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combat où il tint tête avec 22 000 hommes à plus de 80 000 Anglais et Portugais, et ne posa les armes que quand les Bourbons eurent été assis sur le trône ; se rallia, après une courte disgrâce, au nouveau gouvernement et accepta dès 1814 le portefeuille de la guerre, mais se le vit retirer peu de jours avant le 30 mars 1815 : occupa pendant les Cent jours le poste de major général de l’armée, et combattit avec sa valeur ordinaire à Fleurus et à Waterloo ; fut exilé au retour des Bourbons et ne put rentrer en France qu’en 1819 ; se dévoua au gouvernement de Louis-Philippe après la révolution de 1830, remplaça cette même année le maréchal Gérard au ministère de la guerre et devint bientôt après président du conseil ; réorganisa l’armée, prépara et fit exécuter en 1832 la glorieuse expédition d’Anvers ; représenta la France en 1838 au couronnement de la reine d’Angleterre, et fut dans la Grande-Bretagne l’objet d’une véritable ovation ; reprit en 1839 le portefeuille de la guerre, avec la présidence du conseil ; se vit forcé en 1847, par l’état de sa santé, de résigner ses fonctions, et reçut du roi Louis-Philippe en quittant le pouvoir le titre exceptionnel de maréchal-général, titre que n’avaient porté avant lui que Turenne, Villars et le maréchal de Saxe. Soult était surtout un grand tacticien : après la victoire d’Austerlitz, Napoléon le proclama le premier manœuvrier de l’Europe. Comme ministre, il déploya des capacités administratives égales à celles de l’homme de guerre. Il a laissé de précieux Mémoires sur ses campagnes, qui ont été publiés par son fils, en 1854 et ann. suiv. Il avait formé une magnifique collection de tableaux, qui a été dispersée après sa mort. — Hector Soult, son fils, 1807-57, d’abord officier d’état-major, entra après 1830 dans la carrière diplomatique, remplit successivement les fonctions de ministre plénipotentiaire à La Haye, à Turin, à Berlin, fut longtemps député du Tarn, et appuya la politique conservatrice.

SOULTZ, v. d’Alsace-Lorraine, à 22 kil. S. O. de Colmar ; 3988 h. Rubans de soie, blanchisseries.

soultz-les-bains, bg. d’Alsace-Lorraine sur la Bruche, à 20 kil. O. de Strasbourg ; 1000 h. Bois de chauffage. Eaux thermales.

soultz-sous-forêts, bg. d’Alsace-Lorraine, à 16 kil. S. de Weissenbourg ; 1740 h. Houille, asphalte et pétrole, source salée ; vins estimés.

SOULTZMATT, bg d’Alsace-Lorraine à 22 k. S. O. de Colmar ; 2718 h. Eaux minérales acidulées, bains.

SOUMAROKOV (Alexandre Pétrovitch), poëte russe, né en 1718, m. en 1778, était fils d’un général. Il fut conseiller d’État, directeur des théâtres de la cour, membre de plusieurs sociétés savantes, et fut comblé d’honneurs et de richesses par Catherine II. Il a laissé des tragédies (Zémiro, Korev, Sinav et Trouvor, etc.), des comédies, des poëmes didactiques, des poésies diverses (odes, épîtres, satires, élégies, etc.), des Dialogues des Morts, etc. Ses Œuvres complètes ont paru à Moscou, 1787, 10 vol. in-8. Il est le premier de sa nation qui ait écrit des drames réguliers sur le plan de ceux de Corneille, de Racine et de Voltaire ; mais il choisit presque tous ses sujets dans l’histoire de Russie.

