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SIMÈTHE, Simæthus, auj. Giaretta, petite riv. de Sicile, sortait des monts Nébrodes, et se jetait dans la mer Ionienne, non loin de Catane.

SIMFÉROPOL, en tartare Ak-Metched (mosquée blanche), v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Tauride, en Crimée, sur le Salghir et dans un beau vallon; 10 000 h. (sans la garnison). On y distingue la Ville vieille, fort irrégulière, et la Ville neuve, bien percée et bien bâtie. Belle cathédrale, palais du gouverneur. — Fondée par les Turcs en 1500, cédée aux Russes avec le reste de la Crimée en 1791.

SIMIANE, Collum longum, vge du dép. des Bouches-du-Rhône, à 12 kil. S. d'Aix; 1000 hab. Jadis titre de marquisat.

SIMIANE (Pauline de GRIGNAN, marquise de), fille de Mme de Grignan et petite-fille de Mme de Sévigné, née en 1674; morte en 1737, fut comme sa mère et sa grand-mère célèbre par son esprit et sa beauté. Elle épousa en 1695 Louis de Simiane, d'une illustre maison de Provence, alliée à la maison de Savoie, qui succéda à son beau-père en 1715 comme lieutenant général de Provence, et resta veuve en 1718. On a d'elle quelques poésies et des lettres, qui furent publiées par La Harpe en 1775, et qui depuis ont été jointes à celles de Mme de Sévigné : elles offrent, selon l'expression de La Harpe, un air de famille.

SIMLAH, poste militaire anglais dans l'Himalaya, entre le Sutledge et la Djomna, à 2000m au-dessus de la mer, est la résidence d'un gouverneur militaire.

SIMMERN, v. des États prussiens, ch.-l. de cercle, à 42 kil. S. de Coblentz; 2250 h. Elle était jadis capitale d'une principauté palatine.

SIMMIAS, poëte grec, de Rhodes, qui vivait probablement au IVe s. av. J.-C. (vers 324), passe pour l'inventeur de ces jeux bizarres qu'on appelle Vers figurés : on a de lui en ce genre trois pièces, les Ailes, l’Œuf, la Hache, dont les vers, par leur disposition, figurent en effet l'objet décrit. Saumaise et Fortunio Liceti (Encyclopædia ad Securim, Paris, 1635) ont pris la peine de les commenter.

SIMNEL (Lambert), aventurier, fils d'un boulanger d'Oxford, se fit passer, à l'instigation d'un prêtre nommé Simon, pour le duc d'York, 2e fils d'Édouard IV, dont la mort n'avait pas été bien constatée, puis pour le duc de Warwick, héritier de la maison d'York, et osa, avec l'aide d'un parti de mécontents, marcher contre l'armée de Henri VII ; mais il fut vaincu à Stoke (1487), et tomba aux mains du roi, qui le relégua comme marmiton dans ses cuisines. Cette aventure a fourni le sujet d'un opéra-comique.

SIMODA, port et rivière du Japon (Niphon), sur la côte E. de l'île, à 50 kil. E. d'Yédo. Ouvert aux Européens depuis 1853.

SIMOÏS (le), auj. le Mendérè-sou ? riv. de la Troade, sortait d'un des sommets de l'Ida, baignait la campagne de Troie et s'unissait au Scamandre pour se jeter dans l'Hellespont. Le cours du Scamandre ayant plus tard changé de direction, on prit par erreur le Simoïs pour le Scamandre.

SIMON MACCHABÉE. V. MACCHABÉE.

SIMON (S.), le Cananéen, surn. le Zélé, un des 12 apôtres, natif de Cana en Galilée, subit, dit-on, le martyre en Perse. On le fête le 28 oct. avec S. Jude.

SIMON le Magicien, du bourg de Gitton, en Samarie, avait été disciple du thaumaturge Dosithée. Il opérait lui-même des prodiges, et s'intitulait la Vertu de Dieu. Il se fit baptiser par le diacre Philippe, puis il osa demander à S. Pierre de lui transmettre, moyennant argent, le pouvoir d'opérer des miracles semblables aux siens (d'où le nom de simonie, pour désigner le trafic des choses saintes) ; mais il fut repoussé et maudit par le chef des apôtres. Simon alors se sépara des disciples de Jésus et voulut rivaliser avec eux : il visita diverses provinces de l'Orient, alla jusqu'en Italie, et fit des dupes et des prosélytes à Rome même. Il avait à sa suite une Tyrienne qu'il nommait Hélène, la donnant tantôt pour l'Hélène de la guerre de Troie, tantôt pour Minerve, tantôt pour une incarnation de l'intelligence suprême ou du Noûs. Il se disait lui-même fils de Dieu et se fit même adorer comme Dieu. On raconte qu'il lutta devant Néron avec S. Pierre, s'éleva un moment dans les airs par la magie, puis tomba et se cassa les jambes. On donne Simon comme le premier hérétique : son hérésie était une forme de Gnosticisme.

