaftesbury possédait des talents supérieurs comme homme d’État et orateur : il avait l’activité et la hardiesse d’un chef de parti, mais c’était un des hommes les plus corrompus de son siècle.

SHAFTESBURY (Ant. ASHLEY-COOPER, comte de), écrivain, petit-fils du préc., né à Londres en 1671, m. à Naples en 1713, prit peu de part aux affaires à cause de la faiblesse de sa santé, fut néanmoins membre de la Chambre des Communes (1694), où il défendit les idées libérales, entra à la Chambre des lords après la mort de son père (1699), et jouit de la confiance du roi Guillaume III. Disgracié par la reine Anne à cause de son incrédulité en matière de religion, il vécut dans la retraite, et se livra tout entier aux lettres. Ses principaux écrits sont des Recherches sur la vertu, une Lettre sur l’enthousiasme, écrite à propos des prétendus prophètes des Cévennes ; les Moralistes ; Soliloque ou Avis à un auteur. Il les a tous réunis sous le titre de Characteristiks of men, manners, opinions and times, 3 v. in-8, 1713 (trad. en franç., Genève, 1769). On y retrouve les doctrines philosophiques et anti chrétiennes du siècle.

SHAKESPEARE (William), le premier des poëtes dramatiques anglais, né en 1564 à Stratford-sur-Avon (Warwick), était, à ce qu’on croit, fils d’un boucher ou d’un marchand de laines. Il reçut une éducation