SOUMET (Alexandre), poëte, né en 1786 à Castelnaudary, m. en 1845, obtint dès sa première jeunesse de nombreuses palmes aux jeux Floraux, vint à Paris en 1808, y disputa les couronnes de l’Académie française, et l’emporta plusieurs fois sur Millevoye et Casimir Delavigne; fit paraître en 1810 l’Incrédulité, poëme didactique inspiré par une foi vive, et publia la même année une Ode à Napoléon le Grand, qui le fit nommer auditeur au Conseil d’État ; se rallia aux Bourbons en 1815, et fut nommé bibliothécaire du roi à St-Cloud : se prépara pendant plusieurs années à paraître sur la scène et fit représenter successivement plusieurs tragédies qui eurent presque toutes un brillant succès : Clytemnestre, 1820 ; Saül, 1821 ; Cléopatre, Jeanne d’Arc, 1825 ; Élisabeth de France, 1828 ; une Fête de Néron (avec Belmontet), 1830 ; Norma, 1831. Après cette dernière œuvre, il s’éloigna de la scène afin de se consacrer à la poésie épique, et ne reparut au théâtre qu’au bout de dix ans, pour donner quelques tragédies nouvelles, faites en commun avec sa fille Gabrielle : le Gladiateur (1841), Jeanne Grey (1844). Dans l’intervalle, il avait composé deux grands poëmes, Jeanne d’Arc et la Divine épopée, conception hardie où le poëte chante la rédemption, et qui est comme la contre-partie du Paradis perdu. Soumet s’est aussi exercé avec succès dans le dithyrambe, l’épître et l’élégie : tout le monde a retenu sa touchante élégie de la Pauvre fille. Il avait été reçu à l’Académie française dès 1824. Ce poëte appartient à une école qui voulait plus d’indépendance que les classiques, mais sans tomber dans les écarts du romantisme ; ses productions, souvent neuves et hardies, brillent surtout par la beauté de la forme, par l’harmonie et le coloris du style. Émule de C. Delavigne, il est avec lui le plus grand tragique de son temps. — Sa fille, Gabrielle S., auj. Mme d’Altenheim, née en 1814, s’est montrée la digne héritière de son talent : outre sa coopération aux tragédies déjà mentionnées, elle a donné les Filiales, 1836 ; les Nouvelles Filiales, 1838 ; Berthe Bertha. 1843, poëme où domine l’élément chrétien, et qui l’a fait proclamer la Muse des larmes et de la miséricorde. Elle a publié en 1846 les ouvrages inédits de Soumet.

SOUR, l’anc. Tyr, ville de Syrie (Acre), dans une presqu’île, à 36 kil. N. d’Acre ; 7000 hab. Son port, autrefois si célèbre, est presque comblé ; sa rade, qui est assez sûre, est très-frequentée. V. tyr.

SOURA, riv. de la Russie d’Europe, naît dans le gouvt de Simbirsk, arrose ce gouvt, ainsi que ceux de Penza, Simbirsk, Nijnéi-Novogorod, reçoit l’Ouza, l’Alatyr et la Piana, et tombe dans le Volga à Varil, après un cours de 750 kil.

SOURABAYA, v. forte et port de l’île de Java, sur la côte N. E., ch.-l. de prov. ; env. 80 000 h. Rade d’accès difficile ; arsenal, fonderie de canons, vastes chantiers de construction, culture de plantes rares.

SOURAKARTA ou solo, v. de l’île de Java, sur la riv. de son nom, au S. E. de Samarang, à 500 kil. E. S. E. de Batavia ; env. 100 000 hab. Capitale de l’anc. État de Matarem. Cette ville est formée par la réunion de plusieurs gros villages. C’est un des centres du commerce hollandais.

SOURDEVAL-DE LA-BARRE, ch.-l. de c. (Manche), sur la Sée, à 10 kil. N. de Mortain ; 4056 hab.

SOURDIS (Franç. d’escoubleau de), cardinal, né vers 1570, m. en 1628, était parent de Gabrielle d’Estrées, et dut sa fortune à cette parenté. Après avoir quelque temps vécu dans le monde sous le nom de La Chapelle-Bertrand, il reçut les ordres et fut fait archevêque de Bordeaux (1591), puis cardinal (1599). Violent de caractère, il eut de graves démêlés avec son chapitre et avec la parlement de Bordeaux, et subit un court exil. Néanmoins il rentra en grâce et fut même chargé de célébrer le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche (1615). Il tint le concile provincial de 1624, d’où sortirent de bonnes ordonnances sur la discipline ecclésiastique. Il mourut en 1628. — Son frère, H. d’Escoubleau de Sourdis, évêque de Maillezais en 1623, lui succéda en 1628 comme archevêque de Bordeaux, eut l’intendance de l’artillerie et la direction générale des vivres au siége de La Rochelle (1628), prit part à l’expédition navale d’Italie de 1633 et à la reprise des îles Ste-Marguerite. Il eut avec d’Épernon, gouverneur de Bordeaux, homme hautain et brutal, un démêlé violent, dans lequel tous les torts n’étaient pas de son côté, et fut soutenu en cette occasion par Richelieu. Il présida l’assemblée du clergé en 1634, et mourut à Auteuil en 1645. E. Sue a publié ses Mémoires (dans les Documents inédits), 1839.

SOURGOUT, v. de la Russie d’Asie (Tobolsk), sur l’Obi, par 70° 45’ long. E., 61° 25’ lat.N. ; 1 500 h. Fondée en 1593. Résidence du commissaire russe chargé de la perception du tribut des Ostiaks.