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un écrit inédit retrouvé en 1857 par M. Foucher de Careil), et par M. Saisset (dans l'introduction de l'éd. de 1861 de sa traduction). Un recueil des Réfutations de Spinoza avait été publié à Bruxelles dès 1731. Cette doctrine a été, au commencement de ce siècle, ressuscitée pour un moment par Schelling. Amand Saintes a donné en 1844 l’Hist. de la vie et des ouvrages de Spinoza, 4 vol. in-8.

SPIRE, Nemetes, Augusta Nemetum et Noviomagus chez les anciens, Speyer en allemand, v. de Bavière, ch.-l. du cercle du Rhin ou Palatinat, à 264 k. N. O. de Munich, sur la petite riv. de Spire, près de la r. g. du Rhin; 11 000 hab. Évêché. Cathédrale célèbre (qui contenait les tombeaux de huit empereurs). Gymnase, école d'agriculture et de commerce, école forestière, jardin botanique. Fabriques de tabac, blanchisseries de cire; commerce assez actif. — Spire était d'abord un simple village, voisin d’Augusta Nemetum, capitale des Nemetes; ce village fut joint en 1084 à la ville par l'évêque Rugier, et finit par donner son nom à la ville même. Spire devint sous Henri IV ville impériale, et fut la résidence des évêques de Spire, qui possédaient en outre Bruchsal, Philippsbourg, Rothenbourg, etc. En 1247 elle fut placée à la tête de la ligue des villes du Rhin formée contre les nobles. Il se tint à Spire plusieurs diètes, notamment celle de 1526, qui se montra favorable aux Luthériens, et celle de 1529, où Charles-Quint fit proscrire les adhérents de Luther et contre laquelle ils protestèrent énergiquement : d'où le nom de Protestants, qui leur est resté. Spire a été le siége de la chambre impériale de 1530 à 1688. Les Français s'en emparèrent en 1688, et la détruisirent en partie : les tombeaux de la cathédrale furent alors ouverts, pillés et détruits. Spire ne se releva que 10 ans après. Tallart battit les Impériaux près de Spire en 1703. Cette ville a encore été occupée par les Français en 1734, 92, 93, et enfin en 1796; réunie alors à la France, elle devint une des sous-préfectures du dép. du Mont-Tonnerre.

SPIRIDION (S.), évêque de Trémithonte en Chypre, au IVe s., avait été berger. Il défendit S. Athanase au concile de Sardique en 347. Pendant la persécution de Galérius, il fut condamné aux mines et à la perte d'un œil. On le fête le 14 décembre.

SPITHEAD, belle rade d'Angleterre (Southampton), dans la Manche, entre Portsmouth et l'île de Wight ; elle a 28 kil. sur 5, et peut contenir jusqu'à 1000 vaisseaux. C'est le rendez-vous de guerre des flottes anglaises.

SPITIGNEW I et II, ducs de Bohême. V. BOHÈME.

SPITZBERG, c.-à-d. Montagnes pointues, archipel de l'Océan Glacial Arctique, de 5° à 22° long. E., et de 74° à 80° 30' lat. N., se compose de 3 îles principales : le Spitzberg proprement dit, l'île du Sud-Est et l'île du Nord-Est. Cet archipel est désert. Il appartient géographiquement à la Norvége, mais il y vient des vaisseaux de plusieurs nations (danois, anglais, russes) pour pêcher la baleine. Il y fait un froid excessif; la grande nuit y est de près de trois mois et n'est interrompue que par les aurores boréales; l'été est très-court et chaud. Les cétacés et les phoques abondaient jadis dans les mers voisines, mais la guerre acharnée qu'on leur a faite en a beaucoup diminué le nombre. — Le Spitzberg, découvert en 1553 par l'Anglais Willoughby, qui le nomma Grœnland oriental, fut revu en 1595 par les Hollandais Barentz et Cornélius, qui s'en attribuèrent la découverte : ce sont eux qui lui donnèrent le nom de Spitzberg à cause de ses rochers pointus et escarpés.

SPLUGEN, Speluga, bg de Suisse (Grisons), à 28 kil. S, O. de Tusis, donne son nom à une montagne et à un col situé à 1925m de hauteur et qui est traversé depuis 1818 par une des plus belles routes des Alpes.

