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SMITHSON (James), fils naturel du duc de Northumberland, né vers 1770, m. en 1829, s’est illustré par le noble emploi qu’il a fait de sa fortune. En 1826, il légua aux États-Unis 100 000 liv. sterl. pour fonder à Washington l’Institution Smithsonienne, association recommandable par les immenses travaux qu’elle édite sur les sciences mathématiques, physiques, historiques et économiques. Cosmopolite par goût, Smithson vivait tantôt à Londres, tantôt à Paris, à Berlin, à Florence ou à Gênes. Lié avec les savants les plus distingués de l’époque, Cavendish, Wollaston, etc., il rivalisait avec les plus habiles pour les manipulations et l’analyse. On lui doit de savantes recherches sur le Minium natif, la Zéolithe, l’Ulmine, et plusieurs procédés utiles pour faire reconnaître les poisons, notamment l’arsenic et le mercure. Ses Mémoires ont paru dans les Annales de philosophie de Thomson, les Annales de chimie et de physique et le Journal de chimie médicale.

SMOELAND, anc. division de la Suède, forme auj. les gouvts de Calmar, Jœnkœping et Kronoberg.

SMOLENSK, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de Smolensk, sur le Dnieper (r. g.) et trois petites rivières, à 700 kil. E. S. E. de St-Pétersbourg et à 415 k. O. S. O. de Moscou ; env. 15 000 h. Ville sainte. Évêché grec, cour d’appel, école militaire, gymnase, école de commerce, séminaire. Palais épiscopal, deux cathédrales, plusieurs couvents. Soieries, toiles, chapeaux, bas, papiers, etc. Commerce actif avec Riga, Dantzick, l’Ukraine (pelleteries, mâts, planches, grains). Potemkin est né aux env. de cette ville. — Smolensk, ville très-ancienne, fut longtemps une république indépendante. Elle fut soumise par Novogorod en 881. Depuis le règne de Vladimir I, et à plusieurs reprises, elle fut donnée en apanage à divers princes de la maison de Rurik, et eut titre de principauté. Dans le désordre qui suivit l’invasion mongole et la chute du grand principat de Kiev, les Lithuaniens s’en emparèrent ; ils la conservèrent jusqu’en 1514. Les Russes et les Polonais se la disputèrent ensuite pendant longtemps : les derniers entrèrent à Smolensk en 1611, et la gardèrent par le traité de Déoulina (1618) ; mais Alexis Romanov la reprit en 1654 et l’annexa définitivement à l’empire russe. Cette ville a eu, dit-on, jusqu’à 200 000 h. : elle fut dépeuplée par les pestes de 1130 et 1388, et par les guerres continuelles. Le 17 août 1812, les Français y remportèrent sur les Russes une sanglante victoire, à la suite de laquelle elle fut brûlée. — Le gouvt de Smolensk, entre ceux de Tver au N., de Moscou et de Kalouga à l’E., d’Orel au S. E., de Tchernigov au S., de Mohilev, de Vitebsk et de Pskov à l’O., a 360 kil. sur 300 et 1 400 000 hab. Sol plat et fertile, arrosé par plusieurs rivières : Duna, Dniepr, Desna, Soja, Gjat. Grains, lin, chanvre ; pâturages.

SMOLLETT (Tobie), historien et romancier écossais, né en 1720 à Dalquhurn (Dumbarton), m. en 1771, fut quelque temps chirurgien de marine, puis exerça son art à Londres, mais avec peu de succès, et le quitta pour les lettres. Il composa quelques pièces de théâtre qu’on ne voulut pas jouer, et se tourna vers le roman. Il fit paraître en 1748 les Aventures de Roderic Random, le meilleur de ses ouvrages, qui lui fit bientôt une grande réputation ; en 1751, les Aventures de Peregrine Pickle, roman licencieux, dont il donna lui-même dans la suite une édition châtiée ; en 1753, les Aventures du comte Fathom. De 1755 à 1763, il rédigea le Critical Revieto, recueil politique, anglican et tory : il se fit de nombreux ennemis par les sarcasmes qu’il y lançait contre ses adversaires, et fut mis trois mois en prison comme diffamateur. En 1758, il fit paraître une Histoire d’Angleterre, qu’il continua depuis jusqu’en 1760, et qui eut un grand succès. À la même époque il se mit aux gages du ministère de lord Bute, et soutint cette administration dans une feuille hebdomadaire, The Briton : mal récompensé de son zèle, il se vengea par des satires. Il passa ses dernières années en Italie pour réparer sa santé, et mourut à Livourne. Smollett est un des bons écrivains de l’Angleterre : c’est un prosateur élégant, un peintre habile et vrai ; mais il a terni son talent par son manque de conscience et son immoralité. Son Histoire est loin d’égaler en profondeur celle de Hume ; cependant elle est remarquable par la clarté et l’intérêt ; on lui emprunte ordinairement la partie postérieure à l’année 1688 afin de compléter l’histoire de Hume, qui s’arrête à cette époque. Cette Histoire a été trad. par Targe, 1759 et ann. suiv., 19 vol. in-12. Les romans de Smolett ont aussi été traduits pour la plupart. Outre ses écrits en prose, on a de lui quelques poésies : il publia en 1746 les Larmes de l’Écosse, poëme en faveur des vaincus de Culloden, et une Ode à l’indépendance, qui le placent parmi les bons poëtes de son pays.

