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tifs, une Introduction à l'Histoire de l'Angleterre et des Mélanges. Ses Œuvres ont été publiées en 1750 et 1814, 4 vol. in-8. Courtenay a publié ses Lettres, avec sa biographie, 1836.

TEMPLIERS ou CHEVALIERS DE LA MILICE DU TEMPLE, ordre religieux et militaire fondé en 1118 à Jérusalem par Hugues des Payens, Geoffroy de St-Adhémar, et sept autres Croisés français, dans le but de protéger les pèlerins et de défendre la Terre-Sainte. Baudouin II, roi de Jérusalem, leur donna d'abord dans cette ville une maison située près d'une église qui était jadis le Temple de Salomon; de là leur nom. Ils faisaient vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, et devaient vivre d'aumônes; mais bientôt des donations considérables et les profits que leur procura la guerre incessante qu'ils faisaient aux infidèles les rendirent fort riches. Après la chute du royaume de Jérusalem (1187), ils se retirèrent à St-Jean-d'Acre, et, après la prise de cette dernière place par les Sarrasins (1291), à Limisso en Chypre ; puis ils se répandirent par toute l'Europe, et y augmentèrent infiniment, avec leur réputation de bravoure, leur puissance et leurs richesses: il y eut un moment où ils comptèrent jusqu'à 9000 maisons de leur ordre. Les Templiers portaient l'habit blanc et une croix sur le manteau. Leur chef avait le nom de grand maître; l'ordre se divisait en plusieurs langues ou nations, les possessions territoriales en plusieurs provinces; celles-ci, à leur tour, se subdivisaient en grands prieurés, prieurés et commanderies. La prospérité des Templiers ne pouvait manquer de faire ombrage et d'exciter l'envie. Ils s'étaient d'ailleurs promptement corrompus; leur orgueil, leur impiété et les vices infâmes que quelques-uns avaient rapportés de l'Orient fournissaient des motifs suffisants pour les perdre. Philippe le Bel saisit avec empressement l'occasion de s'enrichir de leurs dépouilles. Le 13 oct. 1307, tous les Templiers qui se trouvaient en France furent arrêtés à la fois; ils étaient accusés de renier J.-C. à leur réception dans l'ordre, d'adorer une idole du nom de Baphomet et de s'adonner entre eux à d'abominables impuretés. On extorqua par les promesses ou les tortures quelques aveux, qui furent aussitôt révoqués, et un grand nombre d'entre eux périrent dans les flammes à la suite d'un simulacre de procédure (V. MOLAY); enfin, le pape Clément V, dominé par Philippe, supprima l'ordre en 1312, dans un consistoire secret tenu pendant le concile de Vienne (en Dauphiné). Leurs biens furent affectés aux Frères hospitaliers de St-Jean de Jérusalem. On prétend qu'il se conserva dans l'ombre un simulacre de l’Ordre du Temple, qui garda le même nom, mais qui, réduit à des séances secrètes, dégénéra en une secte mystique : les Francs-Maçons prétendent se rattacher à cette secte. Le crime des Templiers est encore un problème : « ils avouèrent dans les tortures, dit Bossuet, mais ils nièrent dans les supplices. » On doit au P. Lejeune une Hist. apologétique des Templiers, 1789, et à Raynouard les Monuments historiques relatifs à la condamnation des Chevaliers du Temple (1813), ainsi qu'une belle tragédie dont les Templiers sont les héros. Maillard de Chambure a publié leurs Statuts, 1841. M. Michelet a donné dans les Documents inédits de l'Hist. de France le Procès des Templiers (2 vol. in-4, 1851).

TEMPS (le), dieu allégorique. V. SATURNE.

TEMUDJIN V. GENGIS-KHAN.

TÉNARE (Cap), auj. Matapan, cap situé à l'extrémité S. O. de la Laconie, près d'une petite ville de même nom. Au pied de ce cap était une caverne profonde d'où sortaient des vapeurs méphitiques : les gens du pays la regardaient comme l'entrée des Enfers; de là, chez les poëtes, la synonymie de Ténare et d'Enfer.

