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attaques de Charles-Quint contre cette province. S'étant montré, dans son gouvernement, indulgent ou plutôt impartial dans ses rapports avec les Calvinistes, il donna lieu aux soupçons des Catholiques, dont les intrigues finirent par le faire révoquer 1566). — Honorat de Savoie, comte de Villars et de Tende, frère du préc. (1509-80), défendit Hesdin contre Emmanuel-Philibert de Savoie (1533) et fut pris dans cette ville, se signala à la bataille de St-Quentin (1557) où il reçut une blessure, et se jeta dans Corbie qu'il sauva. Nommé lieutenant général de Languedoc (1560), il exerça contre les Calvinistes de telles rigueurs qu'il fallut le révoquer. Il n'en prit pas moins part aux guerres religieuses qui suivirent, combattit à St-Denis et à Moncontour, et devint successivement lieutenant général de Guyenne (1570), maréchal (1571), amiral (1572).

TÉNÉDOS, appelée par les Turcs Bokhtcha-Adassi, île de l'Archipel, en face de l'anc. Troade, près et au S. O. de l'entrée des Dardanelles: 9 kil. sur 5; env. 7000 hab.; ch.-l., Ténédos (sur la côte N. E.). Virgile suppose que les Grecs, lorsqu'ils feignirent de quitter Troie en laissant sur le rivage le cheval de bois, allèrent se cacher dans cette île. Cédée en 1376 aux Génois par Andronic Paléologue, elle leur fut bientôt enlevée par les Vénitiens, ce qui donna lieu à la guerre de Chiozza. Elle fut depuis conquise par les Turcs, qui la possèdent encore.

TÉNÉRIFFE (île), Nivaria, île de l'Océan atlantique, la plus grande des Canaries, entre 28°-28° 36' lat. N. et 18°-19° long. E.; 80 kil. sur 40; 80 000 h.; ch.-l., Santa-Cruz. Hautes montagnes, parmi lesquelles le fameux pic de Ténériffe, pic volcanique, dont la cime s'élève à 3710m, et qui a eu de fréquentes éruptions (la dernière est de 1798). Climat charmant, sol d'une fertilité rare, végétation variée; vins fameux, rivaux de ceux de Madère et de Malvoisie. Commerce actif, aux mains des Anglais. — Les habitants primitifs sont les Guanches, dont on trouve encore de nombreuses momies : l'île leur fut enlevée au XVIe s. par l'Espagnol Fernandez de Lugo, qui les extermina. Elle appartient encore à l'Espagne.

TÉNEZ, Apollinis promontorium, cap de l'Algérie, à égale distance d'Aler et d'Oran, par 36° 34' lat. N. et 0° 54° long. O. — Ville d'Algérie, dans la prov. et à 150 kil. O. d'Alger, au pied du cap de même nom, avec un petit port sur la Méditerranée. On distingue le Vieux Ténez, habité par les Arabes, et comptant 886 hab., et le Nouv. Ténez, construit par Français sur l'emplacement de l'anc. Cartenna et déjà florissant : on y compte près de 6000 hab. Commerce de céréales, exploitation du cuivre. Beaucoup d'antiquités romaines. — Occupée par les Français en 1843, érigée en commune en 1854.

TÉNIAH DE MOUZAIA. V. MOUZAIA.

TÉNIERS (David), le Vieux, peintre flamand, né à Anvers en 1582, m. en 1649, fut d'abord élève de Rubens, puis alla à Rome, où il passa dix ans, s'y attacha à Elzheimer, qui ne peignait que des figures de petite proportion, et devint son imitateur. On a de cet artiste une foule de scènes villageoises, grotesques et naïves, des intérieurs, des kermesses, des réunions de buveurs, de fumeurs, de charlatans, etc., où il y a de la vérité et du charme. Il fut père du célèbre Téniers, qui l'éclipsa; cependant ses tableaux sont fort difficiles à distinguer de ceux de son fils.

