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TASSILLON, duc de Bavière (748-788), le dernier des Agilolfinges, avait épousé Luitperge, une des filles de Didier, roi des Lombards. Quand ce prince eut été détrôné par Charlemagne, il voulut, pour le venger, former contre l'empereur franc une ligue avec les Saxons, les Avares, les Sarrasins d'Espagne, les ducs lombards du midi de l'Italie, et Adalgise, fils de Didier; mais il fut vaincu et pris en 788 : mis en jugement devant la diète d'Ingelheim comme ayant faussé son serment de fidélité, il se vit condamné à mort. Charlemagne commua la peine en une prison perpétuelle dans l'abbaye de Jumiéges : c'est là qu'il mourut.

TASSIN (le P.), bénédictin, né en 1697 à Lonlay (Sarthe), m. en 1777, rédigea avec D. Toustain un Nouveau traité de Diplomatique, 1750-65, qui complète celui de Mabillon, et publia seul l’Histoire littéraire de la congrégation de St-Maur, 1770.

TASSISUDON, capit. du Boutan, dans une haute vallée de l'Himalaya, à 330 k. S. O. de Lassa, par 87° 10' long. E., 27° 50' lat. N., à 600 kil. N. E. de Calcutta. Résidence du Debradjah, souverain temporel du Boutan, et du Dharmah-radjah, souverain spirituel. Beaucoup d'idoles en bronze, notamment celle de Mahamounie.

TASSONI (Alexandre), poëte italien, né en 1565 à Modène, m. en 1635, fut secrétaire du cardinal Ascagne Colonna (1599), puis du duc de Savoie (1618), et s'attacha enfin au duc de Modène François I, qui le créa conseiller. Il savait beaucoup de physique, de géographie, d'histoire et de littérature. Son ouvrage principal est le poëme héroï-comique du Seau enlevé (Secchia rapita), Modène, 1622 et 1744, poëme placé trop bas par Voltaire, mais trop exalté par Apostolo Zeno. Il y chante en vers burlesques une querelle survenue entre Modène et Bologne au sujet d'un seau de puits qui finit par rester au pouvoir de ceux de Modène. Il sait habilement mélanger le plaisant et le sérieux et appliquer le style héroïque aux sujets les plus légers et les plus badins. On a aussi de Tassoni des Poésies diverses (Rome, 1602), et de bonnes Observations sur Pétrarque, 1609.

TATARS. V. TARTARES.

TATIEN, philosophe platonicien, né vers 130 en Syrie, se convertit au Christianisme, se mit au nombre des disciples de S. Justin, et écrivit un Discours aux Grecs (publ. par C. Gessner, 1546, et par Otto, Iéna, 1851), pour leur prêcher la foi; mais il tomba, vers 172, dans les erreurs des Gnostiques et fut regardé comme hérésiarque. Il est le chef de la secte des Encratistes ou Continents, qui s'interdisaient le vin et le mariage. — Un autre T., de Mésopotamie, qui vivait au Ve s., est auteur d'une Harmonie des Évangiles, en grec, dont on n'a qu'une trad. latine, par Victor de Capoue (dans la Biblioth. des Pères).

TATITCHEV (Basile Nikitich), historien russe, 1686-1750, fut attaché au collège des mines, remplit pour ce service diverses missions en Sibérie et en Suède, devint grand maître des mines (1737), et rédigea le code minier de la Russie. Il a laisse une Histoire de Russie, qu'il n'a pu achever et qui a été publiée par Muller, à Moscou, 1769-84, 4 vol. in-4; cet ouvrage renferme de très-utiles documents. On lui doit aussi un bon Atlas de la Sibérie, 1745.

TATIUS (T.), roi de Cures (ou Quirium), chez les Sabins, était déjà vieux quand le rapt des filles sabines lui fit prendre les armes contre Romulus, 745 av. J.-C. Suivant le récit vulgaire, il entra dans la citadelle, grâce à la trahison de Tarpeïa, et livra trois combats aux Romains : il allait vaincre dans le dernier quand l'intervention des Sabines fit cesser le combat. Tatius consentit à régner conjointement avec Romulus sur le peuple uni des Romains et des Quirites (populus Romanus Quiritium). Au bout de 5 ans, Tatius fut tué à Lavinium, par des habitants de Laurente auxquels il refusait justice; Romulus fut soupçonné d'avoir eu part à ce meurtre.

TATTA ou TATTAH, Patala ? v. de l'Inde (Sindhy), près du Sind, à 80 kil. de la mer, et à même distance d'Haïderabad, au S.; 15 000 hab. Jadis commerçante, mais bien déchue. Fondée en 1485, prise et pillée par les Portugais en 1555.

