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l’infant don Carlos à la conquête de Naples, devint son 1er ministre quand l’infant fut roi (1735), et conserva son pouvoir sous Ferdinand IV jusqu’à l’entrée au conseil de la reine Caroline, qui le fit éloigner (1776). Il réforma quelques abus et promulgua un code nouveau, le Codice Carolino, mais gouverna despotiquement. Hostile au St-Siége et au clergé, il fit occuper Bénévent et Pontecorvo, limita la juridiction du nonce et des évêques, supprima un grand nombre de couvents et d’abbayes, et distribua leurs biens à des laïques. Il s’était d’abord signalé comme jurisconsulte : parmi ses ouvrages, on remarque : Epistola de Pandectis Pisanis in Amalphitana direptione inventis, Florence, 1731, 2 vol. in-4.

TANZIMAT, c.-à-d. Charte d’organisation, décret par lequel le sultan Abdul-Medjid, en 1839, rendit obligatoire dans tout l’empire ottoman le hatti-chérif de Gulhané. V. hatti-chérif.

TAO, un des noms de l’Être suprême chez les Chinois : c’est la Raison suprême, la Loi, considérée comme réglant la nature. On nomme Tao-Tsée une secte qui adore le Créateur sous le nom de Tao et qui fut fondée au ive s. av. J.-C. par Lao-Tseu. Stanislas Julien a traduit en français le Tao-te-King, livre qui renferme l’exposition de cette doctrine, 1842. G. Pauthier a donné un savant Mémoire sur l’origine de la doctrine du Tao, 1831.

TAO-KOUANG, c.-à-d. Splendeur de la raison, empereur de la Chine de 1820 à 1850, né en 1781, soutint, de 1839 à 1842, une guerre inégale contre les Anglais, qui voulaient, malgré sa défense, introduire l’opium dans ses États, se vit enlever Canton, Hong-Kong, Chusan, Ning-Po, Yang-tsé-Kiang, Chang-Haï, Nanking, et dut non-seulement céder aux exigences des Anglais, mais leur abandonner Hong-Kong, payer 21 millions de dollars, et ouvrir au commerce européen les ports de Canton, Amoy ou Emoui, Fou-Tchéou, Ning-Po et Chang-Haï.

TAORMINA, Tauromenium, v. forte de Sicile, sur la côte orient., adossée au mont Taurus, à 45 kil. S. O. de Messine ; 3000 h. ; 2 forts. Ruines (théâtre taillé presque en entier dans le roc, naumachie, citernes, aqueduc). Aux env., marbre rouge. L’ancienne Tauromenium fut détruite par les Sarrasins.

TAPHÉES, Taphiæ, petites îles de la mer Ionienne, entre l’Acarnanie et Leucade, étaient ainsi nommées de Taphius, fils de Neptune, qui y régna. On les nommait plus anciennement Téléboïdes. Les Taphiens étaient bons marins, mais pirates. Il furent exterminés par Amphitryon, pour avoir tué les fils d’Électryon, cousins de ce prince. — On donnait aussi le nom de Taphiens ou de Téléboëns à un peuple d’Étolie, et aux habitants de l’île de Caprée, colonisée, dit-on, par les Téléboëns d’Étolie.

TAPHROS, c.-à-d. en grec Fossé, v. de la Chersonèse Taurique, est auj. Pérékop.

TAPROBANE, ancien nom de l’île de Ceylan.

TAPTI, Goaris, riv. de l’Inde, naît dans les monts du Gandouana, sépare le Kandeich du Bérar, arrose le Guzzerat, passe à Bourhampour et à Surate, et se jette dans la mer des Indes, au golfe de Cambaye, à 16 k. E. de Surate, après un cours d’env. 800 kil. Affluents principaux, la Pournah et la Guirna. Les Banians avaient pour ce fleuve un respect religieux.

TARAFA, poëte arabe, l’un des auteurs des Moallakats (V. ce mot), vivait peu avant Mahomet. Ayant épuisé ses ressources dans la dissipation, il passa avec Motelammis, son oncle, poëte comme lui, au service d’Amrou, roi de Hira, en Arabie. Mais le roi, blessé de ses satires, résolut de le faire mourir : il feignit de lui donner une lettre de recommandation pour le gouverneur d’un pays où il se rendait, mais cette lettre renfermait l’ordre, de le mettre à mort : le malheureux poëte fut à son arrivée saisi et enterré vivant. Il n’avait que 26 ans.