TÉNIERS (David), le Jeune, fils et élève du préc., né a Anvers en 1610, m. en 1694. C'est un des artistes qui ont manié le pinceau avec la plus prodigieuse facilité : dans sa jeunesse, il imitait tous les maîtres de son temps avec tant d'habileté qu'on l'a nommé le Protée de la peinture; mais, quoique apte à tout rendre, et bien que vivant au milieu des grands et des princes (il fut gentilhomme de la chambre de Léopold et eut don Juan d'Autriche pour élève), il affectionna surtout le genre familier de son père, et le porta jusqu'à la perfection. Il a fait un nombre incroyable de tableaux de genre : il avait une telle facilité que souvent il commençait et finissait un tableau dans la même journée ; aussi gagna-t-il une grande fortune. Une partie seulement de son Œuvre a été recueillie dans le Theatrum pictorium, Anvers, 1658-84, 245 pl. (en franç., le Grand Cabinet de tableaux, 1755, in-fol.) ; il y a en outre d'innombrables estampes gravées d'après lui par Lebas et autres. Parmi ceux de ses ouvrages que possède le Louvre, on remarque l'Enfant prodigue, une Tentation de S. Antoine, la Chasse au héron, le Joueur de cornemuse, le Fumeur, la Noce de village, un Intérieur de cabaret.

TENISON (Thomas), prélat anglican, né en 1636, m. en 1715, était curé à Londres pendant la peste de 1665, et montra un grand dévouement; il ne se distingua pas moins par sa charité pendant l'hiver rigoureux de 1683. Il devint évêque de Lincoln en 1691, succéda en 1694 à Tillotson sur le siége de Cantorbéry, et couronna Georges I. Outre des Sermons, on a de lui un Examen de la foi de Hobbes (1670) et le Baconiana (1679), recueil précieux pour l'histoire de Fr. Bacon.

TENNANT (Smithson), chimiste, né en 1761, près d'York, m. en 1815, professa la chimie à Cambridge. On lui doit l'analyse de l'acide carbonique (1791), la découverte de l’osmium, de l’iridium (1804), et plusieurs autres recherches importantes, consignées dans les Transactions philosophiques.

TENNEMANN (W. Gottlieb), philosophe, né en 1761 à Brembach près d'Erfurth, m. en 1819, était destiné aux études théologiques, mais les quitta pour la philosophie. Il combattit d'abord Kant, mais ensuite il se convertit aux idées de ce philosophe. Il fut nommé en 1798, professeur extraordinaire de philosophie à l'Université d'Iéna, et devint en 1804, à la mort de Tiedemann, professeur ordinaire à sa place. Tennemann s'est principalement occupé de l'histoire de la science ; son ouvrage capital est sa grande Histoire de la philosophie, Leipsick, 1798-1819, 11 vol. in-8 (réimprimée par A. Wendt, 1828), dont il a donné lui-même un abrégé sous le titre de Manuel de l'histoire de la philosophie, 1812 (traduit par M. Cousin, 1829 et 1839). On lui doit en outre : Opinions des disciples de Socrate sûr l'immortalité de l'âme; Système de la philosophie platonicienne, 1792-94, ainsi que des traductions des œuvres philosophiques de Hume, de Locke, de Gérando. Tennemann est un historien exact; il est à regretter qu'il juge tous les systèmes avec la mesure trop étroite et trop exclusive du système de Kant.

TENNESSÉE (la), riv. des États-Unis, naît aux montagnes de fer dans la Caroline du S., reçoit près de Knoxville le Holston et plus loin le Clinch, sortis de la Virginie ; traverse l’État qui prend son nom, puis entre dans le Kentucky, où elle se jette dans l'Ohio par la r. g., après un cours d'env. 1050 kil.

TENNESSÉE (État de), un des États de l'Union américaine, vers le centre, entre le Kentucky au N., la Virginie au N. E., la Caroline du Nord à l'E., la Géorgie au S. E., l'Alabama au S., le Mississipi à l'O., a 750 k. de l'O. à l'E. et 195 de largeur moyenne du N. au S.; 1 110 000 hab., dont 276 000 esclaves; capit. Nashville. Il est sillonné par les monts Cumberland, et arrosé par la Tennessee et le Mississipi. Climat sain, tempéré, sol fertile en général (canne à sucre, coton, tabac, maïs, blé); beaucoup d'animaux, tant domestiques que sauvages : on y trouvait surtout autrefois de nombreux bisons ; riches mines de cuivre. Au S. E. vivent les Cherokees, peuplade indigène jadis très-nombreuse. Ruines de monuments antiques (entre autres une pyramide de 51m de haut, près de Forked-Dear). — Ce pays fut donné en 1664 au comte de Clarendon et à plusieurs autres propriétaires qui le colonisèrent, malgré la résistance des Cherokees; toutefois sa prospérité ne date guère que de 1773. Le Tennessée dépendit de la Caroline jusqu'en 1790; il en fut alors détaché, mais il ne fut admis dans l'Union à titre d'État qu'en 1796. Il entra en 1861