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cires, pastèques, dattes, pistaches, bananes, etc. Tremblements de terre fréquents, et nombreuses trace d'éruptions volcaniques (vers la mer Morte); grande quantité de bitume et de soufre dans l'anc. Judée. Peu d'industrie : les célèbres manufactures d'armes de Damas, les fabriques d'étoffes d'or et de soie d'Alep sont en décadence ; mais le commerce est assez actif sur les côtes et dans quelques villes (Alep, Damas, Latakièh, Tripoli, Beyrouth). Le commerce est pour la plus grande partie aux mains des Juifs et des Européens (ceux-ci ont des consuls dans les grands ports de la Syrie, que l'on comprend au nombre des Échelles du Levant). Le gouvernement, le plus souvent exercé très-arbitrairement par des pachas, est vexatoire et insuffisant. La majorité des habitants se compose de Turcs et d'Arabes; dans certains districts vivent des peuplades indépendantes, qui sont souvent en guerre les unes avec les autres : les Ismaéliens et les Druses (qui sont en même temps un peuple et une secte religieuse), les Métualis, les Maronites (petite société chrétienne) ; on trouve encore des Samaritains à Naplouse. La langue usuelle est l'arabe; vient ensuite le turc. L'italien et le français, ou plutôt la langue franque, se parlent dans les villes et sur la côte.

SYRIE ANCIENNE. Elle se divisait en trois parties : 1° Syrie vraie au N.; 2° Phénicie, sur la côte, vers le milieu ; 3° Palestine, au S., renfermant le pays des Philistins (ce dernier n'était qu'une côte étroite comme la Phénicie). Dans la Syrie vraie, on distinguait encore la Célésyrie ou Syrie creuse, entre le Liban et l'Anti-Liban, la Chalcidique, la Cyrrhestique, l'Euphratésienne, la Comagène. Les villes principales étaient Damas, Antioche, Tyr, Sidon, Béryte, Acco (St-Jean-d'Acre). Depuis le IVe s., la Syrie fut comprise par les Romains dans le diocèse d'Orient, dont elle forma la plus grande partie. On nommait Leucosyrie ou Syrie-Blanche une partie de la Cilicie (V. LEUCOSYRIE), par opposition à la Syrie propre, qu'on nommait Mélano-Syrie ou Syrie-Noire. Les Syriens adoraient des divinités à la fois sanglantes et voluptueuses : Baal, Moloch, Astarté, Atargatis ou Dercéto, etc.

