Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cié par Sainte-Beuve dans les Nouveau Lundis, t. I.

SWIFT (Jonathan), écrivain anglais, né en 1667 à Cashel en Irlande de parents pauvres, passa de bonne heure en Angleterre, eut pour protecteur sir W. Temple, dont on l'a cru à tort le fils adultérin, entra dans la carrière ecclésiastique et obtint la prébende de Kilroot, puis le doyenné de St-Patrick en Irlande, qui lui rapportait plus de 1000 liv. sterling. Tory par principes ou par ses relations avec la cour, il écrivit plusieurs brochures en ce sens, et s'acquit ainsi la faveur du conseil privé de la reine Anne. A l'époque de la chute de la duchesse de Marlborough (1711), son crédit s'éleva au plus haut degré. La mort de la reine mit fin à son rôle politique, et il revint en Irlande, où il mourut en 1745, presque en enfance. Swift eut des rapports fort bizarres avec deux femmes qu'il a rendues célèbres et qui toutes deux l'aimaient vivement: l'une, la belle Stella, qu'il épousa, mais pour ne la traiter que comme une sœur; l'autre, Esther van Homrigh, qu'il nomme Vanessa dans ses écrits, et qui mourut du regret de voir sa rivale préférée. On a de Swift, outre un grand nombre d'articles politiques dans l’Examiner : les Voyages de Gulliver (1728), le Conte du Tonneau ou Conte de la mère l'Oie, la Prophétie de Bickerstoff, la Bataille des Bouquins, les Lettres de Napier. Les Voyages de Gulliver ne sont qu'une espèce d'allégorie remplie d'allusions aux circonstances et aux personnages politiques de l'époque ; le Conte du Tonneau est un pamphlet où le pape, Luther et Calvin sont attaqués tour à tour, les écrits de Swift, satiriques ou burlesques pour la plupart, l'ont fait surnommer le Rabelais de l'Angleterre. Il a au suprême degré le genre de gaieté que les Anglais appellent humour : il garde un rare sérieux en lançant les traits les plus risibles, et il excelle à revêtir de vraisemblance ses fictions les plus folles. Son style est classique, surtout en prose. Ses Œuvres ont été publiées par Hawkesworth à Londres, 1755, 14 vol. in-4. Les Voyages de Gulliver ont été trad. par Desfontaines, et le Conte du Tonneau par Van Effen. L. de Wailly a publié en 1860 une traduction des Opuscules humoristiques de Swift. Sa Vie a été écrite par Orrery, Th. Sheridan, W. Scott et Deane Swift, son petit-neveu. On doit à Prévost-Paradol : Swift, sa vie et ses œuvres, 1856, et à H. Raynald une Biographie de Swift, 1857. — Th. Swift, fils de Deane S., m. en 1815, cultiva la poésie : on a de lui les Escrocs, le Temple de la folie, etc.

SWINE, une des trois grandes branches par lesquelles l'Oder se rend dans la Baltique, sépare l'île d'Usedom de celle de Wollin, et a 15 kil. de large.

SWINEMUNDE, v. et port des États prussiens (Poméranie), sur la côte E. de l'île d'Usedom, à l'embouch. de la Swine, à 55 kil. N. O. de Stettin ; 4500 h. Chantiers de construction, eau-de-vie de grains, pêche de harengs, etc. Assez de commerce.

SYAGRIUS, patrice romain, fils du comte Ægidius ou Gilles, qui avait détrôné le roi des Francs Childéric I, retint sous la domination romaine, après la mort de son père (464), le territoire de Soissons. Clovis vint l'y attaquer et le défit (486). Syagrius alla chercher un asile auprès d'Alaric, roi des Wisigoths, qui eut la lâcheté de le livrer à Clovis. Ce prince le fit mettre à mort, et resta ainsi maître de toutes les places que les Romains possédaient dans les Gaules. — Un autre Syagrius, bisaïeul de celui-ci, avait été secrétaire de l'empereur Valentinien (369), puis préfet de Rome et consul sous Gratien (382). Il était lié avec Ausone, qui lui dédia ses poésies; il fut lui-même assez bon poëte.