SMYRNE, Smyrna, appelée Ismir par les Turcs, v. de la Turquie d’Asie, en Anatolie, ch.-l. de gouvt, au fond d’un golfe de l’Archipel qui porte son nom, à 430 kil. S. S. O. de Constantinople ; env. 130 000 h., dont 65 000 Turcs, 40 000 Grecs, de 2 à 3000 Francs (Européens), et le reste Arméniens et Juifs. Archevêché grec et arménien, mollah, de 1re classe. Quelques monuments (le grand bazar, le vizir-khan), superbes maisons le long du rivage ; la ville, longtemps sale, laide, étroite, est maintenant percée de rues propres et spacieuses et offre de magnifiques quartiers. Le commerce y est immense : les soies et soieries, les poils de chèvre et de chameau, les mousselines brodées, l’opium, la noix de galle et la valonnée, la scammonée, les fruits secs en sont les articles principaux. Toutes les nations commerçantes de l’Europe ont des consuls à Smyrne ; les Francs y forment comme une république à part, ayant son quartier et sa juridiction particulière. — Smyrne fut fondée par une colonie d’Éoliens, vers l’an 1015 av. J.-C. ; mais des Colophoniens, qui y avaient reçu asile, s’emparèrent de la ville par surprise, et la firent entrer dans la confédération ionienne, dont elle ne cessa depuis de faire partie. C’est une des villes qui prétendaient avoir été le berceau d’Homère : ses murs étaient baignés par une petite rivière appelée Melès : c’est de là, dit-on, qu’Homère tirait son surnom de Mélésigène. Prise et détruite par les Lydiens, elle fut relevée après la mort d’Alexandre par Antigone, qui la rebâtit à 20 stades de l’ancienne ville ; elle fut ensuite agrandie par Lysimaque, et devint la plus belle ville de l’Asie-Mineure. Partageant le sort de l’Ionie, elle passa depuis sous la domination des rois de Pergame, puis sous celle des Romains. Sous Tibère, elle fut renversée par un tremblement de terre (ce fléau s’y renouvela fréquemment dans la suite, ainsi que la peste). Restaurée par Marc-Aurèle, Smyrne fut célèbre sous l’empire par son commerce, par ses écoles d’éloquence et son goût pour les lettres : c’est là que naquirent Bion et Quintus (dit de Smyrne). En 1084, le Turc seldjoucide Tzachas l’enleva aux empereurs grecs et en fit la capitale d’un petit État ; mais le Grec Jean Ducas la reprit en 1097. Les Turcs s’en emparèrent de nouveau en 1332 ; elle leur fut enlevée par les Chrétiens en 1344, mais tomba en 1402 au pouvoir de Tamerlan qui la saccagea. Amurat II s’en rendit maître en 1424, et depuis elle est restée au pouvoir de la Porte. Smyrne ne dépend point du livah d’Aïdin, dans lequel elle est comprise géographiquement ; elle est administrée par un gouverneur particulier. En 1841 et 1845 cette ville a éprouvé des incendies qui l’ont presque à moitié détruite ; mais elle a promptement réparé ses pertes. — Le golfe de Smyrne, long de 50 kil. et large en moyenne de 20, forme une magnifique rade, presque abritée de tous les côtés : au S. par le mont Mimas, à l’E. par le Pagus, au N. par le Sipyle.

SNELLIUS (Willebrod SNELL, en lat.), géomètre, né en 1591 à Leyde, m. en 1626, à 35 ans, professa les mathématiques à Leyde, trouva le premier, selon