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SILARE (le), Silarus, auj. le Sele, riv. de Lucanie, au N., sortait de l'Apennin et tombait dans la mer Tyrrhénienne par le golfe de Pæstum. Sur ses bords, Crassus anéantit les troupes de Spartacus (71 av. J.-C.).

SILÈNE, demi-dieu, qu'on fait naître de Mercure ou de Pan et d'une Nymphe, fut le père nourricier de Bacchus, et accompagna ce dieu, avec les Satyres, lors de son expédition dans l'Inde. On le représente ordinairement comme un vieillard a moitié ivre, monté sur un âne ou appuyé sur un thyrse. Il était honoré particulièrement à Élis et en Arcadie.

SILENTIAIRE, titre donné dans l'empire byzantin à des officiers chargés de maintenir dans le palais l'ordre et le silence. Il y en avait 30. — On donna aussi ce nom au secrétaire du cabinet de l'empereur et aux personnes destinées aux négociations secrètes.

SILÉSIE, Schlesien en allemand, prov. des États prussiens, au S. E. du Brandebourg, a 350 kil. de long sur 115 env. de large ou 4025 k. carr. et 3 300 000 h.; ch.-l., Breslau. On la divise en trois gouvts (Breslau, Liegnitz, Oppeln). L'Oder l'arrose d'un bout à l'autre ; la partie S. O. et la frontière occid. sont très-montueuses (Riesengebirge et Carpathes) ; ailleurs s'étendent de vastes plaines. Sol fertile, industrie active. Les Silésiens sont pour la plupart de race slave : ils parlent un dialecte particulier du polonais. — Habitée par des Lygii et des Quades au temps des Romains, la Silésie fut plus tard envahie par des Slaves et fit partie du roy. de Pologne. Miécislas I y introduisit le Christianisme en 965. En 1168, les fils de Vladislas II, roi dépossédé de Pologne, reçurent la Silésie de Bolesias IV (cette Silésie, plus grande que la prov. actuelle, contenait le Brandebourg jusqu'à la Warta). Sous les descendants de Vladislas, la Silésie se morcela en plusieurs duchés, tous nommés d'après leurs villes principales (Schweidnitz, Glogau, Œls, Jauer, Jægerndorf, etc.). Les discordes intestines, suite naturelle de ces partages, aidèrent Jean, roi de Bohême, à joindre la Silésie à ses États : dès 1327, les possesseurs de ces petits duchés (sauf 2) se reconnurent ses vassaux, et en 1357 la Silésie fut définitivement réunie à la Bohême. Elle éprouva le contre-coup des guerres contre les Hussites, prospéra néanmoins par l'industrie et le commerce (grâce à l'introduction de nombreuses familles allemandes), compta de bonne heure beaucoup de Protestants, et fut pendant la guerre de Trente ans le théâtre de plusieurs des opérations de Wallenstein. En 1740 et 42 (guerre de la succession d'Autriche), Frédéric II fit la conquête de la Silésie, alléguant d'anciens droits sur cette province ; il se fit confirmer dans sa conquête par Marie-Thérèse en 1748. Cette prov. fut plusieurs fois prise et reprise dans la guerre de Sept ans ; l'impératrice en céda définitivement la plus grande partie à la Prusse en 1763, et ne s'en réserva que la moindre portion sous le nom de Silésie autrichienne. — Celle-ci, au S. de la préc., forme avec la Moravie le gouvt autrichien de Moravie-et-Silésie; elle se divise en 2 cercles : Troppau et Teschen. V. MORAVIE.

SILHOUETTE (Ét. de), né à Limoges en 1709, m. en 1767, fut successivement conseiller au parlement de Metz, maître des requêtes, commissaire pour la fixation des limites en Acadie (1748), commissaire du roi près la Compagnie des Indes, enfin contrôleur des finances (1757). Il commença quelques réformes et fit rentrer 72 millions dans le trésor ; mais, ayant voulu diminuer les dépenses personnelles du roi et établir de nouveaux impôts, il perdit tout crédit et fut forcé de quitter le ministère au bout de huit mois. On a de lui divers ouvrages : Idée générale du gouvernement chinois, 1729 ; Lettres sur les transactions politiques du règne d’Élisabeth, 1736 ; Mémoires sur les possessions et les droits de la France et de l'Angleterre en Amérique, 1755 ; Voyage de France, d'Espagne et d'Italie, 1776 ; et des traductions des Essais sur l'Homme et sur la Critique de Pope. Silhouette occupa beaucoup le public pendant son court ministère : après sa chute, tout ce qu'ordonnait la mode était à la Silhouette ; le nom de Silhouette est resté à une manière de faire les portraits avec l'ombre de la figure, qui était en vogue à cette époque.