TÉNASSERIM, v. de l'Inde Transgangétique, dans la prov. de même nom (jadis capit. de la province), sur le Ténasserim, à 70 kil. S. O. de Mergui; est auj. à peu près en ruines. La décadence de cette ville date de sa prise par l'empereur birman Alompra. Elle appartenait auparavant aux Siamois. — La prov. de T., entre le roy. de Siam à l'E. et le golfe de Bengale à l'O., a pour ch.-l. Mergui. Elle appar. tient aux Anglais depuis 1826. Beaucoup d'éléphants et de rhinocéros; sol fertile (canne à sucre riz, beaux fruits, bois de sandal); mines d'étain et de houille ; huîtres à perle.

TEN-BOUCTOC. V. TQMBOUCTOU.

TENCE, ch.-l. de cant. (Hte-Loire), sur le Lignon; 5537 h. Dentelles noires et blanches.

TENCIN (Pierre GUÉRIN de), cardinal, né à Grenoble en 1680, m. en 1758, fut d'abord grand vicaire de Sens et abbé de Vézelay, reçut en 1719 l'abjuration de Law, avec lequel il resta lié et qui l'enrichit, fut choisi pour conclaviste par le cardinal de Rohan qu'il suivit à Rome (1721), et demeura dans cette ville comme chargé d'affaires de France. Grâce au crédit de sa sœur (qui suit), il obtint successivement l'archevêché d'Embrun, le chapeau de cardinal (1739), et l'archevêché de Lyon (1740); puis il fit partie du ministère Fleury. Pendant qu'il était archevêque d'Embrun, il eut grande part à la condamnation de l'évêque de Senez, Soanen, partisan des Appelants, et eut à ce sujet à soutenir une lutte contre les avocats, le parlement et les Jansénistes, contre lesquels il lança plusieurs Mandements.

TENCIN (Claudine Alexandrine GUÉRIN de), femme remarquable par sa beauté, son esprit et son ambition, sœur du préc., née à Grenoble en 1681, m. en 1749, fut d'abord religieuse à Montfleury près de Grenoble, puis chanoinesse de Neuville, quitta la vie religieuse, après 5 ans de profession, pour venir à Paris, ou elle se vit bientôt recherchée, jouit d'un grand crédit auprès du duc d'Orléans et du cardinal Dubois, s'enrichit en jouant sur les actions de Law, et mena une vie de plus en plus irrégulière : elle eut clandestinement un fils du chevalier Destouches-Canon (c'est le célèbre d'Alembert, qu'elle abandonna, et qu'elle voulut, mais en vain, reconnaître quand il fut devenu illustre); La Fresnaye, un de ses amants, se tua chez elle. Après cette catastrophe, elle changea de vie. La maison de Mme de Tencin fut longtemps le rendez-vous des savants et des beaux esprits; elle nommait plaisamment cette réunion sa ménagerie. Cette dame a laissé plusieurs écrits. Parmi ses romans, on remarque le Comte de Comminges et le Siége de Calais; on y trouve un style élégant et beaucoup de finesse, mais aussi de la recherche et de la prétention.

TENCTÈRES, Tencteri, peuple de la Germanie, à l'O., vers le confluent du Rhin et de la Lippe. Ils avaient au N. les Mattiaci, au S. les Marses, mais ils changeaient souvent de demeure. Unis aux Usipiens, ils voulurent envahir la Gaule, mais ils furent défaits par César en 56 av. J.-C. Ils finirent par être compris dans la ligue des Francs.

TENDE, v. de l'Italie du Nord, à 47 kil. N. E. de Nice; 1500 hab. Château fort qui protège le passage du col de Tende. Titre d'un comté qui appartint aux Lascaris de Vintimille, et qui passa ensuite par mariage dans la maison de Savoie. — Le Col de Tende, un des passages de la chaîne des Alpes Maritimes, est situé à l'O. du point de jonction de cette chaîne avec les Apennins, à une hauteur de 1795m, entre Nice et Coni, à 9 kil. N. de Tende. Il est défendu par les forts de Tende et de Saorgio.

TENDE (René de SAVOIE, comte de), fils naturel de Philippe II, duc de Savoie, ne put réussir à se faire légitimer, vint se fixer en France auprès de la duchesse d'Angoulême, sa sœur, et y prit du service; François I, son neveu, l'éleva aux premières dignités. Il se distingua à Marignan (1515), et mourut des blessures qu'il avait reçues à Pavie (1525). — Claude de Savoie, comte de Tende, son fils (1507-66), fut pris à Pavie, suivit Lautrec à Naples, fut gouverneur et sénéchal de Provence et repoussa les