Histoire de la Syrie. Les anciens habitants de la Syrie donnaient à leur pays le nom d’Aram; la Bible les fait descendre en effet d'Aram, un des fils de Sem. Le pays forma longtemps une foule de petits États à peu près indépendants, parmi lesquels on remarquait dès les temps les plus anciens les quatre royaumes de Damas, Hamah, Gessur et Sobah. Pendant plusieurs siècles, ces petits États furent sans cesse en guerre entre eux et avec les Juifs : David et Salomon les assujétirent au tribut. Tout le pays fut soumis par les rois d'Assyrie et de Babylone de 738 à 670 av. J.-C., puis il passa sous la domination des Perses, sous celle d'Alexandre, et, après celui-ci, appartint successivement à plusieurs de ses lieutenants, Laomédon, Antigone, Ptolémée, Séleucus; ce dernier en resta définitivement possesseur après la bataille d'Ipsus (301 av. J.-C.). Maîtres de presque toute la monarchie de Darius, les Séleucides firent de la Syrie leur province principale; leur empire prit de là le nom de Royaume de Syrie (V. ci-après); Antioche, fondée au cœur de la Syrie par Séleucus, devint leur capitale. La rivalité de la Syrie avec l’Égypte, les attaques des Parthes, qui enlevèrent aux Séleucides leurs provinces orientales, la guerre que leur firent les Romains de 193 à 190, le soulèvement de la Judée et son indépendance proclamée par les Macchabées (169), enfin les discordes de la famille royale amenèrent la ruine totale de l'empire des Séleucides. La Syrie fut soumise par les Romains l'an 64 av. J.-C., et réduite en province romaine. Ce pays redevint florissant sous la domination des Romains, sauf quelques instants où il fut ravagé par les Parthes (53-41 av. J.-C.), puis par les rois Sassanides de Perse (257-261 de J.-C.). Il donna même des empereurs et des impératrices à Rome, et l'on nomme Période syrienne celle qui va de Septime-Sévère à Philippe l'Arabe (193-249). La Syrie avait été, après la Judée, la 1re province où eût pénétré le Christianisme : depuis le triomphe de cette religion, le siége d'Antioche devint un patriarcat. La Syrie tomba une des premières au pouvoir des Arabes (634-638); elle devint leur prov. principale sous les Ommiades, qui siégeaient à Damas (669-750) ; depuis elle appartint tour à tour, en tout ou en partie, aux Abbassides, aux Thoulounides (883-905), aux Fatimites (968-1078), aux Seldjoucides (1078-1154). Après la 1re croisade, elle fut partagée entre les Chrétiens, qui y formèrent divers petits États (Jérusalem, Antioche, Tripoli), et les princes musulmans de Damas et d'Alep, dont les États furent finalement réunis en un seul sous les Atabeks de Syrie (1154). Ceux-ci à leur tour furent remplacés par les Ayoubites d’Égypte, qui prirent Jérusalem en 1187. Après diverses révolutions, les Chrétiens furent définitivement chassés de la Palestine (1291) par Kélaoun, sultan baharite d’Égypte, et la Syrie resta près de trois siècles unie à l’Égypte, jusqu'à ce que le sultan ottoman Sélim I mit fin à la domination des Mamelouks Baharites et joignit la Syrie à ses États (1517). Depuis ce temps, la Syrie a toujours été province ottomane, à quelques révoltes près (tantôt sous l'émir druze Fakhreddin, 1635, tantôt sous quelques pachas, entre autres le fameux Ahmed-Djezzar, à la fin du XVIIIe s.). En 1799, les Français, déjà maîtres de l’Égypte, tentèrent la conquête de la Syrie, mais sans pouvoir y réussir complètement. En 1833, après la bataille de Konieh, la Syrie avait été cédée par le sultan à Méhémet-Ali; mais l'intervention armée des Anglais l'a fait restituer au sultan (1840). Depuis peu, les Maronites et les Druses ont obtenu des chefs indigènes (1842). En 1860, il éclata entre ces tribus une guerre acharnée, qui ne put être terminée que par l'intervention armée de la France, agissant au nom des puissances européennes.

SYRIE (Roy. de), vaste empire fondé par les Séleucides et beaucoup plus étendu que la Syrie propre, dura 237 ans, de 301 à 64 av. J.-C. Séleucus I Nicator, qui dès 311 régnait à Babylone et sur toute la haute Asie, le fonda après la victoire d'Ipsus (301), qui fit perdre la Syrie à Antigone. Ce royaume varia sans cesse de limites, mais presque toujours il alla décroissant. On doit y distinguer 5 moments principaux : l° de 301 à 240 environ, l'empire embrasse à peu près toutes les possessions des Achéménides en Asie : Syrie, Asie-Mineure (sauf quelques districts), Perside, Susiane, Babylonie, Assyrie, Médie, Bactriane, etc. (Pergame et la Palestine s'en détachèrent dès 270 et 275; la Parthiène et la Bactriane se révoltèrent en 255); — 2° de 240 à 189 : l'empire s'accroît de la Palestine en 203, mais il perd ce qu'il avait en Asie-Mineure (190) ainsi que plusieurs provinces de l'extrême Orient; — 3° de 189 à 144 : perte de la Palestine affranchie par les Macchabées (168, etc.), perte de presque toutes les provinces de l'ouest (144); — 4° de 144 à 135 : le roy. de Syrie est réduit à la Syrie vraie, à la Cilicie et à la Pamphylie, mais il conserve encore son unité; — 5° de 125 à 64 : le royaume est divisé en 2 États jusqu'à la conquête par Tigrane (83-69), et est enfin réduit en province romaine par Pompée (64). Antioche fut, dès sa fondation, la capitale de tout l'empire.

Rois Séleucides de Syrie.
1re période (Succession régulière).
Séleucus I, Nicator, 311 Antiochus III, le Grand, 222
Antiochus I, Soter, 279 Séleucus IV, Philopator, 186
Antiochus II, Théos I 260 Héliodore, 174
Séleucus II, Callinicus, 247 Antiochus IV, Épiphane, 174
Séleucus III, Céraunus, 225 Antiochus V, Eupator, 164-162
2e Période (cinq usurpateurs).
Démétrius I, Soter, 162-149
Alexandre I (Bala), 150-144