SILISTRI, Durostorum, Dorostena, v. forte de la Turquie d'Europe, en Bulgarie, ch.-l. d'un eyalet qui embrasse toute la Bulgarie orientale, au confluent de la Distra ou Missovo et du Danube, à 100 kil. N. E. de Routchouk ; 20 000 h. Siége d'un métropolitain. Belles mosquées. Lainages, tanneries. Les environs de cette ville furent le théâtre de plusieurs combats entre les Turcs et les Russes en 1773 ; elle fut prise en 1829 par le général russe Diébitsch ; mais ne put être prise en 1854 par Paskiéwitch. — L'eyalet de S. est divisé en 4 livahs : Silistri, Routchouk, Varna et Babadagh.

SILIUS (P.), Romain d'une haute naissance et d'une grande beauté, inspira une folle passion à Messaline, qui lui fit répudier Silana sa femme, et se fit publiquement épouser par lui pendant une absence de Claude. L'empereur, averti par Narcisse, revint en hâte à Rome : Silius, surpris, se donna la mort, et Messaline fut mise à mort le soir même.

SILIUS ITALICUS (C.), poëte épique latin, né vers l'an 25 de J.-C., soit en Italie (à Rome ou à Corfinium), soit en Espagne, à Italica (Séville-la-Vieille), d'où son nom, fut consul sous Néron (68), puis gouverneur de l'Asie-Mineure. Il avait pour Cicéron et Virgile une sorte de culte : il acquit à grands frais la maison de l'orateur à Tusculum et celle du poëte à Naples. Il quitta de bonne heure les affaires pour se livrer aux lettres. Ne pouvant supporter les douleurs d'un ulcère, il se laissa mourir de faim, à 75 ans. On a de Silius un poëme épique : la Deuxième guerre punique, en 17 chants. Son style est généralement correct et sans enflure ; mais sa poésie est sans éclat, sans vigueur, sans mouvement : on lui reproche aussi de se montrer partout servile imitateur de l'auteur de l’Énéide, ce qui l'a fait surnommer le Singe de Virgile. Son poëme, longtemps perdu, fut retrouvé par le Pogge à l'abbaye de St-Gall en 1414. Les meilleures éditions, après l'édition Princeps (Rome 1741), sont celles de Drakenborch, Utrecht, 1717, de Ruperti, Leipsick, 1795 (reproduite dans la collection des Classiques latins de Lemaire, 1823). Il a été trad. par Lefèvre de Villebrune, 1781, par Corpet et Dubois, dans la collection Panckoucke, 1837, et par Kermoysan, dans la collect. Nisard.

SILIVRI, Selymbria, v. et port de Turquie (Roumélie), sur la mer de Marmara, à 70 kil. O. de Constantinople ; 8000 h. Pont de 32 arches sur des marais ; belle église grecque.

SILLÉ-LE-GUILLAUME, ch.-l. de c. (Sarthe), à 32 kil. N. O. du Mans par la route, à 45 par le chemin de fer ; 3309 h. Anc. place forte; château fort du XIVe s. Toile fine et toile d'emballage ; lainages.

SILLERY, bg du dép. de la Marne, à 10 k. S. E. de Reims ; 600 hab. On y récolte un des meilleurs vins blancs mousseux de Champagne.

SILLERY (Nic. BRUSLART de), magistrat, né en 1544 à Sillery, m. en 1624, fut chargé par Henri IV de plusieurs missions importantes, fut ambassadeur en Suisse, plénipotentiaire à Vervins, obtint du St-Siége la déclaration de nullité du mariage de Henri IV avec Marguerite et fit conclure un 2e mariage avec Marie de Médicis, devint chancelier de France en 1607, perdit de son crédit à la mort de Henri IV et se retira, mais conserva néanmoins les sceaux jusqu'en 1616. — Son fils, P. Bruslart, marquis de Puizieux, puis de Sillery, 1583-1640, fut aussi chargé de plusieurs missions, conclut le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche, et partagea la disgrâce de son père. La terre de Sillery avait été érigée pour lui en marquisat en 1613. — Un de ses descendants, Ch.-Alexis Bruslart, comte de Genlis, puis marquis de Sillery, épousa la célèbre Mme de Genlis. Il était capitaine des gardes du duc d'Orléans, et fut député par la noblesse de Reims aux États généraux, puis à la Convention. Dans le procès de Louis XVI,