SYBARIS, v. de l'Italie méridionale, sur les bords du Crathis, près de son embouch. dans le golfe de Tarente, et sur la frontière de la Lucanie et du Brutium, fut fondée par les Locriens vers 725 av. J.-C., s'enrichit par le commerce, devint pendant un temps la première ville de la Grande-Grèce, et rangea sous ses lois 7 peuples et 16 villes; mais elle fut perdue par le luxe et la mollesse de ses habitants, les Sybarites, dont le nom est devenu synonyme d'efféminé, et elle fut conquise et détruite par les Crotoniates en 510. Des colons athéniens la reconstruisirent à quelque distance, en 446, sous le nom de Thurium. Les Romains prirent cette ville en 194 av. J.-C., et la nommèrent Copiæ. Les ruines de Sybaris occupent une étendue de 8 kil. sur les bords du Crathis, près de Torre Brodognato.

SYCOPHANTE, épithète injurieuse que les Athéniens appliquèrent aux délateurs et aux calomniateurs. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

SYDENHAM, vge situé à 9 k. de Londres, où l'on a reconstruit, pour une exposition permanente, le Palais de Cristal, qui avait servi à l'exposition universelle de Londres en 1851. Ce palais, dont la reconstruction coûta des sommes énormes, fut ouvert en 1854.

SYDENHAM (Thomas), célèbre médecin, l’Hippocrate anglais, né en 1624 à Windford-Eagle (Dorset), m. en 1689, exerça son art avec le plus grand succès à Westminster, faubourg de Londres. Il ramena les esprits à l'observation de la nature et à l'expérience, étudia avec soin les constitutions atmosphériques afin de mieux traiter les épidémies, appliqua à la guérison de ces maladies, surtout à celle de la petite vérole, le traitement anti-phlogistique avec un grand succès, découvrit la meilleure manière d'administrer le quinquina, fit grand usage de l'opium, et inventa la composition de laudanum qui porte son nom. Ses Œuvres complètes (en latin) ont été imprimées à Genève, 1716, et à Londres, 1734, et trad. en français par Jault, Paris, 1774, et Montpellier, 1816. On estime surtout son Traité de la goutte.

SYDNEY, v. de l'Austrasie, capit. de la Nouvelle-Galles du Sud, sur la côte E., et sur la baie de Sydney, par 148° 30' long. E., 33° 51' lat. S. ; env. 80 000 h. (on en comptait seulement 30 000 en 1841). Vaste port dit Port-Jackson (un des plus beaux du globe), fort Macquarie. Le climat est très-salubre, mais l'eau rare. Évêché, sociétés savantes, école de commerce, jardin botanique, observatoire, théâtres, chemins de fer ; chantiers de construction. Commerce actif avec la Chine, l'Inde, l’Océanie : on exporte de grandes quantités de laine, de l'huile de baleine, des bois de construction. — Sydney a été fondée en 1788 : c'est le 1er établissement anglais en Australie. Sa population se composa longtemps de Convicts (condamnés); mais cette ville a cessé en 1841 d'être un lieu de déportation.

SYÈNE, auj. Assouan, v. de l’Égypte ancienne (Thébaïde), sur la r. dr. du Nil, près de la frontière d’Éthiopie et presque sous le tropique (par 24° 5' lat. N.) : les anciens la croyaient sous le tropique même. Juvénal fut exilé à Syène. Cette ville fut florissante jusqu'en 1403, qu'elle fut dépeuplée par la famine et la peste. Les environs fournissaient un granit de couleur rose, appelé Syènite, dont les anciens Égyptiens se sont surtout servis pour leurs sculptures, leurs statues et leurs obélisques. Les rochers voisins sont couverts d'hiéroglyphes. V. ASSOUAN.

SYKS. V. SEIKHS.

SYLBURG (Fréd.), helléniste, né en 1536 à Wetter, près de Marburg, m. en 1596, fut longtemps attaché à l'imprimerie de Wechel à Francfort, puis à celle de Jér. Commelin à Heidelberg, et travailla activement au Thesaurus d'H. Étienne. Par les corrections pleines de goût qu'il fit aux textes, par ses notes et ses tables, il a rendu de vrais services à la critique. On estime encore ses éditions d’Aristote, Francfort, 1584-87; de Pausanias, 1583; de Denys d'Halicarnasse, 1586; des Scriptores historiæ romanæ, 1588; de l’Etymologicum magnum, 1594; de S. Justin, Clément d'Alexandrie, Thucydide, Dion Cassius. On a de lui une grammaire grecque d'après la méthode de Ramus (Rudimenta linguæ græcæ Francf., 1600), et un Alphabetum græcum, de litterarum formis, potestate, etc., 1591.

SYLLA (CORNELIUS), romain célèbre, né l'an 137