SIMON BEN-JOKAÏ, rabbin du IIe s., disciple d'Akiba, est regardé comme l'auteur du Zohar (c.-à-d. Lumière), obscur commentaire du Pentateuque, et comme le chef des cabalistes.

SIMON (Richard), savant hébraïsant, né à Dieppe en 1638, m. en 1712, était oratorien et professa la philosophie à Juilly et à Paris. Il fut exclu de son ordre pour avoir soutenu, dans son Histoire critique du Vieux Testament (1678), des opinions paradoxales, qui suscitèrent les critiques de Bossuet et des solitaires de Port-Royal et le firent condamner par le St-Siége. Outre l’Hist. critique du Vieux Testament, on a de lui Hist. du Nouv. Testament (1689), Hist. critique de la créance et des coutumes des nations du Levant (sous le pseudonyme de Moni), 1684; Hist. de l'origine et des progrès des revenus ecclésiastiques, 1684; Créance de l’Église orientale sur la transsubstantiation, 1687, et des Lettres, publ. par Lamartinière, son neveu, 1730. — Un autre Richard Simon, du Dauphiné, prêtre, a composé un grand Dict. de la Bible, Lyon, 1693 et 1703, 2 vol. in-fol., ouvrage utile et estimé avant que celui de dom Calmet parût.

SIMON (Éd. Thomas), littérateur, né à Troyes en 1740, m. en 1818, exerça d'abord la médecine, fut bibliothécaire du Tribunat, puis devint censeur des études à Nancy et professeur d'éloquence latine à Besançon. Il a publié un Choix de poésies (trad. du grec, du latin, de l'italien, 1786); les Muses provinciales, recueil des meilleures productions des poëtes de province, a traduit Martial (publ. par son fils en 1819), et abrégé le poème de S. Louis, du P. Lemoine (1816).

SIMON DE SIENNE, peintre. V. MEMMI.

SIMONETTA, hameau et château de Lombardie, situés à 5 ou 6 k. N. O. de Milan, remarquables par un écho qui répète les sons jusqu'à 36 fois.

SIMONETTA, famille originaire de Calabre, s'attacha aux Sforze, ducs de Milan, et leur rendit de grands services. Ange S., né vers 1400, m. en 1472, contribua puissamment à la fortune de Franç. Sforze. — Son neveu, Fr. S., né en 1410, eut la confiance de Franç. Sforze et de Galéas-Marie et assista Bonne de Savoie au commencement de la minorité de Jean-Galéas-Marie ; mais, ayant voulu détourner cette princesse d'une passion indigne d'elle, il fut mis en prison, appliqué à la torture et décapité (1480). — Jean Simonetta, frère de François, partagea la fortune, les honneurs, la disgrâce de son frère, mais fut épargné après avoir subi la torture, et ne mourut qu'en 1491. On lui doit : De rebus gestis Franc. Sfortiæ, Mediolanensis ducis, Milan, 1480-86, in-fol. : c'est la principale source pour l'histoire de ce prince.

SIMONIDE, poëte et philosophe grec, de Iulis (dans l'île de Céos), né en 558 av. J.-C., m. en 468, jouit de la faveur de plusieurs princes, entre autres du Pisistratide Hipparque et d'Hiéron, tyran de Syracuse. Diverses traditions le montrent vendant ses vers aux athlètes et aux grands, chantant souvent la palinodie, honoré de la protection spéciale de Castor et Pollux pour avoir introduit leur éloge dans une ode composée en l'honneur d'un athlète, perdant la vue pour avoir adressé des injures poétiques à Junon, et la recouvrant après avoir fait l'éloge de cette divinité. On dit aussi qu'il ajouta une 8e corde à la lyre et 4 lettres à l'alphabet grec (η, ω, ζ, ψ), et qu'il inventa la Mnémonique. Il excellait dans les genres élégiaque et lyrique et fut le rival de Pindare : ses Thrènes ou Lamentations étaient surtout renommées. Nous ne possédons de tout cela qu'une touchante élégie sur Danaé, quelques épigrammes (dans le sens d'inscriptions) et autres fragments recueillis par Brunck (tome I des Analecta), et par Schneidewin, 1835.