TARAISE (S.), patriarche de Constantinople, né dans cette ville vers 740, m. en 806, fut élevé au patriarcat en 784, après avoir longtemps refusé cette dignité, et ne céda qu’aux instances de l’impératrice Irène. Il fit condamner les Iconoclastes au 2e concile de Nicée (787) et dissuada Constantin V de répudier son épouse. On a de lui les Discours à Irène et des Lettres au pape Adrien et autres (dans le recueil des Conciles du P. Labbe). On l’hon. le 25 février.

TARANIS, dieu gaulois qui présidait au tonnerre, paraît être le même que le Thor des Germains.

TARANTAISE, Darantasia et Tarantasia, anc. prov. des États sardes (Savoie), entre celles de Faucigny au N., d’Aoste à l’E., de Maurienne au S. et à l’O., et la Savoie supérieure au N. O., comptait 50 000 hab. et avait pour ch.-l. Moutiers. Pays montagneux : les Alpes Grecques le limitent à l’E., et on y remarque le mont Iseran (d’où sort l’Isère) et le petit St-Bernard. — C’est l’ancien pays des Centrons, qui, au moyen âge, eut pour capit. Tarantasia ou Darantasia (auj. Moutiers). La Tarantaise fut gouvernée par ses évêques jusqu’à la fin du xie siècle, époque où elle fut réunie à la Savoie. Depuis 1860, elle appartient à la France et fait partie du dép. de Savoie.

TARARE, ch.-l. de c. (Rhône), sur la Turdine, au pied de la mont. de Tarare, à 32 kil. N. O. de Villefranche ; 14 569 h. Vue magnifique. Mousselines diverses, unies ou brodées ; blanchisseries, peluches de soie, etc. Aux environs, nombreuses fabriques de mousseline qui occupent 60 000 ouvriers.

TARASCON, Tarasco, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 15 kil. N. d’Arles, sur le Rhône (r. g.) et le chemin de fer d’Avignon à Marseille, vis-à-vis de Beaucaire ; 13 489 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, bibliothèque. Beau pont suspendu, faisant communiquer la ville avec Beaucaire ; belle église Ste-Marthe, bel hôtel de ville ; bains à la romaine. Vieux château, habité jadis par les comtes de Provence, et servant auj. de prison. Draps, cadis, serges, tissus de soie et de filoselle, chapeaux, vinaigre, etc. ; saucissons renommés ; culture de la garance, du chardon, des amandiers. Commerce très-actif. — Cette ville est très-ancienne, et fut très-florissante au moyen âge. Selon la légende, elle fut désolée par un dragon monstrueux qu’on appelait la Tarasque, et dont Ste Marthe délivra miraculeusement la contrée : une procession annuelle, qui a lieu le jour de la Pentecôte, rappelle ce miracle de la sainte, qui est restée la patronne de la ville. Le roi René faisait sa résidence à Tarascon. Pendant quelques années, cette ville fut le ch.-l. de l’arrondissement.

TARASCON-SUR-ARIÉGE, ch.-l. de c. (Ariége), à 17 k. S. de Foix ; 1502 hab. Entrepôt de tout le fer que donnent les nombreuses mines des environs.

TARAZONA, Turiaso, v. murée d’Espagne (Saragosse), à 90 kil. N. O. de Saragosse; 10000 h. Évêché. Belle cathédrale gothique. Un peu de commerce. Ville fort ancienne, dont l’origine remonte aux Celtibériens. Prise par les Arabes en 713, elle fut reprise par les Chrétiens en 1118.

TARBÉ (L. Hardouin), né à Sens en 1753, m. en 1806, fut avocat et premier commis des finances sous Necker et de Calonne, directeur des contributions sous de Lessart, enfin ministre des finances en 1791. Il réorganisa aussitôt ce service et établit à peu près l’organisation qui existe encore aujourd’hui. Il donna sa démission en 1792, et refusa depuis de rentrer aux affaires, quoiqu’il eût été porté par le conseil des Cinq-Cents sur la liste des candidats au Directoire. — Son frère, Charles Tarbé, 1756-1804, député à l’Assemblée législative et au conseil des Cinq-Cents, combattit les mesures révolutionnaires. — Son petit fils, André T. des Sablons, chef de division au ministère du commerce, a donné dès 1799 un Manuel pratique des Poids et Mesures, qui a eu de nombreuses éditions et qui a beaucoup contribué à populariser le système métrique. — Mme Tarbé des Sablons, femme d’André, s’est fait connaître par d’estimables romans moraux.

TARBELLI, peuple de la Gaule, dans la Novempopulanie, au S. des Boii, habitait le long de l’Atlantique et avait pour ch.-l. Aquæ Tarbellicæ (Dax).