TAUBER, riv. d'Allemagne, naît dans le Wurtemberg (cercle de l'Iaxt), coule à l'E., entra en Bavière, arrose les cercles de la Rézat et du Bas-Mein, se dirige au N., pénètre dans le grand-duché de Bade, traverse le cercle de Mein-et-Tauber, et se jette dans le Mein à Wertheim; cours, 125 k.

TAULÉ, ch.-l. de cant. (Finistère), à 7 k. N. O. de Morlaix; 2286 hab.

TAULER (Jean), Taulerus, mystique, né en Alsace vers 1294, prit l'habit de St-Dominique à Strasbourg, vint à Paris pour y perfectionner ses études théologiques, et mourut à Strasbourg en 1361. Il a laissé plusieurs outragea regardés comme classiques par les mystiques : Méditations sur la vie et la passion du Sauveur, Institutions divines, Moelle de l'âme, Lettres spirituelles, le tout en allemand. Ses Œuvres, plusieurs fois imprimées dans le texte allemand, ont été traduites en latin par Surius, Cologne, 1548; les Institutions divines ont été mises en français par Loménie de Brienne (1665), et insérées dans le Panthéon littéraire, Paris, 1835.

TAUNTON, v. d'Angleterre (Somerset), sur la Tone, à 59 kil. S. O. de Bristol; 12 200 hab. Ancien château, bâti par les Saxons, église gothique. Soieries et lainages communs.

TAUNUS, chaîne de mont. de l'Allemagne occid., dans le duché de Nassau, commence sur les frontières de la Hesse, court au S. O., et se termine sur la r. dr. du Rhin. Elle sépare les eaux de la Lahn d'avec celles du Mein et du Rhin. Sommets principaux : Grand-Feldberg (868m), Alte-Koenig (800m).

TAURASIA ou AUGUSTA TAURINORUM, auj. Turin.

TAURES, Tauri, peuple scythe qui habitait la Chersonèse Taurique (Crimée) et le pays environnant, qu'on nommait Tauride. Ils étaient renommés pour leur férocité : ils immolaient des victimes humaines à leur grande-déesse Opis (la Diane Orthia des Lacédémoniens) : Oreste faillit tomber sous leurs coups. V. ORESTE, IPHIGÉNIE, THOAS.

TAURESIUM, v. de Mésie, au pied de l'Hémus, et près de Scopi (Ouskoub). Patrie de Justinien, qui la rebâtit sous le nom de Justiniana prima.

TAURIDE, un des noms de la Chersonèse Taurique. V. TAURES et CHERSONÈSE TAURIQUE.

TAURIDE, gouvt de la Russie mérid., entre ceux de Kherson et d'Ikatérinoslav au N., la mer d'Azov et le détroit d'Iénikaleh à l'E., la mer Noire au S. et à l'O., se compose de la presqu'île de la Crimée et d'un vaste territoire au N. de cette presqu'île : 400 kil. sur 150; 620 000 hab.; ch.-l., Simféropol. Beaucoup de lacs salés et de marais; plusieurs riv. (Dnieper, Konskaïa, Berda); quelques montagnes, en Crimée. Air insalubre vers la mer Putride. Blé, vins, pâturages excellents; élève de chevaux et de bestiaux, notamment de mérinos. Plusieurs ports, mais le commerce maritime est déchu depuis la fondation d'Odessa. La population se compose de Tartares Nogaïs, Russes, Arméniens, Grecs, Juifs et Allemands.

TAURINI, auj. prov. de Turin; peuple de la Gaule Transpadane, vers les Alpes Cottiennes et les sources du Padus, avait pour capit. Augusta Taurinorum.

TAURINORUM (AUGUSTA), est auj. Turin.

TAURIS, dite aussi Tabriz ou Tébriz, v. murée de Perse, ch.-l. de l'Aderbaïdjan, par 44° 12' long. E., 38° 5' lat. N.; env. 140 000 hab. (elle en a eu, dit-on, 500 000). Mur percé de 7 portes; vieux château; palais du prince; ruines de la belle mosquée de Djihan-Chah; magnifique bazar de Kaisarieh. Ville très-commerçante, où stationnent les caravanes. — Fondée vers 792 par Zobéida, une des femmes d'Haroun-al-Raschid, sur l'emplacement d'une anc. ville dont on ignore le nom (Gabris, Gaza ou Gazaca), elle fut souvent ravagée par les Turcs : le sultan Sélim I battit dans le voisinage, à Tchaldir, en 1514, le