SPOHN (Fréd. Aug. Guill.), érudit, né à Dortmund en 1792, m. en 1824, professa la philosophie, puis la littérature ancienne à l'Université de Leipsick. Il a laissé nombre d'ouvrages de critique, d'histoire, de géographie, d'antiquités, et de philologie classique (notamment sur Homère, Hésiode, Théocrite, etc.), ainsi que beaucoup d'éditions latines ou grecques. Il a aussi publié : De lingua et litteris veterum Ægyptiorum, Leips., 1825-31.

SPOLÈTE, Spoletum en latin, Spoleto en ital., v. d'Italie, ch.-l. de la prov. de Spolète, sur la Maroggia, à 120 kil. N. de Rome; 7000 hab. Archevêché, dont on fait remonter la fondation à l'an 50. Ville grande, quoique peu peuplée, rues escarpées; belle cathédrale, château fort, pont, sur un côté duquel se trouve un aqueduc Nombreux et beaux restes d'antiquités (temple de la Concorde, palais de Théodoric, etc.). Peu d'industrie. — Spolète était jadis une des principales villes de l'Ombrie; en 217 av. J.-C., après la bat. du Trasimène, elle résista courageusement aux attaques d'Annibal. Sous l'empire romain, elle devint riche et florissante ; en 572, elle fut érigée par l'exarque de Ravenne en un duché, qui ne tarda pas à tomber au pouvoir des Lombards. Enlevée aux Lombards par Charlemagne, elle fut donnée aux papes, qui y maintinrent des ducs. Après Hugues II, 41e duc (1012-1030), les ducs de Spolète ne furent plus que des gouverneurs amovibles au gré des empereurs allemands, rois d'Italie. Au moyen âge, Spolète fut souvent en lutte avec les villes voisines, surtout avec Pérouse : les Pérugins la saccagèrent en 1324. Sous l'empire français, elle fut le ch.-l. du dép. du Trasimène. — La prov. de Sp. est divisée en 3 districts, Spolète, Norcia et Terni, et compte env. 130 000 hab. En 1860, elle s'agrégea au Royaume d'Italie.

SPON (Jacques), médecin et antiquaire, né à Lyon en 1647, d'une famille protestante, m. en 1685, voyagea en Italie, en Grèce, dans le Levant, revint dans sa patrie vers 1676, chargé de trésors scientifiques, mais se vit forcé de sortir de France lors de la révocation de l'Édit de Nantes, et m. à l'hôpital de Vevey, dénué de tout. On a de lui : Miscellanea eruditæ antiquitatis, in quibus marmora Grutero et Ursino ignota illustrantur, Lyon, 1685; les Antiquités et curiosités de la ville de Lyon, 1673 et 1859, et une Hist. de Genève, qui fut mise à l’Index. — V. SPOHN.

SPONDE (Jean de), Spondanus, né à Mauléon en 1557, m. en 1595, était fils d'un conseiller-secrétaire de Jeanne d'Albret. Il abjura le Calvinisme et fut nommé lieutenant général de la sénéchaussée de La Rochelle, et maître des requêtes. On lui doit des versions latines d’Homère, Bâle, 1583, et d'Hésiode, La Rochelle, 1592. — H. de Sp., son frère (1568-1643), filleul de Henri IV, abjura aussi et devint évêque de Pamiers. On a de lui : Epitome Annalium ecclesiasticorum Baronii, Paris, 1612; Annalium Baronii continuatio, 1639. Ses Œuvres ont été réunies en 1639, 6 vol. in-f°.

SPONTINI (Gaspard), compositeur, né en 1778, à Majolati, près d'Iési, m. en 1851, étudia au Conservatoire de Naples, composa un opéra pendant qu'il était encore sur les bancs, s'enfuit de Naples pour se produire à Rome, donna, soit dans cette ville, soit à Venise et à Florence, une douzaine de pièces, mais sans pouvoir percer, vint chercher fortune à Paris en 1803 et y fit représenter sur le Théâtre Italien la Finta filosofa, opéra bouffe, qui fut accueilli favorablement, commença à révéler son talent dans Milton (1804), fut nommé peu après maître de chant et directeur de la musique de l'impératrice Joséphine, et réussit à faire représenter, malgré mille obstacles, un grand opéra, la Vestale, dont le poëme était l’œuvre de Jouy (1807) : ce chef-d'œuvre, d'un genre tout nouveau, obtint un succès éclatant, et valut à son auteur un des grands prix décennaux. Fernand Cortez, autre opéra, dont le sujet avait été suggéré par Napoléon lui-même, et dont Jouy fournit aussi les paroles, fut représenté en 1809 et augmenta sa réputation. Nommé en 1810 directeur du Théâtre italien, il quitta au bout de deux ans cette administration, qui